France, portrait social Édition 2020
Dans cette édition, la vue d’ensemble porte sur l’impact social de la crise sanitaire de la Covid-19 et du confinement, dans des domaines tels que la santé, l’emploi, les inégalités femmes-hommes, la scolarité des enfants, les pratiques culturelles, etc. Un éclairage est ensuite apporté sur les enfants, sous l’angle des inégalités sociales.
Protection sociale
Insee Références
Paru le :03/12/2020
En 2018, le solde de la protection sociale poursuit sa hausse pour atteindre 9,8 milliards d’euros, après être redevenu excédentaire en 2017 (+ 4,8 Md€) pour la première fois depuis 2008. L’année 2018 est marquée par une hausse des ressources (+ 2,6 %) supérieure à celle des dépenses (+ 2,0 %). Ces dernières s’élèvent à 790,1 milliards d’euros (hors transferts entre régimes), dont 742,1 milliards d’euros de prestations (31,4 % du PIB), tandis que les ressources s’élèvent à 799,9 milliards d’euros pour l’ensemble des régimes. La structure du financement de la protection sociale est modifiée en 2018 par la bascule entre cotisations sociales et CSG, opérée dans le cadre des mesures en faveur du pouvoir d’achat des actifs.
En 2018, les prestations sociales progressent de 1,9 %. Elles continuent de ralentir tendanciellement depuis 2010 : les prestations progressent autour de 3,0 % par an entre 2010 et 2014, et en dessous de 2,0 % par an depuis 2015. Ces évolutions reflètent d’abord les différences de rythme d’inflation (+ 1,3 % en moyenne par an entre 2010 et 2014, puis + 0,9 % entre 2015 et 2018), mais également les effets des politiques budgétaires.
Les prestations recouvrent six postes, appelés « risques sociaux ». Les risques vieillesse‑survie (339,6 milliards d’euros en 2018) et santé (261,1 milliards d’euros) représentent 81 % du total des prestations (figure 1). Le reste se répartit entre les risques famille, emploi, pauvreté‑exclusion sociale et logement.
tableauFigure 1 - Dépenses hors transferts de la protection sociale
2007 | 2010 | 2013 | 2016 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Santé | 197,7 | 216,9 | 234,4 | 250,3 | 255,7 | 261,1 |
Maladie | 162,7 | 178,3 | 191,0 | 204,4 | 208,7 | 213,1 |
Invalidité et accidents du travail | 35,1 | 38,6 | 43,4 | 45,9 | 47,0 | 48,0 |
Vieillesse-survie | 245,4 | 277,9 | 308,2 | 325,7 | 331,3 | 339,6 |
Famille | 47,5 | 50,3 | 53,6 | 54,7 | 55,4 | 56,1 |
Emploi | 30,4 | 38,4 | 42,0 | 44,2 | 44,3 | 44,3 |
Logement | 14,7 | 16,5 | 17,7 | 18,4 | 18,5 | 17,2 |
Pauvreté-exclusion sociale | 15,2 | 18,0 | 19,3 | 21,8 | 23,1 | 23,9 |
Ensemble des prestations | 550,9 | 618,0 | 675,2 | 715,2 | 728,2 | 742,1 |
Autres dépenses¹ | 37,0 | 43,2 | 44,5 | 45,4 | 46,5 | 48,0 |
Ensemble des dépenses | 587,9 | 661,2 | 719,6 | 760,6 | 774,7 | 790,1 |
- 1. Frais financiers et non financiers, frais divers, emplois du compte de capital.
- Champ : France.
- Source : Drees, comptes de la protection sociale (base 2014).
En 2018, les prestations vieillesse‑survie progressent à un rythme plus élevé qu’en 2017 (+ 2,5 %, après + 1,7 %). En effet, les départs à la retraite des baby‑boomers et l’allongement de la durée de vie entraînent une hausse du nombre de bénéficiaires. Les prestations santé augmentent de 2,1 % en 2018, comme en 2017, sous l’effet de leur principale composante, les dépenses de maladie (+ 2,1 %, comme en 2017). Les dépenses d’invalidité ralentissent en 2018 (+ 2,6 %, après + 3,2 %), tandis que les prestations d’accidents du travail et de maladies professionnelles reculent plus modérément qu’en 2017 (– 0,9 %, après – 1,9 %).
En 2018, les prestations familiales augmentent de 1,3 %, soit un rythme proche de celui de 2017 (+ 1,2 %). Les dépenses d’allocations familiales augmentent peu, du fait de la stagnation du nombre de foyers bénéficiaires. Celles relatives à la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) continuent de diminuer, sous l’effet des mesures de la réforme de la Paje, mises en place progressivement depuis 2014 (gels de certaines composantes en 2014, baisses des plafonds de ressources en 2014 puis en 2018, mise en place en 2015 de la prestation partagée d’éducation de l’enfant remplaçant le complément libre choix d’activité, ayant entraîné une diminution des durées de versement). À l’inverse, les montants servis au titre du complément familial et de l’allocation de soutien familial augmentent en 2018, conséquence des revalorisations exceptionnelles du plan Pauvreté. Les prestations logement diminuent de 7,2 % en 2018 (après + 0,8 % en 2017) dans le cadre de la mise en œuvre des mesures adoptées en loi de finances pour 2017 et pour 2018, qui entraînent le recul des trois allocations logement (figure 2). Les prestations liées à l’emploi sont quasiment stables en 2018 (+ 0,1 %, comme en 2017) : les dépenses liées au chômage accélèrent légèrement (+ 1,0 %, après + 0,6 % en 2017), soutenues notamment par les revalorisations annuelles de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) (+ 0,7 % en moyenne annuelle, après + 0,3 %), tandis que les dépenses d’insertion et de réinsertion professionnelles diminuent de nouveau (– 8,8 %, après – 4,2 %). Les prestations relatives à la pauvreté et l’exclusion sociale ralentissent en 2018 (+ 3,6 %, après + 5,6 % en 2017). Cette décélération marque la fin de la montée en charge de la prime d’activité (+ 4,9 %, après + 27,9 %), qui remplace le RSA activité et la prime pour l’emploi depuis 2016.
tableauFigure 2 - Nombre de bénéficiaires des principales prestations sociales
2007 | 2010 | 2013 | 2016 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Retraite de droit direct | 14 020 | 15 080 | 15 629 | 16 051 | 16 160 | 16 377 |
Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) et de l’allocation supplémentaire vieillesse (ASV)¹ | 586 | 576 | 558 | 552 | 552 | 568 |
Aides au logement² | 5 962 | 6 274 | 6 497 | 6 481 | 6 517 | 6 360 |
Allocations familiales (AF) | 4 865 | 4 918 | 5 007 | 5 041 | 5 063 | 5 108 |
Complément familial (CF) | 860 | 863 | 858 | 889 | 901 | 907 |
Allocation de rentrée scolaire (ARS) | 2 976 | 3 022 | 3 049 | 3 103 | 3 113 | 3 154 |
Prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) | 2 199 | 2 367 | 2 329 | 2 163 | 2 081 | 2 145 |
Allocation de soutien familial (ASF) | 726 | 745 | 746 | 752 | 770 | 798 |
Revenu minimum d’insertion (RMI)³ | 1 172 | 140 | /// | /// | /// | /// |
Allocation de parent isolé (API)³ | 205 | 30 | /// | /// | /// | /// |
Revenu de solidarité active (RSA)³ | /// | 1 834 | 2 330 | 1 860 | 1 849 | 1 894 |
dont RSA socle⁴ | /// | 1 168 | 2 296 | 1 838 | 1 827 | 1 866 |
Prime d’activité | /// | /// | /// | 2 577 | 2 740 | 3 044 |
Allocation aux adultes handicapés (AAH) | 813 | 915 | 1 022 | 1 090 | 1 129 | 1 172 |
Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) | 152 | 176 | 222 | 255 | 271 | 301 |
Chômage indemnisé hors formation⁵ | 2 256 | 2 631 | 2 866 | 3 138 | 3 143 | 3 110 |
- /// : absence de résultat due au fait que la prestation n’était pas en vigueur.
- 1. L’Aspa, entrée en vigueur le 13 janvier 2007 se substitue, pour les nouveaux bénéficiaires, aux anciennes allocations du minimum vieillesse, notamment à l’ASV.
- 2. Aide personnalisée au logement (APL), allocation de logement à caractère social (ALS) et allocation de logement à caractère familial (ALF).
- 3. Le RSA remplace le RMI, l’API et une partie de la prime pour l’emploi à compter du 1ᵉʳ juin 2009 en métropole et du 1ᵉʳ janvier 2011 en outre-mer (1ᵉʳ janvier 2012 à Mayotte).
- 4. Hors régime agricole.
- 5. Effectifs CVS-CJO en fin de mois, en moyenne annuelle et en milliers.
- Note : effectifs en nombre de foyers, sauf pour les retraités de droits directs et les bénéficiaires du RMI, de l’API et de l’AAH en nombre d‘individus.
- Champ : France.
- Sources : Cnaf ; Drees ; Pôle emploi.
En 2018, les ressources de la protection sociale augmentent de 2,6 % (après + 2,7 % en 2017). Leur hausse est portée par le dynamisme de la masse salariale du secteur privé, similaire à 2017 (+ 3,5 %, après + 3,6 %) (figure 3). La structure des ressources évolue en 2018 : les impôts et taxes affectés accélèrent, soutenus par une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG) (+ 26,0 % en 2018, après + 2,9 % en 2017), du fait du relèvement de son taux de 1,7 point sur l’ensemble des assiettes. En contrepartie, les taux de cotisations sociales diminuent et la masse des cotisations collectées se contracte de 1,1 %.
tableauFigure 3 - Ressources hors transferts de la protection sociale
2007 | 2010 | 2013 | 2016 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Cotisations totales | 376,8 | 400,3 | 440,1 | 461,6 | 474,7 | 469,4 |
Cotisations effectives¹ | 331,9 | 350,7 | 385,6 | 405,2 | 417,9 | 411,7 |
Cotisations des employeurs | 208,8 | 219,9 | 240,6 | 250,8 | 258,4 | 265,0 |
Cotisations des salariés | 76,9 | 78,7 | 88,3 | 96,9 | 101,0 | 89,3 |
Cotisations des travailleurs indépendants | 19,3 | 22,2 | 24,7 | 23,7 | 23,5 | 22,6 |
Autres cotisations effectives | 26,8 | 30,0 | 31,9 | 33,9 | 35,1 | 34,8 |
Cotisations imputées² | 45,0 | 49,6 | 54,6 | 56,4 | 56,7 | 57,7 |
Impôts et taxes affectés | 137,7 | 150,3 | 178,2 | 184,1 | 188,9 | 210,5 |
Contributions publiques³ | 60,9 | 67,5 | 72,6 | 93,7 | 96,3 | 99,2 |
Produits financiers | 7,6 | 7,6 | 8,0 | 7,5 | 7,7 | 7,9 |
Autres ressources | 11,6 | 13,1 | 13,1 | 11,7 | 11,9 | 12,9 |
Ensemble des ressources | 594,6 | 638,9 | 712,1 | 758,7 | 779,5 | 799,9 |
- 1. La refonte des comptes des mutuelles et des institutions de prévoyance en comptabilité nationale et dans les comptes de la protection sociale a occasionné le reclassement de toutes les cotisations versées à ces organismes en « autres cotisations effectives ».
- 2. Elles mesurent la contribution des employeurs publics ou privés au financement du régime d’assurance sociale qu’ils gèrent eux-mêmes pour leurs propres salariés ou ayants droits. Elles sont la contrepartie des prestations sociales versées par l’employeur (comme les retraites des fonctionnaires de l’État).
- 3. Versements de l’État et des collectivités locales aux régimes de la protection sociale. Ces cotisations sont prélevées sur l’ensemble des recettes fiscales et ne constituent donc pas une recette affectée.
- Champ : France.
- Source : Drees, comptes de la protection sociale (base 2014).
Définitions
La protection sociale recouvre l’ensemble des mécanismes de prévoyance collective ou mettant en œuvre un principe de solidarité sociale qui couvrent les charges résultant pour les individus ou les ménages de l’apparition ou de l’existence des risques sociaux : vieillesse et survie, santé, maternité et famille, perte d’emploi, difficultés de logement, pauvreté et exclusion sociale. Ces mécanismes peuvent être publics (Sécurité sociale, Pôle emploi, État, etc.) ou privés (mutuelles et institutions de prévoyance notamment).
Pour en savoir plus
Ouvrir dans un nouvel ongletLa protection sociale en France et en Europe en 2018. Résultats des comptes de la protection sociale, coll. « Panoramas de la Drees - Social », édition 2020.
Ouvrir dans un nouvel ongletMinima sociaux et prestations sociales. Ménages aux revenus modestes et redistribution, coll. « Panoramas de la Drees - Social », édition 2020.