Sécurité et société Édition 2021
L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.
Personnes en situation de handicap, victimes de la délinquance
Insee Références
Paru le :09/12/2021
Selon les enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, les personnes handicapées âgées de 18 à 64 ans et vivant en ménage ordinaire déclarent plus souvent que le reste de la population avoir été victimes de violences physiques, sexuelles et verbales au cours des deux années précédant leur interrogation : 7,3 % ont subi des violences physiques ou sexuelles, autant ont été exposées à des menaces et 15,3 % à des injures, contre respectivement 5,1 %, 5,8 % et 14,1 % parmi les personnes n’étant pas handicapées. Toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire à sexe, âge, situation d’emploi, composition du ménage, taille d’agglomération, type d’habitat et de quartier comparables, le fait d’être handicapé accroît de façon significative la probabilité d’avoir subi des violences physiques ou sexuelles (+ 3,0 points), des menaces (+ 3,3 points) et d’avoir été exposé à des injures (+ 4,2 points, figure 1). Les écarts entre les personnes handicapées et le reste de la population sont plus accentués parmi les femmes que parmi les hommes (figure 2).
tableauFigure 1 - Part de victimes pour différents types d’atteintes et écart entre personnes handicapées et non handicapées
Part des victimes de délinquance (en %) | Écart entre personnes handicapées et non handicapées (en points) | |||
---|---|---|---|---|
Personnes handicapées | Personnes non handicapées | Écart brut | Écart toutes choses égales par ailleurs1 | |
Violences physiques ou sexuelles | 7,3 | 5,1 | 2,2 | 3,0*** |
dont violences hors du ménage | 5,3 | 3,4 | 1,9 | 2,0*** |
dont violences physiques | 3,9 | 2,7 | 1,2 | 1,7*** |
dont violences sexuelles | 1,9 | 0,8 | 1,1 | 0,3*** |
dont violences au sein du ménage | 2,5 | 2,1 | 0,4 | 1,2*** |
Menaces | 7,3 | 5,8 | 1,5 | 3,3*** |
Injures | 15,3 | 14,1 | 1,2 | 4,2*** |
Vols avec violence | 1,0 | 1,0 | 0,0 | 0,2*** |
Vols sans violence | 2,7 | 3,0 | – 0,3 | ns |
- ns : non significatif ; *** écart significatif au seuil de 1 %.
- 1. Sexe, âge, situation d’emploi, composition du ménage, taille de l’agglomération, type d’habitat, de quartier. Atteintes subies au cours des deux années précédant l'enquête.
- Note : Atteintes subies au cours des deux années précédant l'enquête.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, 7,3 % des personnes handicapées et 5,1 % des personnes non handicapées déclarent des violences physiques ou sexuelles au cours des deux années précédant l’enquête, soit un écart brut de 2,2 points. À caractéristiques comparables, l’écart est de 3,0 points.
- Champ : France métropolitaine, personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement Drees-SSMSI.
graphiqueFigure 1 - Écart entre personnes handicapées et non handicapées pour différentes types d'atteintes
tableauFigure 2 - Écart de probabilité d'avoir subi une atteinte entre personnes handicapées et non handicapées selon le sexe
Part de personnes déclarant des violences (en %) | Écart entre personnes handicapées et non handicapées (en points) | ||||
---|---|---|---|---|---|
Personnes handicapées | Personnes non handicapées | Écart brut | Écart toutes choses égales par ailleurs1 | ||
Femmes | Violences physiques ou sexuelles | 9,0 | 5,8 | 3,2 | 4,8 |
Menaces | 8,2 | 5,7 | 2,5 | 4,6 | |
Injures | 18,1 | 15,1 | 2,9 | 6,7 | |
Hommes | Violences physiques ou sexuelles | 5,5 | 4,5 | 1,0 | 1,9 |
Menaces | 6,2 | 5,8 | 0,5 | 1,9 | |
Injures | 12,5 | 13,1 | – 0,6 | 2,2 |
- 1. Âge, situation d’emploi, composition du ménage, taille de l’agglomération, type d’habitat, de quartier.
- Note : atteintes subies au cours des deux années précédant l'enquête.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, parmi les femmes, la proportion de victimes de violences physiques ou sexuelles au cours des deux années précédant l’enquête est supérieure de 3,2 points parmi celles en situation de handicap par rapport à celles ne déclarant pas de handicap (respectivement 9,0 % et 5,8 %). Toutes choses égales par ailleurs, l’écart est de 4,8 points.
- Champ : France métropolitaine, personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement DRESS-SSMSI.
graphiqueFigure 2 - Écart de probabilité d'avoir subi une atteinte entre personnes handicapées et non handicapées selon le sexe
Les atteintes subies par les personnes handicapées hors ménage, c’est-à-dire à l’exclusion des violences physiques ou sexuelles commises par une personne vivant sous le même toit que la victime, se produisent plus souvent sur leur lieu de vie. Dans 38 % des cas, les faits se sont déroulés dans leur quartier ou leur village de résidence, contre 30 % dans le reste de la population (figure 3). Les victimes handicapées sont deux fois plus nombreuses à avoir été agressées dans leur propre logement (17 % contre 8 % pour les personnes non handicapées) ou dans les parties communes de leur immeuble (8 % contre 4 %).
tableauFigure 3 - Lieu des atteintes subies par les victimes handicapées et non handicapées
Victimes non handicapées | Victimes handicapées | |
---|---|---|
Rue, transports, commerce | 55 | 53 |
Lieu de travail et d'études | 23 | 13 |
Parties communes de l'immeuble | 4 | 8 |
Domicile | 8 | 17 |
Quartier ou village | 30 | 38 |
- Note : hors violences au sein du ménage.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, 38 % des victimes handicapées ont subi au moins une atteinte hors ménage dans leur quartier ou village de résidence au cours des deux années précédant l'enquête, contre 30 % parmi les victimes non handicapées.
- Champ : France métropolitaine, personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire ayant subi au moins une atteinte au cours des deux années précédant l'enquête, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement Drees-SSMSI.
graphiqueFigure 3 - Lieu des atteintes subies par les victimes handicapées et non handicapées
Les victimes handicapées connaissent plus souvent leur agresseur de vue ou personnellement, excepté celles ayant subi des violences sexuelles en dehors du ménage (figure 4). C’est le cas de 68 % parmi celles ayant été exposées à des menaces (contre 53 % parmi les personnes non handicapées), 61 % à des violences physiques (contre 48 %) et 47 % à des injures (contre 37 %). Les vols, avec ou sans violence, sont plus rarement commis par un auteur connu.
tableauFigure 4 - Part de victimes handicapées et non handicapées déclarant connaître leur agresseur
Victimes non handicapées | Victimes handicapées | |
---|---|---|
Violences | 51,6 | 65,2 |
dont violences physiques | 48,4 | 61,2 |
dont violences sexuelles | 77,0 | 74,0 |
Menaces | 53,1 | 67,8 |
Injures | 37,0 | 47,4 |
Vols avec violence | 11,0 | 16,6 |
Vols sans violence | 10,1 | 10,8 |
- Note : hors violences au sein du ménage.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, 47 % des personnes handicapées victimes d'injures au cours des deux années précédant l'enquête connaissaient leur agresseur de vue ou personnellement, contre 37 % parmi les personnes non handicapées.
- Champ : France métropolitaine, personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire ayant subi au moins une atteinte au cours des deux années précédant l'enquête, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement Drees-SSMSI.
graphiqueFigure 4 - Part de victimes handicapées et non handicapées déclarant connaître leur agresseur
Après avoir subi une atteinte (dans ou hors ménage), une victime handicapée sur quatre s’est déplacée à la police ou à la gendarmerie (une victime sur cinq parmi le reste de la population) (figure 5). Parmi elles, 17 % ont déposé plainte et 9 % y ont renoncé ou ont déposé une main courante. Les taux de plainte varient fortement en fonction des atteintes subies. Plus d’une victime sur trois de vol sans violence ou de violences physiques hors du ménage a déposé plainte après son agression. C’est le cas de 18 % des victimes de vol avec violence, 17 % des victimes de violences sexuelles hors ménage, 15 % des victimes de menaces et 4 % de celles d’injures.
tableauFigure 5 - Déclarations à la police ou à la gendarmerie des victimes handicapées
Pas de déplacement à la police ou à la gendarmerie | Dépôt de plainte | Dépôt d'une main courante ou abandon de la démarche de dépôt de plainte | |
---|---|---|---|
Vols sans violence | 54 | 37 | 9 |
Vols avec violence | 78 | 18 | 4 |
Violences physiques | 57 | 34 | 9 |
Violences sexuelles | 78 | 17 | 5 |
Violences physiques ou sexuelles au sein du ménage1 | 81 | 19 | |
Menaces | 73 | 15 | 13 |
Injures | 91 | 4 | 5 |
Ensemble des atteintes | 75 | 17 | 9 |
- 1. Les taux sont partiellement diffusables pour les violences au sein du ménage en raison des effectifs.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, 54 % des personnes handicapées victimes d'un vol sans violence au cours des deux années précédant l'enquête ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie.
- Champ : France métropolitaine, personnes handicapées de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire, ayant subi au moins une atteinte au cours des deux années précédant l'enquête, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement Drees-SSMSI.
graphiqueFigure 5 - Déclarations à la police ou à la gendarmerie des victimes handicapées
Qu’elles aient ou non été victimes, 17 % des personnes handicapées se sentent de temps en temps ou souvent en insécurité dans leur village ou leur quartier et 16 % renoncent parfois ou souvent à sortir seules de chez elles pour des raisons de sécurité, soit davantage que le reste de la population (respectivement 11 % et 9 %) (figure 6). À l’intérieur du domicile, les personnes en situation de handicap se sentent aussi plus en insécurité, 14 % contre 9 % pour le reste de la population. Le sentiment d’insécurité dans le quartier ou au domicile augmente nettement quand les personnes ont subi une atteinte, surtout chez les personnes en situation de handicap.
tableauFigure 6 - Sentiment d'insécurité au domicile, dans le quartier ou dans le village des personnes handicapées et non handicapées
Sentiment d'insécurité1 | Renoncer à sortir seul de son domicile pour des raisons de sécurité2 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Au domicile | Dans le quartier ou le village | |||||
Personnes handicapées | Personnes non handicapées | Personnes handicapées | Personnes non handicapées | Personnes handicapées | Personnes non handicapées | |
Parmi l'ensemble des personnes âgées de 18 à 64 ans | 14 | 9 | 17 | 11 | 16 | 9 |
Parmi les victimes de : | ||||||
Violences physiques et/ou sexuelles | 27 | 14 | 32 | 23 | 26 | 16 |
Menaces | 32 | 17 | 40 | 25 | 29 | 16 |
Vols sans violence | 19 | 10 | 31 | 21 | 26 | 13 |
Vols avec violence | 28 | 12 | 47 | 26 | 30 | 18 |
Injures | 25 | 12 | 35 | 21 | 26 | 14 |
Atteintes aux biens (cambriolages, vols de véhicule, vandalisme, etc.) | 21 | 12 | 29 | 18 | 22 | 12 |
- 1. Personnes se sentant de temps en temps ou souvent en insécurité.
- 2. Personnes renonçant parfois ou souvent à sortir seules de chez elles pour des raisons de sécurité.
- Lecture : en moyenne, entre 2011 et 2018, 14 % des personnes handicapées et 9 % des personnes non handicapées se sentent en insécurité à leur domicile.
- Champ : France métropolitaine, personnes de 18 à 64 ans vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2011 à 2018, traitement Drees-SSMSI.
Définitions
Les personnes handicapées sont les personnes déclarées, par elle‑même ou un tiers (la personne de référence du ménage) en situation de handicap ou ayant simplement quelques gênes ou difficultés dans la vie quotidienne.
Les atteintes hors du ménage correspondent aux atteintes commises par une personne n’habitant pas avec la victime au moment de l’enquête. Elles comprennent les violences physiques, sexuelles et verbales (menaces et injures) et les vols avec ou sans violence.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletLes personnes handicapées sont plus souvent victimes de violences physiques, sexuelles et verbales », Interstats Analyse n° 29, SSMSI, juillet 2020.