Sécurité et société Édition 2021

L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.

Insee Références
Paru le :Paru le09/12/2021
Sécurité et société- Décembre 2021
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Sommaire

Victimation et insécurité des ménages selon leur niveau de vie

Insee Références

Paru le :09/12/2021

Le fait d’être victime d’actes de délinquance visant le logement ou la voiture et le des ne semblent pas directement liés. Sur la période 2016-2018, les ménages les plus aisés et les ménages les plus modestes sont plus souvent victimes d’atteintes visant leur résidence principale que les ménages au niveau de vie intermédiaire (5,1 % contre 4,2 %) (figure 1). Cependant, les plus aisés sont davantage concernés par les cambriolages ou tentatives de cambriolage de leur résidence (2,2 % contre 1,8 % en moyenne pour l’ensemble des ménages). En revanche, les ménages les plus modestes sont plus touchés par les vols sans effraction de leur logement (1,1 % contre 0,9 % en moyenne), possiblement car ils ont moins d’équipements de sécurité. Par ailleurs, parmi les ménages possédant une voiture, les plus modestes subissent plus souvent des atteintes sur leur véhicule (8,9 % contre 7,7 % en moyenne), notamment des dégradations (6,2 % contre 4,9 %).

Figure 1 – Atteintes sur le logement et la voiture déclarées par les ménages selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018

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Figure 1 – Atteintes sur le logement et la voiture déclarées par les ménages selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 2,2 % des ménages aux revenus aisés ont déclaré avoir subi un cambriolage ou une tentative de cambriolage.
Modeste Médian inférieur Médian supérieur Aisé Ensemble des ménages
Au moins une atteinte sur le logement 5,0 4,1 4,2 5,1 4,6
Cambriolages ou tentatives de cambriolage 1,8 1,4 1,7 2,2 1,8
Vols sans effraction 1,1 0,8 0,8 0,8 0,9
Destructions ou dégradations 2,4 2,0 1,9 2,4 2,2
Au moins une atteinte sur la voiture1 8,9 7,5 7,1 7,4 7,7
Vols ou tentatives de vol 1,2 0,9 0,7 0,9 0,9
Vols ou tentatives de vol d'accessoires 2,7 2,5 2,4 2,7 2,6
Destructions ou dégradations 6,2 4,8 4,4 4,6 4,9
  • 1. Parmi les ménages possédant une voiture.
  • Note : le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 2,2 % des ménages aux revenus aisés ont déclaré avoir subi un cambriolage ou une tentative de cambriolage.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité de 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Le taux de plainte au commissariat ou en gendarmerie dépend très largement de la nature de l’atteinte : il est plus élevé pour les cambriolages ou tentatives de cambriolage et les vols ou tentatives de vol de voiture (respectivement 50 % et 46 %) que pour les destructions et dégradations visant le logement ou la voiture (respectivement 11 % et 18 %) (figure 2). Cette hiérarchie existe quel que soit le niveau de vie du ménage, mais, à infractions identiques, les ménages aisés déposent plus souvent plainte que les ménages plus modestes, sauf pour les actes de vandalisme et vols sans effraction visant les logements.

Figure 2 – Dépôt de plainte des ménages victimes d'atteintes visant le logement ou la voiture selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018

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Figure 2 – Dépôt de plainte des ménages victimes d'atteintes visant le logement ou la voiture selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 54,4 % des ménages aux revenus aisés ont déposé plainte pour le cambriolage ou la tentative de cambriolage de leur logement.
Modeste Médian inférieur Médian supérieur Aisé Ensemble des ménages
Au moins une atteinte sur le logement 23,8 27,1 26,7 28,9 26,6
Cambriolages ou tentatives de cambriolage 43,8 50,1 49,3 54,4 49,7
Vols sans effraction 20,9 25,3 13,8 18,5 19,8
Destructions ou dégradations 10,7 11,1 12,4 8,8 10,7
Au moins une atteinte sur la voiture1 21,6 23,7 23,8 29,2 24,6
Vols ou tentatives de vol 43,9 45,4 42,4 53,8 46,4
Vols ou tentatives de vol d'accessoires 27,2 28,8 31,4 32,3 30,1
Destructions ou dégradations 14,6 17,1 16,7 22,7 17,8
  • 1. Parmi les ménages possédant une voiture.
  • Note : le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 54,4 % des ménages aux revenus aisés ont déposé plainte pour le cambriolage ou la tentative de cambriolage de leur logement.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires victimes d'une atteinte visant le logement ou la voiture, incident le plus récent.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2017 à 2019, traitement SSMSI.

6 ménages victimes sur 10 déclarent être désormais très préoccupés par les risques de cambriolage ou de vol de voiture et la moitié des ménages ont pris des dispositions spécifiques (figure 3). Ces mesures sont fonction du type d’habitat (maison individuelle, avec ou sans garage, etc.) mais elles diffèrent selon les ressources du ménage. De manière générale, les ménages victimes ont principalement changé leurs habitudes (44 % des cas) et subsidiairement souscrit une assurance couvrant mieux les risques de vols (5 %) ou investi dans des systèmes de protection (société de gardiennage, alarme, etc.) visant à limiter ces risques (4 %). Plus coûteuses, ces deux dernières dispositions sont plus fréquemment le fait des ménages aisés que des ménages modestes.

Figure 3 – Dispositions prises par les ménages victimes de vols ou tentatives de vol visant le logement ou la voiture selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018

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Figure 3 – Dispositions prises par les ménages victimes de vols ou tentatives de vol visant le logement ou la voiture selon le niveau de vie, sur la période 2016-2018 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 4,7 % des ménages victimes d'un vol ou d'une tentative de vol visant leur résidence principale ou leur voiture déclarent avoir souscrit une meilleure assurance contre le risque subi.
Le ménage victime… Modeste Médian inférieur Médian supérieur Aisé Ensemble des ménages
est très préoccupé par le risque du vol subi1 58,8 60,4 57,8 60,3 59,3
a pris des dispositions contre le risque de vol subi2 49,3 47,3 52,0 51,7 50,2
a souscrit une meilleure assurance 3,5 4,8 5,4 5,1 4,7
a sécurisé le bien visé 2,4 2,8 3,8 4,8 3,5
  • 1. Cambriolages ou tentatives de cambriolage, vols de logement sans effraction, vols ou tentatives de vol de voiture.
  • 2. Rester plus souvent au domicile, simuler une présence avec la radio ou la télévision en cas d'absence, demander à un voisin de surveiller le domicile ou la voiture, etc.
  • Note : le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2016 et 2018, 4,7 % des ménages victimes d'un vol ou d'une tentative de vol visant leur résidence principale ou leur voiture déclarent avoir souscrit une meilleure assurance contre le risque subi.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires victimes d'un vol ou tentative de vol visant le logement ou la voiture, incident le plus récent.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Indépendamment des éventuelles atteintes subies sur la résidence principale ou la voiture, plus les ménages sont modestes et plus le sentiment d’insécurité est élevé : 6 % des ménages aisés se sentent en insécurité à leur domicile (contre 11 % chez les plus modestes), 10 % dans leur quartier (contre 16 %). 9 % des ménages aisés renoncent à sortir seuls contre 15 % des ménages modestes (figure 4). Ces tendances se renforcent lorsque les ménages ont déjà été victimes d’actes de délinquance sur leur logement ou leur voiture.

Figure 4 – Sentiment d'insécurité des ménages et renoncement à sortir seul selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019

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Figure 4 – Sentiment d'insécurité des ménages et renoncement à sortir seul selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 6,4 % des ménages aisés se sentent en insécurité à leur domicile.
Modeste Médian inférieur Médian supérieur Aisé Ensemble des ménages
Ensemble des ménages Insécurité à son domicile 11,4 9,2 7,6 6,4 8,6
Insécurité dans son quartier 15,5 11,7 9,9 9,5 11,6
Renoncement à sortir seul 15,2 12,6 11,3 9,0 12,0
Ménages victimes d'une atteinte visant leur logement ou leur voiture1 Insécurité à son domicile 19,7 14,9 13,4 11,1 14,7
Insécurité dans son quartier 26,6 21,7 18,8 17,6 21,1
Renoncement à sortir seul 21,2 18,4 14,2 12,4 16,5
  • 1. Au cours de l'année précédente.
  • Note : les courbes en pointillés portent sur les victimes d'une atteinte visant le logement ou la voiture au cours de l'année précédente. Le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 6,4 % des ménages aisés se sentent en insécurité à leur domicile.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité de 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Figure 4 – Sentiment d'insécurité des ménages et renoncement à sortir seul selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019

  • Note : les courbes en pointillés portent sur les victimes d'une atteinte visant le logement ou la voiture au cours de l'année précédente. Le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 6,4 % des ménages aisés se sentent en insécurité à leur domicile.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité de 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Le sentiment d’insécurité plus prégnant parmi les ménages modestes peut s’expliquer par l’opinion qu’ils ont de leur quartier ou village (figure 5). En effet, plus les ménages ont un niveau de vie modeste, plus ils ont une opinion plutôt négative de leur quartier ou village : 41 % des ménages modestes contre 33 % des ménages aisés. Le sentiment d’insécurité peut également s’expliquer par l’opinion des ménages sur l’action et la présence des forces de sécurité dans leur quartier ou village. Ainsi, plus les ménages ont un niveau de vie modeste, plus ils jugent l’action des forces de sécurité en matière de lutte contre la délinquance dans leur quartier peu ou pas efficace (23 % contre 18 % chez les ménages aisés), et plus ils considèrent leur présence insuffisante ou inexistante alors que nécessaire dans leur quartier (29 % contre 26 % chez les plus aisés).

Figure 5 – Opinion des ménages sur leur quartier ou village et sur l'action et la présence des forces de sécurité dans leur quartier selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019

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Figure 5 – Opinion des ménages sur leur quartier ou village et sur l'action et la présence des forces de sécurité dans leur quartier selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019 (en %) - Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 17,8 % des ménages aisés jugent peu ou pas du tout efficace l'action des forces de sécurité en matière de lutte contre la délinquance dans leur quartier ou leur village.
Modeste Médian inférieur Médian supérieur Aisé Ensemble des ménages
Image dégradée de leur quartier1 40,8 35,3 33,1 32,9 35,5
Action des forces de sécurité en matière de lutte contre la délinquance peu ou pas du tout efficace 22,8 20,3 18,8 17,8 19,9
Présence de la police insuffisante ou inexistante alors que nécessaire 29,0 27,7 26,9 25,5 27,3
  • 1. L'image du quartier ou village est considérée dégradée lorsque l'environnement est jugé dégradé (mal entretenu, manque de propreté) ou qu'il est concerné par des phénomènes de délinquance ou qu'il souffre d'une mauvaise image ou mauvaise réputation.
  • Note : le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 17,8 % des ménages aisés jugent peu ou pas du tout efficace l'action des forces de sécurité en matière de lutte contre la délinquance dans leur quartier ou leur village.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Figure 5 – Opinion des ménages sur leur quartier ou village et sur l'action et la présence des forces de sécurité dans leur quartier selon le niveau de vie, sur la période 2017-2019

  • 1. L'image du quartier ou village est considérée dégradée lorsque l'environnement est jugé dégradé (mal entretenu, manque de propreté) ou qu'il est concerné par des phénomènes de délinquance ou qu'il souffre d'une mauvaise image ou mauvaise réputation.
  • Note : le niveau de vie du ménage correspond au revenu disponible (c'est-à-dire tous revenus, nets d'impôts directs).
  • Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2019, 17,8 % des ménages aisés jugent peu ou pas du tout efficace l'action des forces de sécurité en matière de lutte contre la délinquance dans leur quartier ou leur village.
  • Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
  • Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2017 à 2019, traitement SSMSI.

Définitions

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage (c'est-à-dire tous ses revenus, y compris les prestations sociales, nets des impôts directs) divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Les unités de consommation sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite d’Oxford qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Si l’on ordonne la distribution des niveaux de vie des plus modestes aux plus aisés, les quartiles sont les valeurs qui partagent cette distribution en 4 sous-populations d'effectifs égaux. Le premier quart correspond aux personnes au niveau de vie modeste, le deuxième quart aux personnes au niveau de vie médian inférieur, le troisième aux personnes au niveau de vie médian supérieur, le quatrième aux personnes au niveau de vie aisé.

Un ménage, au sens statistique du terme, désigne l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de colocation, par exemple). Un ménage peut être composé d’une seule personne. Les ménages dits « ordinaires », excluent les ménages vivant en collectivité (foyers, prisons, hôpitaux, etc.) ou vivant dans des habitations mobiles (mariniers, sans-abri, etc.). La personne de référence du ménage est déterminée à partir de la structure familiale du ménage et des caractéristiques des individus qui le composent. Il s’agit le plus souvent de la personne de référence de la famille quand il y en a une, ou de la personne la plus âgée, en donnant priorité à l’actif le plus âgé.