Sécurité et société Édition 2021

L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.

Insee Références
Paru le :Paru le09/12/2021
Sécurité et société- Décembre 2021
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Victimation et sentiment d’insécurité selon la nationalité

Insee Références

Paru le :09/12/2021

Sur la période 2017‑2018, selon l’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS), les et françaises âgées de 14 ans ou plus résidant en France déclarent dans des proportions assez similaires avoir subi des menaces et injures (un peu plus de 10 %), des atteintes sans violence telles qu’une arnaque ou un vol (moins de 6 %) ou des violences physiques y compris à l’occasion d’un vol (moins de 2 %) (figure 1).

Figure 1 - Taux de victimation selon la nationalité, sur la période 2017-2018

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Figure 1 - Taux de victimation selon la nationalité, sur la période 2017-2018 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 5,5 % des personnes étrangères déclarent avoir subi une atteinte personnelle sans violence (vol ou arnaque), contre 4,7 % des Français.
Taux de victimation
Au moins une atteinte personnelle (tout type) Étrangers 4,9
Français 4,2
Atteintes personnelles avec violence physique1 (coups et blessures, vols avec violence) Étrangers 1,3
Français 1,6
Atteintes personnelles sans violence (vols et arnaques) Étrangers 5,5
Français 4,7
Atteintes verbales (menaces et injures) Étrangers 10,9
Français 12,0
Comportements discriminatoires Étrangers 7,1**
Français 4,5**
  • 1. Moyenne sur la période 2016-2018.
  • Note : ** écarts étrangers et Français significatifs au seuil 5 % ; les autres écarts ne sont pas significatifs.
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 5,5 % des personnes étrangères déclarent avoir subi une atteinte personnelle sans violence (vol ou arnaque), contre 4,7 % des Français.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2018 et 2019, traitement SSMSI.

En revanche, étrangers et Français se différencient au regard des atteintes discriminatoires, plus souvent subies par les personnes étrangères (7 % contre 5 % pour les françaises). Les motifs de discrimination sont assez différents. 67 % des étrangers victimes de discrimination l’ont été en raison de leurs origines et 32 % de leur couleur de peau (figure 2).

Ces motifs ne sont avancés, respectivement, que par 20 % et 16 % des Français victimes de discrimination, ces derniers évoquant plus fréquemment un traitement défavorable en raison de leur sexe (32 %). Cependant, en restreignant l’analyse aux personnes de 18 à 75 ans et aux violences à caractère sexuel au sein ou en dehors du ménage, les personnes étrangères représentent 16 % des victimes (contre 7 % de la population française).

Figure 2 - Nature des discriminations subies selon la nationalité, sur la période 2017-2018

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Figure 2 - Nature des discriminations subies selon la nationalité, sur la période 2017-2018 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 14,5 % des Français victimes de discriminations déclarent avoir subi au moins une discrimination en raison de leur âge, contre 2,1 % des personnes étrangères.
Français Étrangers
Origines (ou origines supposées) 19,7 67,2
Couleur de peau 15,5 32,0
Religion (ou religion supposée) 7,5 9,4
Sexe 31,9 8,2
Âge 14,5 2,1
Grossesse 0,7 1,2
Quartier ou lieu de résidence 2,0 0,9
Handicap, état de santé 4,4 0,1
Orientation ou identité sexuelle 3,7 0,0
Opinions politiques ou syndicales 3,0 0,0
Autres 18,5 10,1
  • Note : une victime peut faire l'objet de plusieurs discriminations.
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 14,5 % des Français victimes de discriminations déclarent avoir subi au moins une discrimination en raison de leur âge, contre 2,1 % des personnes étrangères.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus victimes de discriminations vivant en ménage ordinaire, incident le plus récent.
  • Source : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2018 et 2019, traitement SSMSI.

Figure 2 - Nature des discriminations subies selon la nationalité, sur la période 2017-2018

  • Note : une victime peut faire l'objet de plusieurs discriminations.
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 14,5 % des Français victimes de discriminations déclarent avoir subi au moins une discrimination en raison de leur âge, contre 2,1 % des personnes étrangères.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus victimes de discriminations vivant en ménage ordinaire, incident le plus récent.
  • Source : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2018 et 2019, traitement SSMSI.

Face à ces atteintes, qu’elles soient françaises ou étrangères, les victimes de 14 ans ou plus déposent plainte, en moyenne, 1 fois sur 10. Les taux de plainte sont très liés au type d’atteinte subie. Quelle que soit leur nationalité, les victimes de discrimination ne portent presque jamais plainte (moins de 1 %).

En 2019, les forces de sécurité ont enregistré 2,9 millions de victimes de crimes et délits, dont 323 000 sont étrangères. Ces dernières représentent 11 % des victimes (contre 7 % dans la population), une surreprésentation qui s’explique, en partie, par les plaintes de ressortissants étrangers ne résidant pas en France, par exemple des touristes. Ceci se traduit en partie sur la nature des atteintes : les victimes étrangères ont davantage porté plainte pour atteinte aux biens (66 % contre 59 % pour les victimes françaises), notamment pour vol sans violence (36 % contre 23 %) (figure 3).

S’agissant des atteintes physiques à la personne, les personnes étrangères et françaises ont déposé plainte dans les mêmes proportions (respectivement 13 % et 12 %).

Figure 3 - Victimes enregistrées par les services de sécurité selon le crime ou délit subi et la nationalité, en 2019

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Figure 3 - Victimes enregistrées par les services de sécurité selon le crime ou délit subi et la nationalité, en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, 37 % des victimes étrangères ont déposé plainte pour vols ou tentatives de vol contre 24 % des victimes françaises.
Étrangers1 Français
Atteintes à la personne 21 26
dont atteintes physiques 13 12
dont infractions à caractère sexuel 1 2
Atteintes aux biens 66 59
Vols ou tentatives de vol avec violence 5 3
Cambriolages ou tentatives de cambriolage 6 11
Vols ou tentatives de vol liés au véhicule 12 14
Autres vols et tentatives de vol 37 24
dont vols sans violence sur personne 36 23
Destructions et dégradations de biens 6 7
Escroqueries et autres atteintes économiques et financières 8 11
Autres délits 5 4
Ensemble 100 100
  • 1. Y compris victimes étrangères ne résidant pas en France.
  • Note : catégories construites à partir des 107 index utilisés dans l’« État 4001 », voir Sources.
  • Lecture : en 2019, 37 % des victimes étrangères ont déposé plainte pour vols ou tentatives de vol contre 24 % des victimes françaises.
  • Champ : France, personnes physiques victimes, hors infractions routières.
  • Source : SSMSI, base des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie en 2019.

Nonobstant des t similaires, les étrangers résidant en France se sentent davantage en insécurité dans leur quartier ou village que les Français (17 % contre 11 %) (figure 4).

Ce sentiment d’insécurité est plus élevé chez les personnes ayant déjà subi une atteinte personnelle l’année précédente, qu’il s’agisse de violences physiques, d’un vol avec ou sans violence, d’une arnaque, de menaces, d’injures ou d’un comportement discriminatoire. L’écart est plus marqué chez les étrangers (+ 16 points) que chez les Français (+ 9 points).

Figure 4 - Sentiment d'insécurité, opinion et expériences vécues dans le quartier selon la nationalité, sur la période 2018-2019

Figure 4 - Sentiment d'insécurité, opinion et expériences vécues dans le quartier selon la nationalité, sur la période 2018-2019 - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2018 et 2019, 32,8 % des personnes étrangères de 14 ans ou plus déclarent que leur quartier ou leur village est concerné par des problèmes de bruit, contre 24,8 % des Français.
Étrangers (en %) Français (en %) Écart (en points)
Sentiment d'insécurité dans le quartier ou le village
Ensemble des 14 ans ou plus 16,5 11,4 5,1
14 ans ou plus ayant subi une atteinte personnelle1 32,7 20,3 12,4
Opinion sur le quartier ou le village
Problèmes liés au bruit 32,8 24,8 8,0
Problèmes liés à la pollution (air, sols, eau, etc.) 37,3 32,1 5,2
Environnement dégradé (mal entretenu, manque de propreté) 27,6 19,7 7,9
Problèmes de délinquance 29,6 22,6 7,0
Mauvaise image ou mauvaise réputation 22,9 13,2 9,7
Phénomènes observés souvent ou de temps en temps dans le quartier ou village2
Consommation ou trafic de drogues 24,3 17,8 6,5
Consommation exagérée d'alcool 25,6 21,2 4,4
Prostitution 5,0 2,6 2,4
Autres ( trafics de voiture, de pièces de voiture, deux-roues, matériels électroniques, chèques volés…) 3,5 2,4 1,1
  • 1. Violences physiques, vols avec ou sans violence, arnaques, injures, menaces et comportements discriminatoires subis au cours de l'année précédente.
  • 2. Phénomènes observés souvent ou de temps en temps au cours des 12 derniers mois.
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2018 et 2019, 32,8 % des personnes étrangères de 14 ans ou plus déclarent que leur quartier ou leur village est concerné par des problèmes de bruit, contre 24,8 % des Français.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 14 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2018 et 2019, traitement SSMSI.

Cette insécurité plus prégnante chez les personnes étrangères peut s’expliquer en partie par les caractéristiques des quartiers où ils résident. Globalement, les personnes étrangères ont une opinion beaucoup plus négative sur leur lieu de résidence : elles sont proportionnellement plus nombreuses à trouver que leur quartier est concerné par des problèmes de bruit (33 % contre 25 % chez les Français), de pollution (37 % contre 32 %) ou que l’environnement est dégradé (28 % contre 20 %). De même, elles déclarent davantage que leur quartier est concerné par des problèmes de délinquance (30 % contre 23 %) ou qu’il souffre d’une mauvaise réputation (23 % contre 13 %). Cependant, au‑delà de l’opinion sur le quartier ou village, les personnes étrangères déclarent plus souvent avoir observé des trafics dans leur quartier ou village au cours des douze derniers mois. Ainsi, 24 % des personnes étrangères ont observé des phénomènes de consommation ou de trafic de drogues (contre 18 % chez les personnes françaises), 26 % des phénomènes de consommation exagérée d’alcool (contre 21 %), 5 % des phénomènes de prostitution (contre 3 %) et 4 % des phénomènes de trafic de voiture, deux‑roues, matériel informatique, etc. (contre 2 %).

Définitions

Une personne étrangère est une personne qui n’a pas la nationalité française, soit parce qu’elle en possède une autre à titre exclusif, soit parce qu’elle n’en a aucune (cas des personnes apatrides). Elle peut ou non résider en France (cas des touristes, voyageurs d’affaires, etc.). Devant les services judiciaires, la nationalité peut être déclarative si la personne n’est pas en mesure de fournir un document la prouvant. En population générale, l’Insee définit une personne étrangère comme toute personne n’ayant pas la nationalité française et résidant en France.

La victimation est le fait d’être victime d’une atteinte visant ses biens ou sa personne. Les victimations sont recensées dans le cadre d’enquête de victimation. Menées auprès de la population, ces enquêtes consistent à demander aux individus s’ils ont été victimes d’atteintes à leurs biens (vols, dégradations, etc.) ou à leur personne (agressions, insultes, violences, etc.). En France, la principale enquête de victimation est l’enquête Cadre de vie et sécurité. Les victimations ne font pas systématiquement l’objet d’un dépôt de plainte et sont donc partiellement connues par les services de sécurité. Le taux de victimation correspond au rapport entre le nombre de personnes appartenant à une catégorie de population se déclarant victimes et l’ensemble des personnes de cette même catégorie. Par exemple, le taux de victimation des femmes de 15‑19 ans correspond au rapport entre le nombre de victimes femmes de 15‑19 ans sur l’ensemble des femmes de 15‑19 ans.