Activité touristique : impact de la crise sanitaire Covid19
Face à la crise sanitaire, la Bretagne présente un bilan de la saison touristique 2020 plus favorable qu’au niveau national
Nicolas Birot, Jean-Marc Lardoux, Dominique Tacon (Insee), Arnaud Defosse, Solène Harel, Julie Leveau, Jessica Viscart (Comité régional du tourisme de Bretagne)
Même si le contexte sanitaire breton est apparu moins dégradé que dans d’autres régions, l’activité touristique régionale en 2020 a été fortement affectée par la crise de la Covid-19.
En Bretagne, le nombre de nuitées dans les hôtels a très fortement baissé durant les mois de mars à juin, l’hôtellerie retrouvant un niveau voisin de celui de 2019 seulement au mois d’août. Dans la restauration, l’activité est repartie dès la fin du confinement pour retrouver en juillet un niveau comparable à celui de l’année précédente. Sur l’ensemble du pays, la reprise d’activité dans l’hôtellerie et la restauration est apparue plus lente.
La grande majorité des établissements bretons de l’hôtellerie-restauration a eu recours aux mesures de chômage partiel mises en place, mais ce secteur a toutefois perdu près de 13 % de ses emplois salariés au cours du 1er semestre 2020.
Sur l’ensemble de la saison touristique 2020, les professionnels affichent une satisfaction contrastée selon l’espace et le type d’activité de loisirs. Les voies vertes et véloroutes ont une nouvelle fois été très prisées et le nautisme affiche sa meilleure saison depuis plusieurs années. En revanche, les plateformes de location de logements de particuliers ont vu leur croissance stoppée par la crise sanitaire.
- Forte baisse des nuitées dans les hôtels de mars à juin
- L’hôtellerie retrouve pratiquement son niveau d'activité de 2019 au mois d'août
- Une reprise d’activité dans la restauration dès la fin du confinement
- Le dispositif de chômage partiel très utilisé dans l’hébergement-restauration
- Forte baisse de l’emploi salarié dans le secteur de l’hébergement-restauration
- Une satisfaction contrastée selon l’espace et le type d’activité de loisirs
- Les voies vertes et véloroutes une nouvelle fois prisées par les piétons et les cyclistes
- Le nautisme : meilleure saison depuis plusieurs années
- La forte croissance d’Airbnb et Abritel stoppée par la crise sanitaire
Forte baisse des nuitées dans les hôtels de mars à juin
Après deux premiers mois de l’année 2020 similaires à ceux de l’année précédente, la mise en place du confinement a entraîné une baisse très importante du nombre de nuitées dans les hôtels (figure 1). Dès le mois de mars, le volume diminue de 55 % par rapport au même mois en 2019. Cette tendance s’aggrave en avril avec un quasi-arrêt de la fréquentation : 28 800 nuitées en 2020 comparé à 677 800 en 2019 (– 95 %). En avril 2020, les trois quarts des 700 hôtels bretons sont fermés. De plus, parmi ceux restés ouverts, le taux d’occupation des chambres est très faible (moins de 10 %) pour plus de trois établissements sur quatre.
tableauFigure 1 – Un impact important de la crise sur la fréquentation hôtelièreNombre mensuel de nuitées des hôtels bretons en 2019 et 2020
2019 | 2020 | |
---|---|---|
Janvier | 376 640 | 380 298 |
Février | 426 044 | 439 368 |
Mars | 525 061 | 234 669 |
Avril | 677 831 | 28 788 |
Mai | 715 497 | 70 713 |
Juin | 851 221 | 315 588 |
Juillet | 937 357 | 864 628 |
Août | 1 160 606 | 1 068 157 |
- Source : Insee, enquêtes de fréquentation touristique.
graphiqueFigure 1 – Un impact important de la crise sur la fréquentation hôtelièreNombre mensuel de nuitées des hôtels bretons en 2019 et 2020
Avec la fin du confinement, une réouverture progressive du parc hôtelier est observée : en mai, 42 % des hôtels sont ouverts, puis 88 % en juin. Le taux d’occupation des chambres repart lui aussi à la hausse. Ainsi, dès le mois de mai, un établissement ouvert sur quatre a un taux d’occupation égal ou supérieur à 20 %. En juin, ils sont près de trois sur quatre dans ce cas.
Le nombre de nuitées enregistrées dans les hôtels bretons augmente alors, passant à 70 800 en mai puis à 315 600 en juin. Cette fréquentation reste toutefois très faible puisqu’elle ne représente respectivement que 10 % (mai) et 37 % (juin) des nuitées dénombrées un an auparavant.
En juillet, plus de 95 % des hôtels bretons sont ouverts. Les hôteliers bretons réalisent 864 600 nuitées, soit 92 % des nuitées du mois de juillet 2019. En août, le nombre de nuitées dépasse le million mais reste, là encore, inférieur de 8 % à celui d'août 2019. Cette situation en Bretagne est plus favorable que celle observée au niveau national pour lequel la part des chambres occupées pendant les mois d’été 2020 reste en deçà de 60 %, soit un niveau inférieur de 17 points en juillet et de 9 points en août comparé à 2019.
L’hôtellerie retrouve pratiquement son niveau d'activité de 2019 au mois d'août
Dans le secteur de l’hôtellerie, les restrictions de déplacement à l’international ont conduit à une diminution particulièrement importante de la demande étrangère. Concomitamment, la mise en place du confinement le 17 mars a fait chuter la demande résidente.
Ainsi, alors que le chiffre d’affaires de l’hôtellerie en Bretagne pour les mois de janvier et février est sensiblement le même qu’en 2019 (figure 2), il diminue fortement en mars (– 62 %). En avril et mai, ce chiffre d’affaires est inférieur de plus de 90 % à celui de la même période en 2019. En juin, il se redresse sans toutefois retrouver le niveau enregistré un an auparavant (– 54 %). Cette tendance s’observe également dans les transactions par carte bancaire dans les activités touristiques avec des montants progressant rapidement à partir de début juin (figure 3). En juillet et août, l’activité dans l’hôtellerie poursuit sa remontée mais reste inférieure respectivement de 11 % et 5 % aux mêmes mois de 2019.
tableauFigure 2 – Un redémarrage de l’activité plus rapide dans la restauration que dans l’hébergementÉvolution du chiffre d’affaires pour les hôtels et les restaurants de janvier à août 2020 Comparaison Bretagne-France métropolitaine (glissement annuel en %)
Hôtels – Bretagne | Restaurants – Bretagne | Hôtels – France métropolitaine | Restaurants – France métropolitaine | |
---|---|---|---|---|
Janvier | 4,0 | 4,2 | 7,8 | 8,4 |
Février | 2,7 | 2,6 | 3,7 | 3,2 |
Mars | -62,1 | -57,8 | -59,3 | -54,8 |
Avril | -91,9 | -93,3 | -89,4 | -89,8 |
Mai | -90,5 | -75,9 | -88,9 | -72,9 |
Juin | -54,3 | -23,6 | -71,9 | -29,0 |
Juillet | -11,3 | 3,3 | -44,5 | -9,1 |
Août | -4,6 | -4,6 | -25,4 | -6,2 |
- Source : Insee, données mensuelles sur les chiffres d’affaires déclarés par les unités légales.
graphiqueFigure 2 – Un redémarrage de l’activité plus rapide dans la restauration que dans l’hébergementÉvolution du chiffre d’affaires pour les hôtels et les restaurants de janvier à août 2020 Comparaison Bretagne-France métropolitaine (glissement annuel en %)
tableauFigure 3 – En Bretagne, des dépenses touristiques plus élevées en 2020 dès la mi-juin Évolution des montants de transactions par carte bancaire dans les activités touristiques entre le 27 avril et le 6 septembre (en %)
Bretagne | France métropolitaine | |
---|---|---|
27 avril au 3 mai | -70,2 | -71,8 |
4 au 10 mai | -61,6 | -63,9 |
11 au 17 mai | -51,4 | -55,6 |
18 au 24 mai | -51,5 | -56,7 |
25 au 31 mai | -58,8 | -56,7 |
1 au 7 juin | -23,6 | -29,6 |
8 au 14 juin | -10,8 | -21,6 |
15 au 21 juin | 0,4 | -9,0 |
22 au 28 juin | 6,7 | -4,7 |
29 juin au 5 juillet | 3,5 | -5,6 |
6 au 12 juillet | 16,6 | 3,2 |
13 au 19 juillet | 21,8 | 5,5 |
20 au 26 juillet | 7,2 | 5,2 |
27 juillet au 2 août | 4,1 | 1,1 |
3 au 9 août | 9,5 | 10,6 |
10 au 16 août | 9,9 | 10,1 |
17 au 23 août | 13,1 | 12,6 |
24 au 30 août | 8,8 | 3,6 |
31 août au 6 septembre | 8,8 | 5,3 |
- Lecture : En Bretagne, durant la semaine du 27 avril au 3 mai 2020, le montant des transactions par carte bancaire est inférieur de 70 % à la même semaine en 2019.
- Source : Cartes Bancaires CB, calculs Insee.
graphiqueFigure 3 – En Bretagne, des dépenses touristiques plus élevées en 2020 dès la mi-juin Évolution des montants de transactions par carte bancaire dans les activités touristiques entre le 27 avril et le 6 septembre (en %)
Des évolutions du même ordre s’observent au sein de chacun des quatre départements bretons. Dans la région, les chiffres d’affaires de l’hôtellerie, bien qu’en deçà de leur niveau un an auparavant, reculent nettement moins qu’au niveau national (72 % de moins en juin, 44 % en juillet et 25 % en août).
Toujours au niveau national, les transactions par carte bancaire dans l’hébergement à la fin de l’été 2020 ont atteint des montants supérieurs à ceux de 2019. Plusieurs raisons peuvent être avancées. Par exemple, le recours à ce moyen de paiement est susceptible d’avoir sensiblement augmenté pendant la crise sanitaire, en particulier avec le relèvement du plafond de paiement sans contact. Une partie des consommateurs a aussi pu choisir de reporter ses congés en août. Enfin, les restrictions de déplacement à l’étranger ont conduit des résidents à préférer des vacances en France.
Une reprise d’activité dans la restauration dès la fin du confinement
Comme dans le secteur de l’hôtellerie, la restauration a connu une saison particulièrement difficile, notamment en raison de la chute de la demande touristique internationale et des autorisations d’ouverture seulement partielles.
Dès la mise en place du confinement, le chiffre d’affaires dans la restauration a fortement diminué. En Bretagne, comparé aux mêmes mois de l’année précédente, il a diminué en 2020 de 58 % en mars et de 93 % en avril. La fin du confinement le 11 mai marque une reprise de l’activité mais le chiffre d’affaires du mois reste inférieur de 76 % à celui de mai 2019. Le mois de juin 2020 affiche encore un déficit de 23 % comparé à l’année précédente. En juillet, l’activité des restaurants progresse encore, son niveau dépassant même de 3 % celui de juillet 2019. Celle du mois d’août est toutefois en retrait de 4 % comparé au même mois l’année précédente. Les quatre départements bretons présentent des évolutions similaires.
Comme dans l’hôtellerie, la reprise de l’activité dans la restauration est plus lente au niveau national que dans la région : la diminution de chiffre d’affaires y est encore de 29 % en juin, de 9 % en juillet et de 6 % en août.
Au sein de ce secteur, des disparités s’observent au niveau national entre restaurations rapide et traditionnelle. L’activité dans la première a connu un rapide regain dès la fin du confinement mais elle n’a retrouvé ses niveaux de transactions de 2019 qu’en août. Inversement, les restaurants traditionnels ont connu une activité réduite jusqu’à mi-juin puis une augmentation très vive de leur activité, leur permettant de retrouver un niveau comparable à l’année précédente dès la fin juin.
Le dispositif de chômage partiel très utilisé dans l’hébergement-restauration
L’hébergement-restauration a été un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. Les mesures de chômage partiel y ont été particulièrement utilisées.
En Bretagne, plus d’un tiers des 46 700 salariés de ce secteur sont en chômage partiel en mars 2020. En avril, cela concerne plus de 7 salariés sur 10. Cette proportion baisse légèrement en mai. En juin, moins de 3 salariés sur 10 sont encore en chômage partiel.
Près de 80 % des établissements employant des salariés du secteur hébergement-restauration ont eu recours au dispositif de chômage partiel en mars 2020. Cette proportion est restée stable jusqu’en mai. En juin, ce dispositif ne concerne plus que la moitié des établissements du secteur.
Ces évolutions s’observent dans les mêmes proportions dans chacun des départements bretons autant que dans l’ensemble du pays.
Forte baisse de l’emploi salarié dans le secteur de l’hébergement-restauration
La crise sanitaire a de lourdes conséquences sur le niveau de l’emploi salarié dans l’hébergement-restauration en Bretagne. Après avoir atteint son plus haut niveau historique au 4e trimestre 2019, l’emploi salarié diminue fortement au 1er trimestre 2020 et poursuit sa baisse au 2e trimestre. Entre le 4e trimestre 2019 et le 2e trimestre 2020, le secteur de l’hébergement-restauration perd 6 300 salariés, soit 12,7 % de son effectif. Tous les départements bretons sont touchés dans les mêmes proportions et il en est de même au niveau national.
Une satisfaction contrastée selon l’espace et le type d’activité de loisirs
Si début janvier tous les signaux étaient au vert pour inscrire 2020 dans le sillage de la très bonne année 2019, la crise sanitaire a rapidement changé la donne. Ainsi, fin septembre, seuls 67 % des professionnels bretons affichent leur satisfaction quant à la fréquentation touristique pour la saison 2020. Ce niveau de satisfaction est similaire pour les structures de loisirs et les hébergeurs et en nette baisse par rapport à l’an passé (– 16 points).
Du fait du confinement, cette saison a été raccourcie de mi-juin à septembre, au lieu d’avril à septembre habituellement.
À compter du 2 juin, les structures rouvrent progressivement, mettant en place les protocoles sanitaires adaptés à leur situation, mais la fréquentation reste faible. Seuls 40 % des professionnels des structures de loisirs sont satisfaits (figure 4). La reprise est difficile, en particulier pour les professionnels de l’hébergement.
tableauFigure 4 – Un niveau de satisfaction des professionnels bien moindre en 2020Évolution mensuelle du taux de satisfaction des professionnels du tourisme en Bretagne (en %)
2019 | 2020 | |
---|---|---|
Avril | 73 | |
Mai | 51 | |
Juin | 82 | 40 |
Juillet | 82 | 77 |
Août | 86 | 83 |
Septembre | 84 | 55 |
Saison | 81 | 67 |
- Source : enquêtes du CRT de Bretagne en partenariat avec les ADT/CDT auprès d’un échantillon de professionnels de la région.
graphiqueFigure 4 – Un niveau de satisfaction des professionnels bien moindre en 2020Évolution mensuelle du taux de satisfaction des professionnels du tourisme en Bretagne (en %)
Les mois de juillet et août offrent aux professionnels du tourisme breton une bouffée d’air frais avec 80 % des professionnels des structures de loisirs satisfaits de la fréquentation et 82 % de ceux de l’hébergement. L’absence prévue d’une grande partie des clientèles étrangères a été compensée par la présence marquée des clientèles françaises, notamment bretonnes. Aux clientèles habituelles (les locaux, les excursionnistes et les résidents dans les maisons de familles) se sont ajoutés les habitués des voyages à l’étranger qui ont séjourné en Bretagne cette année. C’est une clientèle plus exigeante et à fort pouvoir d’achat, avec des demandes spécifiques et des attentes strictes en matière de protocoles sanitaires. Les professionnels des loisirs de plein air semblent plus enthousiastes que ceux des activités et sites de visites couverts, même si le niveau de satisfaction de ces derniers reste bon. Comme à l’accoutumée, le littoral breton est très prisé. Conséquence de la crise liée à la Covid-19, l’espace rural a vu sa fréquentation renforcée alors que les professionnels des zones urbaines font plutôt grise mine.
La fréquentation du mois de septembre est en demi-teinte avec seulement 55 % des professionnels des loisirs satisfaits. Les annonces liées à l’évolution de la crise sanitaire ont eu un impact sur les déplacements touristiques et les professionnels soulignent une absence remarquée des groupes et voyageurs professionnels. Les clientèles seniors et jeunes ont aussi fait défaut. Les professionnels du littoral s’en sortent, là encore, mieux que ceux situés dans les territoires ruraux ou urbains.
Conséquence directe du recul de l’activité, notamment dû au confinement, 73 % des professionnels des structures de loisirs affichent une baisse de chiffre d’affaires sur la saison. Et pour un tiers d’entre eux, cette baisse est supérieure à 50 %. Pour pallier ces pertes financières, plus de 60 % des professionnels ayant activé des solutions financières proposées par le gouvernement ou autres structures, ont eu recours aux fonds de solidarité pour les très petites entreprises (TPE) et 40 % ont contracté un prêt bancaire garanti par l’État (PGE). Toutefois, selon l'enquête de conjoncture réalisée par le Comité régional du tourisme (sources), ces aides ont permis de couvrir moins de la moitié des pertes d’exploitation pour une majorité d’entre eux.
Les voies vertes et véloroutes une nouvelle fois prisées par les piétons et les cyclistes
Depuis quatre ans, la fréquentation des véloroutes et voies vertes de Bretagne n’a de cesse d’augmenter.
Malgré les deux mois de confinement, la fréquentation atteint 1,2 million de passages d’avril à septembre 2020, progressant de 9 % par rapport à l’année précédente. La pratique cycliste s’est envolée avec un nombre de passages en augmentation de 14 %. La fréquentation des piétons progresse également mais plus modérément (+ 3 %). De mai à septembre, la croissance du nombre de passages de cyclistes et de piétons est encore plus importante puisqu’elle atteint 19 %, et même 23 % pour les seuls cyclistes.
En avril, en plein cœur du confinement, le nombre de passages a diminué de 71 %. Toutefois, dès le mois de mai, les usagers sont revenus sur les itinéraires bretons : + 29 % de passages, dont + 23 % pour les piétons et + 35 % pour les cyclistes. Le mois de juin présente une fréquentation légèrement supérieure à 2019 avec une hausse de 3 %. La fréquentation des mois de juillet et août a été remarquable avec au total près de 625 000 passages soit une hausse de 24 % par rapport à l’année précédente. Cette forte augmentation s’observe aussi bien pour les piétons (+ 20 %) que pour les cyclistes (+ 27 %). La saison estivale s’achève avec une hausse de 10 % des passages en septembre comparé au même mois de 2019.
Le nautisme : meilleure saison depuis plusieurs années
Le chiffre d’affaires des activités nautiques en Bretagne pour la saison 2020 est de 110 millions d’euros. Il augmente de 18,5 % en moyenne par rapport à 2019 avec une belle progression chez les prestataires qui proposent du canoë-kayak (location, balade).
Une situation qui s’explique notamment par l’ouverture de créneaux supplémentaires sur les balades, l’augmentation des plages d’ouverture des points de location, ou encore le développement d’offres de cours particuliers ou de cours collectifs à l’heure répondant davantage aux attentes de la clientèle adulte. Le stage 5 jours reste toujours autant plébiscité pour les enfants.
Toutefois, certains prestataires traversent difficilement la crise. C’est en particulier le cas des voiliers collectifs, qui ont vu leurs capacités d’embarquement réduites pour respecter les normes sanitaires, mais aussi des centres d’hébergements dont l’intégralité des classes de mer a été annulée au printemps et qui redémarrent difficilement depuis septembre. Enfin, les prestataires nautiques qui se sont positionnés sur l’événementiel accusent de fortes baisses de leurs chiffres d’affaires.
La forte croissance d’Airbnb et Abritel stoppée par la crise sanitaire
Au mois d’août 2020, au plus fort de la fréquentation touristique, plus de 42 600 logements bretons étaient proposés à la location sur le portail Airbnb et les plateformes du groupe VRBO dont Abritel et HomeAway sont les principaux acteurs sur le marché français.
C’est 5 % de moins qu’en août 2019, pour ces plateformes habituées à une croissance importante de leur offre locative chaque année. À titre d’exemple, en août 2019, ce même indicateur présentait une croissance annuelle de 16 % pour la Bretagne.
Sur l’ensemble de la saison 2020, ce parc locatif a généré plus de 2,3 millions de journées de location (figure 5). Un chiffre en baisse de 21 % par rapport à son niveau de 2019, du fait d’un effondrement de la demande sur le 2e trimestre (– 47 %), suivi d’un recul, certes moindre, mais également significatif lors du 3e trimestre (– 7 %).
Le taux d’occupation sur l’ensemble de la saison estivale 2020 s’établit à 59,7 %. Les revenus générés par l’ensemble des réservations effectuées en Bretagne sur ces plateformes de locations de vacances sont estimés à 243 millions d’euros sur la saison, soit une perte nette de 50 millions d’euros par rapport à 2019, dont près de 40 millions d’euros sont à affecter au 2e trimestre marqué par 55 jours de confinement.
tableauFigure 5 – Une baisse de 21 % du nombre de journées de location sur l’ensemble de la saison 2020Évolution du nombre de jours réservés sur les plateformes de location de vacances entre 2019 et 2020 en Bretagne et poids de chaque zone en 2020 (en %)
Évolution 2019-2020 | Part | |
---|---|---|
Baie de Saint-Brieuc Paimpol les Caps | -20,2 | 7,2 |
Brest Terres Océanes | -20,8 | 9,2 |
Bretagne Loire Océan | -22,6 | 11,9 |
Bretagne Sud Golfe du Morbihan | -19,2 | 21,9 |
Brocéliande | -23,1 | 1,1 |
Cap Fréhel Saint-Malo Baie du Mont Saint-Michel | -23,9 | 18,4 |
Cœur de Bretagne Kalon Breizh | -19,5 | 2,5 |
Côte de Granit rose Baie de Morlaix | -14,6 | 12,1 |
Quimper Cornouaille | -21,9 | 12,2 |
Rennes et les Portes de Bretagne | -35,6 | 3,5 |
Ensemble | -21,3 | 100,0 |
- Source : données sur le portail Airbnb et les plateformes du groupe VRBO dont Abritel et HomeAway.
graphiqueFigure 5 – Une baisse de 21 % du nombre de journées de location sur l’ensemble de la saison 2020Évolution du nombre de jours réservés sur les plateformes de location de vacances entre 2019 et 2020 en Bretagne et poids de chaque zone en 2020 (en %)
Pour comprendre
Les données agrégées sur les transactions utilisées dans cette étude proviennent de Cartes bancaires CB et couvrent l’essentiel des transactions par cartes bancaires. Elles sont tirées d’une extraction de transactions anonymisées et agrégées à l’échelle départementale afin de respecter les exigences de confidentialité. Ces informations sont sujettes à certaines limites et diffèrent des données nationales (cf. Insee Point de conjoncture du 7 mai 2020, p.21).
Sources
En partenariat avec la Direction générale des entreprises (DGE) et les comités régionaux et départementaux du tourisme, l’Insee réalise mensuellement des enquêtes sur la fréquentation des hébergements collectifs touristiques : hôtels, campings et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT). Ces derniers comprennent notamment les résidences de tourisme (dont appart’hôtels), villages de vacances, maisons familiales et auberges de jeunesse. Ils n’incluent pas les hébergements proposés par des particuliers.
Outre les données des transactions par carte bancaire (Pour comprendre), d’autres sources sont également mobilisées :
- les données mensuelles sur les chiffres d’affaires déclarées par les unités légales ;
- l’enquête du Comité régional du tourisme (CRT) de Bretagne en partenariat avec les agences de développement touristique ou comités départementaux du tourisme (ADT/CDT) auprès d’un échantillon de 12 000 professionnels de la région ;
- le cumul des données de passages de 30 compteurs sur les véloroutes et voies vertes (vélos et/ou piétons) ;
- les données de l’association Nautisme en Bretagne (Ouvrir dans un nouvel ongletwww.nautismebretagne.fr) ;
- les données sur le portail Airbnb et les plateformes du groupe VRBO dont Abritel et HomeAway.
Définitions
Les nuitées (ou fréquentation) correspondent au nombre total de nuits passées par les clients. Un couple séjournant trois nuits consécutives dans un hôtel compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une nuit.
Le taux d’occupation dans les hôtels (campings) est le rapport entre le nombre de chambres (emplacements) occupées et le nombre de chambres (emplacements) offertes par les établissements ouverts.
La clientèle, quelle que soit sa nationalité, est soit résidente en France (si son lieu d’habitation habituel est localisé en France), soit non-résidente (si son lieu d’habitation habituel est à l’étranger).
La saison d’été couvre les mois d’avril à septembre.
Sur les 30 compteurs étudiés appartenant au Conseil départemental des Côtes-d’Armor, au Conseil régional et au Comité régional du tourisme de Bretagne.
Pour en savoir plus
« Saison touristique d’été 2020 – La fréquentation touristique se dégrade en septembre, après avoir repris quelques couleurs en juillet-août », Jean-Claude Gidrol, Alice Mainguené – Dans : Insee Focus, n° 215 (2020, nov.)
« Saison touristique 2019 : hausse de la fréquentation en Bretagne, portée par les touristes résidant en France », Lucile Cros, Valérie Mariette (Insee), Julie Leveau (CRT) – Dans : Insee Analyses Bretagne, n° 91 (2019, nov.)
Activité touristique : impact de la crise sanitaire Covid-19 et suivi de la reprise d’activité
Ouvrir dans un nouvel ongletEspace Acteurs du Tourisme en Bretagne
Sources
Enquête mensuelle de fréquentation touristique
L’enquête mensuelle de fréquentation touristique conduite par l’Insee auprès des hébergements collectifs de tourisme a été suspendue en mars 2020 compte tenu de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Un dispositif d’enquête allégée a été mis en place d’avril à juin 2020 uniquement pour les hôtels, permettant de disposer d’un nombre restreint d’indicateurs et de connaître le type de personnes hébergées (touristes, personnels soignants, personnes confinées, personnes placées par les services sociaux du type Samu social).
Les données du premier trimestre 2020 ont été produites dans le contexte très particulier de la crise sanitaire. À partir du 18 mars, l'enquête de fréquentation touristique a été suspendue. De ce fait, seules les réponses spontanées des hébergements ont été prises en compte, les services d'enquêtes n'étant plus en capacité de relancer les hébergements.
L’enquête mensuelle de fréquentation touristique a été remise en œuvre en juillet 2020.
Chiffre d'affaires
Les résultats sont construits à partir d’une source fiscale, le formulaire « CA3 », que les entreprises remplissent pour le paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce formulaire comprend le chiffre d’affaires hors TVA, toutes activités confondues, de l’entreprise déclarante, classée selon son activité principale.
Au niveau national l'Insee diffuse mensuellement des indices de chiffres, pour plus d'information consulter : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/indicateur/p1669/description et https://www.insee.fr/fr/statistiques/4772485
Pour les niveaux régionaux et départementaux, les résultats sont construits à partir des unités légales dites mono-régionales (resp. monodépartementales), c'est-à-dire dont tous les établissements constituant cette unité sont situés dans la même région (resp. dans le même département). Ils sont ventilés selon les activités : 100 % touristiques, autres activités touristiques et non touristiques.
Les séries régionales et départementales concernent les unités légales monorégionales et monodépartementales pérennes de 2017 à 2021, les secteurs d'étude sont :
- L'hôtellerie, comprenant les unités relevant des codes NAF "5510Z - Hôtels et hébergement similaire" et "5520Z - Hébergement touristique et autres services d'hébergement de courte durée" ;
- L’hôtellerie de plein air, comprenant les unités relevant du code NAF "5530Z - Terrains de campings et parcs pour caravances ou véhicules de loisirs" ;
- La restauration, comprenant les unités relevant du code NAF "5610A - Restauration traditionnelle", 5610B - Cafétérias et autres libres-services" et "5610C - restauration de type rapide".
On élimine les unités qui ont changé de secteur sur la période.
Les séries nationales portent également sur ces 3 secteurs d'étude mais sans condition sur la pérennité, la régionalité et le changement de secteur d'activité.
Cartes bancaires
L’évolution des achats opérés peut être appréciée par les données de transactions par carte bancaire. Les données utilisées concernent tout détenteur de Carte Bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut recouvrir aussi des entreprises. Ces données ne recouvrent pas les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.). De plus, à l’inverse des données utilisées à l’échelle nationale, notamment dans l’estimation de la perte de consommation des ménages, les données départementales intègrent certaines transactions non assimilables à de la consommation (dons à des associations, achat de timbres fiscaux, etc.). Enfin, les transactions à distance (notamment celles sur internet) ne sont pas prises en compte dans les données départementales (données régionales pour la Corse).
La nomenclature d’activités utilisée sur les données de carte bancaire CB (nomenclature MCC, Merchant Category Code) ne coïncide pas avec la NAF. En outre, il n’existe pas de définition précise de ce que serait un « secteur tourisme », les activités touristiques étant transverses, ce qui complique leur mesure. Pour les données de transactions bancaires, ce seront vingt-cinq items de la nomenclature MCC qui seront agrégés pour approcher les activités touristiques, recouvrant des activités parfois purement touristiques (échoppes de souvenirs et cartes postales, expositions touristiques, parcs d’attractions…), et des activités qui en dépendent partiellement (restauration et bars notamment).
Activité partielle
Le dispositif de l’activité partielle (dénomination légale du chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou de suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation égale à 70 % du salaire brut (environ 84 % du net) pour compenser leur perte de salaire. Tous les salariés de droit privé sont concernés, y compris dans les entreprises publiques. Les indemnités d’activité partielle sont remboursées intégralement par l'État et l'Unédic, jusqu’à un plafond de 70 % de 4,5 Smic. Les demandes d’indemnisation sont déposées par les entreprises auprès de la Direccte.
Les arrêts de travail pour maladie sont pris en charge par l’Assurance maladie. Au début du confinement, l’Assurance maladie finance également le dispositif exceptionnel des arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfant (ou pour les personnes vulnérables), lorsque le télétravail est impossible. À partir du 1er mai, les salariés en situation de garde d’enfant ou les personnes vulnérables basculent vers le dispositif d’activité partielle, dans la mesure où ils sont toujours dans l’impossibilité d’exercer leur activité professionnelle.
Ces indicateurs sont calculés à partir de la Déclaration Sociale Nominative (DSN). La DSN remplace la majorité des déclarations sociales imposées aux entreprises en automatisant leur transmission à partir des données de paie. La DSN regroupe des informations sur les établissements et les salariés. Elle est renseignée chaque mois par les entreprises et contient des informations relatives aux salariés de droit privé, notamment sur l’activité partielle et les arrêts de travail.
Définitions
Le taux d’occupation est le rapport du nombre de chambres occupées au nombre de chambres effectivement offertes sur une période donnée (c’est-à-dire en excluant les fermetures saisonnières).
La fréquentation en nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement touristique. Un couple séjournant trois nuits dans un établissement compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une nuit.
Le taux d’ouverture des hôtels est le nombre d’hôtels déclarés ouverts, rapporté au nombre total d’hôtels sur une période donnée.
Les résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal en France.
Le secteur « hébergement et restauration » : un secteur regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale (au regard de la nomenclature d'activité économique considérée). L'activité d'un secteur n'est donc pas tout à fait homogène et comprend des productions ou services secondaires qui relèveraient d'autres items de la nomenclature que celui du secteur considéré.
Le secteur « hébergement et restauration » appartient au secteur tertiaire principalement marchand.
Sur les 30 compteurs étudiés appartenant au Conseil départemental des Côtes-d’Armor, au Conseil régional et au Comité régional du tourisme de Bretagne.
Pour en savoir plus
Tableaux de bord de la conjoncture régionale
« Les hébergements collectifs touristiques en 2019 - La fréquentation progresse malgré un recul de la clientèle non résidente », Insee Première n° 1799, mai 2020
Chapitres « Tourisme » des bilans économiques régionaux portant sur l'année 2019
Chapitres « Tourisme » des bilans économiques régionaux portant sur l'année 2020
Notes trimestrielles de conjoncture régionale
« Durant l’été 2020, les dépenses touristiques en France des résidents ont retrouvé leur niveau de l’an passé », Note de conjoncture, octobre 2020