En 2023, dans le secteur privé, le salaire net en équivalent temps plein (EQTP) s’élève en moyenne à 2 730 euros par mois (figure 1). Sur un an, il a continué d’augmenter nettement en euros courants (+4,0 %, après +4,3 % en 2022). Ce dynamisme nominal s’explique par une inflation encore forte en 2023, quoiqu’en baisse par rapport à 2022 (+4,9 % en 2023, après +5,2 % en 2022) : la hausse des prix à la consommation a conduit à deux hausses successives du Smic en janvier et mai 2023 et à des renégociations salariales en cours d’année. En corrigeant de l’inflation, le salaire net moyen en euros constants a de nouveau baissé, de 0,8 % (après -1,0 % en 2022). De 2018 à 2023, le salaire net moyen a toutefois progressé de 1,3 % en euros constants, soit un rythme moyen de +0,3 % par an.

Pour toutes les catégories socioprofessionnelles, le salaire net moyen en EQTP a baissé en 2023, en euros constants : de -0,3 % pour les ouvriers (2 030 euros) à -2,8 % pour les cadres (4 570 euros). Sur la période 2018-2023, le pouvoir d’achat du salaire des cadres a reculé (-0,9 % en moyenne par an) comme celui des professions intermédiaires (-0,2 %), alors qu’il a légèrement progressé pour les ouvriers (+0,1 %) et les employés (+0,3 %).

Sur plus longue période, entre 1996 et 2023, le salaire net en EQTP dans le secteur privé a augmenté de 0,5 % par an en moyenne, en euros constants (figure 2). Celui des ouvriers a le plus augmenté : +0,5 % par an, contre +0,4 % pour les employés alors que celui des professions intermédiaires et des cadres a globalement stagné.

Le salaire net moyen croît avec l’âge et l’accumulation de l’expérience. Ce lien traduit aussi les effets des entrées en emploi et des sorties d’activité à des âges plus tardifs pour les salariés les plus qualifiés, avec des études plus longues et des départs en retraite plus tardifs. En 2023, un salarié de moins de 25 ans perçoit en moyenne 1 820 euros nets par mois en EQTP, contre 3 190 euros pour un salarié de 55 ans ou plus (figure 3).

En 2023, une femme gagne en moyenne 13,5 % de moins en EQTP qu’un homme, un écart qui s’est réduit de 0,5 point par rapport à 2022 et de 7,4 points depuis 2008. L’écart de salaire en défaveur des femmes est plus prononcé parmi les cadres (15,0 %) que parmi les ouvriers (12,9 %), les professions intermédiaires (11,6 %) et les employés (3,6 %). Cet écart diffère aussi selon l’âge : en 2023, les femmes salariées de moins de 25 ans gagnent en moyenne 4,3 % de moins que les hommes, alors que celles de 55 ans ou plus gagnent 22,0 % de moins. L’écart salarial entre les femmes et les hommes reflète en premier lieu la répartition genrée des professions : les femmes et les hommes n’exercent pas les mêmes métiers dans les mêmes secteurs d’activité. En comparant les salaires des femmes et des hommes exerçant le même emploi dans le même établissement, l’écart de salaire net en EQTP « à emploi comparable » est estimé à 3,8 % en 2023.

En 2023, en EQTP, 10 % des salariés perçoivent moins de 1 510 euros nets par mois (1^er décile, D1) et 10 % des salariés au moins 4 300 euros nets (9^e décile, D9) (figure 4). Du fait des revalorisations du Smic à hauteur de l’inflation, le pouvoir d’achat des deux premiers déciles a légèrement augmenté en 2023, et s’est stabilisé pour le troisième décile. Tous les autres niveaux de l’échelle salariale ont diminué en 2023 (-0,4 % pour le salaire médian et -1,3 % pour le 9^e décile). La dispersion des salaires, mesurée par le rapport interdécile (D9/D1), augmente avec la qualification des postes : les salaires des cadres sont plus dispersés (rapport interdécile à 3,1) que ceux des professions intermédiaires (2,1), des ouvriers (1,9) et des employés (1,8).