France, portrait social Édition 2020

Dans cette édition, la vue d’ensemble porte sur l’impact social de la crise sanitaire de la Covid-19 et du confinement, dans des domaines tels que la santé, l’emploi, les inégalités femmes-hommes, la scolarité des enfants, les pratiques culturelles, etc. Un éclairage est ensuite apporté sur les enfants, sous l’angle des inégalités sociales.

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Paru le :Paru le03/12/2020
France, portrait social- Décembre 2020
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Niveaux de vie

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Paru le :03/12/2020

En 2018, en France métropolitaine, la moitié des personnes ont un inférieur à 21 250 euros annuels, soit 1 771 euros par mois (niveau de vie ou D5) (figure 1). Les 10 % de personnes les plus modestes de la population ont un niveau de vie inférieur à 11 210 euros annuels (1ᵉʳ  ou D1). À l’autre extrémité, les 10 % de personnes les plus aisées ont un niveau de vie supérieur à 39 130 euros (9ᵉ décile ou D9). Le  D9/D1 s’établit ainsi à 3,5. Les 20 % des personnes les plus modestes détiennent 8,7 % de la somme des niveaux de vie. Les 20 % les plus aisées en détiennent 38,7 %, soit 4,5 fois plus.

Figure 1 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités de 1997 à 2018

Figure 1 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités de 1997 à 2018 - Lecture : en 2018, les 20 % de personnes les plus modestes détiennent 8,7 % de la somme des niveaux de vie (S20), les 20 % les plus aisées perçoivent 38,7 % de la somme des niveaux de vie (complément à 100 de S80), soit 4,5 fois plus.
1997 2001 2005 2009 2013 2017 2018
Niveau de vie (en euros 2018)
1ᵉʳ décile (D1) 9 430 10 570 10 940 11 420 11 190 11 390 11 210
Médiane 17 850 19 310 19 990 21 130 20 780 21 190 21 250
9ᵉ décile (D9) 32 820 36 080 36 480 39 140 38 390 38 900 39 130
Moyenne 20 310 22 420 23 060 24 510 23 970 24 350 24 650
Indicateurs d'inégalités
Rapport interdécile (D9/D1) 3,5 3,4 3,3 3,4 3,4 3,4 3,5
S20 (en %)¹ 8,9 9,0 8,9 8,8 8,8 8,8 8,7
S50 (en %)¹ 31,0 30,8 30,9 30,6 30,8 30,8 30,3
S80 (en %)¹ 62,8 61,9 61,9 61,6 62,0 62,0 61,3
(100-S80)/S20¹ 4,2 4,2 4,3 4,4 4,3 4,3 4,5
Indice de Gini² 0,281 0,288 0,289 0,293 0,289 0,289 0,298
  • 1. La masse de niveaux de vie S20 (respectivement S50 et S80) correspond à la somme des niveaux de vie détenus par les 20 % (respectivement 50 % et 80 %) les plus modestes. Le ratio (100-S80)/S20 met en évidence les écarts entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % des personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % des personnes les plus pauvres.
  • 2. L’indice de Gini mesure le degré d’inégalité de la distribution des niveaux de vie. Il varie entre 0 et 1, la valeur 0 correspondant à l’égalité parfaite (tout le monde a le même niveau de vie) et la valeur 1 à l’inégalité extrême (une seule personne a tout le revenu).
  • Note : pour permettre une comparaison temporelle, les indicateurs sur les niveaux de vie et les inégalités ont été rétropolés de 1997 à 2011.
  • Lecture : en 2018, les 20 % de personnes les plus modestes détiennent 8,7 % de la somme des niveaux de vie (S20), les 20 % les plus aisées perçoivent 38,7 % de la somme des niveaux de vie (complément à 100 de S80), soit 4,5 fois plus.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1997-2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005-2018.

En 2018, le niveau de vie médian augmente de 0,3 % en par rapport à 2017. Il poursuit sa lente progression depuis cinq ans (+ 0,4 % par an en moyenne depuis 2013) et est un peu plus élevé qu’il y a dix ans (+ 1,0 %). Avant 2009, il augmentait à un rythme bien plus soutenu (+ 1,4 % par an en moyenne entre 1997 et 2009). Entre 2017 et 2018, les niveaux de vie évoluent de façon contrastée. Le premier décile diminue (– 1,6 %). Cette baisse s’explique surtout par celle des allocations logement en 2018 : sans celle‑ci, le premier décile ne diminuerait que de 0,3 %. La réduction des allocations logement des ménages du parc social a été accompagnée d’une baisse équivalente du loyer de ces derniers, venant diminuer leurs dépenses. Seule la réduction des allocations affecte toutefois les indicateurs de revenus comme le niveau de vie. Au‑delà du 3ᵉ décile, les niveaux de vie sont en légère hausse. La hausse atteint + 0,6 % pour le 9ᵉ décile. La progression des revenus d’activité a été un peu plus importante dans le haut de la distribution et les ménages les plus aisés ont davantage bénéficié de l’augmentation des revenus du patrimoine.

Les inégalités de niveau de vie augmentent nettement en 2018 : l’ passe de 0,289 en 2017 à 0,298. Elles avaient fortement augmenté après la crise économique de 2008, qui a touché en premier lieu les ménages les plus modestes. Après un repli en 2013 dû à la baisse plus tardive des plus hauts niveaux de vie, elles sont restées stables jusqu’en 2017.

Parmi les personnes de 18 ans ou plus, le niveau de vie médian des (14 790 euros) est inférieur de 37 % à celui des personnes (23 640 euros) (figure 2). Il est également inférieur de 27 % à celui des (20 390 euros). En 2018, parmi les inactifs, ce sont les retraités qui ont le niveau de vie médian le plus élevé avec 21 820 euros. Pour les autres inactifs, il est de 15 910 euros, soit 27 % de moins que les retraités.

Figure 2 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités selon l’activité en 2018

Figure 2 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités selon l’activité en 2018
Niveau de vie (en euros) Rapports interdéciles
1ᵉʳ décile (D1) Médiane (D5) 9ᵉ décile (D9) Moyenne D9/D1 D9/D5 D5/D1
Actifs de 18 ans ou plus 12 320 22 940 41 740 26 490 3,4 1,8 1,9
En emploi 13 420 23 640 42 640 27 350 3,2 1,8 1,8
Chômeurs 8 370 14 790 27 930 17 520 3,3 1,9 1,8
Inactifs de 18 ans ou plus 11 100 20 390 37 260 23 810 3,4 1,8 1,8
Retraités 13 100 21 820 37 910 24 880 2,9 1,7 1,7
Autres inactifs dont étudiants 8 650 15 910 34 510 21 280 4,0 2,2 1,8
Enfants de moins de 18 ans 10 220 19 200 35 540 22 150 3,5 1,9 1,9
Ensemble 11 210 21 250 39 130 24 650 3,5 1,8 1,9
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.

Le niveau de vie a tendance à augmenter avec l’âge, en raison, dans un premier temps, de l’accroissement des revenus d’activité au cours de la carrière, puis, dans un second temps, de l’accroissement des revenus du patrimoine du fait de l’accumulation du patrimoine au cours de la vie. Ainsi, en 2018, les 50‑64 ans ont un niveau de vie médian supérieur de 8 % à celui des 30‑39 ans (figure 3). Au‑delà de 65 ans, le niveau de vie diminue : les pensions de retraite sont inférieures aux revenus perçus pendant la période d’activité, les personnes vivent plus souvent seules aux grands âges et les générations les plus anciennes, notamment les femmes, ont des droits à la retraite plus faibles en raison de carrières incomplètes.

Figure 3 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités selon l'âge en 2018

Figure 3 - Distibution du niveau de vie annuel et indicateurs d’inégalités selon l'âge en 2018
Niveau de vie (en euros) Rapports interdéciles
1ᵉʳ décile (D1) Médiane (D5) 9ᵉ décile (D9) Moyenne D9/D1 D9/D5 D5/D1
Moins de 18 ans 10 220 19 200 35 540 22 150 3,5 1,9 1,9
18 à 29 ans 9 850 19 940 34 480 22 040 3,5 1,7 2,0
30 à 39 ans 11 710 21 780 37 800 23 960 3,2 1,7 1,9
40 à 49 ans 11 230 21 770 40 010 24 990 3,6 1,8 1,9
50 à 64 ans 11 830 23 610 45 830 28 580 3,9 1,9 2,0
65 ans ou plus 13 110 21 830 38 830 25 530 3,0 1,8 1,7
Ensemble 11 210 21 250 39 130 24 650 3,5 1,8 1,9
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Source : Insee-DGFiP–Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.

Définitions

Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Il est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage. Les unités de consommation sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’« OCDE modifiée », qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le revenu disponible comprend les revenus d’activité et de remplacement (indemnités chômage, retraite), les revenus du patrimoine, les prestations sociales perçues et la prime pour l’emploi (remplacée en 2016 par la prime d’activité), nets des principaux impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS). Il est proche du concept de revenu disponible au sens de la comptabilité nationale, mais son champ est un peu moins étendu (en particulier, il ne contient pas de loyers imputés pour les ménages propriétaires occupants).

Si on ordonne une distribution de niveaux de vie (de salaires, de revenus, etc.), la médiane est la valeur qui partage cette distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de niveaux de vie, la médiane est le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 50 % de personnes les plus modestes. C’est de manière équivalente le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 50 % de personnes les plus aisées.

Si on ordonne une distribution de niveaux de vie (de salaires, de revenus, etc.), les décile sont les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties égales. Ainsi, pour une distribution de niveaux de vie : le premier décile (noté généralement D1) est le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 10 % de personnes les plus modestes ; le neuvième décile (noté généralement D9) est le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 90 % de personnes les plus modestes. Le premier décile est, de manière équivalente, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 90 % de personnes les plus aisées ; le neuvième décile est le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 10 % de personnes les plus aisées.

Le rapport interdécile d’un niveau de vie (d’un salaire, d’un revenu, etc.) est le rapport entre le 9ᵉ décile (D9) et le 1ᵉʳ décile (D1) de ce critère. Il met en évidence l’écart entre le haut et le bas de la distribution ; c’est une des mesures de l’inégalité de cette distribution. Le rapport entre la médiane et le 1ᵉʳ décile (D5/D1) mesure la dispersion dans la moitié basse de la distribution, et le rapport entre le 9ᵉ décile et la médiane (D9/D5) rend compte des disparités dans la moitié haute.

Les évolutions en euros constants (ou en volume) d’un agrégat sont calculées en enlevant des variations en euros courants de cet agrégat celles des prix. L’indicateur retenu pour les prix peut être l’indice des prix à la consommation (IPC) ou le déflateur de la dépense de consommation finale des ménages, tel qu’il est estimé dans les comptes nationaux.

L’indice de Gini (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

Il est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où la variable prend une valeur identique sur l’ensemble de la population. À l’autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, où la variable vaut 0 sur toute la population à l’exception d’un seul individu.

Les inégalités ainsi mesurées peuvent porter sur des variables de revenus, de salaires, de niveau de vie, etc.

Un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi durant une semaine donnée ; être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ; avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de Pôle emploi, etc.

Les personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) (actifs occupés) sont celles âgées de 15 ans ou plus ayant travaillé (ne serait‑ce qu’une heure) au cours d’une semaine donnée dite « de référence », qu’elles soient salariées, à leur compte, employeuses ou aides dans l’entreprise ou l’exploitation familiale. Elles incluent également les personnes pourvues d’un emploi, mais qui en sont temporairement absentes.

Les inactifs au sens du Bureau international du travail (BIT) sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage au sens du BIT.

Chômeurs, en emploi, inactifs, au sens du Bureau international du travail (BIT) : ces concepts sont ici mesurés au sens du Bureau international du travail (BIT) au 4ᵉ trimestre de l’année considérée.

Pour en savoir plus

« En 2018, les inégalités de niveau de vie augmentent », Insee Première n° 1813, septembre 2020.

« Quarante ans d’inégalités de niveau de vie et de redistribution en France (1975-2016) », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2019.