France, portrait social Édition 2020
Dans cette édition, la vue d’ensemble porte sur l’impact social de la crise sanitaire de la Covid-19 et du confinement, dans des domaines tels que la santé, l’emploi, les inégalités femmes-hommes, la scolarité des enfants, les pratiques culturelles, etc. Un éclairage est ensuite apporté sur les enfants, sous l’angle des inégalités sociales.
Mobilité sociale
Insee Références
Paru le :03/12/2020
En 2015, 65 % des hommes français âgés de 35 à 59 ans relèvent d’une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de leur père, selon l’enquête Formation et qualification professionnelle (figure 1).
tableauFigure 1a - Mobilité sociale pour les hommes comparés à leur père observée de 1977 à 2015
1977 | 1985 | 1993 | 2003 | 2015 | |
---|---|---|---|---|---|
Mobilité sociale observée | 63,8 | 66,2 | 67,4 | 66,4 | 65,2 |
Mobilité non verticale | 33,2 | 31,9 | 27,4 | 24,7 | 22,6 |
Mobilité ascendante | 23,5 | 26,6 | 30,3 | 30,8 | 27,6 |
Mobilité descendante | 7,2 | 7,7 | 9,7 | 10,9 | 15,0 |
Immobilité sociale | 36,1 | 33,8 | 32,6 | 33,6 | 34,8 |
- Lecture : en 2015, 65 % des hommes relèvent d’une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de leur père, 28 % ont connu une mobilité ascendante.
- Champ : France métropolitaine, hommes français actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année d’enquête.
- Source : Insee, enquêtes Formation et qualification professionnelle (FQP) 1977, 1985, 1993, 2003 et 2014-2015.
graphiqueFigure 1a - Mobilité sociale pour les hommes comparés à leur père observée de 1977 à 2015
Ce taux de mobilité sociale est resté globalement stable depuis 40 ans : après une légère hausse entre 1977 et 1993 (+ 3 points, de 64 % à 67 %), il a ensuite diminué de 2 points pour s’établir en 2015 quasiment au même niveau qu’en 1977. La nature de la mobilité sociale a en revanche évolué. Elle est de moins en moins liée à l’évolution de la structure du marché du travail. Le déclin de l’emploi agricole et l’extension du salariat ayant ralenti au milieu des années 1970, la mobilité non verticale (notamment entre indépendants et catégories de salariés) ne concerne plus que 23 % des hommes en 2015, contre 33 % en 1977. Les trajectoires ascendantes et descendantes entre catégories de salariés sont toutes deux plus fréquentes, mais les déclassements sociaux ont davantage progressé. En 2015, 28 % des hommes occupent une position sociale plus élevée que celle de leur père et 15 % une position inférieure, tandis que ces taux s’élevaient respectivement à 23 % et 7 % en 1977. La mobilité sociale est la plus forte pour les non‑salariés, mais aussi pour les employés ou ouvriers non qualifiés, malgré une baisse de la mobilité de ces derniers après 1993 (figure 2).
tableauFigure 2a - Mobilité sociale pour les hommes selon la catégorie socioprofessionnelle du père entre 1977 et 2015
1977 | 1985 | 1993 | 2003 | 2015 | |
---|---|---|---|---|---|
Agriculteurs exploitants | 63,5 | 68,1 | 74,8 | 72,6 | 73,3 |
Artisans, commerçants et chefs d'entreprise | 71,4 | 72,2 | 72,1 | 79,4 | 79,4 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 48,7 | 42,7 | 48,7 | 47,9 | 51,0 |
Professions intermédiaires | 61,0 | 67,4 | 66,4 | 66,7 | 68,9 |
Employés et ouvriers qualifiés | 54,4 | 57,0 | 58,0 | 56,6 | 57,4 |
Employés et ouvriers non qualifiés | 75,1 | 82,6 | 85,0 | 83,1 | 77,9 |
- Lecture : en 2015, 78 % des hommes de père employé ou ouvrier non qualifié relèvent d’une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de leur père.
- Champ : France métropolitaine, hommes français actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année d’enquête.
- Source : Insee, enquêtes Formation et qualification professionnelle (FQP) 1977, 1985, 1993, 2003 et 2014-2015.
graphiqueFigure 2a - Mobilité sociale pour les hommes selon la catégorie socioprofessionnelle du père entre 1977 et 2015
En 2015, 71 % des femmes françaises âgées de 35 à 59 ans ne relèvent pas de la même catégorie socioprofessionnelle que leur mère. Ce taux de mobilité sociale a progressé de 12 points entre 1977 et 2015, principalement jusqu’en 1993. Les trajectoires sociales des femmes par rapport à leur mère sont nettement plus favorables que celles des hommes par rapport à leur père, reflétant l’amélioration, depuis la fin des années 1970, de la place des femmes sur le marché du travail. En 2015, 40 % d’entre elles occupent une position sociale plus élevée que celle de leur mère, tandis que 12 % relèvent d’une catégorie socioprofessionnelle moins valorisée. En 1977, la mobilité sociale ascendante était déjà 3 fois plus fréquente que la mobilité descendante (17 % contre 6 %). La mobilité non verticale des femmes a quant à elle reculé davantage que celle des hommes, passant de 37 % en 1977 à 19 % en 2015. En 2015, les filles d’une mère non salariée changent bien plus souvent de catégorie que les filles de salariée (25 points de plus), mais elles sont moins nombreuses.
Plus on descend dans l’échelle sociale et plus les mobilités ascendantes sont fréquentes. Elles sont toutefois souvent polarisées vers les positions sociales les plus proches. En 2019, selon l’enquête Emploi, 40 % des fils et 34 % des filles d’un père employé ou ouvrier non qualifié sont employés ou ouvriers qualifiés, tandis que 19 % (filles comme fils) sont de profession intermédiaire et moins de 10 % sont cadres (figure 3). La transmission des inégalités reste importante. Les personnes ayant un père cadre sont quatre fois plus souvent elles‑mêmes cadres que les filles et les fils d’un employé ou ouvrier qualifié.
tableauFigure 3a - Destinées sociales pour les hommes selon la catégorie sociale du père en 2019
Catégorie socioprofessionnelle du père | Catégorie socioprofessionnelle du fils | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Agriculteurs exploitants | Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | Cadres et professions intellectuelles supérieures | Professions intermédiaires | Employés et ouvriers qualifiés | Employés et ouvriers non qualifiés | Ensemble | |
Agriculteurs exploitants | 27,6 | 9,0 | 12,2 | 14,8 | 26,0 | 10,4 | 100,0 |
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | 0,7 | 21,1 | 23,1 | 22,3 | 24,6 | 8,3 | 100,0 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 0,3 | 7,9 | 50,4 | 25,3 | 11,5 | 4,6 | 100,0 |
Professions intermédiaires | 0,5 | 7,5 | 30,4 | 31,2 | 23,2 | 7,2 | 100,0 |
Employés et ouvriers qualifiés | 0,6 | 7,9 | 13,9 | 25,0 | 40,6 | 11,9 | 100,0 |
Employés et ouvriers non qualifiés | 0,6 | 8,7 | 9,2 | 19,5 | 39,7 | 22,3 | 100,0 |
Ensemble | 2,4 | 9,8 | 22,5 | 24,2 | 30,2 | 10,9 | 100,0 |
- Note : pour les femmes, la destinée sociale est mesurée en comparaison au père, car la profession de la mère n’est pas renseignée dans un grand nombre de cas.
- Lecture : en 2019, 9 % des hommes de père agriculteur exploitant sont artisans, commerçants ou chefs d’entreprise.
- Champ : France métropolitaine, hommes français actifs occupés ou anciens actifs occupés, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre 2019.
- Source : Insee, enquête Emploi 2019.
graphiqueFigure 3a - Destinées sociales pour les hommes selon la catégorie sociale du père en 2019
Si la mobilité ascendante des femmes est forte par rapport à leur mère, cela n’est pas le cas par rapport à leur père. En 2019, 28 % des filles d’un employé ou ouvrier qualifié connaissent un déclassement social, contre 12 % des hommes issus de ce milieu social. C’est également le cas de 41 % des femmes dont le père est profession intermédiaire, contre 30 % des hommes de même origine sociale.
Définitions
La nomenclature de la catégorie socioprofessionnelle des actifs ou anciens actifs occupés est ici légèrement remaniée : les employés et les ouvriers sont regroupés, puis distingués selon qu’ils sont ou non qualifiés.
Enquête Formation et qualification professionnelle : réalisée par l’Insee depuis 1964, l’enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) est l’une des principales sources d’information sur la mobilité sociale, la mobilité professionnelle, les relations entre la formation initiale et professionnelle, l’emploi et les salaires. La reprise à l’identique de questions d’une édition à l’autre permet des comparaisons temporelles sur les différents thèmes abordés par l’enquête.
La mobilité sociale désigne les situations où une personne relève d’une catégorie socioprofessionnelle différente de celle du parent auquel elle est comparée. Lorsqu’il s’agit de catégories de salariés, la mobilité est dite ascendante si la position sociale du fils ou de la fille est jugée supérieure à celle du parent, descendante si elle est jugée inférieure. La mobilité sociale est dite non verticale lorsqu’elle a lieu entre des catégories socioprofessionnelles difficilement hiérarchisables, principalement quand l’un est salarié et l’autre indépendant.
Enquête Emploi : réalisée par l’Insee depuis 1950, l’enquête Emploi vise à observer le marché du travail de manière structurelle et conjoncturelle. C’est la seule source fournissant une mesure des concepts d’activité, de chômage, d’emploi et d’inactivité tels qu’ils sont définis par le Bureau international du travail (BIT). Depuis 2003, l’enquête Emploi est trimestrielle et sa collecte auprès d’un échantillon de ménages est réalisée en continu sur toutes les semaines de chaque trimestre. Elle s’inscrit dans le cadre des enquêtes Forces de travail défini au niveau européen (Labour Force Survey).
Pour en savoir plus
« La mobilité sociale des femmes et des hommes : évolutions entre 1977 et 2015 », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2019.
« En 40 ans, la mobilité sociale des femmes a progressé, celle des hommes est restée quasi stable », Insee Première n° 1739, février 2019.