France, portrait social Édition 2025

Cet ouvrage rassemble trois analyses des hauts et très hauts revenus et patrimoines en France. Par ailleurs, deux dossiers abordent le thème des conditions de travail. Enfin, une quarantaine de fiches synthétiques dressent le panorama social de la France.

Insee Références
Paru le :Paru le18/11/2025
France, portrait social- Novembre 2025
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Redistribution monétaire

Insee Références

Paru le :18/11/2025

Pour mesurer l’impact des prélèvements directs et des prestations sociales sur la répartition des richesses, le revenu des ménages est comparé avant et après . En 2024, le annuel moyen avant redistribution monétaire est de 9 090 euros pour les 20 % des personnes les plus modestes, contre 74 980 euros pour les 20 % des personnes les plus aisées, soit 8,3 fois plus (figure 1).

Figure 1Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2024

en euros par unité de consommation
Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2024 (en euros par unité de consommation) - Lecture : En 2024, les 20 % des personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie (Q2 à Q3) acquittent en moyenne 260 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
Caractéristiques Niveau de vie avant redistribution1 Ensemble
Inférieur à D1 Inférieur à Q1 De Q1 à Q2 De Q2 à Q3 De Q3 à Q4 Supérieur à Q4 Supérieur à D9
Niveau de vie avant redistribution [A] 4 710 9 090 20 970 28 690 38 060 74 980 99 300 34 360
Prélèvements [B] -320 -590 -1 570 -2 780 -4 690 -16 550 -25 090 -5 240
Financement de la protection sociale -330 -610 -1 590 -2 510 -3 520 -7 900 -10 910 -3 230
Cotisations sociales2 -120 -230 -520 -750 -1 060 -2 270 -3 060 -960
Contributions sociales3 -210 -380 -1 070 -1 760 -2 460 -5 630 -7 850 -2 260
Impôts directs 10 20 20 -270 -1 170 -8 650 -14 180 -2 010
Impôt sur le revenu (y compris crédits d’impôt) 20 20 20 -260 -1 170 -8 500 -13 900 -1 980
Impôt sur la fortune immobilière 0 0 0 0 0 -150 -290 -30
Prestations [C] 7 570 5 600 1 720 820 500 260 210 1 770
Prestations familiales 2 000 1 700 860 510 300 150 120 700
Allocations familiales 850 740 430 320 230 100 70 360
Autres4 1 160 960 430 190 70 50 50 340
Aides personnelles au logement 1 920 1 320 150 40 30 20 20 310
Prime d’activité et minima sociaux5 3 650 2 580 710 270 170 90 70 760
Niveau de vie [A+B+C] 11 960 14 100 21 110 26 740 33 880 58 690 74 410 30 900
Taux de redistribution (B+C)/A (en %) 153,9 55,1 0,7 -6,8 -11,0 -21,7 -25,1 -10,1
  • 1. Inférieur à D1 : inférieur au 1er décile, soit 10 % des personnes les plus modestes ; Inférieur à Q1 : inférieur au 1er quintile, soit 20 % les plus modestes ; ... Supérieur à Q4, supérieur au 4e quintile, soit 20 % les plus aisés ; Supérieur à D9 : supérieur au 9e décile, soit 10 % les plus aisés.
  • 2. Uniquement les cotisations patronales famille, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, complément familial, allocation de rentrée scolaire et plusieurs prestations de la Paje (allocation de base, prestation partagée d’éducation de l’enfant, prime à la naissance ou à l'adoption).
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et contrat d’engagement jeune.
  • Note : Les niveaux de vie, prélèvements et prestations sont estimés à partir de ceux observés à partir de l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) en 2022, actualisés en 2024 selon des hypothèses d’évolution des revenus, de l’activité et de la structure démographique. Les montants pourront donc différer de ceux mesurés directement à partir de l’ERFS pour 2024, qui seront disponibles en 2026.
  • Lecture : En 2024, les 20 % des personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie (Q2 à Q3) acquittent en moyenne 260 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire, dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2022 (actualisée 2024) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2024 ; calculs Insee.

La redistribution atténue ces inégalités : elle augmente de 55 % le niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes et diminue de 22 % celui des 20 % les plus aisées. Le rapport entre les deux est ainsi réduit à 4,2. La réduction des écarts est encore plus grande aux extrémités de la distribution des revenus : avant redistribution, les 10 % des personnes les plus pauvres disposent d’un niveau de vie annuel moyen de 4 710 euros, contre 99 300 euros pour les 10 % les plus aisées, soit 21,1 fois plus. Après redistribution, ce rapport est réduit à 6,2.

L’efficacité redistributive d’un transfert, c’est-à-dire sa capacité à réduire les inégalités, est fonction de sa et de son poids dans le revenu disponible des ménages.

Du côté des , l’impôt sur le revenu participe pour 32 % à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2024 (figure 2). Très concentré sur le haut de la distribution des niveaux de vie, l’impôt sur la fortune immobilière est le prélèvement le plus progressif, mais, dans la mesure où il représente une masse financière limitée, il contribue très peu à la réduction des inégalités (moins de 1 % en 2024). Enfin, les contributions sociales (CSG hors composante maladie, CRDS) et les cotisations d’allocations familiales, faiblement progressives, ne participent qu’à hauteur de 8 % à la baisse des inégalités.

Figure 2Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2024

Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2024 - Lecture : En 2024, les prestations représentent en moyenne 5,8 % du niveau de vie et contribuent pour 59,7 % à la réduction des inégalités.
Caractéristiques Part dans le niveau de vie (en %) Progressivité1 Contribution à la réduction des inégalités1
(en %)
(A) (B) (C)
Prélèvements -16,9 2,2 40,3
Financement de la protection sociale -10,4 0,7 7,9
Cotisations sociales2 -3,1 0,4 1,3
Contributions sociales3 -7,3 0,8 6,6
Impôts directs -6,5 4,6 32,3
Impôt sur le revenu (y compris crédits d’impôt) -6,4 4,6 31,7
Impôt sur la fortune immobilière -0,1 5,2 0,6
Prestations 5,8 9,5 59,7
Prestations familiales 2,3 8,1 20,1
Allocations familiales 1,2 7,2 9,2
Autres4 1,1 9,2 11,0
Aides personnelles au logement 1,0 11,3 12,4
Prime d’activité et minima sociaux5 2,5 10,1 27,1
Niveau de vie 100,0 /// 100,0
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • 1. La progressivité d’un prélèvement ou d’une prestation (colonne B) est mesurée par la différence en valeur absolue entre son pseudo-Gini et le du niveau de vie initial (multipliée par 10 par souci de lisibilité). La contribution à la réduction des inégalités (colonne C) correspond au produit |A×B| en pourcentage.
  • 2. Uniquement les cotisations d’allocations familiales, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, complément familial, allocation de rentrée scolaire et plusieurs prestations de la Paje (allocation de base, prestation partagée d’éducation de l’enfant, prime à la naissance ou à l'adoption).
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et contrat d’engagement jeune.
  • Lecture : En 2024, les prestations représentent en moyenne 5,8 % du niveau de vie et contribuent pour 59,7 % à la réduction des inégalités.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2022 (actualisée 2024) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2024 ; calculs Insee.

Du côté des , les masses monétaires sont près de trois fois moins importantes que pour les prélèvements, mais elles contribuent pour 60 % à la réduction des inégalités en 2024. Elles sont particulièrement progressives, car souvent dotées d’un barème ciblé sur les ménages à faibles revenus. Les aides personnelles au logement apportent un soutien financier important aux ménages qui les perçoivent : elles représentent, après redistribution, 9 % du niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes (16 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent pour 12 % à la réduction des inégalités. Les minima sociaux et la prime d’activité représentent 18 % du niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes (31 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent pour 27 % à la réduction des inégalités. Enfin, les prestations familiales contribuent pour 20 % à la réduction des inégalités. Leur forte redistributivité est due au fait que les ménages avec enfants sont plus nombreux dans le bas de la distribution des niveaux de vie et que la plupart des prestations familiales sont versées sous conditions de ressources.

Définitions

Le champ de la redistribution monétaire, dont l’objectif principal est de réduire les écarts de niveau de vie entre ménages, regroupe les prestations sociales monétaires (prestations familiales, aides personnelles au logement, minima sociaux et prime d’activité) et les prélèvements directs non contributifs (contributions sociales hors CSG maladie, cotisations patronales famille, impôt sur le revenu, impôt sur la fortune immobilière). Les transferts visant le remplacement d’un revenu d’activité tels que les systèmes de retraite et d’assurance chômage sont exclus du champ.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont calculées selon l’échelle d'équivalence dite de l’OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Un prélèvement est progressif si sa part dans le revenu augmente à mesure que le niveau de vie initial s’accroît. Une prestation est progressive si sa part dans le revenu diminue à mesure que le niveau de vie initial s’accroît.

L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d'inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé.