France, portrait social Édition 2025
Cet ouvrage rassemble trois analyses des hauts et très hauts revenus et patrimoines en France. Par ailleurs, deux dossiers abordent le thème des conditions de travail. Enfin, une quarantaine de fiches synthétiques dressent le panorama social de la France.
Pauvreté monétaire
En 2023, en France métropolitaine, 9,8 millions de personnes résidant dans un logement ordinaire vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé à 60 % du niveau de vie médian (figure 1). Ce seuil s’établit en 2023 à 1 288 euros par mois par unité de consommation.
tableauFigure 1 – Indicateurs de pauvreté monétaire de 1996 à 2023
| Indicateur de pauvreté monétaire | 1996 | 2002 | 2008 | 2014 | 2018 | 2022 | 2023 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Taux de pauvreté monétaire (en %) | 14,3 | 12,8 | 12,9 | 13,7 | 14,5 | 14,4 | 15,4 |
| Seuil de pauvreté mensuel (en euros 2023) | 1 029 | 1 143 | 1 215 | 1 203 | 1 226 | 1 276 | 1 288 |
| Niveau de vie mensuel médian des personnes pauvres (en euros 2023) | 818 | 938 | 974 | 957 | 983 | 1 029 | 1 041 |
| Nombre de personnes pauvres (en milliers) | 8 003 | 7 324 | 7 657 | 8 420 | 9 004 | 9 145 | 9 792 |
| Intensité de la pauvreté (en %) | 20,5 | 17,9 | 19,8 | 20,4 | 19,8 | 19,4 | 19,2 |
- Lecture : En 2023, 9 792 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 15,4 % de la population.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1999-2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005-2023.
En 2023, le taux de pauvreté monétaire s’élève à 15,4 % de la population. En forte hausse par rapport à 2022 (+0,9 point de pourcentage, du fait des arrondis) après être resté globalement stable autour de 14,5 % depuis 2018, il atteint son niveau le plus élevé depuis 30 ans. D’une part les revenus des indépendants les plus modestes se contractent en 2023 et d’autre part, parmi les salariés, les temps partiels de quotité inférieure ou égale à un mi-temps ont augmenté. Par ailleurs, dans un contexte d’inflation restant forte (4,9 % en moyenne annuelle après 5,2 % en 2022), le taux de pauvreté est également tiré à la hausse par la non-reconduction des mesures exceptionnelles mises en place en 2022 pour protéger le pouvoir d’achat des ménages (en particulier l’indemnité inflation et la « prime exceptionnelle de rentrée »). En outre, le nombre d’allocataires des aides au logement continue de diminuer et ces prestations ont été revalorisées en deçà de l’inflation.
En 2023, une personne en situation de pauvreté sur deux a un niveau de vie inférieur à 1 041 euros par mois, montant inférieur de 19,2 % au seuil de pauvreté. Cet écart, nommé intensité de la pauvreté, est en léger recul par rapport à 2022 (-0,2 point) et à un niveau inférieur à la moyenne observée depuis 1996 (19,8 %).
Le taux de pauvreté des retraités (11,1 %) reste très inférieur à celui de la moyenne de la population (15,4 %) (figure 2). Entre 2022 et 2023, la hausse du taux de pauvreté des retraités (+0,3 point) est par ailleurs plus limitée que celle de l’ensemble de la population (+0,9 point). Certains des retraités les plus modestes bénéficient en effet en septembre 2023 d’une revalorisation de 100 euros du minimum contributif. À 13,8 %, l’intensité de la pauvreté des retraités reste également nettement plus faible que celles des autres catégories de la population, notamment grâce au minimum vieillesse. Parmi les actifs, le taux de pauvreté des salariés augmente de 0,5 point à 6,6 %, et celui des indépendants de 0,9 point à 19,2 %. Le taux de pauvreté des chômeurs s’accroît de 0,8 point à 36,1 % : comme pour les indépendants, l’écart avec les salariés en emploi tend à s’amplifier à nouveau en 2023.
tableauFigure 2 – Pauvreté monétaire selon l’activité
| Statut d’activité | 2022 | 2023 | ||
|---|---|---|---|---|
| Taux de pauvreté monétaire (en %) | Intensité de la pauvreté (en %) | Taux de pauvreté monétaire (en %) | Intensité de la pauvreté (en %) | |
| Actifs âgés de 18 ans ou plus | 9,7 | 20,7 | 10,4 | 20,4 |
| Actifs occupés | 7,7 | 18,9 | 8,3 | 18,8 |
| Salariés | 6,1 | 15,7 | 6,6 | 15,6 |
| Indépendants | 18,3 | 28,5 | 19,2 | 28,2 |
| Au chômage | 35,3 | 27,0 | 36,1 | 25,0 |
| Inactifs âgés de 18 ans ou plus | 17,2 | 18,8 | 18,3 | 18,0 |
| Retraités | 10,8 | 13,0 | 11,1 | 13,8 |
| Autres inactifs dont étudiants¹ | 33,4 | 24,4 | 37,3 | 23,9 |
| Enfants âgés de moins de 18 ans | 20,4 | 19,1 | 21,9 | 19,6 |
| Ensemble | 14,4 | 19,4 | 15,4 | 19,2 |
- 1. Les chiffres relatifs aux autres personnes inactives (dont étudiants) ne sont pas comparables entre 2022 et 2023. En 2023, une exploitation complémentaire des questionnaires incomplets de l’enquête Emploi a été mise en place. Auparavant, les individus associés à ces questionnaires étaient classés par défaut comme inactifs par manque d’information. La reprise de ces questionnaires a permis de compléter les statuts d’activité auparavant inconnus et ainsi de resserrer le contour de la population des autres inactifs.
- Note : La situation vis-à-vis de l’emploi est mesurée au sens du Bureau international du travail (BIT) au 4e trimestre.
- Lecture : En 2023, 10,4 % des actifs âgés de 18 ans ou plus sont pauvres ; la moitié d’entre eux vivent avec un niveau de vie inférieur d’au moins 20,4 % au seuil de pauvreté.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2022 et 2023.
En 2023, le taux de pauvreté augmente plus fortement lorsque la personne de référence du ménage a moins de 65 ans (+1,1 point, contre +0,3 point quand elle a 65 ans ou plus) (figure 3). Le taux de pauvreté des familles monoparentales est en forte hausse à 34,3 % (+2,9 points). Malgré l’augmentation de l’allocation de soutien familial fin 2022, la non‑reconduction des aides exceptionnelles de 2022 et la revalorisation des allocations logement en deçà de l’inflation ont pesé sur le niveau de vie de ces ménages. A contrario, les ménages dont la personne de référence a 65 ans ou plus ont bénéficié de la revalorisation du minimum contributif et de la croissance des revenus financiers, qui ont limité la hausse de leur taux de pauvreté.
tableauFigure 3 – Taux de pauvreté selon la composition du ménage
| Composition du ménage | 2022 | 2023 |
|---|---|---|
| Personne de référence du ménage de moins de 65 ans | 15,4 | 16,5 |
| Personne seule | 19,5 | 20,3 |
| Famille monoparentale | 31,4 | 34,3 |
| Couple sans enfant | 6,6 | 6,8 |
| Couple avec un ou deux enfants | 8,5 | 8,8 |
| Couple avec trois enfants ou plus | 24,6 | 25,8 |
| Autre type de ménage | 21,9 | 24,4 |
| Personne de référence du ménage de 65 ans ou plus | 11,1 | 11,4 |
| Personne seule | 18,8 | 18,8 |
| Couple | 6,4 | 6,9 |
| Autre type de ménage | 13,0 | 15,5 |
| Ensemble | 14,4 | 15,4 |
- Note : Il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples dont les enfants ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête sont classés dans les couples sans enfant.
- Lecture : En 2023, 6,8 % des personnes vivant au sein d'un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant au sein d'un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2022 et 2023.
graphiqueFigure 3 – Taux de pauvreté selon la composition du ménage

- Note : Il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples dont les enfants ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête sont classés dans les couples sans enfant.
- Lecture : En 2023, 6,8 % des personnes vivant au sein d'un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant au sein d'un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2022 et 2023.
Le taux de pauvreté est plus élevé dans les communes densément peuplées (19,1 %), et moins élevé dans les communes rurales (11,0 %) (figure 4). En 2023, il augmente dans les communes urbaines, densément peuplées (+1,1 point) et de densité intermédiaire (+1,3 point). À l’inverse, le taux de pauvreté est presque stable (+0,2 point) dans les communes rurales périurbaines où le taux de pauvreté est le plus faible (9,1 %).
tableauFigure 4 – Niveaux de vie et taux de pauvreté selon la grille communale de densité, en 2022 et 2023
| Niveau de densité | 2022 | 2023 | ||||
|---|---|---|---|---|---|---|
| Répartition de la population (en %) | Personnes pauvres (en milliers) | Taux de pauvreté (en %) | Répartition de la population (en %) | Personnes pauvres (en milliers) | Taux de pauvreté (en %) | |
| Communes densément peuplées | 37,6 | 4 295 | 18,0 | 38,0 | 4 630 | 19,1 |
| Communes de densité intermédiaire | 27,7 | 2 507 | 14,3 | 27,6 | 2 739 | 15,6 |
| Communes rurales | 34,7 | 2 343 | 10,7 | 34,5 | 2 423 | 11,0 |
| Rural périurbain | 20,4 | 1 146 | 8,9 | 20,4 | 1 175 | 9,1 |
| Rural non périurbain | 14,3 | 1 197 | 13,2 | 14,1 | 1 247 | 13,9 |
| Ensemble | 100,0 | 9 145 | 14,4 | 100,0 | 9 792 | 15,4 |
- Note : La nomenclature utilisée correspond à la grille de densité 2025 au 1er janvier 2023.
- Lecture : En 2023, dans les communes densément peuplées, le taux de pauvreté s’élève à 19,1 %.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire, dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2022 et 2023.
Définitions
Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre (au sens de la pauvreté monétaire) lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. La moitié de la population a un niveau de vie inférieur au niveau de vie médian, l’autre moitié a un niveau de vie supérieur.
Pour comparer les niveaux de vie de ménages de taille ou de composition différente, on divise le revenu par le nombre d’unités de consommation (UC). Celles-ci sont généralement calculées de la façon suivante :
- 1 UC pour le premier adulte du ménage,
- 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus,
- 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Cette échelle d’équivalence (dite de l’OCDE) tient compte des économies d’échelle au sein du ménage. En effet, les besoins d'un ménage ne s'accroissent pas en stricte proportion de sa taille. Lorsque plusieurs personnes vivent ensemble, il n'est pas nécessaire de multiplier tous les biens de consommation (en particulier, les biens de consommation durables) par le nombre de personnes pour garder le même niveau de vie.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.
L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l’Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense.
La grille de densité permet de classer les communes en fonction du nombre d’habitants et de la répartition de ces habitants sur leur territoire. Plus la population est concentrée et nombreuse, plus la commune est considérée comme dense. La grille communale permet de distinguer trois types de communes : les communes densément peuplées, les communes de densité intermédiaire et les communes rurales. Pour une analyse plus détaillée, le niveau 3 de la grille (le rural) est croisé avec le zonage en aires d’attraction des villes afin de définir le rural périurbain.
Pour en savoir plus
« Niveau de vie et pauvreté en 2023 – Taux de pauvreté et inégalités s’accroissent fortement », Insee Première no 2063, juillet 2025.
Insee, Chiffres-clés, sous-thèmes « Pauvreté – Précarité », juillet 2025.