Sécurité et société Édition 2021
L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.
Relations entre les services de sécurité et la population
Insee Références
Paru le :09/12/2021
En 2019, 60 % des personnes âgées de 14 ans ou plus considèrent que l’action de la police ou de la gendarmerie est très satisfaisante à satisfaisante (respectivement 5 % et 55 %) et 31 % peu à pas du tout satisfaisante (respectivement 25 % et 6 %). Ces différences d’opinion s’expliquent notamment par les spécificités des missions des forces de sécurité, relatives à la fois à la protection des personnes et des biens mais également au maintien de l’ordre public avec toutes les contraintes que cela peut entraîner. Complexes, les relations entre la population et les forces de sécurité dépendent également des événements qui ont pu se dérouler dans la société. Ainsi à la suite des attentats de 2015, la part des personnes satisfaites ou très satisfaites de l’action des forces de sécurité a augmenté de plus de 10 points, passant de 48 % sur la période 2012-2014 à 59 % en 2015 et 60 % sur la période 2016-2019.
Les femmes sont un peu plus satisfaites de l’action des services de sécurité que les hommes (62 % contre 59 %). Les différences sont plus marquées selon l’âge : plus les personnes sont âgées, plus elles sont satisfaites (73 % des 75 ans ou plus sont satisfaits ou très satisfaits contre 52 % des 14-24 ans) (figure 1).
tableauFigure 1 – Satisfaction vis-à-vis de l'action des services de sécurité selon l'âge, en 2019
Très satisfait ou satisfait |
Peu satisfait ou pas satisfait |
Pas d'opinion | |
---|---|---|---|
14-24 ans | 52 | 36 | 11 |
25-34 ans | 52 | 38 | 10 |
35-44 ans | 58 | 34 | 8 |
45-54 ans | 59 | 33 | 8 |
55-64 ans | 59 | 33 | 8 |
65-74 ans | 65 | 29 | 6 |
75 ans ou plus | 73 | 18 | 9 |
- Note : enquête réalisée au cours du 1er trimestre 2019.
- Lecture : en 2019, 52 % des 14-24 ans se disent très satisfaits ou satisfaits de l'action des services de sécurité.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquête Cadre de vie et sécurité 2019, traitement SSMSI.
L’opinion des personnes sur l’action des services de sécurité diffère également selon les atteintes individuelles subies. Pour les personnes n’ayant subi aucune atteinte individuelle, la satisfaction est largement positive : 61 % de personnes satisfaites à très satisfaites. À l’inverse, plus l’atteinte subie est violente, moins l’opinion des victimes est positive. Ainsi, seules 35 % des victimes de vol violent et 40 % des victimes de violences physiques hors vol jugent l’action des forces de sécurité très satisfaisante à satisfaisante. Les victimes de vol sans violence, menace ou injure sont davantage satisfaites (respectivement 53 %, 49 % et 49 %) (figure 2).
tableauFigure 2 – Satisfaction vis-à-vis de l'action des services de sécurité selon l'atteinte subie, en 2019
Très satisfait ou satisfait |
Peu satisfait ou pas satisfait |
Pas opinion | |
---|---|---|---|
Vols ou tentatives de vol avec violence | 35 | 57 | 8 |
Vols ou tentatives de vol sans violence | 53 | 38 | 9 |
Menaces | 49 | 45 | 6 |
Injures | 49 | 44 | 7 |
Violences physiques | 40 | 54 | 6 |
- Note : enquête réalisée au cours du 1er trimestre 2019, atteintes subies au cours de l'année 2018.
- Lecture : en 2019, 49 % des victimes de menaces se disent très satisfaits ou satisfaits de l’action des services de sécurité.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquête Cadre de vie et sécurité 2019, traitement SSMSI.
Parmi les personnes peu ou pas satisfaites, 20 % d’entre elles ont cité explicitement le manque de moyens humains, financiers et matériels, 20 % le manque de réactivité et de présence sur le terrain. Par ailleurs, 6 % dénoncent les « violences policières », notamment lors des manifestations des « gilets jaunes » pour un quart d’entre elles. 8 % ne citent aucune raison.
Concernant la présence des forces de sécurité dans le quartier ou le village, 49 % de la population la jugent suffisante tandis que 18 % considèrent qu’elle est insuffisante, 17 % inexistante mais pas nécessaire et enfin 10 % inexistante mais nécessaire. Dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR), la population est un peu plus critique : 44 % la jugent suffisante tandis que 21 % la trouvent insuffisante, 16 % inexistante mais nécessaire et seulement 8 % inexistante mais pas nécessaire. Plus spécifiquement, l’action des services de sécurité contre la délinquance dans leur quartier ou village est jugée efficace ou très efficace par 47 % des personnes de 14 ans ou plus (figure 3), mais cette satisfaction tombe à 42 % pour les personnes résidant dans les QRR.
tableauFigure 3 – Opinion sur l'efficacité des services de sécurité dans la lutte contre la délinquance dans le quartier ou le village, en 2019
Ensemble des personnes |
Personnes vivant en QRR1 |
|
---|---|---|
Très efficace | 3 | 4 |
Efficace | 44 | 38 |
Peu efficace | 15 | 23 |
Pas efficace | 5 | 12 |
Ne se prononce pas | 32 | 23 |
- 1. Quartier de reconquête républicaine.
- Note : enquête réalisée au cours du 1er trimestre 2019.
- Lecture : en 2019, 44 % des personnes jugent les services de sécurité efficaces dans la lutte contre la délinquance dans leur quartier. Elles sont 38 % parmi les personnes résidant dans les quartiers de reconquête républicaine.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquête Cadre de vie et sécurité 2019, traitement SSMSI.
Satisfaction globale de l’action des services de sécurité et opinion sur leur action dans le quartier ou le village sont liées : parmi les personnes qui jugent l’action des services de sécurité dans la société française très satisfaisante ou satisfaisante, 58 % considèrent que leur présence est suffisante dans leur quartier ou leur village, contre 34 % parmi celles qui jugent l’action des forces de sécurité peu ou pas du tout satisfaisante.
Lorsque les victimes se déplacent dans un commissariat ou une gendarmerie, leur satisfaction vis-à-vis des conditions d’accueil au sens large est étroitement liée au type d’atteinte individuelle subie. Ainsi, en moyenne, sur la période 2017-2018, 38 % des victimes de violences physiques hors vol considèrent que cette démarche s’est très bien passée. Cette part atteint 45 % pour les victimes d’injures, 52 % pour les victimes de menaces et 53 % pour les vols sans violence (figure 4).
tableauFigure 4 – Satisfaction vis-à-vis de leur démarche des victimes s'étant déplacées dans un service de police ou de gendarmerie, sur la période 2018-2019
Violences physiques hors vol | 38 |
---|---|
Injures | 45 |
Menaces | 52 |
Vols ou tentatives de vol sans violence | 53 |
- Notes : enquête réalisée au cours du 1er trimestre 2019. Les données relatives aux victimes de vol ou tentatives de vol avec violence ne sont pas diffusables en raison des effectifs.
- Lecture : en moyenne annuelle, entre 2018-2019, 38 % des victimes de violences physiques hors vol s'étant déplacées dans un service de police ou de gendarmerie considèrent que leur démarche s'est très bien passée ou bien passée en matière d'accueil, de conseil et de prise de déclaration.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2018 et 2019, traitement SSMSI.
Définitions
Mis en place par le ministère de l’Intérieur en 2018, les quartiers de reconquête républicaine (QRR) sont des quartiers jugés « sensibles » en raison d’actes multiples de délinquance, où des renforts de policiers ou de gendarmes ont été affectés afin de restaurer le lien de confiance avec la population et lutter contre les trafics. En septembre 2018, 15 QRR ont été mis en place, puis 31 en 2019. Par la suite, entre la fin 2020 et la mi-2021, 16 nouveaux QRR ont été formés, portant ainsi leur nombre total à 62.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletLa satisfaction envers l’action de la police et de la gendarmerie : une influence déterminante des attentats de 2015 », Interstats Analyse n° 22, SSMSI, octobre 2019.