France, portrait social Édition 2020
Dans cette édition, la vue d’ensemble porte sur l’impact social de la crise sanitaire de la Covid-19 et du confinement, dans des domaines tels que la santé, l’emploi, les inégalités femmes-hommes, la scolarité des enfants, les pratiques culturelles, etc. Un éclairage est ensuite apporté sur les enfants, sous l’angle des inégalités sociales.
Pauvreté
Insee Références
Paru le :30/11/2020
En 2018, en France métropolitaine, 9,3 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé à 60 % du niveau de vie médian (figure 1). Ce seuil s’établit en 2018 à 1 063 euros par mois. À titre de comparaison, au 1ᵉʳ avril 2018, pour une personne seule, le revenu de solidarité active (RSA) s’élève à 551 euros et le minimum vieillesse à 833 euros, sachant que d’autres prestations (dont les aides au logement) complètent souvent le revenu disponible des allocataires de ces minima sociaux. Ainsi, en 2018, 66,0 % des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire du RSA vivent en dessous du seuil de pauvreté et 47,7 % des personnes vivant dans un ménage percevant le minimum vieillesse.
tableauFigure 1 - Indicateurs de pauvreté de 1997 à 2018
1997 | 2001 | 2005 | 2009 | 2013 | 2017 | 2018 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Taux de pauvreté (en %) | 14,3 | 13,5 | 13,2 | 13,6 | 13,8 | 14,1 | 14,8 |
Seuil de pauvreté mensuel (en euros 2018) | 892 | 966 | 1 000 | 1 057 | 1 039 | 1 060 | 1 063 |
Niveau de vie mensuel médian des personnes pauvres (en euros 2018) | 716 | 790 | 802 | 846 | 832 | 852 | 855 |
Nombre de personnes pauvres (en milliers) | 8 154 | 7 870 | 7 881 | 8 291 | 8 563 | 8 889 | 9 327 |
Intensité de la pauvreté (en %) | 19,7 | 18,2 | 19,8 | 20,0 | 19,9 | 19,6 | 19,6 |
- Note : pour permettre une comparaison temporelle, les indicateurs de pauvreté ont été rétropolés de 1997 à 2011.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1997-2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005-2018.
En 2018, le taux de pauvreté s’élève à 14,8 % de la population. Il augmente de 0,7 point par rapport à 2017. La baisse des allocations logement induite par la réforme de la réduction du loyer de solidarité explique cependant une part importante de cette hausse. Selon l’estimation avancée réalisée à l’automne 2019, en neutralisant la baisse des allocations logement qui a accompagné la réduction du loyer de solidarité, la hausse du taux de pauvreté serait réduite de 0,4 point. Au cours de ces vingt dernières années, le taux de pauvreté est à son minimum en 2004, à 12,7 %. Il est ensuite remonté entre 2005 et 2007, puis plus fortement après la crise économique de 2008. Après une baisse en 2012 et 2013, il a peu varié entre 2014 et 2017.
La moitié des personnes pauvres a un niveau de vie inférieur à 855 euros mensuels en 2018 (+ 0,4 % sur un an). L’intensité de la pauvreté est stable à 19,6 % en 2018. Sur longue période, elle a progressivement diminué de 1996 à 2002 et varie depuis entre 19,0 % et 20,1 %, à l’exception d’un point haut en 2012 (21,4 %).
Parmi les actifs, 11,0 % sont en situation de pauvreté monétaire : c’est le cas de 37,8 % des chômeurs, contre 8,4 % des personnes en emploi (figure 2). Leurs taux de pauvreté sont quasi stables (+ 0,2 point). En 2018, le taux de pauvreté des retraités augmente nettement (+ 1,1 point). Il s’établit à 8,7 % et dépasse celui des personnes en emploi. Cette hausse est majoritairement portée par l’augmentation du taux de pauvreté des personnes seules âgées de 65 ans ou plus (+ 2,1 points). Pour les autres inactifs, dont les étudiants, le taux de pauvreté est beaucoup plus élevé : 32,7 %. Enfin, les enfants sont également fortement touchés par la pauvreté : en 2018, plus d’un enfant de moins de 18 ans sur cinq vit au sein d’une famille pauvre.
tableauFigure 2 - Pauvreté selon l’activité en 2018
Personnes pauvres (en milliers) | Taux de pauvreté (en %) | Intensité de la pauvreté (en %) | |
---|---|---|---|
Actifs de 18 ans ou plus | 3 133 | 11,0 | 21,0 |
En emploi | 2 190 | 8,4 | 19,8 |
Chômeurs | 943 | 37,8 | 23,2 |
Inactifs de 18 ans ou plus | 3 257 | 15,8 | 18,6 |
Retraités | 1 257 | 8,7 | 12,6 |
Autres inactifs dont étudiants | 2 000 | 32,7 | 23,7 |
Enfants de moins de 18 ans | 2 937 | 21,0 | 18,8 |
Ensemble de la population | 9 327 | 14,8 | 19,6 |
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.
En France, la pauvreté varie fortement d’un département à l’autre. La proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté national est deux à quatre fois plus élevée dans les quatre départements d’outre‑mer (DOM) historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion) qu’en France métropolitaine, et cinq fois plus à Mayotte (figure 3). En France métropolitaine, le taux de pauvreté atteint 27,9 % en Seine‑Saint‑Denis et est important dans la plupart des départements du pourtour méditerranéen, en Corse et le long de la frontière belge. À l’inverse, il est relativement plus faible dans les départements de l’ouest, de l’ancienne région Franche‑Comté et du nord des Alpes. Le taux de pauvreté est inférieur à 10 % en Vendée, en Savoie, Haute‑Savoie et dans les Yvelines.
tableauFigure 3 - Taux de pauvreté par département en 2017
Département | Taux de pauvreté |
---|---|
Haute-Savoie | 9,1 |
Vendée | 9,3 |
Yvelines | 9,4 |
Savoie | 9,8 |
Loire-Atlantique | 10,1 |
Ain | 10,5 |
Ille-et-Vilaine | 10,5 |
Finistère | 10,6 |
Isère | 11,2 |
Morbihan | 11,2 |
Côte-d'Or | 11,3 |
Maine-et-Loire | 11,4 |
Mayenne | 11,4 |
Seine-et-Marne | 11,6 |
Landes | 11,7 |
Côtes-d'Armor | 11,8 |
Hauts-de-Seine | 11,8 |
Doubs | 11,9 |
Jura | 11,9 |
Haute-Loire | 12,1 |
Manche | 12,1 |
Pyrénées-Atlantiques | 12,2 |
Calvados | 12,3 |
Deux-Sèvres | 12,3 |
Eure-et-Loir | 12,4 |
Eure | 12,5 |
Gironde | 12,6 |
Loir-et-Cher | 12,7 |
Puy-de-Dôme | 12,7 |
Essonne | 12,7 |
Indre-et-Loire | 12,8 |
Corrèze | 12,9 |
Haute-Garonne | 12,9 |
Oise | 12,9 |
Haut-Rhin | 12,9 |
Saône-et-Loire | 12,9 |
Charente-Maritime | 13,0 |
Bas-Rhin | 13,0 |
Sarthe | 13,0 |
Cantal | 13,2 |
Loiret | 13,4 |
Haute-Saône | 13,4 |
Rhône | 13,8 |
Hautes-Alpes | 13,9 |
Aveyron | 13,9 |
Vienne | 14,0 |
Territoire de Belfort | 14,2 |
Ardèche | 14,3 |
Marne | 14,4 |
Yonne | 14,4 |
Indre | 14,5 |
Seine-Maritime | 14,5 |
Cher | 14,7 |
Drôme | 14,7 |
Loire | 14,7 |
Meurthe-et-Moselle | 14,7 |
Gers | 14,8 |
Lot | 14,8 |
Charente | 14,9 |
Lozère | 14,9 |
Moselle | 14,9 |
Hautes-Pyrénées | 15,0 |
Haute-Marne | 15,1 |
Meuse | 15,1 |
Haute-Vienne | 15,1 |
Paris | 15,2 |
Tarn | 15,2 |
Allier | 15,4 |
Orne | 15,4 |
Var | 15,4 |
Vosges | 15,4 |
Alpes-Maritimes | 15,5 |
Nièvre | 15,5 |
Aube | 16,3 |
Dordogne | 16,3 |
Val-de-Marne | 16,3 |
Corse-du-Sud | 16,5 |
Alpes-de-Haute-Provence | 16,6 |
Somme | 16,6 |
Val-d'Oise | 16,6 |
Tarn-et-Garonne | 16,8 |
Lot-et-Garonne | 17,0 |
Bouches-du-Rhône | 18,2 |
Creuse | 18,2 |
Ariège | 18,4 |
Aisne | 18,5 |
Nord | 18,8 |
Ardennes | 18,9 |
Hérault | 19,1 |
Gard | 19,3 |
Pas-de-Calais | 19,3 |
Vaucluse | 19,5 |
Pyrénées-Orientales | 20,5 |
Haute-Corse | 20,6 |
Aude | 20,8 |
Seine-Saint-Denis | 27,9 |
Martinique | 28,6 |
Guadeloupe | 34,5 |
La Réunion | 38,3 |
Guyane | 52,9 |
Mayotte | 77,3 |
- Champ : France, personnes appartenant à des ménages fiscaux en logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017 ; Guadeloupe, Guyane et Mayotte : Insee, Budget de famille 2017.
graphiqueFigure 3 - Taux de pauvreté par département en 2017
tableauFigure 4 - Taux de pauvreté selon la composition du ménage
2017 | 2018 | |
---|---|---|
Personne de référence du ménage de moins de 65 ans | ||
Personne seule | 20,0 | 20,2 |
Famille monoparentale | 33,6 | 35,3 |
Couple sans enfant | 6,8 | 7,1 |
Couple avec un ou deux enfants | 8,9 | 9,3 |
Couple avec trois enfants ou plus | 23,1 | 23,1 |
Autre type de ménage | 24,3 | 25,3 |
Personne de référence du ménage de 65 ans ou plus | ||
Personne seule | 12,2 | 14,3 |
Couple | 5,9 | 6,2 |
Autre type de ménage | 10,2 | 6,4 |
Ensemble | 14,1 | 14,8 |
- Note : il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples sans enfant peuvent avoir des enfants, mais qui ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2017 et 2018.
graphiqueFigure 4 - Taux de pauvreté selon la composition du ménage
Définitions
Pauvreté monétaire : une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative. Le seuil est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population. L’Insee, comme Eurostat, privilégie le seuil à 60 % de la médiane.
Le niveau de vie est défini comme le revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.
Si on ordonne une distribution de niveaux de vie (de salaires, de revenus, etc.), la médiane est la valeur qui partage cette distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de niveaux de vie, la médiane est le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 50 % de personnes les plus modestes. C’est de manière équivalente le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 50 % de personnes les plus aisées.
Taux de pauvreté : pourcentage de la population dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.
Intensité de la pauvreté : écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.
La population active au sens du Bureau international du travail (BIT) comprend les personnes en emploi et les chômeurs au sens du BIT. Les personnes qui ne sont ni en emploi ni au chômage sont dites « inactives ».
Un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi durant une semaine donnée ; être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ; avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de Pôle emploi, etc.
Les personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) (actifs occupés) sont celles âgées de 15 ans ou plus ayant travaillé (ne serait‑ce qu’une heure) au cours d’une semaine donnée dite « de référence », qu’elles soient salariées, à leur compte, employeuses ou aides dans l’entreprise ou l’exploitation familiale. Elles incluent également les personnes pourvues d’un emploi, mais qui en sont temporairement absentes.
Les inactifs au sens du BIT sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage au sens du BIT.
Pour en savoir plus
« En 2018, les inégalités de niveau de vie augmentent », Insee Première n° 1813, septembre 2020.
« Estimation avancée du taux de pauvreté et des indicateurs d’inégalités », Insee Analyses n° 49, octobre 2019