En 2023, dans la fonction publique de l’État, près des deux tiers des agents sont des femmes, mais les emplois d’encadrement supérieur, les plus rémunérateurs, restent en majorité occupés par des hommes. Cette sous‑représentation des femmes dans les emplois les plus rémunérateurs reflète des trajectoires professionnelles et salariales différenciées au regard du genre.

Au travers du suivi des agents ayant intégré, par une voie d’école, un des grands corps de l’État dans les années 1980, cette étude met en évidence la persistance des inégalités de genre tout au long des carrières professionnelles, tant du point de vue de l’accès différencié aux positions les mieux rémunérées que de celui des inégalités salariales.

Si les grands corps de l’État se sont significativement féminisés depuis la fin des années 1970, la parité au moment du recrutement reste loin d’être atteinte : la proportion de femmes parmi les élèves des grands corps civils stagne depuis la fin des années 2000 et oscille ainsi entre 32 % et 41 % au sein des corps administratifs, et entre 25 % et 36 % au sein des corps techniques. Les départs des grands corps de l’État sont par ailleurs plus fréquents et plus précoces chez les hommes, pour l’essentiel vers le secteur privé.

En dépit des dispositifs favorisant l’égalité salariale, les inégalités de salaire au sein des grands corps de l’État se construisent dès le début de carrière, se cumulent et se renforcent avec le temps. Après trente années de carrière sans interruption et à temps plein, celles‑ci représentent 276 600 euros constants de 2022 de manque à gagner pour les femmes ayant débuté leur carrière dans les grands corps administratifs dans les années 1980. Pour celles ayant commencé à travailler dans les grands corps techniques, l’écart cumulé est de 162 900 euros.

Ces inégalités salariales liées au genre sont plus marquées parmi les agents les mieux rémunérés, la dispersion des salaires étant plus forte chez les hommes que chez les femmes.