Économie et société à l'ère du numérique Édition 2025

Cet ouvrage rassemble les données de la statistique publique rendant compte des transformations de l’économie et de la société par le numérique.

Insee Références
Paru le :Paru le14/10/2025
Timothée Gigout‑Magiorani (Banque de France), Étienne Lavenant (Banque de France)
L'économie et la société à l'ère du numérique- Octobre 2025
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Le commerce numérique et les consommateurs français dans la mondialisation

Timothée Gigout‑Magiorani (Banque de France), Étienne Lavenant (Banque de France)

La numérisation de l’économie transforme les modes de consommation et d’échange. Grâce à l’exploitation des données de paiements en ligne des consommateurs, les importations numériques sont estimées à 3,9 % de la consommation des ménages en France en 2022 (soit environ 54 milliards d’euros ou 1 800 euros par an par ménage). La structure de ces importations dépend fortement des choix de localisation des géants de l’Internet qui redessinent la géographie des échanges internationaux. La provenance de ces importations est donc fortement concentrée auprès d’un nombre limité de centrales de paiement situées dans quelques pays. Parmi l’ensemble des importations numériques, 19,5 % transitent par le Luxembourg, contre seulement 0,04 % qui proviennent directement de Chine. La moitié des importations numériques de services financiers proviennent d’Irlande et de Lituanie. Globalement, un tiers des achats numériques sont des importations. La composition du panier numérique des Français est distincte selon qu’ils achètent en France ou à l’étranger : ils consomment davantage de services réglementés en France et de services multimédias à l’étranger.

Insee Références

Paru le :14/10/2025

Le commerce numérique et les consommateurs français dans la mondialisation

Ce dossier et les analyses développées n’engagent que les auteurs et non la Banque de France et ses membres.

La numérisation de l’économie et ses conséquences nécessitent une meilleure mesure de son influence sur les échanges internationaux

L’analyse du commerce numérique est devenue l’un des enjeux majeurs de l’étude du commerce international. Le commerce numérique, c’est‑à‑dire « ce qui est livré et/ou commandé numériquement », est le résultat de deux vagues distinctes d’innovations : d’une part, l’utilisation de nouvelles technologies génériques facilitant la rencontre virtuelle entre producteurs et consommateurs (Internet à haut débit, algorithme de recommandations, paiements en ligne sécurisés, etc.) ; d’autre part, l’émergence de nouveaux produits numériques (, stockage de données, logiciel en tant que service, etc.).

La numérisation de l’économie a entraîné une augmentation massive des échanges internationaux de biens et services, tant en quantité qu’en variété (encadré 1). Ainsi, Ouvrir dans un nouvel ongletMalgouyres et al. (2021) estiment que le déploiement de l’Internet à haut débit en France a provoqué une augmentation de 21 % du taux de croissance des importations agrégées des entreprises entre 1997 et 2007. Aujourd’hui, une seule plateforme de commerce en ligne peut contenir jusqu’à 75 millions de références de produits contre 120 000 dans un supermarché physique [Ouvrir dans un nouvel ongletBrynjolfsson et al., 2022]. Or, la numérisation de l’économie a aussi fortement accru la participation directe des consommateurs français aux importations de la France via les sites des commerçants étrangers plutôt que par l’intermédiaire de grandes enseignes françaises.

L’absence de données sur ces nouveaux flux commerciaux ne permettait pas de mesurer leur contribution à l’augmentation des échanges internationaux (encadré 2). Cette étude fait une analyse inédite de la consommation en ligne des Français en 2022 mesurée à l’aide de données de paiements par cartes bancaires des clients de banques françaises (sources).

Les importations numériques représentent 3,9 % de la consommation des ménages en France et 1 800 euros par an et par ménage

En 2022, en France, un milliard de transactions en ligne ont été réalisées en direction de terminaux de paiement situés à l’étranger pour un total de 54 milliards d’euros. Celles‑ci concernent toutes les catégories de secteurs. Contrairement aux importations françaises traditionnelles, elles ont pour principale source une minorité de pays hébergeant les sièges européens des géants de l’Internet (Luxembourg, Pays‑Bas, Irlande, etc.).

En 2022, rapportées aux montants mesurés en , ces importations numériques s’élèvent à 5,3 % des importations totales et 3,9 % de la consommation totale des ménages. Chaque ménage a procédé en moyenne à 35 transactions et importé numériquement 1 798 euros de biens et de services.

Les ménages français dépensent en moyenne 733 euros en importations de services dit « physiques », la plus forte composante des importations numériques (40,8 %) (figure 1). Ces services ont la particularité d’être commandés numériquement sur des plateformes étrangères mais ils peuvent être réalisés physiquement en France ou dans un pays tiers. Il s’agit par exemple des réservations de séjours sur Booking.com ou des courses sur l’application Uber. Ces flux de paiements ne sont pas à sens unique : les plateformes concernées rémunèrent une forte proportion de fournisseurs de services français, que ce soit les chauffeurs de VTC, les propriétaires de logements mis en location, les ayants droit des plateformes de streaming, etc. Les biens et services vendus sur ces plateformes incorporent donc souvent un fort contenu français, qui fait l’objet de paiements en sens inverse, paiements non mesurés ici.

Figure 1 – Répartition des importations numériques par ménage français en 2022

en euros
Figure 1 – Répartition des importations numériques par ménage français en 2022 (en euros) - Lecture : En 2022, les ménages français importent numériquement en moyenne 733,2 euros de services physiques.
Catégorie Montant
Services physiques 733,2
Biens 500,4
Services numériques 369,6
Services financiers 195,1
  • Lecture : En 2022, les ménages français importent numériquement en moyenne 733,2 euros de services physiques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Figure 1 – Répartition des importations numériques par ménage français en 2022

  • Lecture : En 2022, les ménages français importent numériquement en moyenne 733,2 euros de services physiques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Les « biens » commandés directement par les internautes depuis des sites étrangers constituent la deuxième dépense importée en ligne : 500 euros par ménage, soit 27,8 % du total. Cela correspond par exemple aux achats sur les plateformes Shein ou Temu. Cependant, les montants enregistrés en ligne sont largement inférieurs aux totaux des importations de biens enregistrés dans la balance des paiements. En effet, la grande majorité des biens est encore importée de manière traditionnelle par des grossistes et intermédiaires français car la massification de l’achat direct par des particuliers français auprès de vendeurs étrangers est un phénomène relativement récent. De plus en raison du fonctionnement des terminaux de paiements en ligne, une plateforme multi‑secteurs comme Amazon ne figure typiquement pas dans le total « biens » mais dans le total « services numériques » (encadré 2).

Le troisième poste de dépense correspond aux « services numériques » : 370 euros par personne, soit 20,6 % du total. Il inclut notamment les abonnements multimédias sur des plateformes comme Netflix ou Spotify.

Enfin, les ménages dépensent 195 euros en moyenne en « services financiers », soit 10,8 % des importations numériques. Cela inclut les paiements pour des services financiers (par exemple un abonnement Lydia, qui permet des transferts d’argent entre utilisateurs grâce à un numéro de téléphone) et les versements ou achats d’actifs (cagnottes, ou encore cryptomonnaie).

19,5 % des importations numériques sont issues du Luxembourg, seulement 0,04 % de Chine

Les importations numériques des ménages font apparaître une nouvelle géographie du commerce international, fondée sur la localisation des centres décisionnels et financiers plutôt que sur la localisation des activités de production ou de logistique et transports. La géographie des flux traditionnels de biens et services tend à s’expliquer principalement par trois facteurs : le poids économique de chaque pays, la distance au sein de chaque paire de pays importateur et exportateur et l’isolement géographique de cette paire de pays vis‑à‑vis du reste du monde. Si le commerce numérique suivait les mêmes déterminants, la corrélation entre la part de chaque pays dans les importations numériques et importations traditionnelles serait de 1. Or, on constate que ce taux est inférieur (environ 0,5), ce qui suggère un niveau de distorsions géographiques notable.

Les importations traditionnelles de la France sont supérieures à ses importations numériques dans la plupart des pays (figure 2). C’est principalement dû à la catégorie des biens, les consommateurs n’important communément pas de matières premières ou de biens intermédiaires. Les plus grands pays producteurs de biens sont donc davantage des exportateurs traditionnels que numériques. La Chine est particulièrement représentative en la matière avec 7,80 % des importations enregistrées en balance des paiements, ce qui la situe au quatrième rang des partenaires commerciaux de la France, mais avec seulement 0,04 % des importations numériques. En effet, les ménages, qui importent numériquement des biens de consommation, le font via des plateformes telles que Amazon ou Shein dont les centres de décision européens sont hébergés respectivement au Luxembourg et en Irlande. De son côté, la Russie était encore en 2022 l’un des principaux fournisseurs de gaz de la France et représentait 1,55 % des importations dans la balance des paiements mais elle était absente des paniers numériques des consommateurs français (0,01 %).

Figure 2 – Répartition internationale des importations par pays et type d'importations en 2022

en %
Figure 2 – Répartition internationale des importations par pays et type d'importations en 2022 (en %) - Lecture : En 2022, la Chine représente 7,80 % des importations enregistrées en balance des paiements et 0,04 % des importations numériques.
Pays Groupe Part dans les importations totales de la balance des paiements Part dans les importations numériques
Belgique Économies avancées 8,04 3,39
Suisse Économies avancées 2,94 0,89
Allemagne Économies avancées 13,07 8,30
Espagne Économies avancées 7,00 6,10
Royaume-Uni Économies avancées 6,09 13,97
Italie Économies avancées 6,44 1,37
Suède Économies avancées 0,98 0,79
États-Unis Économies avancées 8,61 2,83
Brésil Économies émergentes 0,52 0,05
Chine Économies émergentes 7,80 0,04
Inde Économies émergentes 1,12 0,04
Pologne Économies émergentes 1,95 0,32
Russie Économies émergentes 1,55 0,01
Taïwan Économies émergentes 0,54 0,01
Chypre Plateformes financières européennes 0,05 1,42
Estonie Plateformes financières européennes 0,05 0,37
Irlande Plateformes financières européennes 2,57 12,88
Lituanie Plateformes financières européennes 0,18 2,58
Luxembourg Plateformes financières européennes 1,08 19,49
Malte Plateformes financières européennes 0,08 1,11
Pays-Bas Plateformes financières européennes 5,20 17,33
Andorre Reste du monde 0,04 0,05
Émirats Arabes Unis Reste du monde 0,40 0,23
Arménie Reste du monde 0,01 0,01
Argentine Reste du monde 0,08 0,01
Autriche Reste du monde 0,79 0,32
Australie Reste du monde 0,30 0,16
Azerbaïdjan Reste du monde 0,04 0,02
Bulgarie Reste du monde 0,18 0,07
Canada Reste du monde 0,69 0,54
Côte d'Ivoire Reste du monde 0,14 0,02
Chili Reste du monde 0,14 0,01
Cameroun Reste du monde 0,11 0,01
Colombie Reste du monde 0,07 0,02
Costa Rica Reste du monde 0,05 0,01
Tchéquie Reste du monde 0,97 0,22
Danemark Reste du monde 0,52 0,41
République Dominicaine Reste du monde 0,06 0,01
Égypte Reste du monde 0,33 0,03
Finlande Reste du monde 0,35 0,29
Géorgie Reste du monde 0,01 0,01
Grèce Reste du monde 0,31 0,27
Hong-Kong Reste du monde 0,22 0,29
Croatie Reste du monde 0,08 0,03
Hongrie Reste du monde 0,64 0,13
Indonésie Reste du monde 0,26 0,02
Israël Reste du monde 0,24 0,10
Islande Reste du monde 0,06 0,11
Jordanie Reste du monde 0,02 0,01
Japon Reste du monde 0,98 0,06
Kenya Reste du monde 0,03 0,07
Corée du Sud Reste du monde 0,78 0,02
Koweït Reste du monde 0,17 0,01
Kazakhstan Reste du monde 0,42 0,01
Liban Reste du monde 0,03 0,01
Liechstenstein Reste du monde 0,02 0,01
Sri Lanka Reste du monde 0,06 0,01
Lettonie Reste du monde 0,05 0,06
Maroc Reste du monde 0,94 0,13
Moldavie Reste du monde 0,01 0,02
Madagascar Reste du monde 0,10 0,01
Maurice Reste du monde 0,11 0,04
Maldives Reste du monde 0,01 0,01
Mexique Reste du monde 0,36 0,05
Myanmar Reste du monde 0,39 0,02
Nigéria Reste du monde 0,43 0,10
Norvège Reste du monde 0,62 0,09
Nouvelle-Zélande Reste du monde 0,05 0,04
Panama Reste du monde 0,04 0,01
Pérou Reste du monde 0,09 0,01
Philippines Reste du monde 0,14 0,01
Portugal Reste du monde 1,20 0,30
Qatar Reste du monde 0,41 0,04
Roumanie Reste du monde 0,74 0,06
Serbie Reste du monde 0,09 0,01
Arabie Saoudite Reste du monde 0,69 0,04
Seychelles Reste du monde 0,02 0,01
Singapour Reste du monde 0,86 0,22
Slovénie Reste du monde 0,21 0,03
Slovaquie Reste du monde 0,55 0,04
Sénégal Reste du monde 0,05 0,05
Thaïlande Reste du monde 0,38 0,06
Tunisie Reste du monde 0,64 0,07
Turquie Reste du monde 1,14 0,17
Tanzanie Reste du monde 0,02 0,01
Ukraine Reste du monde 0,10 0,12
Ouzbékistan Reste du monde 0,01 0,02
Venezuela Reste du monde 0,66 0,05
Afrique du Sud Reste du monde 0,19 0,04
UE UE 2,05 2,99
Monde hors UE Monde hors UE 0,26 0,12
  • Notes : Échelles logarithmiques. La part d’un pays dans les importations françaises enregistrée en balance des paiements est présentée en ordonnée et la part dans les importations numériques est présentée en abscisse. Les pays pour lesquels une des deux variables est inférieure à 0,005 % sont omis du graphique par souci de clarté.
  • Lecture : En 2022, la Chine représente 7,80 % des importations enregistrées en balance des paiements et 0,04 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Figure 2 – Répartition internationale des importations par pays et type d'importations en 2022

  • Notes : Échelles logarithmiques. La part d’un pays dans les importations françaises enregistrée en balance des paiements est présentée en ordonnée et la part dans les importations numériques est présentée en abscisse. Les pays pour lesquels une des deux variables est inférieure à 0,005 % sont omis du graphique par souci de clarté.
  • Lecture : En 2022, la Chine représente 7,80 % des importations enregistrées en balance des paiements et 0,04 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

À l’inverse, les flux numériques sont fortement concentrés vers quelques pays, principalement de petite taille et dont l’économie est très largement orientée vers la production de services numériques et financiers. La part de ces pays dans les transactions numériques est donc très nettement supérieure à celle du commerce traditionnel : il s’agit entre autres du Luxembourg (19,5 % des importations numériques, contre 1,1 % des importations en balance des paiements), des Pays‑Bas (17,3 % contre 5,2 %), de l’Irlande (12,9 % contre 2,6 %) et de la Lituanie (2,6 % contre 0,2 %). De manière générale, les exportations vers la France des pays producteurs de services et de plateformes financières sont supérieures sous forme numérique que traditionnelle. La composition du commerce numérique l’explique en partie : les services constituent 26,2 % des importations en balance des paiements, mais 72,8 % des importations numériques. Ainsi, les pays exportateurs de services représentent mécaniquement une plus grande part du commerce numérique que du commerce global.

La moitié des importations numériques de services financiers depuis l’Irlande et la Lituanie

En dépit de leur poids plus faible, les services financiers contribuent eux aussi fortement à la distorsion géographique du commerce numérique. En effet, alors que le secteur financier est largement mondialisé, 93,5 % des paiements des services financiers des ménages sont traités par des terminaux hébergés dans seulement dix pays, tous détenteurs du nécessaire pour opérer en Union européenne. L’Irlande et la Lituanie en effectuent à eux deux près de la moitié (49,1 %). Avec l’Estonie, Malte ou encore Chypre, elles sont devenues un lieu d’implantation privilégié des entreprises de la finance numérique.

La disparité entre commerce traditionnel et commerce numérique est moindre pour les services numériques et physiques. Elle concerne à nouveau le Luxembourg, l’Irlande, les Pays‑Bas et le Royaume‑Uni, mais elle est de moindre ampleur parce que ces pays sont aussi des fournisseurs de services qui sont prépondérants dans la balance des paiements (services de recherche et développement, de conseils, ainsi que d’autres services destinés aux entreprises). En outre, la fourniture de ces services traditionnels est moins concentrée géographiquement et s’étend à d’autres économies avancées comme l’Allemagne, l’Espagne ou les États‑Unis.

Le Luxembourg, les Pays‑Bas, le Royaume‑Uni et l’Irlande captent deux tiers des importations numériques

Les flux de commerce numérique sont dominés par quelques pays dont les caractéristiques fiscales et juridiques favorisent l’implantation des plateformes ou des sièges de quelques multinationales dominant l’économie numérique. Les quatre premiers pays (Luxembourg, Pays‑Bas, Royaume‑Uni et Irlande) représentent 64,0 % de l’ensemble des paiements par carte sur des plateformes étrangères et, les dix premiers (avec en plus l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, Chypre, les États‑Unis et la Lituanie), 88,4 % (figure 3).

Figure 3 – Répartition des importations numériques en France par pays et secteur en 2022

en %
Figure 3 – Répartition des importations numériques en France par pays et secteur en 2022 (en %) - Lecture : En 2022, le secteur des services informatiques au Luxembourg représente 10,4 % des importations numériques.
Pays Secteur Part
Allemagne Autres secteurs 5,0
Allemagne Compagnies aériennes 1,6
Allemagne Grand magasins 1,1
Allemagne Vêtements familiaux 0,5
Belgique Virements et mandats 1,9
Belgique Autres secteurs 1,5
Chypre Autres secteurs 0,8
Chypre Paris sportifs 0,6
Espagne Agences de voyages 2,6
Espagne Autres secteurs 2,2
Espagne Compagnies aériennes 0,8
Espagne Vêtements familiaux 0,6
Irlande Autres secteurs 3,8
Irlande Institutions financières 1,4
Irlande Virements et mandats 1,2
Irlande Restaurants 0,9
Irlande Applications numériques 0,9
Irlande Électronique 0,8
Irlande Marchand numérique 0,8
Irlande Compagnies aériennes 0,7
Irlande Marchandises générales 0,6
Irlande Disques 0,6
Irlande Jeux numériques 0,5
Irlande Médias numériques 0,5
Lituanie Institutions financières 1,3
Lituanie Institutions non financières 0,8
Lituanie Autres secteurs 0,5
Luxembourg Services informatiques 10,4
Luxembourg Agences de voyages 3,5
Luxembourg Autres secteurs 1,9
Luxembourg Hébergement 1,7
Luxembourg Grand magasins 0,9
Luxembourg Vente au détail divers 0,6
Luxembourg Vente directe 0,5
Pays-Bas Autres secteurs 6,3
Pays-Bas Hébergement 4,2
Pays-Bas Restaurants 3,8
Pays-Bas Taxis 1,3
Pays-Bas Agences de voyages 1,2
Pays-Bas Grand magasins 0,7
Reste du Monde Autres secteurs 7,0
Reste du Monde Compagnies aériennes 1,5
Reste du Monde Agences de voyages 0,9
Reste du Monde Hébergement 0,7
Reste du Monde Paris sportifs 0,7
Royaume-Uni Autres secteurs 7,4
Royaume-Uni Compagnies aériennes 2,0
Royaume-Uni Agences de voyages 1,7
Royaume-Uni Vêtements pour adultes 0,9
Royaume-Uni Vente au détail divers 0,7
Royaume-Uni Hébergement 0,7
Royaume-Uni Virements et mandats 0,7
États-Unis Autres secteurs 2,8
  • Lecture : En 2022, le secteur des services informatiques au Luxembourg représente 10,4 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Figure 3 – Répartition des importations numériques en France par pays et secteur en 2022

  • Lecture : En 2022, le secteur des services informatiques au Luxembourg représente 10,4 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Le premier couple secteur‑pays dans les importations numériques françaises est celui des « réseaux informatiques/services d’informations » au Luxembourg (10,4 % des importations numériques). Le deuxième et le troisième sont les secteurs de l’hôtellerie (4,2 %), et de la restauration (3,8 %), tous deux aux Pays‑Bas, et le quatrième, le secteur des agences de voyage au Luxembourg (3,5 %). À eux quatre, ces secteurs‑pays composent plus d’un cinquième des dépenses numériques à l’étranger. Le déploiement de certaines technologies génériques (, internet mobile, etc.) a entraîné la concentration au sein d’une même implantation d’activités (réservations et fonction support des services physiques par exemple), autrefois dispersées dans la multitude des entreprises qui fournissaient le service sous‑jacent. Le progrès technologique a permis à des multinationales de choisir de localiser ces activités dans quelques pays, voire quelques villes, présentant des caractéristiques particulièrement avantageuses pour leur fiscalité et leur disponibilité en main d’œuvre qualifiée. Par exemple, le siège d’Airbnb et le siège européen d’Amazon se trouvent au Luxembourg, ceux de Meta et de Google à Dublin en Irlande et ceux de Booking.com et d’Uber à Amsterdam aux Pays‑Bas.

Cette numérisation des échanges est encore partielle. En 2022, plus de la moitié des flux d’importations numériques ne sont encore concentrés que sur 10 secteurs parmi plus de 300. Au‑delà du top 10, cette pénétration du marché français par des plateformes numériques étrangères concerne aussi des secteurs peu numérisés. Par exemple, alors même que ces services de plateformes n’existaient pas il y a quelques années, 18,4 % des paiements en ligne pour des services d’électriciens commandés et délivrés en France sont d’ores et déjà captés par des plateformes étrangères. Il en est de même pour 9,9 % des paiements pour les services de ménage à domicile ou encore 3,8 % pour les services de plomberie.

Un tiers des achats numériques sont effectués sur des plateformes étrangères

En France, en 2022, les consommateurs ont procédé à trois milliards d’achats sur Internet pour un montant total de 183 milliards d’euros. Un tiers des transactions, et 29 % des montants, ont été effectués sur des plateformes étrangères, la plupart présentes en Union européenne (77 % des importations) (figure 4). Cette ouverture au commerce extérieur reste toutefois inférieure au aux importations de l’économie en général (37 %). Autrement dit, lorsqu’il effectue ses achats sur internet, le consommateur final a plus recours à des fournisseurs domestiques qu’à des fournisseurs étrangers.

Figure 4 – Importations numériques des ménages par catégorie de biens et services en 2022

Figure 4 – Importations numériques des ménages par catégorie de biens et services en 2022 - Lecture : En 2022, les importations numériques de services physiques ont une valeur de 22,0 milliards d'euros et elles représentent 18,1 % des importations totales de services physiques.
Catégorie Valeur
(en milliards d'euros)
Nombre de transactions
(en millions)
Part du total (en %) Taux d’ouverture (en %) Part du numérique (en %)
Services physiques 22,0 317,7 40,8 36,5 18,1
Biens 16,0 280,9 27,8 21,8 2,0
Services numériques 11,1 420,3 20,6 30,5 8,5
Services financiers 5,9 39,0 10,9 34,0 27,9
Ensemble 53,9 1 057,9 100,0 29,5 5,3
  • Notes : Somme des transactions de cartes bancaires à distance ne relevant pas de secteurs liés au commerce intra-entreprise. Le taux d’ouverture est calculé comme la somme des paiements en ligne vers le reste du monde divisée par le total des paiements en ligne des Français. La part du numérique est calculée comme la somme des paiements en ligne vers le reste du monde divisée par le montant du commerce enregistré dans la balance des paiements.
  • Lecture : En 2022, les importations numériques de services physiques ont une valeur de 22,0 milliards d'euros et elles représentent 18,1 % des importations totales de services physiques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Un premier élément d’explication de cette différence d’ouverture au commerce extérieur tient à la structure des importations de biens, dont les biens intermédiaires et les matières premières sont une part importante. Or ces derniers sont traditionnellement importés par les entreprises et non par les ménages. Le taux d’ouverture aux importations numériques par les ménages est le plus faible pour les biens de consommation (22 %, pourcentage qui est sous‑estimé puisqu’il n’inclut pas les plateformes multi‑secteurs telles qu’Amazon (encadré 2). Il est en revanche significativement plus élevé pour les secteurs des services : 37 % pour les services physiques, 34 % pour les services financiers et 31 % pour les services numériques. Les services physiques commandés en ligne (VTC, séjours touristiques, etc.) en sont l’exemple le plus frappant. La composante physique de ces services est très souvent réalisée en France, mais les activités numériques incorporées sont majoritairement effectuées à l’étranger : conception et hébergement de la plateforme, publicité, système de paiement, etc. Ainsi, dans le secteur de la restauration, les Pays‑Bas apparaissent comme la première destination devant la France, des paiements en ligne des ménages français.

Davantage de consommation de services réglementés en France et de services multimédias à l’étranger

Lorsqu’une personne navigue sur Internet, il lui est aussi facile d’atteindre un site étranger qu’un site français. La plupart des plateformes susceptibles de vendre à des consommateurs français s’affichent en langue française, à la même vitesse, et sans coûts supplémentaires. Un produit peut donc être acheté en ligne aussi bien à l’étranger qu’en France. Or, il existe des écarts substantiels dans la structure de consommation numérique des Français selon les catégories de service ou de biens et sa nature domestique ou importée (figure 5).

Figure 5 – Part des secteurs dans les consommations numériques domestique et importée en 2022

en %
Figure 5 – Part des secteurs dans les consommations numériques domestique et importée en 2022 (en %) - Lecture : En 2022, le secteur des services de réseau informatique représente 4,2 % de la consommation domestique et 10,6 % des importations numériques.
Secteur Secteur Part dans les importations totales de la balance des paiements Part dans les importations numériques
5817 Applications numériques 0,1 1,5
8641 Dons associatifs 2,0 0,1
5818 Grand commerçant numériques 0,0 1,2
5816 Jeux numériques 0,1 1,9
5815 Livres, Films et Musique numériques 0,2 1,2
7995 Paris et loterie 2,6 1,6
4899 Services audiovisuels 0,9 0,4
4816 Services de réseau informatique 4,2 10,6
4814 Services de télécommunications 1,3 0,2
8111 Services juridiques et avocats 0,5 0,0
5965 Vente directe — marchands combinant catalogue et vente au détail 17,4 1,1
7011 Hébergement — hôtels, motels et centres de villégiature 1,1 8,1
4722 Agences de voyages et voyagistes 3,8 10,6
4829 Virements et mandats-poste 0,5 4,6
5812 Restaurants et lieux de restauration 1,2 5,2
4112 Chemins de fer de voyageurs 4,1 0,5
6012 Institutions financières — marchandises et services 6,4 3,3
5331 Magasins de variété 3,0 0,1
G300 Compagnies aériennes (codes entre 3000 et 3350) 2,9 5,3
5311 Grand magasins 0,7 3,0
7372 Services de programmation informatique,
traitement de données et conception de systèmes intégrés
3,0 0,8
6513 Agents et gestionnaires immobiliers 2,5 0,5
5411 Épiceries et supermarchés 2,2 0,2
5999 Points de vente au détail divers et spécialisés 0,3 2,2
4900 Services publics — électricité, gaz, eau et assainissement 1,8 0,1
4121 Taxis et limousines 0,4 2,2
6051 Institutions non financières — devises étrangères,
mandats (non par virement), billets et chèques de voyage
0,4 1,8
5651 Magasins de vêtements familiaux 0,9 2,2
6300 Ventes d'assurance, souscription et primes 1,2 0,1
5399 Marchandises générales diverses 0,3 1,4
5734 Points de vente de logiciels informatiques 0,6 1,6
5251 Quincailleries 1,0 0,1
7997 Clubs d'adhésion (sport, loisirs, athlétique),
clubs de campagne et parcours de golf privés
0,9 0,1
5691 Magasins de vêtements pour hommes et femmes 1,8 2,5
7033 Parcs de caravanes et campings 0,7 0,0
5969 Vente directe/marketeurs — non classés ailleurs 0,2 0,9
7922 Producteurs de spectacles (hors films) et agences de billetterie 1,2 0,5
5735 Magasins de disques 0,1 0,8
5200 Magasins d'entrepôt de fournitures pour la maison 0,7 0,1
7032 Camps sportifs et récréatifs 0,6 0,0
5967 Vente directe — marchands de télémarketing entrant 0,1 0,7
6211 Titres — courtiers et négociants 0,2 0,8
5722 Magasins d'appareils ménagers 0,8 0,2
5310 Magasins à prix réduit 0,0 0,5
5712 Magasins et fabricants de meubles,
d'articles de décoration et d'équipements (hors appareils électroménagers)
1,2 0,8
5699 Magasins divers de vêtements et accessoires 0,1 0,5
5968 Vente directe — marchands en abonnement/continuité 0,0 0,4
5995 Animaleries, nourriture et fournitures pour animaux 0,2 0,6
8211 Écoles primaires et secondaires 0,4 0,0
5977 Magasins de cosmétiques 0,9 0,5
5732 Magasins d'électronique 1,5 1,8
5941 Magasins d'articles de sport 0,7 0,4
G350 Hôtels (codes entre 3501 et 3999) 0,2 0,5
6540 Institutions non financières – Achat/Chargement de carte à valeur stockée 0,0 0,3
5814 Restaurants de restauration rapide 0,6 0,3
4784 Péages et frais de pont 0,3 0,0
5511 Concessionnaires de voitures et camions (neufs et d'occasion) 0,3 0,0
5499 Magasins alimentaires divers — points de vente
de proximité et spécialisés
0,8 0,5
8220 Collèges, universités, écoles professionnelles
et collèges juniors
0,4 0,2
5931 Magasins de produits d'occasion et de seconde main 0,3 0,1
5942 Librairies 0,1 0,3
9311 Paiements d'impôts 0,2 0,0
7512 Agence de location de voitures — non classée ailleurs 0,4 0,5
5533 Magasins de pièces détachées et d'accessoires automobiles 0,8 0,6
5945 Magasins de loisirs, jouets et jeux 0,1 0,2
5940 Magasins de vélos – ventes et services 0,0 0,2
8699 Organisation à adhésion — non classée ailleurs 0,2 0,1
7941 Sports commerciaux, clubs sportifs professionnels,
terrains de sport et promoteurs d'événements sportifs
0,2 0,1
4111 Transport de passagers locaux et suburbains,
y compris les ferries
0,1 0,2
G335 Locations de voitures (codes entre 3351 et 3500) 0,2 0,3
5993 Magasins et kiosques de cigares 0,2 0,0
5733 Magasins de musique — instruments, pianos et partitions 0,2 0,3
5964 Vente directe — marchands par catalogue 0,1 0,2
7278 Services et clubs d'achat 0,0 0,1
8099 Services médicaux et praticiens de la santé — non classés ailleurs 0,2 0,1
7273 Services de rencontres et d'escorte 0,1 0,2
7538 Ateliers de service automobile (non concessionnaires) 0,1 0,0
5921 Magasins d'embouteillage — bière, vin et spiritueux 0,2 0,1
4411 Navires à vapeur et compagnies de croisière 0,3 0,2
5621 Magasins de prêt-à-porter pour femmes 0,3 0,4
7299 Services personnels divers — non classés ailleurs 0,1 0,2
7999 Services de loisirs — non classés ailleurs 0,0 0,1
5719 Magasins spécialisés divers de décoration intérieure 0,5 0,4
5532 Magasins de pneus automobiles 0,1 0,0
5211 Magasins de bois et de matériaux de construction 0,1 0,0
5912 Pharmacies et drogueries 0,1 0,1
5947 Magasins de cadeaux, cartes, articles insolites et souvenirs 0,0 0,1
7523 Parcs de stationnement et garages 0,1 0,1
5992 Fleuristes 0,1 0,0
8931 Services de comptabilité, d'audit et de tenue de livres 0,1 0,0
5655 Magasins de vêtements de sport et d'équitation 0,4 0,5
4812 Vente d'équipements de télécommunication et de téléphones 0,0 0,1
7829 Production et distribution de films et de cassettes vidéo 0,1 0,1
7929 Groupes, orchestres et artistes
de divertissement divers (non classés ailleurs)
0,0 0,1
5611 Magasins de vêtements et accessoires pour hommes et garçons 0,1 0,1
5946 Magasins de matériel photographique et d'appareils photo 0,1 0,1
8011 Médecins et praticiens — non classés ailleurs 0,1 0,0
4511 Compagnies aériennes et transporteurs aériens (non classés ailleurs) 2,1 2,1
5192 Livres, périodiques et journaux 0,0 0,1
5631 Magasins d'accessoires et spécialisés pour femmes 0,1 0,2
7221 Studios photographiques 0,1 0,0
4789 Services de transport — non classés ailleurs 0,2 0,3
7395 Laboratoires de photofinition et développement photo 0,0 0,1
5641 Magasins de vêtements pour enfants et bébés 0,1 0,1
8661 Organisations religieuses 0,0 0,0
5441 Magasins de confiserie, fruits secs et sucreries 0,0 0,0
7996 Parcs d'attractions, cirques, carnavals
et diseurs de bonne aventure
0,1 0,2
4131 Lignes de bus 0,1 0,2
5661 Magasins de chaussures 0,3 0,3
7991 Attractions touristiques et expositions 0,4 0,4
7230 Salons de coiffure et de beauté 0,0 0,0
8062 Hôpitaux 0,0 0,0
5944 Magasins de bijoux, montres, horlogerie et argenterie 0,2 0,2
4457 Locations et leasing de bateaux 0,0 0,0
9399 Services gouvernementaux — non classés ailleurs 0,3 0,3
5571 Magasins et concessionnaires de motos 0,1 0,1
7832 Cinémas 0,2 0,2
5962 Télémarketing — services de réservation liés aux voyages 0,0 0,0
5971 Marchands d'art et galeries 0,0 0,0
8071 Laboratoires médicaux et dentaires 0,0 0,0
5811 Traiteurs 0,0 0,0
5193 Fournitures pour fleuristes, plants de pépinière et fleurs 0,0 0,0
8299 Écoles et services éducatifs — non classés ailleurs 0,4 0,4
5813 Lieux de consommation (boissons alcoolisées) — bars,
tavernes, boîtes de nuit, salons de cocktails et discothèques
0,0 0,0
5948 Magasins de bagages et d'articles en cuir 0,1 0,0
5949 Magasins de couture, travaux d'aiguille, tissus et mercerie 0,0 0,0
8398 Organisations caritatives et de services sociaux 0,2 0,2
8043 Opticiens, articles d'optique et lunettes 0,0 0,0
5960 Vente directe — services d'assurance 0,0 0,0
5541 Stations-service (avec ou sans services annexes) 0,0 0,0
5972 Magasins de timbres et de pièces de monnaie 0,0 0,0
1520 Constructeurs de bâtiments résidentiels et commerciaux 0,0 0,0
5261 Magasins de fournitures pour pelouse
et jardin, y compris pépinières
0,0 0,0
5943 Magasins de papeterie, de fournitures de bureau et scolaires 0,0 0,0
7993 Fournitures pour jeux vidéo d'amusement 0,0 0,0
7298 Spas de santé et de beauté 0,1 0,1
5932 Magasins d'antiquités – ventes, réparations et services de restauration 0,0 0,0
  • Note : Échelles logarithmiques. La part d’un secteur dans les importations françaises enregistrée en balance des paiements est présentée en ordonnée et la part dans les importations numériques est présentée en abscisse. Les pays pour lesquels une des deux variables est inférieure à 0,01 % sont omis du graphique par souci de clarté.
  • Lecture : En 2022, le secteur des services de réseau informatique représente 4,2 % de la consommation domestique et 10,6 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

Figure 5 – Part des secteurs dans les consommations numériques domestique et importée en 2022

  • Note : Échelles logarithmiques. La part d’un secteur dans les importations françaises enregistrée en balance des paiements est présentée en ordonnée et la part dans les importations numériques est présentée en abscisse. Les pays pour lesquels une des deux variables est inférieure à 0,01 % sont omis du graphique par souci de clarté.
  • Lecture : En 2022, le secteur des services de réseau informatique représente 4,2 % de la consommation domestique et 10,6 % des importations numériques.
  • Champ : France, détenteurs de cartes bancaires françaises.
  • Source : Banque de France, base de données des paiements internationaux à distance.

La consommation de services numériques est plus polarisée que celle en biens ou en services physiques ou financiers : les consommateurs sont largement contraints de choisir la France pour certains services (paris en ligne, télécom, etc.) mais privilégient l’étranger pour d’autres (jeux vidéo en ligne, applications, etc.). Cette faible présence de fournisseurs domestiques dans ces secteurs numériques pourtant récents suggère un certain degré de spécialisation. Si la localisation initiale de ces activités a pu dépendre de l’environnement réglementaire et fiscal plus avantageux à l’étranger qu’en France, leur extrême concentration géographique dans quelques villes (Luxembourg, Amsterdam ou Dublin) a généré des effets d’agglomération non négligeables. Ces entreprises bénéficient en effet de l’existence d’un écosystème de fournisseurs potentiels, d’un bassin d’emplois spécialisés ou encore d’infrastructures adaptées. À l’inverse, les services où les fournisseurs français dominent le plus tendent à être des secteurs atypiques faisant l’objet de réglementations rendant la concurrence internationale difficile voire impossible.

 Encadré 1 – Les enjeux économiques de la mondialisation du commerce numérique

Les recherches récentes montrent que le commerce numérique domestique est une source significative de gains économiques. Du point de vue du consommateur, la majorité de ces gains résulte d’une augmentation de la variété des références plutôt que d’une baisse des coûts de déplacement physique [Ouvrir dans un nouvel ongletDolfen et al., 2023]. L’effet variété est quarante fois plus élevé que l’effet prix [Ouvrir dans un nouvel ongletBrynjolfsson et al., 2022]. Des données avec une dimension internationale, telles que celles utilisées dans cette étude, permettront de prendre en compte d’éventuels gains au commerce numérique international. Ainsi, selon Ouvrir dans un nouvel ongletMalgouyres et al. (2021), un choc technologique générique comme le développement de l’Internet à haut débit a augmenté le gain économique du consommateur d’un peu plus de 3 %, principalement grâce à l’augmentation de la productivité des entreprises importatrices induite par la hausse des importations de biens intermédiaires et, dans une moindre mesure, de la hausse des exportations. Les gains générés par la numérisation de l’économie sont cependant inégalement répartis. Les secteurs complémentaires tels que la logistique [Ouvrir dans un nouvel ongletBauer, Fernández Guerrico, 2023], les travailleurs aux compétences complémentaires comme les programmeurs [Ouvrir dans un nouvel ongletArvai, Mann, 2021], les consommateurs de produits numériques [Ouvrir dans un nouvel ongletDolfen et al., 2023] ou encore les consommateurs ruraux [Ouvrir dans un nouvel ongletBrynjolfsson et al., 2022] en bénéficient plus que la moyenne. La numérisation de l’économie est aussi un facteur de restructuration des chaînes de valeurs mondiales. Elle facilite la montée en gamme des entreprises en leur permettant de commercialiser des produits plus complexes, à plus fortes valeurs ajoutées [Ouvrir dans un nouvel ongletBanga, 2022].

 Encadré 2 – Divergences méthodologiques entre les données bancaires et les données de balance des paiements

Les importations numériques mesurées par les cartes bancaires ne correspondent pas directement aux importations mesurées traditionnellement en balance des paiements. Les logiques d’enregistrement sont différentes. Les données de balance des paiements enregistrent les transactions avec les non‑résidents au moment où le changement de propriété du bien ou la fourniture du service a lieu. Les données de paiements par carte enregistrent les transactions des clients de banques localisées en France avec des terminaux de paiements situés à l’étranger au moment de la transaction. La réglementation impose que le choix de la localisation de ce terminal de paiement reflète la présence dans ce même pays d’une activité économique substantielle (sources). Les critères de localisation des activités de paiements et des activités associées (infrastructures informatiques, services financiers et juridiques, etc.) sont fondamentalement différents de ceux de la localisation des activités de production ou logistique. Une autre différence avec la balance des paiements est que les transactions réalisées directement par les ménages tendent à échapper aux collectes de données traditionnelles menées par la Banque de France et la Direction générale des Douanes et Droits Indirects. En effet, la massification de l’achat direct par des particuliers français auprès de vendeurs étrangers est un phénomène relativement récent à l’échelle de l’histoire du commerce international. Les collectes statistiques ciblent donc avant tout les flux réalisés par les entreprises. Les ménages sont ainsi absents du plan de sondage de la mesure du commerce international de services par la Banque de France. Tandis que les importations en Union européenne de colis d’une valeur inférieure à 150 euros, c’est‑à‑dire ceux typiquement commandés par les ménages, étaient jusqu’en 2021 exemptées d’une déclaration en douane. Ces colis font maintenant l’objet d’une déclaration simplifiée. Mais l’extraordinaire quantité de colis concernés empêchent pour l’instant l’exploitation des données issues de cette nouvelle collecte.

Sources

Les données utilisées dans ce dossier sont issues d’une collecte trimestrielle de la Banque de France réalisée sur mandat de la Banque centrale européenne auprès des banques commerciales résidentes et des branches françaises des banques étrangères. Cette collecte forme la base de données des paiements internationaux à distance (PID). Celle‑ci contient l’ensemble des paiements effectués en ligne par les détenteurs de cartes bancaires françaises vers le reste du monde. L’immense majorité de ces détenteurs sont supposés être résidents français. La base PID couvre en outre les paiements vers la France, ainsi que les paiements en présentiel. Elle s’étend à toutes les cartes bancaires, y compris celles de professionnels. Afin d’illustrer la participation des ménages français à la mondialisation via leurs commandes directes en ligne, ne sont retenues dans cette étude que les transactions à distance associées à des secteurs relevant explicitement ou très probablement de la consommation des ménages plutôt que d’entreprises (grossistes, agences publicitaires, etc.). Le champ concerné est donc celui des ménages mais il est néanmoins aussi susceptible d’inclure des entreprises dans la mesure où celles‑ci ont recours au paiement par carte bancaire. La part des cartes bancaires professionnelles est néanmoins minoritaire [Boittelle et al., 2025].

Une observation est identifiée par la combinaison : banque déclarante ‑ pays de destination du paiement – secteur – trimestre. À chaque observation, correspond une valeur totale en euros et un nombre de transactions uniques. La base PID contient 2,2 millions d’observations pour l’année 2022. Ces observations correspondent à un total de 196 milliards d’euros de paiements à distance pour 3,24 milliards de transactions uniques vers le monde entier (y compris la France) réalisées avec des cartes bancaires de clients de banques domiciliées en France. Ces transactions sont réparties en 308 secteurs à quatre positions, les Merchant Category Codes (MCC ISO 18245). Le niveau de détail permet de distinguer des secteurs comme, par exemple, « 5815 – Biens numériques Médias – Livres, Films, Musique » ou « 5691 – Magasin de vêtements pour hommes et femmes ».

Les règlements des sociétés de gestion des terminaux de paiements (VISA, Mastercard, etc.) imposent que la localisation du terminal de paiement corresponde effectivement au pays où l’entreprise réalise son activité principale. Le secteur MCC doit lui aussi être défini selon le bien ou le service qui constitue la majorité des ventes de l’entreprise. Tous les paiements réalisés sur Amazon sont comptabilisés vers un unique pays (le Luxembourg) pour un unique code MCC (déterminé en fonction des activités d’Amazon envers tous ses clients, ménages comme entreprises) malgré la diversité des biens et services vendus sur la plateforme.

Définitions

Le streaming est une technique de diffusion et de lecture en ligne et en continu de données multimédias, qui permet la diffusion en direct ou en léger différé.

La balance des paiements est un état statistique qui retrace sous une forme comptable l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents d’une économie et les non‑résidents au cours d’une période déterminée. Les flux économiques et financiers à l’origine de ces opérations sont répartis en distinguant le compte des transactions courantes (échanges de biens, de services, de revenus et de transferts courants), le compte de capital (transferts en capital) et le compte financier (investissements directs ou de portefeuille). Pour la France, la balance des paiements est élaborée par la Banque de France, par délégation de la Direction générale du Trésor.

Les fonds indiciels ont des placements collectifs qui suivent la performance d’un indice boursier de référence.

Le passeport financier européen pour les banques et les sociétés de services financiers permet aux entreprises agréées dans n’importe quel État de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen (EEE) de commercer librement dans n’importe quel autre État. Ce passeport européen est un élément fondateur du marché unique européen pour les services financiers.

Le cloud ou cloud computing (informatique en nuage) désigne ici des services informatiques utilisés sur Internet pour accéder à un logiciel, à de la puissance de calcul, à une capacité de stockage, etc.

Le taux d’ouverture est calculé comme la somme des paiements en ligne vers le reste du monde divisé par le total des paiements en ligne des Français, ou dans le cas de la balance des paiements, comme les importations divisées par la demande intérieure (PIB plus les importations moins les exportations).

Pour en savoir plus

Arvai K., Mann K., “Ouvrir dans un nouvel onglet Consumption inequality in the digital age ”, no 890, Banque de France Working Paper, juillet 2022.

Banga K., “Ouvrir dans un nouvel onglet Global value chains and product sophistication in developing countries; the case of Indian manufacturing ”, The Journal of International Trade & Economic Development, vol. 32, no 4, septembre 2022.

Bauer A., Fernández Guerrico S., “Ouvrir dans un nouvel onglet Effects of e‑commerce on local labor markets ”, no 16345, juillet 2023.

Boittelle M., Cupillard É., Jacquot A., Joubert M.‑P., Le Goff F., « Les données de transactions par carte bancaire CB », Insee, Courrier des statistiques no 13, juin 2025.

Brynjolfsson E., Chen L., Gao X., “Ouvrir dans un nouvel onglet Gains from Product Variety: Evidence from a Large Digital Platform ”, no 30802, National Bureau of Economic Research, décembre 2022.

Dolfen, P., Einav L., Klenow P J., Klopack B., Levin J., Levin L., Best W., “Ouvrir dans un nouvel onglet Assessing the gains from e‑commerce ”, American Economic Journal: Macroeconomics vol. 15, no 1, janvier 2023.

Malgouyres C., Mayer T., Mazet-Sonilhac C., “Ouvrir dans un nouvel onglet Technology‑induced trade shocks? Evidence from broadband expansion in France ”, Journal of International Economics vol. 133, novembre 2021.