Insee Focus ·
Mars 2025 · n° 349
Écart de salaire entre femmes et hommes en 2023 Entre 1995 et 2023, l’écart de revenu salarial a diminué d’un tiers
En 2023, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 22,2 % à celui des hommes. Cet écart s’explique en partie par le moindre volume de travail annuel des femmes, qui sont à la fois moins souvent en emploi au cours de l’année, et davantage à temps partiel. Cependant, même à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur à celui des hommes de 14,2 %. Depuis 1995, les inégalités de revenu salarial se sont réduites d’un tiers : la diminution des écarts de volume de travail d’une part, celle des écarts de salaire en équivalent temps plein d’autre part, ont contribué de concert à cette baisse, qui s’est intensifiée depuis 2019.
Les différences de salaires s’expliquent également par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas les mêmes emplois et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes, et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs. En 2023, les femmes représentent 42 % des postes salariés du privé en équivalent temps plein, mais seulement 24 % des 1 % des postes les plus rémunérés. Pour le même emploi exercé dans le même établissement, l’écart de salaire net en équivalent temps plein se réduit à 3,8 %.
Les écarts de revenu salarial entre femmes et hommes sont encore plus marqués entre parents : les mères ont des temps de travail mais aussi des salaires en équivalent temps plein nettement inférieurs aux pères, et les écarts s’accentuent avec le nombre d’enfants.
- Des inégalités de salaire et de volume de travail entre les femmes et les hommes
- À partir de 2019, l’écart de revenu salarial se réduit plus rapidement que depuis le début des années 2000
- Les inégalités de salaire entre femmes et hommes augmentent avec l’âge
- La répartition inégale des femmes et des hommes selon les métiers contribue également aux écarts de salaire
- La part des femmes diminue le long de l’échelle salariale
- Encadré – Les écarts de salaire augmentent avec le nombre d’enfants
Des inégalités de salaire et de volume de travail entre les femmes et les hommes
En 2023, parmi les salariés exerçant leur emploi principal dans le secteur privé, le revenu salarial des femmes, qui mesure la rémunération nette effective qu’elles tirent de l’ensemble de leurs activités salariées, est inférieur en moyenne de 22,2 % à celui des hommes : 21 340 euros annuels pour les premières, contre 27 430 euros pour les seconds (figure 1). Cet écart s’explique en partie par des différences de volume de travail annuel moyen : d’une part, les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes au cours de l’année, d’autre part, elles occupent plus fréquemment un emploi à temps partiel, situations pouvant aussi bien relever d’un choix qu’être subies. En moyenne, le volume de travail annuel des femmes est inférieur de 9,3 % à celui des hommes en 2023. À temps de travail égal, c’est-à-dire en neutralisant ces différences de volume de travail, l’écart de salaire en équivalent temps plein (EQTP) entre femmes et hommes atteint 14,2 %.
tableauFigure 1a – Écarts de rémunération nette et de temps de travail moyens entre les femmes et les hommes dans le secteur privé
Année | Revenu salarial | Salaire en EQTP | Volume de travail annuel | ||
---|---|---|---|---|---|
Ancienne série | Nouvelle série | Ancienne série | Nouvelle série | ||
1995 | 33,7 | 22,1 | 14,9 | ||
1996 | 34,2 | 22,6 | 14,9 | ||
1997 | 34,0 | 22,2 | 15,2 | ||
1998 | 34,0 | 21,9 | 15,8 | ||
1999 | 34,3 | 21,5 | 16,5 | ||
2000 | 34,5 | 22,2 | 16,0 | ||
2001 | 34,1 | 22,2 | 15,6 | ||
2002 | 33,8 | 21,9 | 15,3 | ||
2003 | 33,4 | 21,8 | 14,1 | ||
2004 | 32,9 | 21,2 | 13,3 | ||
2005 | 32,5 | 20,9 | 13,4 | ||
2006 | 32,0 | 20,8 | 14,2 | ||
2007 | 31,7 | 21,0 | 13,7 | ||
2008 | 31,9 | 21,0 | 13,8 | ||
2009 | 30,5 | 20,5 | 12,6 | ||
2010 | 29,8 | 20,0 | 12,3 | ||
2011 | 29,9 | 19,8 | 12,6 | ||
2012 | 29,5 | 29,7 | 19,7 | 19,8 | 12,4 |
2013 | 28,9 | 19,4 | 11,8 | ||
2014 | 28,4 | 19,1 | 11,5 | ||
2015 | 27,8 | 19,1 | 10,9 | ||
2016 | 27,2 | 18,4 | 10,9 | ||
2017 | 27,0 | 17,9 | 11,1 | ||
2018 | 26,5 | 17,5 | 10,9 | ||
2019 | 25,7 | 16,6 | 10,9 | ||
2020 | 24,5 | 15,8 | 10,3 | ||
2021 | 24,4 | 15,5 | 10,6 | ||
2022 | 23,2 | 14,8 | 9,9 | ||
2023 | 22,2 | 14,2 | 9,3 |
- Notes : Du fait de la fragilité des données de 2003 à 2005, les évolutions sont lissées entre 2002 et 2006. Les données de salaire intègrent depuis le 1er janvier 2013 les cotisations patronales pour la complémentaire santé obligatoire (CPCSO). Ce changement a un impact notable sur les niveaux de salaire mais faible sur les écarts entre femmes et hommes.
- Lecture : Parmi les salariés travaillant principalement dans le secteur privé en 2023, les femmes gagnent en moyenne 22,2 % de moins en revenu salarial et 14,2 % de moins en équivalent temps plein (EQTP) que les hommes. Leur temps de travail annuel est inférieur de 9,3 % à celui des hommes.
- Champ : France métropolitaine de 1995 à 2001, France hors Mayotte à partir de 2002, salariés travaillant principalement dans le secteur privé hors apprentis et stagiaires, hors salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, panel Tous salariés 2022 et base Tous salariés 2023.
graphiqueFigure 1a – Écarts de rémunération nette et de temps de travail moyens entre les femmes et les hommes dans le secteur privé

- Notes : Du fait de la fragilité des données de 2003 à 2005, les évolutions sont lissées entre 2002 et 2006. Les données de salaire intègrent depuis le 1er janvier 2013 les cotisations patronales pour la complémentaire santé obligatoire (CPCSO). Ce changement a un impact notable sur les niveaux de salaire mais faible sur les écarts entre femmes et hommes.
- Lecture : Parmi les salariés travaillant principalement dans le secteur privé en 2023, les femmes gagnent en moyenne 22,2 % de moins en revenu salarial et 14,2 % de moins en équivalent temps plein (EQTP) que les hommes. Leur temps de travail annuel est inférieur de 9,3 % à celui des hommes.
- Champ : France métropolitaine de 1995 à 2001, France hors Mayotte à partir de 2002, salariés travaillant principalement dans le secteur privé hors apprentis et stagiaires, hors salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, panel Tous salariés 2022 et base Tous salariés 2023.
À partir de 2019, l’écart de revenu salarial se réduit plus rapidement que depuis le début des années 2000
En 1995, le salaire net des femmes en EQTP était inférieur de 22,1 % à celui des hommes. En un peu plus d’un quart de siècle, cet écart s’est donc réduit de 7,9 points. L’évolution de la composition des emplois dans le secteur privé explique en partie cette diminution : la part des femmes parmi les cadres, en moyenne mieux rémunérés que les autres salariés, a par exemple constamment augmenté sur la période, passant de 23 % en 1995 à 38 % en 2023 dans le secteur privé.
Sur la même période, l’écart de volume de travail annuel moyen s’est aussi réduit, passant de 14,9 % en 1995 à 9,3 % en 2023. En hausse entre 1995 et 1999 avec l’essor du temps partiel, majoritairement féminin, il s’est resserré lors des quinze années suivantes, sous l’effet de la hausse du volume de travail des femmes et, à partir de 2009, de la baisse de celui des hommes. Entre 2015 et 2021, il s’est stabilisé aux alentours de 11 %, avant de diminuer à nouveau en 2022 et 2023.
En tenant compte de ces deux composantes, le revenu salarial moyen des femmes était inférieur d’environ 34 % à celui des hommes entre 1995 et 2001. Cet écart, stable sur cette période, a ensuite amorcé une décrue régulière, de 0,6 point par an en moyenne, soit presque -12 points entre 2001 et 2023, avec une baisse plus rapide depuis 2019, proche de 1 point par an en moyenne. Au total, les inégalités de revenu salarial se sont réduites d’un tiers entre 1995 et 2023.
Les inégalités de salaire entre femmes et hommes augmentent avec l’âge
Sur un champ légèrement différent, excluant les rémunérations que les salariés du privé multi-actifs tirent de leurs activités secondaires dans le public, la différence de salaire net en EQTP entre les femmes et les hommes travaillant dans le secteur privé est de 13,5 % en 2023 (figure 2). Cet écart croît avec l’âge : il est de 4,3 % parmi les salariés de moins de 25 ans et atteint 24,9 % parmi ceux âgés de 60 ans ou plus. À l’inverse, les différences de temps de travail sont particulièrement élevées pour les moins de 25 ans : les jeunes femmes ont un volume de travail annuel moyen inférieur de 20,6 % à celui des jeunes hommes. Cela s’explique notamment par une insertion un peu plus tardive sur le marché du travail des femmes, car elles sont en moyenne plus diplômées que les hommes (méthodes). Puis l’écart de temps de travail se réduit : après 25 ans, l’écart varie entre 8,5 % et 9,5 %.
tableauFigure 2 – Écarts de salaire et de temps de travail moyens entre les femmes et les hommes dans le secteur privé en 2023
Caractéristiques | Salaire mensuel net en EQTP (en euros) |
Volume de travail (en EQTP) |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
Femmes | Hommes | Écart (en %) |
Femmes | Hommes | Écart (en %) |
|
Catégorie socioprofessionnelle | ||||||
Cadres1 | 4 120 | 4 849 | 15,0 | 0,81 | 0,85 | 4,4 |
Professions intermédiaires | 2 484 | 2 810 | 11,6 | 0,72 | 0,81 | 10,4 |
Employés | 1 935 | 2 007 | 3,6 | 0,60 | 0,61 | 0,7 |
Ouvriers | 1 811 | 2 080 | 12,9 | 0,56 | 0,71 | 21,0 |
Âge | ||||||
Moins de 25 ans | 1 769 | 1 849 | 4,3 | 0,35 | 0,44 | 20,6 |
De 25 à 39 ans | 2 384 | 2 581 | 7,6 | 0,70 | 0,77 | 9,5 |
De 40 à 49 ans | 2 688 | 3 109 | 13,6 | 0,75 | 0,82 | 8,5 |
De 50 à 59 ans | 2 706 | 3 352 | 19,3 | 0,76 | 0,84 | 9,4 |
60 ans ou plus | 2 829 | 3 766 | 24,9 | 0,58 | 0,63 | 8,5 |
Taille de l'entreprise | ||||||
Moins de 10 salariés | 2 136 | 2 302 | 7,2 | 0,57 | 0,61 | 6,7 |
De 10 à 19 salariés | 2 308 | 2 564 | 10,0 | 0,63 | 0,71 | 12,4 |
De 20 à 49 salariés | 2 374 | 2 751 | 13,7 | 0,63 | 0,75 | 15,7 |
De 50 à 249 salariés | 2 519 | 3 024 | 16,7 | 0,68 | 0,79 | 13,7 |
De 250 à 999 salariés | 2 680 | 3 248 | 17,5 | 0,72 | 0,82 | 11,8 |
De 1 000 à 4 999 salariés | 2 743 | 3 152 | 13,0 | 0,69 | 0,76 | 9,7 |
5 000 salariés ou plus | 2 871 | 3 472 | 17,3 | 0,74 | 0,86 | 13,8 |
Secteur d'activité | ||||||
Industrie | 2 751 | 3 121 | 11,8 | 0,80 | 0,88 | 8,8 |
Construction | 2 474 | 2 435 | -1,6 | 0,78 | 0,80 | 3,0 |
Commerce | 2 296 | 2 719 | 15,6 | 0,67 | 0,77 | 12,8 |
Services | 2 524 | 2 973 | 15,1 | 0,63 | 0,68 | 6,7 |
Services aux entreprises | 2 630 | 2 893 | 9,1 | 0,60 | 0,63 | 4,7 |
Services aux particuliers | 2 017 | 2 282 | 11,6 | 0,51 | 0,55 | 7,0 |
Services mixtes | 3 343 | 4 358 | 23,3 | 0,80 | 0,84 | 4,0 |
Transports | 2 544 | 2 606 | 2,4 | 0,79 | 0,82 | 3,3 |
Ensemble | 2 508 | 2 898 | 13,5 | 0,66 | 0,74 | 11,1 |
- 1. Y compris chefs d'entreprise salariés.
- Note : Ces chiffres diffèrent de ceux de la figure 1 en raison d'un champ légèrement différent, qui exclut ici les rémunérations que les salariés du privé multi-actifs tirent de leurs activités secondaires dans le public.
- Lecture : En 2023, les femmes salariées du secteur privé gagnent en moyenne 13,5 % de moins que les hommes en équivalent temps plein (EQTP).
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, base Tous salariés 2023.
Parmi les ouvriers, les écarts entre les femmes et les hommes sont marqués tant pour le volume de travail annuel moyen (21,0 %) que pour le salaire net moyen en EQTP (12,9 %). À l’inverse, les employés sont la catégorie pour laquelle les écarts sont les moindres, à la fois pour le volume de travail (0,7 %) et pour le salaire net en EQTP (3,6 %). Au sein des autres catégories socioprofessionnelles, les écarts de salaire en EQTP sont plus marqués parmi les cadres (15,0 %) que parmi les professions intermédiaires (11,6 %), alors que c’est l’inverse pour les écarts de volume de travail (4,4 % contre 10,4 %).
Les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes croissent avec la taille de l’entreprise. L’écart de salaire net en EQTP s’échelonne de 7,2 % en moyenne dans les entreprises de moins de 10 salariés à 17,3 % dans celles comptant 5 000 salariés ou plus. L’ampleur des inégalités salariales entre femmes et hommes varie également selon le secteur d’activité. L’écart de salaire net moyen en EQTP est le plus élevé (23,3 % en 2023) dans les services mixtes (information-communication, services financiers et immobiliers), activités en moyenne les plus rémunératrices. À l’inverse, dans la construction, les salaires moyens des femmes sont légèrement supérieurs à ceux des hommes (de 1,6 %) car les femmes y sont rares, hormis parmi les cadres, mieux rémunérés en moyenne que les autres salariés. Les écarts de volume de travail sont les plus marqués dans le secteur du commerce, où les femmes ont un volume de travail annuel moyen inférieur de 12,8 % à celui des hommes. Dans ce secteur, elles occupent plus fréquemment des postes d’employés qui se caractérisent par un volume de travail inférieur à la moyenne.
La répartition inégale des femmes et des hommes selon les métiers contribue également aux écarts de salaire
Les femmes et les hommes n’exercent pas les mêmes métiers et ne travaillent pas dans les mêmes entreprises ou les mêmes secteurs : c’est la « ségrégation professionnelle ». Parmi les vingt professions les plus courantes pour chacun des genres, qui représentent environ 38 % de l’emploi des femmes (secrétaires, employées administratives, nettoyeuses, etc.) et 30 % de celui des hommes (conducteurs routiers, ingénieurs en informatique, conducteurs livreurs, etc.), seules quatre leur sont communes (figure 3). Les femmes sont particulièrement sous-représentées dans certains secteurs d’activité, comme la construction ou les transports : elles ne représentent par exemple que 0,6 % des maçons qualifiés et 3,0 % des conducteurs routiers. À l’inverse, seulement 4,7 % des secrétaires sont des hommes. La ségrégation professionnelle est aussi le reflet d’inégalités hiérarchiques : par exemple, les postes de cadres dirigeants sont occupés à moins d’un tiers par des femmes.
tableauFigure 3a – Les vingt professions les plus fréquentes parmi les femmes dans le secteur privé en 2023
Libellé | Part de la profession parmi les femmes salariées | Part des femmes dans la profession | Salaire mensuel net moyen en EQTP dans la profession (en euros) |
---|---|---|---|
Secrétaires | 4,49 | 95,3 | 2 044 |
Employées administratives qualifiées des autres services des entreprises | 2,88 | 73,3 | 2 260 |
Employées de libre service du commerce et magasinières | 2,85 | 54,1 | 1 757 |
Nettoyeuses | 2,81 | 56,3 | 1 639 |
Aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales | 2,36 | 93,9 | 1 626 |
Employées qualifiées des services comptables ou financiers | 2,33 | 79,6 | 2 274 |
Aides-soignantes | 1,82 | 90,0 | 2 130 |
Vendeuses en alimentation | 1,67 | 69,8 | 1 728 |
Infirmières en soins généraux, salariées | 1,61 | 88,1 | 2 677 |
Employées qualifiées des services commerciaux des entreprises (hors vente) | 1,60 | 73,2 | 2 348 |
Agentes de services hospitaliers | 1,55 | 79,4 | 1 905 |
Aides de cuisine, apprenties de cuisine et employées polyvalentes de la restauration | 1,51 | 42,8 | 1 693 |
Caissières de magasin | 1,47 | 85,2 | 1 741 |
Cadres des autres services administratifs des petites et moyennes entreprises | 1,39 | 56,4 | 4 432 |
Maîtrise et techniciennes des services financiers ou comptables | 1,34 | 73,9 | 2 650 |
Ingénieures et cadres d'étude, recherche et développement en informatique | 1,30 | 25,7 | 3 985 |
Vendeuses en habillement et articles de sport | 1,21 | 71,1 | 1 824 |
Maîtrise et techniciennes administratives des autres services administratifs | 1,20 | 67,9 | 2 642 |
Serveuses, commises de restaurant | 1,18 | 53,5 | 1 738 |
Employées administratives non qualifiées | 1,06 | 75,2 | 1 992 |
- Lecture : En 2023, 4,49 % des femmes salariées dans le secteur privé occupent un emploi de secrétaire. Parmi les secrétaires salariés du privé, 95,3 % sont des femmes. Le salaire net moyen des secrétaires, femmes et hommes confondus, est de 2 044 euros en équivalent temps plein (EQTP).
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, base Tous salariés 2023.
Cette ségrégation professionnelle explique l’essentiel des 13,5 % de différence de salaire net en EQTP entre femmes et hommes. En comparant les salaires des femmes et des hommes exerçant le même emploi dans le même établissement, l’écart de salaire net en EQTP « à emploi comparable » en 2023 est estimé à 3,8 %. Ce chiffre résulte d’une estimation sur une partie du secteur privé (40 % des EQTP). En effet, pour établir une comparaison « à emploi comparable », il faut qu’au moins un homme et une femme occupent le même emploi dans le même établissement. Ces emplois comparables sont davantage dans les très grandes entreprises, dans le secteur des services aux entreprises et celui des transports, et plus souvent régis par un contrat à durée déterminée que l’ensemble. Par ailleurs, cet écart de salaire « à emploi comparable » ne peut s’interpréter strictement comme une mesure de la discrimination salariale dans les entreprises, car il n’est pas corrigé de différences de caractéristiques non observées ici, comme l’expérience, l’ancienneté dans l’entreprise ou le diplôme, différences qui peuvent l’affecter à la hausse comme à la baisse.
La part des femmes diminue le long de l’échelle salariale
En 2023, les femmes occupent 42 % des emplois dans le secteur privé en EQTP. Cette proportion est toutefois nettement plus élevée parmi les salariés à bas salaires (jusqu’à 54 % pour des niveaux de salaire autour de 1 410 euros nets mensuels), puis diminue ensuite à mesure que l’on s’élève dans la distribution des salaires (figure 4) : les femmes représentent 34 % des effectifs percevant un salaire au niveau du 9e décile (4 302 euros). Au-dessus du 99e centile (10 222 euros), c’est-à-dire parmi les 1 % de salariés les mieux rémunérés, leur part n’est plus que de 24 %.
Une part substantielle de l’écart de salaire net moyen en EQTP entre les femmes et les hommes est ainsi directement liée aux inégalités d’accès aux plus hauts salaires : en excluant du calcul les 1 % de salariés les mieux rémunérés du secteur privé, cet écart se réduit de 13,5 % à 9,7 % en 2023.
tableauFigure 4 – Part des femmes dans chaque centile de la distribution des salaires en EQTP du secteur privé en 2023
Centile | Part des femmes |
---|---|
0 | 39,4 |
1 | 45,1 |
2 | 42,2 |
3 | 46,8 |
4 | 53,9 |
5 | 54,3 |
6 | 53,9 |
7 | 54,1 |
8 | 54,0 |
9 | 52,8 |
10 | 52,5 |
11 | 52,0 |
12 | 51,4 |
13 | 51,0 |
14 | 50,3 |
15 | 49,9 |
16 | 49,8 |
17 | 49,0 |
18 | 48,8 |
19 | 48,5 |
20 | 48,0 |
21 | 47,6 |
22 | 47,2 |
23 | 46,7 |
24 | 46,4 |
25 | 46,1 |
26 | 46,1 |
27 | 45,7 |
28 | 45,5 |
29 | 45,2 |
30 | 45,1 |
31 | 44,9 |
32 | 44,8 |
33 | 44,5 |
34 | 44,2 |
35 | 44,0 |
36 | 43,8 |
37 | 43,5 |
38 | 43,6 |
39 | 43,6 |
40 | 43,1 |
41 | 43,0 |
42 | 42,9 |
43 | 42,7 |
44 | 42,5 |
45 | 42,3 |
46 | 42,3 |
47 | 42,0 |
48 | 41,8 |
49 | 41,6 |
50 | 41,1 |
51 | 41,3 |
52 | 41,1 |
53 | 40,9 |
54 | 40,7 |
55 | 40,3 |
56 | 40,4 |
57 | 40,0 |
58 | 40,0 |
59 | 39,9 |
60 | 40,1 |
61 | 39,8 |
62 | 39,5 |
63 | 39,6 |
64 | 39,5 |
65 | 39,5 |
66 | 39,4 |
67 | 39,1 |
68 | 39,2 |
69 | 39,2 |
70 | 38,9 |
71 | 38,9 |
72 | 38,8 |
73 | 38,6 |
74 | 38,6 |
75 | 38,4 |
76 | 38,5 |
77 | 38,3 |
78 | 38,0 |
79 | 37,7 |
80 | 37,5 |
81 | 37,4 |
82 | 37,3 |
83 | 36,9 |
84 | 36,7 |
85 | 36,4 |
86 | 36,0 |
87 | 35,2 |
88 | 34,9 |
89 | 34,7 |
90 | 34,0 |
91 | 33,5 |
92 | 32,8 |
93 | 32,5 |
94 | 32,0 |
95 | 31,2 |
96 | 30,7 |
97 | 30,0 |
98 | 28,0 |
99 | 23,5 |
99,5 | 21,9 |
99,9 | 18,4 |
Moyenne | 41,9 |
- Lecture : En 2023, si on ordonne les emplois (des femmes et des hommes) sur une même échelle de 0 à 100, du moins (0) au mieux rémunéré (100), il y a 54,3 % de femmes et 45,7 % d’hommes au 5e échelon sur 100 (5e centile), 31,2 % de femmes et 68,8 % d’hommes au 95e centile.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, base Tous salariés 2023.
graphiqueFigure 4 – Part des femmes dans chaque centile de la distribution des salaires en EQTP du secteur privé en 2023

- Lecture : En 2023, si on ordonne les emplois (des femmes et des hommes) sur une même échelle de 0 à 100, du moins (0) au mieux rémunéré (100), il y a 54,3 % de femmes et 45,7 % d’hommes au 5e échelon sur 100 (5e centile), 31,2 % de femmes et 68,8 % d’hommes au 95e centile.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, base Tous salariés 2023.
Encadré – Les écarts de salaire augmentent avec le nombre d’enfants
Les différences de volumes de travail entre les femmes et les hommes sont plus marquées pour les salariés parents que pour les autres salariés du privé (11,9 % contre 9,9 % dans l’ensemble, en 2022) (figure). Elles le sont encore davantage parmi les parents d’enfants de 3 ans ou moins (23,1 %) et ceux ayant trois enfants ou plus (17,7 %). En outre, l’écart de salaire net en EQTP entre femmes et hommes croît avec le nombre d’enfants : en 2022, il est en moyenne de 5,8 % parmi les salariés du privé n’ayant pas d’enfant, mais atteint 28,2 % entre les mères et les pères de trois enfants ou plus. Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères [Coudin et al., 2019]. Au total, la combinaison des écarts de volume de travail et de salaire net en EQTP conduit à un revenu salarial plus faible de 29,9 % pour les mères par rapport aux pères. Cet écart culmine à 40,9 % pour les parents de trois enfants ou plus.
tableauFigure – Écarts de rémunération nette moyenne entre les femmes et les hommes en fonction de la situation familiale, en 2022
Situation familiale | Revenu salarial net (en euros) |
Salaire net en EQTP (en euros) |
Volume de travail (en EQTP) |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Femmes | Hommes | Écart (en %) |
Femmes | Hommes | Écart (en %) |
Femmes | Hommes | Écart (en %) |
|
Nombre d'enfants | |||||||||
Aucun enfant | 17 390 | 20 170 | 13,8 | 26 950 | 28 630 | 5,8 | 0,65 | 0,70 | 8,4 |
Un enfant | 21 720 | 28 040 | 22,5 | 29 490 | 34 150 | 13,6 | 0,74 | 0,82 | 10,3 |
Deux enfants | 24 000 | 33 580 | 28,5 | 31 340 | 39 380 | 20,4 | 0,77 | 0,85 | 10,2 |
Trois enfants ou plus | 19 340 | 32 710 | 40,9 | 29 020 | 40 400 | 28,2 | 0,67 | 0,81 | 17,7 |
Âge du plus jeune enfant (parents uniquement) | |||||||||
3 ans ou moins | 18 320 | 26 950 | 32,0 | 28 980 | 32 800 | 11,6 | 0,63 | 0,82 | 23,1 |
De 4 à 16 ans | 23 200 | 32 080 | 27,7 | 30 120 | 37 660 | 20,0 | 0,77 | 0,85 | 9,6 |
Plus de 16 ans | 23 140 | 34 570 | 33,1 | 31 020 | 42 610 | 27,2 | 0,75 | 0,81 | 8,0 |
Ensemble des parents | 22 180 | 31 630 | 29,9 | 30 260 | 38 030 | 20,4 | 0,73 | 0,83 | 11,9 |
Ensemble | 20 180 | 26 280 | 23,2 | 28 980 | 34 010 | 14,8 | 0,70 | 0,77 | 9,9 |
- Lecture : En 2022, les femmes ayant un enfant de 3 ans ou moins gagnent en moyenne 32,0 % de moins en revenu salarial et 11,6 % de moins en salaire net en équivalent temps plein (EQTP) que les hommes ayant un enfant de 3 ans ou moins. Leur temps de travail annuel est inférieur de 23,1 % à celui des hommes.
- Champ : France hors Mayotte, salariés travaillant principalement dans le secteur privé hors apprentis et stagiaires, hors salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs.
- Source : Insee, panel Tous salariés 2022.
Sources
Les bases Tous salariés sont des bases statistiques annuelles sur l'ensemble des salariés, produites à partir des déclarations administratives de leurs employeurs. Sur le champ privé, les salaires annuels et les effectifs sont principalement issus des déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration et que l’Insee traite ensuite. Une observation de salaire correspond à un poste salarié, soit un individu dans un établissement une année donnée (un individu présent dans deux établissements est donc comptabilisé dans deux postes distincts). Ces bases sont notamment mobilisées chaque année pour établir le niveau et l’évolution des salaires dans le secteur privé en équivalent temps plein (EQTP) [Sokhna, Duquesne, 2024].
À partir de ces bases annuelles, le panel Tous salariés est une base statistique permettant de suivre un échantillon de salariés depuis 1976. Chaque observation correspond à l'emploi d'un individu dans une entreprise au cours d'une année (ou bien à une période de chômage indemnisé d'un individu une année donnée). Le champ de diffusion inclut les salariés du secteur privé et des entreprises publiques, ceux des trois fonctions publiques, ceux des particuliers-employeurs ainsi que les personnes indemnisées au titre du chômage. Ce panel permet notamment de mesurer et d’analyser le revenu salarial.
Méthodes
Le champ de cette étude porte sur le secteur privé, hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers-employeurs. Les bénéficiaires de contrats aidés et de professionnalisation sont en revanche inclus. Pour les analyses portant sur le revenu salarial – qui inclut d’éventuelles rémunérations d’activités salariées secondaires exercées hors du secteur privé – le champ est toutefois restreint aux seuls individus dont l’activité salariée principale est exercée dans le privé.
Pour mesurer le volume de temps de travail en équivalent temps plein, tous les emplois salariés sont pris en compte, quelle que soit la durée de l’activité : emplois saisonniers, jobs étudiants, premier poste occupé dans le cadre de l’insertion sur le marché du travail, dernier poste occupé avant le départ en retraite, etc. Ces emplois, à durée limitée au cours de l’année civile ou à quotité faible, contribuent à la baisse du volume de travail annuel moyen. Aussi, pour une catégorie de salariés donnée, plus la part des personnes concernées par une durée limitée d’activité est élevée, plus le volume de travail annuel moyen est faible. C’est par exemple le cas pour les femmes de moins de 25 ans : leur volume de travail annuel moyen est plus faible que celui des hommes de moins de 25 ans car elles s’insèrent plus tardivement sur le marché du travail. Elles sont ainsi relativement plus nombreuses à être concernées par un premier emploi débutant en cours d’année, avec un volume de travail annuel réduit cette année-là.
Définitions
Le revenu salarial annuel correspond à la somme de tous les salaires nets (c’est‑à‑dire après versement des cotisations sociales, de la CSG et de la CRDS) perçus par un individu au cours d’une année donnée. Il intègre deux dimensions : le salaire et le volume de travail salarié réalisé au cours de l’année.
Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5×0,8)=25 000 euros par an. Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectivement rémunéré (soit 0,5×0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).
Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié avant prélèvement de l’impôt sur le revenu. Il s’obtient en retranchant du salaire brut les cotisations sociales salariales, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Il est calculé à partir du salaire net fiscal disponible dans les déclarations des employeurs auprès des administrations (DADS et DSN). Il ne comprend pas la participation et l’intéressement placés sur un plan d’épargne entreprise.
La ségrégation professionnelle désigne la répartition de fait des salariés entre les professions, basée sur des caractéristiques démographiques (qui peuvent être le sexe, la tranche d’âge, le statut d'immigration, etc.).
Pour en savoir plus
Insee, Outil de datavisualisation sur les salaires.
Massis D., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes écarts de rémunération brute entre les femmes et les hommes fonctionnaires dans les ministères en 2024 », Stats Rapides no 116, DGAFP, mars 2025.
« Séries longues sur les salaires dans le secteur privé et dans la fonction publique », Insee Résultats, décembre 2024.
Sokhna N. P., Duquesne T., « Les salaires dans le secteur privé en 2023 – L’augmentation des salaires reste inférieure à l’inflation », Insee Première no 2020, octobre 2024.
Godet F., « Écart de salaire entre femmes et hommes en 2022 – Dans le secteur privé en 2022, le salaire des femmes est inférieur de 4 % à celui des hommes, à temps de travail et poste comparables », Insee Focus no 320, mars 2024.
Georges-Kot S., « Écarts de rémunération femmes-hommes : surtout l’effet du temps de travail et de l’emploi occupé », Insee Première no 1803, juin 2020.
Coudin É., Maillard S., Tô M., « Entreprises, enfants : quels rôles dans les inégalités salariales entre femmes et hommes ? », Insee Analyses no 44, février 2019.