France, portrait social Édition 2020

Dans cette édition, la vue d’ensemble porte sur l’impact social de la crise sanitaire de la Covid-19 et du confinement, dans des domaines tels que la santé, l’emploi, les inégalités femmes-hommes, la scolarité des enfants, les pratiques culturelles, etc. Un éclairage est ensuite apporté sur les enfants, sous l’angle des inégalités sociales.

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Paru le :Paru le03/12/2020
France, portrait social- Décembre 2020
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Inégalités sociales dans l’enseignement scolaire

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Paru le :03/12/2020

L’environnement familial des élèves a une influence sur leur parcours scolaire, l’acquisition de connaissances, ainsi que le niveau de diplôme en sortie du système éducatif. Les conditions de vie des parents, leurs ressources économiques et culturelles, sont plus ou moins favorables à la réussite scolaire. Dès l’école primaire, les inégalités de performances scolaires selon la sont fortes. À l’occasion d’une dictée proposée à des élèves de CM2 en 2015, les enfants de parents ouvriers ont fait en moyenne 19 erreurs et ceux de parents sans emploi 21, soit moitié plus que les enfants de parents cadres (13) (figure 1). Lors des épreuves de calcul passées en CM2 en 2017, les écarts selon le niveau social étaient également marqués. Entre 1987 et 2017, les écarts sociaux se sont peu modifiés, tant en orthographe qu’en calcul ; en effet, la baisse de la performance des élèves est générale.

Figure 1 - Performances en orthographe et en calcul des élèves en CM2 selon la catégorie socioprofessionnelle des parents

Figure 1 - Performances en orthographe et en calcul des élèves en CM2 selon la catégorie socioprofessionnelle des parents - Lecture : en 1987, les enfants d’agriculteurs ont fait en moyenne 11 erreurs en dictée et ont obtenu un score moyen de 255 à l’épreuve de calcul.
Nombre moyen d’erreurs à la dictée Score moyen en calcul
1987 2007 2015 1987 1999 2007 2017
Agriculteurs exploitants 11 18 19 255 217 196 170
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 10 15 19 253 220 200 191
Cadres et professions intellectuelles supérieures 7 9 13 278 234 237 206
Professions intermédiaires 8 14 16 263 221 209 188
Employés 12 16 18 246 211 201 170
Ouvriers 13 17 19 238 197 186 166
Sans emploi 14 19 21 222 188 179 152
Ensemble1 11 14 18 250 210 202 176
  • 1. Y compris parents retraités et professions non renseignées.
  • Lecture : en 1987, les enfants d’agriculteurs ont fait en moyenne 11 erreurs en dictée et ont obtenu un score moyen de 255 à l’épreuve de calcul.
  • Champ : France métropolitaine, établissements du secteur public.
  • Source : MENJS-Depp, enquêtes « Lire, écrire, compter ».

À l’âge de 15 ans, la France compte parmi les pays européens où les inégalités sociales de résultats scolaires sont les plus fortes. En 2018, en France, les élèves de favorisé ont un score moyen en compréhension de l’écrit comparable à leurs homologues de Suède et du Royaume‑Uni (550), alors que les élèves français de milieu social défavorisé ont un niveau inférieur de respectivement 17 et 28 points à ceux des deux mêmes pays (figure 2). L’écart de score entre les élèves de milieu social favorisé et défavorisé atteint 107 points en France, du même ordre que celui constaté en Allemagne et en Belgique, au‑dessus de la moyenne de l’OCDE (89 points).

Figure 2 - Score moyen des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit selon le statut économique, social et culturel en 2018

Figure 2 - Score moyen des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit selon le statut économique, social et culturel en 2018 - Lecture : en France, parmi les élèves de milieu social défavorisé, le score moyen obtenu à Pisa en compréhension de l’écrit est 443.
Ensemble Statut économique, social et culturel
Milieu social défavorisé Milieu social favorisé
Finlande 520 483 562
Lettonie 479 447 512
Autriche 484 440 533
Suède 506 460 549
Portugal 492 448 543
Royaume-Uni 504 471 550
Allemagne 498 450 564
Belgique 493 440 550
France 493 443 550
OCDE 487 445 534
Pays-Bas 485 448 536
Pologne 512 469 560
Irlande 518 482 557
Italie 476 436 511
  • Lecture : en France, parmi les élèves de milieu social défavorisé, le score moyen obtenu à Pisa en compréhension de l’écrit est 443.
  • Champ : élèves de 15 ans.
  • Source : OCDE, données du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) 2018.

Figure 2 - Score moyen des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit selon le statut économique, social et culturel en 2018

  • Lecture : en France, parmi les élèves de milieu social défavorisé, le score moyen obtenu à Pisa en compréhension de l’écrit est 443.
  • Champ : élèves de 15 ans.
  • Source : OCDE, données du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) 2018.

Ces inégalités de performances se répercutent sur les parcours après le collège. Les élèves dont les parents appartiennent aux catégories socioprofessionnelles les moins favorisées sortent plus souvent du système éducatif sans diplôme. Ainsi, parmi les élèves entrés en sixième en 2007, 19 % des enfants d’ouvriers non qualifiés n’ont pas obtenu de diplôme du secondaire dix ans plus tard, et c’est le cas de 38 % des enfants de parents sans emploi (figure 3). À l’inverse, cette proportion n’est que de 4 % chez les enfants de cadres, professions libérales et chefs d’entreprise. Les écarts se sont toutefois réduits depuis le milieu des années 1990. Ainsi, parmi les élèves entrés en sixième en 1995, la proportion d’enfants d’ouvriers non qualifiés sortis sans diplôme atteignait 33 % contre 8 % parmi les enfants de cadres, soit 25 points d’écart, contre 15 points en 2007. La réduction des sorties sans diplôme a davantage bénéficié aux catégories sociales qui y étaient le plus exposées. Cette progression s’est faite notamment, mais pas exclusivement, à travers l’accès plus fréquent au baccalauréat professionnel.

Figure 3 - Diplôme dix ans après l’entrée en sixième selon la catégorie socioprofessionnelle des parents

en %
Figure 3 - Diplôme dix ans après l’entrée en sixième selon la catégorie socioprofessionnelle des parents (en %) - Lecture : dix ans après leur entrée en sixième en 2007, 57 % des enfants d’agriculteurs sont titulaires d’un baccalauréat général ou technologique.
Baccalauréat général ou technologique Baccalauréat professionnel CAP-BEP Sans diplôme du secondaire
2007 1995 2007 1995 2007 1995 2007 1995
Agriculteurs exploitants 57 54 30 19 8 16 6 11
Artisans, commerçants 58 54 22 11 11 16 9 19
Cadres1, prof. libérales et chefs d’entreprise 85 84 9 4 3 4 4 8
Enseignants 86 87 8 4 2 3 4 5
Professions intermédiaires2 65 67 19 10 8 11 8 12
Employés3 52 50 24 12 12 17 13 21
Employés de service 35 27 29 12 14 24 22 38
Ouvriers qualifiés 41 39 28 14 17 23 15 23
Ouvriers non qualifiés 35 28 28 14 19 26 19 33
Sans emploi 23 18 18 11 22 22 38 50
Ensemble 57 52 21 11 11 16 11 20
  • 1. Hors professeurs.
  • 2. Hors instituteurs et professeurs des écoles.
  • 3. Hors employés de service (personnels des services directs aux particuliers).
  • Lecture : dix ans après leur entrée en sixième en 2007, 57 % des enfants d’agriculteurs sont titulaires d’un baccalauréat général ou technologique.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : MENJS-Depp, Mesri-Sies, panels d’élèves entrés en sixième en 2007 et en 1995.

Les processus d’orientation restent très marqués par l’origine sociale, ce qui résulte à la fois de résultats scolaires et de vœux d’orientation différenciés. Ainsi, près de 30 % des enfants d’agriculteurs, d’ouvriers et d’employés de service ont obtenu un baccalauréat professionnel alors que cette proportion est inférieure à 10 % chez les enfants de cadres et d’enseignants. Ces inégalités de diplôme et de compétences en fin d’enseignement scolaire ont des conséquences sur l’accès aux différentes filières de l’enseignement supérieur et sur le niveau de diplôme obtenu par les jeunes.

Définitions

Catégorie socioprofessionnelle des parents : elle est définie, dans les évaluations « lire, écrire, compter » et dans les panels d’élèves entrés en sixième en 2007 et en 1995, à partir de la profession de l’un des parents (personne de référence de la famille).

Milieu social de l’élève : dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), le statut économique, social et culturel (SESC) est défini à partir d’un indice synthétisant le niveau de diplôme des parents, leurs professions, ainsi que les ressources financières et culturelles du foyer. Les élèves issus d’un milieu social défavorisé sont ceux dont l’indice appartient au quart le plus faible, ceux de milieu social favorisé appartiennent au quart le plus élevé.