En 2023, en France métropolitaine, la moitié de la population a un niveau de vie inférieur à 25 760 euros annuels, soit environ 2 150 euros par mois (niveau de vie médian) (figure 1). Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie annuel inférieur à 13 460 euros (1^er décile ou D1). Pour les 10 % les plus aisées, il dépasse 46 960 euros (9^e décile ou D9). Le rapport interdécile (D9/D1) s’établit ainsi à 3,5.

Entre 2022 et 2023, le niveau de vie médian augmente de 0,9 % en euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. Cette progression s’inscrit dans un contexte où l’inflation se maintient à un niveau élevé (+4,9 % en 2023 en moyenne annuelle, après +5,2 % en 2022) et le taux d’emploi est au plus haut depuis 1975. Le niveau de vie médian a été principalement soutenu par les revalorisations successives du salaire minimum en janvier et en mai 2023 et par une conjoncture de l’emploi salarié toujours favorable. Il est également soutenu par la hausse des taux de rendement des produits financiers, en particulier des livrets exonérés (livrets A, LEP).

Le niveau de vie des plus modestes baisse en 2023 en euros constants, après s’être maintenu en 2022. Dans les premiers dixièmes de niveau de vie, ce recul s’explique notamment par la part croissante de ménages qui déclarent de faibles revenus d’activité exercée en tant qu’indépendant et par la non-reconduction des mesures exceptionnelles de soutien du pouvoir d’achat mises en œuvre en 2022 (en particulier l’indemnité inflation et la « prime exceptionnelle de rentrée »). Le premier décile (D1), niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, diminue notamment de 1,0 %. À l’inverse, en 2023, le niveau de vie des plus aisés augmente nettement, après avoir légèrement reculé en 2022. Le neuvième décile (D9), niveau de vie plancher des 10 % les plus aisés, croît de 2,1 %, soutenu par la hausse des revenus financiers perçus par ces ménages détenteurs d’un patrimoine plus élevé et par la dernière phase de l’exonération de la taxe d’habitation sur la résidence principale.

Dans ce contexte, les inégalités de niveaux de vie augmentent fortement et atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis 30 ans. La somme des niveaux de vie des 20 % les plus aisés est 4,5 fois plus élevée que celle des 20 % les plus modestes. Ce rapport est au plus haut depuis l’origine de la série en 1996. L’indice de Gini croît à 0,297 et se rapproche de son maximum atteint en 2011 (0,298) à la suite de la crise de 2008.

Parmi les 18 ans ou plus, les personnes au chômage ont un niveau de vie médian inférieur de 35 % à celui des personnes en emploi (18 670 euros, contre 28 740 euros) et de 28 % à celui de l’ensemble de la population (figure 2). Le niveau de vie médian des retraités (25 420 euros) est inférieur de 12 % à celui des personnes en emploi et est très proche de celui de l’ensemble de la population.

Le niveau de vie a tendance à augmenter avec l’âge pour les personnes en âge de travailler, en raison de l’accroissement des revenus d’activité au cours de la carrière, puis des revenus du patrimoine, du fait de l’accumulation de ce dernier au cours de la vie. Ainsi, en 2023, les 50‑64 ans ont un niveau de vie médian supérieur de 5 % à celui des 30‑39 ans (figure 3). Au‑delà de 65 ans, le niveau de vie diminue : les pensions de retraite sont inférieures aux revenus d’activité, les personnes vivent plus souvent seules aux grands âges et les générations les plus anciennes, notamment les femmes, ont des droits à la retraite plus faibles en raison de carrières plus souvent incomplètes.