France, portrait social Édition 2021

Cet ouvrage apporte un éclairage sur plus d’un an de crise sanitaire, aux conséquences économiques et sociales inédites : Comment ont évolué la mortalité et la santé de la population au cours des différentes vagues ? Quel a été le niveau d’adoption des mesures de prévention ? Comment le système de soin a-t-il été impacté ? Quels territoires ont été les plus touchés par la baisse des naissances observée neuf mois après le premier confinement ? Quelles sont les conséquences de la crise sur les revenus des ménages et sur le marché de l’emploi ? Comment les jeunes ont-ils vécu cette crise ?

Insee Références
Paru le :Paru le25/11/2021
France, portrait social- Novembre 2021
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Pauvreté monétaire

Insee Références

Paru le :25/11/2021

En 2019, en France métropolitaine, 9,2 millions de personnes vivent en dessous du seuil de , fixé à 60 % du (figure 1). Ce seuil s’établit en 2019 à 1 102 euros par mois, en hausse de 2,6 % sur un an.

Figure 1 – Indicateurs de pauvreté monétaire de 1998 à 2019

Figure 1 – Indicateurs de pauvreté monétaire de 1998 à 2019 - Lecture : en 2019, 9 244 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,6 % de la population.
1998 2002 2006 2010 2014 2018 2019
Taux de pauvreté monétaire (en %) 13,9 13,1 13,3 14,3 14,0 14,8 14,6
Seuil de pauvreté mensuel (en euros 2019) 922 1 001 1 026 1 064 1 054 1 074 1 102
Niveau de vie mensuel médian des personnes pauvres (en euros 2019) 743 825 831 852 841 864 885
Nombre de personnes pauvres (en milliers) 7 986 7 607 7 944 8 739 8 732 9 327 9 244
Intensité de la pauvreté (en %) 19,4 17,6 19,0 19,9 20,2 19,6 19,7
  • Lecture : en 2019, 9 244 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,6 % de la population.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1998-2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005-2019.

En 2019, le s’élève à 14,6 % de la population. Il baisse de 0,2 point, après avoir fortement augmenté en 2018 (+ 0,7 point) ; il reste supérieur à son niveau de 2017 (14,1 %). La réduction du taux de pauvreté en 2019 résulte du fait que le niveau de vie des ménages les plus modestes progresse davantage que la médiane, en raison notamment du recul du chômage et, dans une moindre mesure, de la revalorisation de la prime d’activité. Le taux de pauvreté tend à s’accroître depuis 2004 (12,7 %) : le niveau de vie des ménages les plus modestes a moins progressé que le niveau de vie médian sur l’ensemble de la période (+ 5,3 % pour le premier décile de niveau de vie, contre + 12,0 % pour la médiane entre 2004 et 2019) ; en particulier, il a été plus affecté par la crise économique de 2008 (– 4,4 % contre – 1,1 % entre 2008 et 2012).

La moitié des personnes pauvres a un niveau de vie inférieur à 885 euros mensuels en 2019 (+ 2,4 % sur un an). L’ est quasi stable, à 19,7 %. Elle varie peu depuis 2008, entre 19,6 % et 20,2 %, à l’exception d’un point haut en 2012 (21,4 %).

Parmi les , l’écart de taux de pauvreté entre les personnes au (38,9 %, en hausse de 1,1 point) et celles en (8,1 %, en baisse de 0,3 point) s’amplifie en 2019 (figure 2). Le recul du chômage a en effet été moins marqué pour les actifs les plus pauvres, en particulier les ouvriers. Au sein des , le taux de pauvreté des retraités (9,5 %) progresse de 0,8 point. Pénalisés par la non-revalorisation des pensions du régime général, les retraités les plus modestes n’ont pas bénéficié du rétablissement à 6,6 % du taux de contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus de remplacement. La part des allocataires de minima sociaux en situation de pauvreté monétaire s’accroît en 2019, à 52,5 % pour les personnes vivant dans un ménage percevant le minimum vieillesse (+ 4,8 points) et 66,7 % pour les personnes vivant dans un ménage bénéficiaire du revenu de solidarité active (RSA) (+ 0,7 point).

Figure 2 – Pauvreté monétaire selon l’activité en 2019

Figure 2 – Pauvreté monétaire selon l’activité en 2019 - Lecture : en 2019, 10,6 % des actifs de 18 ans ou plus sont pauvres ; la moitié d’entre eux vivent avec un niveau de vie inférieur d’au moins 21,4 % au seuil de pauvreté.
Personnes pauvres
(en milliers)
Taux de pauvreté monétaire
(en %)
Intensité de la pauvreté
(en %)
Actifs de 18 ans ou plus 3 032 10,6 21,4
En emploi 2 136 8,1 19,6
Au chômage 897 38,9 25,2
Inactifs de 18 ans ou plus 3 392 16,3 18,2
Retraités 1 400 9,5 12,5
Autres inactifs dont étudiants 1 992 32,5 24,6
Enfants de moins de 18 ans 2 820 20,2 19,9
Ensemble 9 244 14,6 19,7
  • Note : la situation vis-à-vis de l’emploi est mesurée au sens du Bureau international du travail (BIT) au 4e trimestre.
  • Lecture : en 2019, 10,6 % des actifs de 18 ans ou plus sont pauvres ; la moitié d’entre eux vivent avec un niveau de vie inférieur d’au moins 21,4 % au seuil de pauvreté.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2019.

Le taux de pauvreté des familles monoparentales (32,8 %) recule de 2,5 points (figure 4). Ces familles ont bénéficié de la baisse du chômage et de la plus forte hausse des salaires dans le bas de la distribution.

En France, la pauvreté varie fortement d’un département à l’autre. La proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté national est deux à quatre fois plus élevée dans les quatre départements d’outre-mer historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion) qu’en France métropolitaine, et cinq fois plus à Mayotte (figure 3). En France métropolitaine, le taux de pauvreté atteint 28,4 % en Seine-Saint-Denis et est élevé dans la plupart des départements du pourtour méditerranéen, en Corse et le long de la frontière belge. À l’inverse, il est relativement faible dans les départements de l’Ouest, de l’est de la Bourgogne-Franche-Comté et du nord des Alpes. Le taux de pauvreté est inférieur à 10 % en Haute-Savoie, en Vendée et dans les Yvelines.

Figure 3 – Taux de pauvreté monétaire par département en 2018

en %
Figure 3 – Taux de pauvreté monétaire par département en 2018 (en %) - Lecture : en 2018, 8,9 % des habitants de Haute-Savoie sont pauvres.
Département Taux de pauvreté
Haute-Savoie 8,9
Vendée 9,2
Yvelines 9,7
Savoie 10,0
Ain 10,3
Loire-Atlantique 10,3
Ille-et-Vilaine 10,5
Finistère 10,6
Côte-d'Or 11,2
Morbihan 11,2
Isère 11,3
Maine-et-Loire 11,4
Mayenne 11,5
Côtes-d'Armor 11,7
Jura 11,8
Landes 11,8
Seine-et-Marne 11,8
Hauts-de-Seine 11,9
Eure-et-Loir 12,0
Manche 12,0
Doubs 12,1
Haute-Loire 12,1
Pyrénées-Atlantiques 12,3
Deux-Sèvres 12,3
Calvados 12,4
Eure 12,5
Gironde 12,6
Loir-et-Cher 12,6
Charente-Maritime 12,8
Oise 12,9
Haut-Rhin 12,9
Cantal 13,0
Indre-et-Loire 13,0
Corrèze 13,1
Saône-et-Loire 13,1
Sarthe 13,1
Essonne 13,1
Loiret 13,2
Puy-de-Dôme 13,2
Haute-Saône 13,2
Haute-Garonne 13,3
Bas-Rhin 13,7
Hautes-Alpes 13,9
Aveyron 14,0
Rhône 14,2
Cher 14,3
Vienne 14,3
Ardèche 14,4
Marne 14,4
Indre 14,5
Lozère 14,5
Meuse 14,5
Yonne 14,5
Territoire de Belfort 14,5
Drôme 14,8
Gers 14,9
Haute-Marne 14,9
Seine-Maritime 14,9
Charente 15,0
Loire 15,0
Lot 15,0
Paris 15,2
Moselle 15,3
Meurthe-et-Moselle 15,4
Orne 15,4
Hautes-Pyrénées 15,4
Vosges 15,4
Allier 15,5
Haute-Vienne 15,5
Tarn 15,6
Var 15,6
Nièvre 15,7
Alpes-Maritimes 15,8
Corse-du-Sud 16,1
Aube 16,2
Dordogne 16,3
Somme 16,4
Val-de-Marne 16,6
Alpes-de-Haute-Provence 16,8
Lot-et-Garonne 17,0
Tarn-et-Garonne 17,0
Val-d'Oise 17,2
Ariège 18,0
Aisne 18,4
Bouches-du-Rhône 18,7
Creuse 18,7
Ardennes 18,9
Nord 19,1
Pas-de-Calais 19,3
Hérault 19,7
Gard 19,8
Vaucluse 20,0
Haute-Corse 20,6
Aude 20,7
Pyrénées-Orientales 21,0
Seine-Saint-Denis 28,4
Martinique 29,8
Guadeloupe 34,5
La Réunion 38,9
Guyane 52,9
Mayotte 77,3
  • Lecture : en 2018, 8,9 % des habitants de Haute-Savoie sont pauvres.
  • Champ : France, personnes appartenant à des ménages fiscaux en logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2018 ; Insee, Budget de famille 2017 pour Guadeloupe, Guyane et Mayotte.

Figure 3 – Taux de pauvreté monétaire par département en 2018

  • Lecture : en 2018, 8,9 % des habitants de Haute-Savoie sont pauvres.
  • Champ : France, personnes appartenant à des ménages fiscaux en logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2018 ; Insee, Budget de famille 2017 pour Guadeloupe, Guyane et Mayotte.

Figure 4 – Taux de pauvreté monétaire selon la composition du ménage

en %
Figure 4 – Taux de pauvreté monétaire selon la composition du ménage (en %) - Lecture : en 2019, 7,2 % des personnes vivant dans un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
2018 2019
Personne de référence du ménage de moins de 65 ans
Personne seule 20,2 20,6
Famille monoparentale 35,3 32,8
Couple sans enfant 7,1 7,2
Couple avec un ou deux enfants 9,3 8,9
Couple avec trois enfants ou plus 23,1 23,1
Autre type de ménage 25,3 25,1
Personne de référence du ménage de 65 ans ou plus
Personne seule 14,3 15,9
Couple 6,2 6,4
Autre type de ménage 6,4 9,6
Ensemble 14,8 14,6
  • Note : il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples sans enfant peuvent avoir des enfants, mais qui ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête.
  • Lecture : en 2019, 7,2 % des personnes vivant dans un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2018 et 2019.

Figure 4 – Taux de pauvreté monétaire selon la composition du ménage

  • Note : il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples sans enfant peuvent avoir des enfants, mais qui ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête.
  • Lecture : en 2019, 7,2 % des personnes vivant dans un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2018 et 2019.

Définitions

Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre (au sens de la pauvreté monétaire) lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.

Si on ordonne une distribution de niveaux de vie (de salaires, de revenus, etc.), la médiane est la valeur qui partage cette distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de niveaux de vie, la médiane est le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 50 % de personnes les plus modestes. C’est de manière équivalente le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 50 % de personnes les plus aisées.

Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.

L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l’Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense.

La population active au sens du Bureau international du travail (BIT) comprend les personnes en emploi et les chômeurs au sens du BIT. Les personnes qui ne sont ni en emploi ni au chômage sont dites « inactives ».

Un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi durant une semaine donnée ; être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ; avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de Pôle emploi, etc.

Les personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) (actifs occupés) sont celles âgées de 15 ans ou plus ayant travaillé (ne serait-ce qu’une heure) au cours d’une semaine donnée dite « de référence », qu’elles soient salariées, à leur compte, employeuses ou aides dans l’entreprise ou l’exploitation familiale. Elles incluent également les personnes pourvues d’un emploi, mais qui en sont temporairement absentes.

Les inactifs au sens du BIT sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage au sens du BIT.

Le niveau de vie est défini comme le revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.

Pour en savoir plus

« En 2019, le niveau de vie médian augmente nettement et le taux de pauvreté diminue », Insee Première n° 1875, octobre 2021.

« Inégalités de niveau de vie et pauvreté entre 2008 et 2018 », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.