Sécurité et société Édition 2021
L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.
Victimation et déclaration des faits aux services de sécurité
Insee Références
Paru le :09/12/2021
Au cours de l’année 2018, 15 % des ménages déclarent avoir été victimes d’une escroquerie bancaire (4 %), d’un vol ou d’une dégradation ayant visé leur résidence principale (respectivement 3 % et 2 %) ou leur voiture (respectivement 3 % et 4 %) (figure 1). Dans le même temps, 10 % des personnes âgées de 18 à 75 ans indiquent avoir été injuriées, 4 % menacées, 2 % volées, 2 % victimes de violences physiques ou sexuelles perpétrées en dehors du ménage et 1 % au sein du ménage (figure 2).
tableauFigure 1 - Ménages victimes d’atteintes sur leurs biens, en 2018
Escroqueries bancaires | 4,3 |
---|---|
Destructions et dégradations sur la voiture | 3,7 |
Vols de voiture ou d'objet dans ou sur la voiture1 | 2,7 |
Vols visant la résidence principale2 | 2,5 |
Destructions et dégradations sur la résidence principale | 2,0 |
- 1. Y compris tentatives de vol de voiture.
- 2. Avec ou sans effraction, y compris tentatives.
- Lecture : en 2018, 2,0 % des ménages ont subi des destructions ou dégradations sur leur résidence principale.
- Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquête Cadre de vie et sécurité 2019, traitement SSMSI.
graphiqueFigure 1 - Ménages victimes d’atteintes sur leurs biens, en 2018
tableauFigure 2 - Personnes de 18 à 75 ans victimes d’atteintes personnelles, en 2018
Injures | 9,9 |
---|---|
Menaces | 3,6 |
Vols personnels1 | 2,2 |
Violences physiques, hors ménage | 1,4 |
Violences physiques ou sexuelles dans le ménage | 0,8 |
Violences sexuelles, hors ménage | 0,4 |
- 1. Vols ou tentatives de vol, avec ou sans violence.
- Lecture : en 2018, 9,9 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont été victimes d’injures.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 75 ans vivant en ménage ordinaire.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquête Cadre de vie et sécurité 2019, traitement SSMSI.
graphiqueFigure 2 - Personnes de 18 à 75 ans victimes d’atteintes personnelles, en 2018
Tous actes confondus, 20 % des victimes se sont déplacées auprès des services de police ou de gendarmerie. Cette part dépend de la gravité de l’acte ou de l’importance du préjudice, à l’exception notable des atteintes sensibles (violences sexuelles, violences commises au sein du ménage) moins souvent reportées (17 % des situations) (figure 3).
tableauFigure 3 - Signalement des victimes auprès de la police ou de la gendarmerie et taux de plainte, sur la période 2017-2018
Déplacement au commissariat ou à la gendarmerie (pour 100 victimes) |
Comportement (pour 100 victimes qui se sont déplacées) |
Taux de plainte (pour 100 victimes) |
|||
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Dépôt de plainte | Dépôt de main courante | Abandon de la démarche | |||
Victimes d'atteintes sur les biens du ménage | 31 | 80 | 14 | 6 | 24 |
Cambriolages ou tentatives visant la résidence principale | 56 | 88 | 10 | 2 | 49 |
dont cambriolages aboutis | 73 | 95 | 4 | 2 | 69 |
dont avec préjudice supérieur ou égal à 1 500 euros | 75 | 99 | 1 | 0 | 74 |
Vols sans effraction de la résidence principale | 27 | 73 | 18 | 8 | 20 |
Destructions et dégradations visant le logement | 17 | 63 | 20 | 17 | 11 |
dont avec préjudice supérieur ou égal à 150 euros | 45 | 69 | 13 | 18 | 31 |
Vols ou tentatives de vol de voiture | 55 | 88 | 8 | 4 | 49 |
dont vols de voiture aboutis | 96 | 97 | 1 | 2 | 93 |
Vols ou tentatives de vol d'objet dans ou sur la voiture | 37 | 78 | 15 | 7 | 29 |
Destructions et dégradations visant la voiture | 21 | 84 | 10 | 6 | 18 |
dont destructions totales ou importantes | 36 | 84 | 9 | 7 | 30 |
Escroqueries bancaires | 28 | 74 | 21 | 6 | 20 |
dont préjudice supérieur ou égal à 500 euros | 46 | 81 | 14 | 5 | 37 |
Victimes d'atteintes aux biens personnels ou à la personne | 15 | 66 | 23 | 11 | 10 |
Vols ou tentatives de vol avec violence1 | 45 | 81 | 14 | 5 | 37 |
dont avec incapacité totale de travailler | 98 | 100 | 0 | 0 | 98 |
dont avec arme | 54 | 88 | 0 | 12 | 47 |
Vols sans violence | 42 | 88 | 6 | 6 | 37 |
Violences physiques hors ménage1 | 35 | 74 | 19 | 8 | 26 |
dont avec incapacité totale de travailler | 96 | 95 | 2 | 3 | 91 |
dont avec arme | 51 | 70 | 15 | 15 | 36 |
Menaces | 20 | 51 | 33 | 16 | 10 |
Injures | 4 | 31 | 48 | 22 | 1 |
Violences sexuelles hors ménage1 | 18 | 81 | 18 | 1 | 15 |
dont viols | 63 | 88 | 12 | 0 | 56 |
dont avec incapacité totale de travailler | 71 | 97 | 3 | 0 | 69 |
Violences physiques ou sexuelles dans le ménage1 | 16 | 67 | 24 | 9 | 11 |
dont épisode unique de violence | 10 | 74 | 8 | 18 | 8 |
dont épisodes multiples de violence | 19 | 65 | 29 | 7 | 12 |
Ensemble des victimes | 20 | 73 | 19 | 9 | 15 |
- 1. Moyenne sur la période 2014-2018.
- Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 20 % des personnes victimes de menaces se sont déplacées à la police ou à la gendarmerie. Parmi elles, 51 % ont formellement déposé plainte. 10 % des victimes de menaces déposent formellement plainte.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 75 ans vivant en ménage ordinaire victimes d'atteintes personnelles et ménages ordinaires victimes d'atteintes sur le logement ou la voiture, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2015 à 2019, traitement SSMSI.
Les victimes d’atteintes aux biens se déplacent plus souvent lorsque les conséquences, en particulier financières, sont élevées ou lorsque la plainte est nécessaire pour être indemnisé par l’assurance (73 % après un cambriolage abouti et 96 % après un vol de voiture abouti). Pour les atteintes personnelles, plus de 40 % des victimes se déplacent après un vol, 35 % après des violences physiques en dehors du ménage. Elles se déplacent davantage lorsque l’agresseur a usé d’une arme ou lorsque l’atteinte a donné lieu à une incapacité totale de travailler (ITT). À l’inverse, les victimes se déplacent moins souvent après des menaces (20 %) ou des injures (4 %).
Une fois rendues dans les services de sécurité, 73 % des victimes déposent formellement plainte, mais 19 % font une déclaration de type main courante, signalement qui ne permet pas d’engager de poursuites contre l’auteur, ni de le convoquer. 9 % se rétractent et renoncent à faire tout signalement.
Lorsque les actes ont des conséquences matérielles lourdes (cambriolage, vol de voiture aboutis) ou des séquelles physiques importantes (notamment, les atteintes suivies d’une ITT), plus de neuf victimes sur dix portent plainte. Lorsqu’il s’agit de vandalisme ou de vol sans effraction sur le logement, d’escroquerie, de menaces ou d’injures, les victimes signalent davantage les faits par une main courante ou se désistent une fois sur place.
Moins de 2 victimes d’atteintes sensibles sur 10 se rendent en commissariat ou en gendarmerie. Une fois sur place 81 % des victimes de violences sexuelles perpétrées en dehors du ménage portent plainte. Celles qui ont subi des violences dans le ménage le font moins souvent (67 %), elles déclarent davantage les faits par une main courante (24 %), ou se rétractent (9 % des cas, 18 % lorsque les faits se sont produits une seule fois).
Les taux de plainte varient énormément selon la nature de l’acte subi et seule une part limitée de la délinquance est donc enregistrée par les services de sécurité. La principale raison invoquée par les victimes qui ne se déplacent pas dans les services de police ou de gendarmerie est la faible gravité des faits subis (42 %) puis l’inutilité présumée de la démarche (32 %) (figure 4). Les victimes de violences sensibles avancent plusieurs motifs (figure 5) : 75 % préfèrent trouver une autre solution, 67 % considèrent que cela ne servirait à rien, 55 % estiment que ce n’était pas grave (cette part atteignant 79 % pour les victimes d’une violence unique au sein du ménage).
tableauFigure 4 - Motif de non-déplacement à la police ou à la gendarmerie des victimes, sur la période 2017-2018
La victime ne s'est pas déplacée (car) : | ||||||
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Ce n'était pas assez grave, cela n'en valait pas la peine | Elle n'en a pas eu le temps ou n'y a pas pensé sur le moment | Elle n'en a pas vu l'utilité, cela n'aurait servi a rien | Par peur des représailles | Elle a eu une mauvaise expérience lors d'une déclaration passée ou préfère ne pas avoir affaire à la police ou la gendarmerie | Autre | |
Cambriolages et tentatives visant la résidence principale | 43 | 8 | 29 | 2 | 4 | 16 |
dont cambriolages aboutis | 26 | 6 | 41 | 5 | 8 | 14 |
Vols sans effraction de la résidence principale | 47 | 5 | 27 | 1 | 5 | 15 |
Destructions et dégradations visant le logement | 41 | 5 | 26 | 2 | 2 | 23 |
Vols et tentatives de vol de voiture | 43 | 13 | 30 | 0 | 4 | 10 |
Vols ou tentatives de vol d'objet sur ou dans la voiture | 45 | 10 | 34 | 0 | 3 | 8 |
Dégradations et destructions visant la voiture | 38 | 11 | 41 | 2 | 3 | 5 |
Escroqueries bancaires | 25 | 18 | 25 | 0 | 2 | 30 |
Vols ou tentatives de vol avec violence1 | 28 | 12 | 47 | 3 | 6 | 4 |
Vols sans violence | 35 | 10 | 37 | 0 | 1 | 17 |
Violences physiques1 | 29 | 4 | 35 | 8 | 17 | 8 |
Menaces | 33 | 11 | 33 | 6 | 4 | 15 |
Injures | 50 | 7 | 30 | 3 | 2 | 8 |
Ensemble des victimes2 | 42 | 9 | 32 | 3 | 2 | 12 |
- 1. Moyenne sur la période 2014-2018.
- 2. Hors victimes de violences sensibles.
- Note : moyenne sur la période 2017-2018, une seule réponse possible.
- Lecture : en moyenne annuelle, entre 2017 et 2018, 50 % des victimes d’injures déclarent qu'elles ne se sont pas déplacées à la police ou la gendarmerie car ce n’était pas assez grave, cela n’en valait pas la peine.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 75 ans vivant en ménage ordinaire victimes d'atteintes personnelles et ménages ordinaires victimes d'atteintes sur le logement ou la voiture, ne s'étant pas déplacés à la police ou la gendarmerie, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2015 à 2019, traitement SSMSI.
tableauFigure 5 - Motifs de non-déplacement à la police ou à la gendarmerie des victimes de violences sensibles, sur la période 2014-2018
La victime ne s'est pas déplacée (car) : | ||||||
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Pour éviter que cela se sache | Elle préfère trouver une autre solution | Par peur des représailles, d'une vengeance | Cela n'aurait servi à rien | Cela n'était pas assez grave | Pour éviter des épreuves supplémentaires | |
Violences sexuelles hors ménage | 42 | 71 | 34 | 79 | 45 | 53 |
Violences physiques ou sexuelles dans le ménage | 38 | 77 | 19 | 60 | 60 | 38 |
dont épisode unique de violence | 29 | 79 | 9 | 55 | 79 | 29 |
dont épisodes multiples de violence | 43 | 76 | 26 | 63 | 49 | 44 |
Ensemble des violences sensibles | 39 | 75 | 24 | 67 | 55 | 44 |
- Note : moyenne sur la période 2014-2018. Pour chaque motif, la victime répond par l’affirmative ou la négative.
- Lecture : en moyenne annuelle, entre 2014 et 2018, 42 % des victimes de violences sexuelles hors ménage ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie pour éviter que ça se sache, 79 % car cela n’aurait servi à rien.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 75 ans vivant en ménage ordinaire victimes d'une atteinte sensible, ne s'étant pas déplacées à la police ou la gendarmerie, incident le plus récent.
- Sources : Insee-ONDRP-SSMSI, enquêtes Cadre de vie et sécurité 2015 à 2019, traitement SSMSI.
Définitions
Un ménage, au sens statistique du terme, désigne l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de colocation, par exemple). Un ménage peut être composé d’une seule personne. Les ménages dits « ordinaires », excluent les ménages vivant en collectivité (foyers, prisons, hôpitaux, etc.) ou vivant dans des habitations mobiles (mariniers, sans-abri, etc.). La personne de référence du ménage est déterminée à partir de la structure familiale du ménage et des caractéristiques des individus qui le composent. Il s’agit le plus souvent de la personne de référence de la famille quand il y en a une, ou de la personne la plus âgée, en donnant priorité à l’actif le plus âgé.
La plainte est l’acte par lequel une personne qui s’estime victime d’une infraction en informe
le procureur de la République, directement ou par l’intermédiaire d’un service de
police ou de gendarmerie. La poursuite de la plainte peut entraîner la sanction pénale
de l’auteur. La victime peut se constituer partie civile si elle souhaite obtenir
réparation de son préjudice (dommages et intérêts). La plainte peut être déposée contre
une personne identifiée ou contre X, si l’identité de l’auteur des faits est inconnue.
On appelle taux de plainte la proportion parmi les victimes d’une infraction, de celles qui déposent une plainte.
Il est connu grâce aux enquêtes de victimation.
L’incapacité totale de travail ou ITT est l’unité de mesure utilisée en droit pénal pour qualifier le niveau de gravité des blessures subies par une victime. Il s’agit de la période pendant laquelle l’individu n’est pas en totale capacité de se livrer aux actes usuels de la vie courante, pour des raisons physiques ou psychologiques, que ce soit dans l’exercice d’une profession ou en dehors de celle-ci. Tout médecin est habilité à constater une ITT.
Les mains courantes ont vocation à recueillir les déclarations d’une victime pour dénoncer certains faits, dont elle a été victime ou témoin, et pour lesquels elle ne souhaite pas déposer plainte. Ces faits ne constituent pas forcément une infraction (abandon du domicile conjugal, troubles de voisinage, litige commercial, etc.). Le dépôt d’une main courante ne donne en général pas lieu à une enquête, ni à aucun suivi judiciaire ; il permet surtout de dater officiellement les faits en question en vue de toute procédure judiciaire ultérieure, par exemple, dater l’abandon du domicile conjugal en cas de procédure de divorce ultérieure.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletFaire un signalement auprès des forces de sécurité : une démarche que n’effectuent pas toutes les victimes », Interstats Analyse n° 17, SSMSI, juillet 2017.