Activité touristique : impact de la crise sanitaire Covid19
La fréquentation hôtelière augmente au 2ᵉ trimestre 2021,mais reste largement inférieure à son niveau d’avant-crise
Odile Dangerfield, Alice Mainguené (Insee)
Au 2e trimestre 2021, avec l'assouplissement des mesures sanitaires, le taux d'ouverture des hôtels et le taux d'occupation des chambres offertes progressent en France métropolitaine, mais sans retrouver leur niveau d’avant la crise sanitaire.
La fréquentation hôtelière du 2e trimestre 2021 est à 39 % de son niveau d’avant-crise. Ce recul est toujours plus marqué en Île-de-France que dans les autres espaces touristiques.
Huit hôtels sur dix sont ouverts au 2e trimestre
Au 2e trimestre 2021, avec l'assouplissement des mesures sanitaires, 79 % des hôtels sont ouverts en France métropolitaine. Ce taux d’ouverture est nettement supérieur à celui du 2e trimestre 2020, couvrant une période de confinement, mais inférieur à celui du 2e trimestre 2019 (95 %) (figure 1). La réouverture des hôtels progresse toutefois continûment tout au long du trimestre. En juin 2021, 90 % des hôtels sont ainsi ouverts, retrouvant presque le taux d'ouverture d'avant-crise.
Le taux d’occupation des chambres des hôtels ouverts est inférieur de 30 points à celui du 2e trimestre 2019 (35 % contre 65 %). Bien que faible, le taux d’occupation des hôtels progresse tout au long du trimestre, passant de 25 % en avril à 46 % en juin 2021.
tableauFigure 1 – Taux d’ouverture des hôtels et taux d’occupation des chambres par trimestre
Taux d’ouverture des hôtels | Taux d’occupation des chambres | ||
---|---|---|---|
2019 | 1er trimestre | 85 | 54 |
2e trimestre | 95 | 65 | |
3e trimestre | 97 | 71 | |
4e trimestre | 87 | 58 | |
2020 | 1er trimestre | 87 | 44 |
2e trimestre | 46 | 23 | |
3e trimestre | 88 | 49 | |
4e trimestre | 69 | 30 | |
2021 | 1er trimestre | 61 | 32 |
2e trimestre | 79 | 35 |
- Note : données provisoires au 2e trimestre 2021.
- Lecture : au 2e trimestre 2021, 79 % des hôtels sont ouverts et 35 % des chambres sont occupées.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
graphiqueFigure 1 – Taux d’ouverture des hôtels et taux d’occupation des chambres par trimestre
La fréquentation hôtelière à 39 % de son niveau d'avant-crise
Du fait de l’ouverture des hôtels et de l’amélioration des taux d’occupation de leurs chambres par rapport à 2020, la fréquentation hôtelière augmente tout au long du 2e trimestre (figure 2). Pour autant, elle est à 39 % de son niveau d'avant-crise. Au total, il y a eu 22,6 millions de nuitées touristiques au 2e trimestre 2021, contre 58,2 millions à la même période en 2019.
tableauFigure 2 – Nombre de nuitées hôtelières
2019 | 2020 | 2021 | |
---|---|---|---|
Janvier | 12,5 | 13,1 | 4,6 |
Février | 13,2 | 14,0 | 5,0 |
Mars | 15,7 | 7,0 | 5,3 |
Avril | 18,2 | 0,7 | 3,7 |
Mai | 18,4 | 1,5 | 7,5 |
Juin | 21,7 | 5,9 | 11,5 |
Juillet | 23,4 | 14,8 | |
Août | 24,8 | 18,7 | |
Septembre | 20,5 | 11,7 | |
Octobre | 18,0 | 9,1 | |
Novembre | 14,2 | 3,4 | |
Décembre | 14,2 | 4,3 |
- Note : données provisoires en juin 2021.
- Lecture : en juin 2021, le nombre de nuitées passées dans les hôtels en France métropolitaine est de 11,5 millions.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
graphiqueFigure 2 – Nombre de nuitées hôtelières
La fréquentation hôtelière en Île-de-France au quart de son niveau d’avant-crise
Par rapport au 2e trimestre 2019, la fréquentation diminue de 77 % en Île-de-France (figure 3), et est à 23 % de son niveau d’avant-crise. Cette baisse en Île-de-France représente 42 % de la baisse nationale. Depuis le début de la crise, la faiblesse du tourisme international pèse lourdement en Île-de-France, accueillant habituellement la moitié des touristes étrangers séjournant en France. En outre, l’absence de nombreux événements propices au tourisme d’affaires (séminaires, congrès, etc.) pénalise également fortement l’Île-de-France.
Les autres espaces touristiques sont tous touchés, mais dans une moindre ampleur, avec des baisses variant entre 50 % et 58 %.
tableauFigure 3 – Nombre de nuitées hôtelières selon les espaces touristiques
T2 2019 | T2 2020 | T2 2021 | Évolution T2 2021 / T2 2019 | |
---|---|---|---|---|
(en milliers) | (en %) | |||
France métropolitaine | 58 211 | 8 018 | 22 630 | – 61,1 |
Île-de-France | 19 154 | 1 518 | 4 386 | – 77,1 |
Littoral | 10 799 | 1 583 | 5 400 | – 50,0 |
Massifs de ski | 1 296 | 211 | 545 | – 58,0 |
Urbain de province* | 21 411 | 3 556 | 9 587 | – 55,2 |
Autres espaces* | 5 551 | 1 150 | 2 713 | – 51,1 |
- * Hors zones littorales ou massifs montagneux (une zone urbaine sur le littoral est classée en littoral et non dans l’espace urbain).
- Note : données provisoires au 2e trimestre 2021.
- Lecture : au 2e trimestre 2021, en Île-de-France, les nuitées hôtelières baissent de 77,1 % par rapport au même trimestre en 2019.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
graphiqueFigure 3 – Évolution des nuitées hôtelières entre le 2e trimestre 2019 et le 2e trimestre 2021, selon les espaces touristiques
Les dépenses par carte bancaire CB des résidents dans l’hôtellerie également loin de leur niveau de 2019
La diminution de fréquentation hôtelière entre 2019 et 2021 se traduit par une baisse un peu moins forte des dépenses par carte bancaire CB des résidents dans le secteur de l’hôtellerie. Au 2e trimestre 2021, ces dépenses des résidents en carte CB dans ce secteur ont diminué de 39 % par rapport au 2e trimestre 2019.
Sources
L’enquête mensuelle de fréquentation touristique, habituellement conduite par l’Insee, a été suspendue à deux reprises en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Une première fois en avril, mai et juin 2020, puis une seconde fois de novembre 2020 à avril 2021.
Pendant ces périodes de suspension, les enquêtes de fréquentation touristique ont été réalisées en mode allégé. Dans ce cadre, seules les informations portant sur la capacité d’accueil et sur le nombre total de nuitées dans les hôtels ont été collectées. Les questions sur le pays de provenance de la clientèle (résidente ou non résidente) et le motif de séjour (de loisir ou professionnel) n'étaient plus posées. L’alternance d’enquêtes normales et d’enquêtes allégées a, de fait, généré des ruptures de séries dans les données habituellement collectées et diffusées.
Les données de transactions par carte bancaire CB couvrent l’essentiel des transactions par cartes bancaires des résidents en France. Elles comportent trois limites dans leur interprétation : la date de transaction CB peut être anticipée par rapport à la date réelle de la nuit passée en hôtel, les hausses de transactions peuvent traduire de plus grands recours aux cartes bancaires CB et elles ne couvrent pas, par définition, les dépenses des touristes étrangers séjournant en France. Elles apportent néanmoins un éclairage complémentaire à celui de l’enquête mensuelle de fréquentation touristique.
Définitions
Le taux d’ouverture est le rapport entre le nombre d’établissements déclarés ouverts un mois donné et le nombre d’établissements enquêtés le même mois. Un établissement est considéré ouvert dès lors qu'il ouvre au moins un jour par mois.
Le taux d’occupation est le rapport du nombre de chambres (ou d’emplacements, ou d’unités d’hébergements) occupées au nombre de chambres (ou d’emplacements, ou d’unités d’hébergements) effectivement offertes sur une période donnée, c’est-à-dire en excluant les fermetures, qu’elles soient régulières et saisonnières ou exceptionnelles, comme dans le cas de la crise sanitaire.
La fréquentation en nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement touristique. Un couple séjournant trois nuits dans un établissement compte pour six nuitées, de même que six personnes n’y séjournant qu’une nuit.
Les résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal en France. Les non-résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal à l’étranger.
Pour en savoir plus
Dangerfield O., Mainguené A., « Au 1er trimestre 2021, la fréquentation hôtelière se situe au tiers de son niveau habituel », Insee Focus n° 242, juillet 2021.
Dangerfield O., Mainguené A., « Bilan touristique 2020 – Chute de fréquentation en 2020, rebond à l’été notamment dans les campings », Insee Focus n° 235, mai 2021.
Sources
Enquête mensuelle de fréquentation touristique
L’enquête mensuelle de fréquentation touristique conduite par l’Insee auprès des hébergements collectifs de tourisme a été suspendue en mars 2020 compte tenu de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Un dispositif d’enquête allégée a été mis en place d’avril à juin 2020 uniquement pour les hôtels, permettant de disposer d’un nombre restreint d’indicateurs et de connaître le type de personnes hébergées (touristes, personnels soignants, personnes confinées, personnes placées par les services sociaux du type Samu social).
Les données du premier trimestre 2020 ont été produites dans le contexte très particulier de la crise sanitaire. À partir du 18 mars, l'enquête de fréquentation touristique a été suspendue. De ce fait, seules les réponses spontanées des hébergements ont été prises en compte, les services d'enquêtes n'étant plus en capacité de relancer les hébergements.
L’enquête mensuelle de fréquentation touristique a été remise en œuvre en juillet 2020.
Chiffre d'affaires
Les résultats sont construits à partir d’une source fiscale, le formulaire « CA3 », que les entreprises remplissent pour le paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce formulaire comprend le chiffre d’affaires hors TVA, toutes activités confondues, de l’entreprise déclarante, classée selon son activité principale.
Au niveau national l'Insee diffuse mensuellement des indices de chiffres, pour plus d'information consulter : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/indicateur/p1669/description et https://www.insee.fr/fr/statistiques/4772485
Pour les niveaux régionaux et départementaux, les résultats sont construits à partir des unités légales dites mono-régionales (resp. monodépartementales), c'est-à-dire dont tous les établissements constituant cette unité sont situés dans la même région (resp. dans le même département). Ils sont ventilés selon les activités : 100 % touristiques, autres activités touristiques et non touristiques.
Les séries régionales et départementales concernent les unités légales monorégionales et monodépartementales pérennes de 2017 à 2021, les secteurs d'étude sont :
- L'hôtellerie, comprenant les unités relevant des codes NAF "5510Z - Hôtels et hébergement similaire" et "5520Z - Hébergement touristique et autres services d'hébergement de courte durée" ;
- L’hôtellerie de plein air, comprenant les unités relevant du code NAF "5530Z - Terrains de campings et parcs pour caravances ou véhicules de loisirs" ;
- La restauration, comprenant les unités relevant du code NAF "5610A - Restauration traditionnelle", 5610B - Cafétérias et autres libres-services" et "5610C - restauration de type rapide".
On élimine les unités qui ont changé de secteur sur la période.
Les séries nationales portent également sur ces 3 secteurs d'étude mais sans condition sur la pérennité, la régionalité et le changement de secteur d'activité.
Cartes bancaires
L’évolution des achats opérés peut être appréciée par les données de transactions par carte bancaire. Les données utilisées concernent tout détenteur de Carte Bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut recouvrir aussi des entreprises. Ces données ne recouvrent pas les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.). De plus, à l’inverse des données utilisées à l’échelle nationale, notamment dans l’estimation de la perte de consommation des ménages, les données départementales intègrent certaines transactions non assimilables à de la consommation (dons à des associations, achat de timbres fiscaux, etc.). Enfin, les transactions à distance (notamment celles sur internet) ne sont pas prises en compte dans les données départementales (données régionales pour la Corse).
La nomenclature d’activités utilisée sur les données de carte bancaire CB (nomenclature MCC, Merchant Category Code) ne coïncide pas avec la NAF. En outre, il n’existe pas de définition précise de ce que serait un « secteur tourisme », les activités touristiques étant transverses, ce qui complique leur mesure. Pour les données de transactions bancaires, ce seront vingt-cinq items de la nomenclature MCC qui seront agrégés pour approcher les activités touristiques, recouvrant des activités parfois purement touristiques (échoppes de souvenirs et cartes postales, expositions touristiques, parcs d’attractions…), et des activités qui en dépendent partiellement (restauration et bars notamment).
Activité partielle
Le dispositif de l’activité partielle (dénomination légale du chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou de suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation égale à 70 % du salaire brut (environ 84 % du net) pour compenser leur perte de salaire. Tous les salariés de droit privé sont concernés, y compris dans les entreprises publiques. Les indemnités d’activité partielle sont remboursées intégralement par l'État et l'Unédic, jusqu’à un plafond de 70 % de 4,5 Smic. Les demandes d’indemnisation sont déposées par les entreprises auprès de la Direccte.
Les arrêts de travail pour maladie sont pris en charge par l’Assurance maladie. Au début du confinement, l’Assurance maladie finance également le dispositif exceptionnel des arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfant (ou pour les personnes vulnérables), lorsque le télétravail est impossible. À partir du 1er mai, les salariés en situation de garde d’enfant ou les personnes vulnérables basculent vers le dispositif d’activité partielle, dans la mesure où ils sont toujours dans l’impossibilité d’exercer leur activité professionnelle.
Ces indicateurs sont calculés à partir de la Déclaration Sociale Nominative (DSN). La DSN remplace la majorité des déclarations sociales imposées aux entreprises en automatisant leur transmission à partir des données de paie. La DSN regroupe des informations sur les établissements et les salariés. Elle est renseignée chaque mois par les entreprises et contient des informations relatives aux salariés de droit privé, notamment sur l’activité partielle et les arrêts de travail.
Définitions
Le taux d’occupation est le rapport du nombre de chambres occupées au nombre de chambres effectivement offertes sur une période donnée (c’est-à-dire en excluant les fermetures saisonnières).
La fréquentation en nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement touristique. Un couple séjournant trois nuits dans un établissement compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une nuit.
Le taux d’ouverture des hôtels est le nombre d’hôtels déclarés ouverts, rapporté au nombre total d’hôtels sur une période donnée.
Les résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal en France.
Le secteur « hébergement et restauration » : un secteur regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale (au regard de la nomenclature d'activité économique considérée). L'activité d'un secteur n'est donc pas tout à fait homogène et comprend des productions ou services secondaires qui relèveraient d'autres items de la nomenclature que celui du secteur considéré.
Le secteur « hébergement et restauration » appartient au secteur tertiaire principalement marchand.
Pour en savoir plus
Tableaux de bord de la conjoncture régionale
« Les hébergements collectifs touristiques en 2019 - La fréquentation progresse malgré un recul de la clientèle non résidente », Insee Première n° 1799, mai 2020
Chapitres « Tourisme » des bilans économiques régionaux portant sur l'année 2019
Chapitres « Tourisme » des bilans économiques régionaux portant sur l'année 2020
Notes trimestrielles de conjoncture régionale
« Durant l’été 2020, les dépenses touristiques en France des résidents ont retrouvé leur niveau de l’an passé », Note de conjoncture, octobre 2020