France, portrait social Édition 2025

Cet ouvrage rassemble trois analyses des hauts et très hauts revenus et patrimoines en France. Par ailleurs, deux dossiers abordent le thème des conditions de travail. Enfin, une quarantaine de fiches synthétiques dressent le panorama social de la France.

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Paru le :Paru le18/11/2025
France, portrait social- Novembre 2025
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Inégalités sociales dans l’enseignement scolaire

Insee Références

Paru le :18/11/2025

Les compétences acquises par les élèves diffèrent fortement selon leur origine sociale. Les inégalités commencent à se former avant l’entrée à l’école. Dès l’entrée en maternelle, les enfants dont les parents sont de très favorisé ont des acquis nettement supérieurs aux enfants des familles de milieu défavorisé. Ces inégalités sont d’ampleur similaire en matière d’acquisition du langage (+32 points de ) et de pensée mathématique (+36 points) (figure 1). Elles sont de moindre ampleur en matière de compétences transversales (+22 points), qui incluent l’ensemble des processus mentaux que met en œuvre une personne pour gérer ses comportements : capacités d’initiation (par exemple s’engager spontanément dans une activité), d’inhibition (par exemple s’arrêter et attendre son tour), de mémorisation, d’organisation du matériel (par exemple ranger spontanément ses affaires), et de flexibilité (par exemple, capacité à passer d’une activité à une autre). Par la suite, tout au long du parcours scolaire, au primaire puis au collège, les inégalités sociales de compétences s’accentuent.

Figure 1 – Score moyen des élèves en petite section de maternelle selon les domaines d'apprentissage et le milieu social de l'élève en 2022

Figure 1 – Score moyen des élèves en petite section de maternelle selon les domaines d'apprentissage et le milieu social de l'élève en 2022 - Lecture : En 2022, le score moyen des élèves de petite section de maternelle en langage est de 238 lorsqu'ils sont issus de milieu social défavorisé.
Domaine d'apprentissage Milieu social
Très favorisé Favorisé Moyen Défavorisé
Langage 270 262 249 238
Mathématiques 273 261 248 237
Compétences transversales¹ 264 257 249 242
  • 1. Les compétences transversales sont les processus mentaux mis en œuvre pour gérer ses comportements : capacités d’initiation, d’inhibition, de mémorisation, d’organisation du matériel et de flexibilité.
  • Lecture : En 2022, le score moyen des élèves de petite section de maternelle en langage est de 238 lorsqu'ils sont issus de milieu social défavorisé.
  • Champ : France hors Mayotte, élèves scolarisés en petite section maternelle à la rentrée 2021.
  • Source : Depp, Panel petite section, évaluation indirecte 2022 (questionnaire papier).

Figure 1 – Score moyen des élèves en petite section de maternelle selon les domaines d'apprentissage et le milieu social de l'élève en 2022

  • 1. Les compétences transversales sont les processus mentaux mis en œuvre pour gérer ses comportements : capacités d’initiation, d’inhibition, de mémorisation, d’organisation du matériel et de flexibilité.
  • Lecture : En 2022, le score moyen des élèves de petite section de maternelle en langage est de 238 lorsqu'ils sont issus de milieu social défavorisé.
  • Champ : France hors Mayotte, élèves scolarisés en petite section maternelle à la rentrée 2021.
  • Source : Depp, Panel petite section, évaluation indirecte 2022 (questionnaire papier).

En 2022, la France fait partie des pays de l’OCDE où les inégalités à l’âge de 15 ans sont les plus prononcées, en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences. Cette situation est due aux évolutions constatées entre 2003 et 2012 : la performance des élèves ayant le le plus défavorisé s’est dégradée plus fortement que celle des élèves de SESC plus favorisé (figure 2). En 2022, en mathématiques, l’écart de score moyen entre le quart des élèves les plus favorisés et celui des élèves les moins favorisés est de 113, contre 94 en moyenne dans l’OCDE. En 2003, l’écart était de 104 en France, et 98 en moyenne dans l’OCDE. Les élèves les plus favorisés en France ont en moyenne de meilleurs résultats que les élèves les plus favorisés des pays de l’OCDE, alors que les élèves les moins favorisés ont de moins bons résultats que les élèves les moins favorisés de l’OCDE en 2012 et en 2022.

Figure 2a – Scores moyens des élèves âgés de 15 ans en culture mathématique selon le statut économique, social et culturel des parents en France en 2003, 2012, 2022

Figure 2a – Scores moyens des élèves âgés de 15 ans en culture mathématique selon le statut économique, social et culturel des parents en France en 2003, 2012, 2022 - Lecture : En 2022, en France, le score moyen obtenu à PISA en culture mathématique était de 422 parmi les élèves dont le statut économique, social et culturel est le plus défavorisé et de 535 parmi ceux dont il est le plus favorisé.
Année Statut économique, social et culturel des parents
Supérieur au 3e quartile : 25 % des élèves les plus favorisés Entre le 2e et le 3e quartile Entre le 1er et le 2e quartile Inférieur au 1er quartile : 25 % des élèves les plus défavorisés
2003 565 526 495 461
2012 561 511 476 442
2022 535 489 457 422
  • Lecture : En 2022, en France, le score moyen obtenu à PISA en culture mathématique était de 422 parmi les élèves dont le statut économique, social et culturel est le plus défavorisé et de 535 parmi ceux dont il est le plus favorisé.
  • Champ : Élèves âgés de 15 ans.
  • Source : Depp-OCDE ; PISA 2003, 2012 et 2022.

Figure 2a – Scores moyens des élèves âgés de 15 ans en culture mathématique selon le statut économique, social et culturel des parents en France en 2003, 2012, 2022

  • Lecture : En 2022, en France, le score moyen obtenu à PISA en culture mathématique était de 422 parmi les élèves dont le statut économique, social et culturel est le plus défavorisé et de 535 parmi ceux dont il est le plus favorisé.
  • Champ : Élèves âgés de 15 ans.
  • Source : Depp-OCDE ; PISA 2003, 2012 et 2022.

Les parcours scolaires dépendent également du milieu social. En fin de collège, les élèves de milieu défavorisé s’orientent plus fréquemment vers l’enseignement professionnel, compte tenu de leurs compétences en moyenne plus faibles, mais aussi parce qu’ils aspirent moins souvent à entreprendre des études longues, à résultats équivalents. En fin d’enseignement secondaire, ces élèves sont ainsi plus souvent titulaires d’un diplôme professionnel et moins souvent d’un baccalauréat général et technologique. Ils sortent aussi plus souvent du système scolaire peu ou pas diplômés, c’est-à-dire avec au plus le diplôme national du brevet.

Parmi les 25-34 ans, en 2024, 15 % des enfants d’ouvriers n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet, contre 2 % des enfants de cadres ou de professions intellectuelles supérieures (figure 3). 41 % des enfants d’ouvriers possèdent un diplôme du second degré professionnel (baccalauréat professionnel ou équivalent, CAP ou BEP), contre 9 % des enfants de cadres. Les inégalités sociales de parcours se prolongent dans l’enseignement supérieur et 83 % des 25-34 ans enfants de cadres ou de professions intellectuelles supérieures sont diplômés du supérieur, contre 37 % des enfants d’ouvriers.

Figure 3 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon la catégorie socioprofessionnelle des parents en 2024

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Figure 3 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon la catégorie socioprofessionnelle des parents en 2024 (en %) - Lecture : En 2024, 9,9 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont diplômés du brevet ou n'ont aucun diplôme. Cette proportion s'élève à 14,6 % lorsqu'ils sont enfants d'ouvriers.
Niveau de diplôme Catégorie socioprofessionnelle des parents
Agriculteur, artisan, commerçant, chef d'entreprise Ouvrier Employé Profession intermédiaire Cadre ou profession intellectuelle supérieure Ensemble
Supérieur long (Bac+3 ou plus) 43,0 24,8 30,8 48,3 74,2 43,1
Supérieur court (Bac+2) 12,9 12,4 11,3 13,8 8,4 11,7
Baccalauréat général ou technologique 8,3 7,6 11,8 8,7 6,7 8,2
Baccalauréat professionnel ou équivalent 14,7 20,3 16,7 12,8 3,9 14,1
CAP ou BEP 11,3 20,3 13,9 9,8 4,8 12,9
Diplôme national du brevet ou aucun diplôme 9,8 14,6 15,5 6,7 2,0 9,9
Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
  • Note : La catégorie socioprofessionnelle correspond à celle du père si sa profession est renseignée, à celle de la mère lorsque le père est absent, décédé, ou n’a jamais travaillé.
  • Lecture : En 2024, 9,9 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont diplômés du brevet ou n'ont aucun diplôme. Cette proportion s'élève à 14,6 % lorsqu'ils sont enfants d'ouvriers.
  • Champ : France, personnes vivant dans un logement ordinaire, âgées de 25 à 34 ans.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2024 ; traitement Depp.

Figure 3 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon la catégorie socioprofessionnelle des parents en 2024

  • Note : La catégorie socioprofessionnelle correspond à celle du père si sa profession est renseignée, à celle de la mère lorsque le père est absent, décédé, ou n’a jamais travaillé.
  • Lecture : En 2024, 9,9 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont diplômés du brevet ou n'ont aucun diplôme. Cette proportion s'élève à 14,6 % lorsqu'ils sont enfants d'ouvriers.
  • Champ : France, personnes vivant dans un logement ordinaire, âgées de 25 à 34 ans.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2024 ; traitement Depp.

L’obtention d’un diplôme du supérieur dépend aussi fortement du niveau de diplôme des parents. En France, les inégalités sociales d’obtention d’un diplôme du supérieur se situent dans la moyenne des pays de l’OCDE. En 2023, 75 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur lorsqu’au moins un de leurs parents est diplômé du supérieur, contre 44 % des jeunes dont aucun parent n’est diplômé du supérieur, soit un écart de 31 points (33 points en moyenne dans l’OCDE) (figure 4).

Figure 4 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon le niveau de diplôme des parents en 2023

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Figure 4 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon le niveau de diplôme des parents en 2023 (en %) - Lecture : En 2023, en France, 44 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans dont aucun des deux parents n'a de diplôme de l’enseignement supérieur sont diplômés du supérieur.
Zone géographique Plus haut niveau de diplôme des parents Niveau de diplôme des 25-34 ans
Supérieur Baccalauréat, BEP, CAP Diplôme national du brevet ou aucun diplôme
Moyenne OCDE Au moins un parent est diplômé de l'enseignement supérieur 70 27 4
Aucun parent n'est diplômé de l'enseignement supérieur 37 48 16
France Au moins un parent est diplômé de l'enseignement supérieur 75 22 4
Aucun parent n'est diplômé de l'enseignement supérieur 44 44 12
  • Lecture : En 2023, en France, 44 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans dont aucun des deux parents n'a de diplôme de l’enseignement supérieur sont diplômés du supérieur.
  • Champ : Pays de l'OCDE, personnes vivant dans un logement ordinaire âgées de 25 à 34 ans.
  • Source : OCDE-PIAAC 2023 ; traitement Depp.

Figure 4 – Niveau de diplôme des jeunes âgés de 25 à 34 ans selon le niveau de diplôme des parents en 2023

  • Lecture : En 2023, en France, 44 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans dont aucun des deux parents n'a de diplôme de l’enseignement supérieur sont diplômés du supérieur.
  • Champ : Pays de l'OCDE, personnes vivant dans un logement ordinaire âgées de 25 à 34 ans.
  • Source : OCDE-PIAAC 2023 ; traitement Depp.

Définitions

Le milieu social se fonde sur la profession du responsable de l’élève (le père si sa profession est renseignée, la mère ou une autre personne dans les autres cas). Les professions, codées dans la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles, sont regroupées en quatre groupes :

  • très favorisés : cadres et professions intellectuelles supérieures, chefs d'entreprise de plus de 10 personnes, enseignants ;
  • favorisés : professions intermédiaires (hors enseignants) ;
  • moyens : agriculteurs exploitants, artisans et commerçants, employés ;
  • défavorisés : ouvriers, chômeurs et inactifs n’ayant jamais travaillé.

Les scores reportés sur la figure 1 sont les scores obtenus par les élèves enquêtés dans le panel de la Depp d’élèves entrés en petite section maternelle en 2021, à l’occasion d’évaluations passées en février 2022. Pour chaque domaine d’apprentissage, un score synthétique est calculé et standardisé : il est par construction de moyenne 250 et d’écart-type 50 pour l’ensemble des élèves.
Le score reporté sur les figures 1 et 2 est le score à l’évaluation PISA en mathématiques. Ce score a été standardisé lors de la première année de l’évaluation, en 2003 : il est par construction de moyenne 500 et d’écart-type 100 cette année-là.

L’indice de statut économique, social et culturel (SESC) correspond à un indice synthétisant le niveau de diplôme des parents, leurs professions, ainsi que leurs ressources financières et culturelles, d’après un questionnaire rempli par les élèves interrogés au titre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Il permet de construire des groupes socioéconomiques hiérarchisés, à partir des quartiles de l’indice : chaque groupe rassemble 25 % des élèves.