L’usage du numérique s’est progressivement implanté dans les exploitations agricoles à partir des années 1980, avec des logiciels dédiés à la gestion et à la comptabilité. En 1988, seul un agriculteur sur dix déclarait posséder un ordinateur ou un Minitel à des fins professionnelles. En 2023, plus des trois quarts disposent d’un accès à Internet sur leur exploitation (90 % des agriculteurs dans des exploitations de moyenne ou grande dimension économique sont connectés). Le développement de l’agriculture de précision s’est accompagné d’une intensification de l’usage du numérique dans les outils et services proposés aux agriculteurs. Le type d’outil numérique et le niveau d’équipement des exploitations agricoles varient en fonction de leur dimension économique et de leur filière de production.

Des outils d’aide à la décision (OAD) fournissent des préconisations (d’application des traitements phytosanitaires, de fertilisation des sols, etc.) à partir d’informations collectées sur l’exploitation et de sources externes (données météorologiques, images satellitaires, etc.). Environ 40 % des exploitations spécialisées en grandes cultures, viticulture ou polyculture et polyélevage y ont recours en 2023 (figure 1a). De même, 40 % des élevages bovins lait et 32 % des élevages granivores (porcins et volailles) s’en servent pour la gestion des surfaces dédiées à l’alimentation animale (céréales et cultures fourragères) (figure 1b).

Dans la filière végétale, les trois quarts des équipements de précision servent à optimiser l’application des intrants sur les parcelles : systèmes de guidage haute précision, capteurs de vitesse d’avancement, dispositifs de coupures de tronçons (ouverture et fermeture automatisées des buses d’un pulvérisateur basées sur le positionnement GPS) (figure 2a). Dans la filière animale, 71 % des équipements de précision utilisés sont dédiés à la surveillance de l’animal, au suivi en continu de son état de santé ou à la régulation automatisée des bâtiments d’élevage (température, ventilation, brumisation) (figure 2b).

Le déploiement des robots dans l’agriculture française débute dans les années 1990 avec l’arrivée des robots de traite dans les fermes laitières. Malgré la robotisation de nombreuses tâches agricoles depuis, ils demeurent encore les robots les plus utilisés en 2023 : près d’un quart des exploitations de plus de 50 vaches laitières déclarent en être équipées. À la différence des robots, capables de s’adapter à l’environnement lorsqu’ils exécutent leurs actions, les automates sont eux employés pour soulager l’éleveur de l’astreinte de certaines tâches répétitives : nettoyage des sols, paillage des litières ou alimentation des animaux. Les deux tiers des exploitations bovins lait ou mixtes (viande et lait) sont dotées de robots ou d’un de ces systèmes automatisés. Dans les exploitations de productions végétales, l’usage des robots est émergent et donc plus marginal, notamment en raison du coût élevé des machines actuelles et de leurs performances dans des environnements ouverts aussi complexes et divers que les parcelles agricoles. Près d’un millier d’exploitations en sont équipées, principalement en maraîchage et en horticulture afin d’assurer des opérations culturales non mécanisables (binage, effeuillage, récolte, etc.), particulièrement pénibles physiquement et exigeantes en main‑d’œuvre.