Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2020
L’Insee et la Dares présentent dans cette cinquième édition de l’Insee Références Emploi, chômage, revenus du travail un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.
Conditions de travail
Insee Références
Paru le :02/07/2020
En 2016, 61 % des ouvriers déclarent subir au moins trois contraintes physiques dans leur travail, contre 12 % des employés administratifs et 6 % des cadres (figure 1). Les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH) sont plus exposés (56 %) que ceux de la fonction publique de l’État (FPE ; 19 %) et du secteur privé (34 %).
tableauFigure 1a - Conditions de travail des salariés par sexe en 2016
Ensemble | Femmes | Hommes | |
---|---|---|---|
Contraintes et risques physiques | |||
Avoir au moins trois contraintes physiques1 | 34 | 28 | 39 |
Intensité du travail et pression temporelle | |||
Avoir au moins trois contraintes de rythme2 | 35 | 29 | 41 |
Devoir se dépêcher | 45 | 48 | 42 |
S'interrompre pour effectuer une tâche non prévue | 65 | 68 | 63 |
Autonomie, marges de manœuvre | |||
Avoir un travail répétitif | 43 | 46 | 39 |
Ne pas pouvoir régler soi-même les incidents | 30 | 34 | 27 |
Coopération, soutien - Être aidé pour mener les tâches à bien par : | |||
les supérieurs hiérarchiques | 77 | 75 | 79 |
les collègues | 83 | 79 | 87 |
Conflits, harcèlement | |||
Victime d'une agression3 de la part : | |||
- du public | 17 | 20 | 13 |
- de collègues ou supérieurs hiérarchiques | 11 | 13 | 10 |
Reconnaissance | |||
Au vu des efforts, recevoir l'estime et le respect que mérite le travail | 74 | 72 | 76 |
Conflits de valeur | |||
Devoir faire des choses que je désapprouve (toujours, souvent) | 10 | 10 | 10 |
Insécurité socio-économique | |||
Crainte pour son emploi | 24 | 26 | 23 |
- 1. Parmi les cinq contraintes physiques : rester longtemps debout, rester longtemps dans une posture pénible, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, devoir porter ou déplacer des charges lourdes, subir des secousses ou des vibrations.
- 2. Parmi les sept contraintes de rythme : rythme de travail imposé par le déplacement automatique d'un produit ou d'une pièce, cadence automatique d’une machine, autres contraintes techniques, dépendance immédiate vis-à-vis des collègues, normes de production à satisfaire en une journée, demande extérieure, contraintes ou surveillances permanentes exercées par la hiérarchie.
- 3. Au cours des 12 derniers mois, agression verbale, physique ou sexuelle.
- Champ : France hors Mayotte, ensemble des salariés.
- Sources : Dares-Drees-DGAFP-Insee, enquête Conditions de travail et Risques psychosociaux 2016.
Les ouvriers qualifiés et les agents de la FPH cumulent de fortes contraintes de rythme de travail (cadence automatique d’une machine, demandes extérieures, etc.) et un manque d’autonomie. En 2016, 53 % des ouvriers qualifiés déclarent être soumis à au moins trois contraintes de rythme (contre 35 % de l’ensemble des salariés), 46 % des ouvriers non qualifiés disent qu’ils ne peuvent pas régler eux mêmes les incidents (contre 30 % de l’ensemble des salariés). Les cadres, eux, sont soumis à une forte pression temporelle pour effectuer leur travail : 75 % d’entre eux déclarent devoir souvent s’interrompre pour effectuer une tâche non prévue, contre 65 % de l’ensemble des salariés. Cependant, ils disposent de plus d’autonomie : seuls 16 % d’entre eux ne peuvent régler eux mêmes les incidents. Chez les cadres, femmes et hommes déclarent des niveaux d’autonomie assez proches, alors que les écarts entre sexes sont plus marqués, au détriment des femmes, pour les ouvriers et les employés de commerce. Les contraintes de rythme de travail et de pression temporelle diffèrent davantage entre les salariés des divers versants de la fonction publique qu’entre les salariés du privé et du public. Quatre salariés de la fonction publique hospitalière sur cinq doivent souvent interrompre leur travail, contre deux sur trois dans le secteur privé, la fonction publique de l’État et la fonction publique territoriale (FPT).
77 % des salariés du privé déclarent être « aidés par leurs supérieurs hiérarchiques pour mener à bien leurs tâches », autant que les agents de la fonction publique (76 %). En revanche, ces derniers disent un peu plus souvent « recevoir l’aide de leurs collègues » (87 %) que les salariés du privé (82 %). Le soutien entre collègues apparaît plus fort pour les hommes (87 %) que pour les femmes (79 %).
En 2016, 17 % des salariés déclarent avoir subi « une agression verbale, physique ou sexuelle de la part du public au cours des douze derniers mois » ; c’est plus particulièrement le cas pour les employés et les professions intermédiaires, ainsi que pour les agents de la fonction publique travaillant en contact direct avec le public. La fréquence des agressions au sein du collectif de travail, elle, ne varie guère d’une catégorie à l’autre : pour chacune d’entre elles, environ 12 % des salariés déclarent avoir subi une « agression verbale, physique ou sexuelle de la part des collègues ou des supérieurs au cours des douze derniers mois », à l’exception de la FPH où cette proportion s’élève à 17 %.
Concernant le sentiment de reconnaissance, 74 % des salariés estiment que leur travail est reconnu à sa juste valeur : c’est un peu moins souvent le cas des employés administratifs et les ouvriers non qualifiés (70 %), mais un peu plus fréquent chez les cadres (80 %).
En 2016, 10 % des salariés déclarent « devoir toujours ou souvent faire des choses qu’ils désapprouvent ». Ces conflits de valeurs sont un peu plus souvent signalés par les employés de commerce et de service et les ouvriers. Un quart des salariés disent « craindre pour leur emploi dans l’année qui vient » : ce sentiment d’insécurité socio-économique touche davantage les salariés du privé, et en particulier les ouvriers non qualifiés.
En 2017, plus d’un salarié sur dix (11 %) est exposé à au moins un produit chimique cancérogène sur son lieu de travail, au cours de la dernière semaine travaillée précédant l’enquête (figure 2). Parmi les salariés exposés, sept sur dix sont des ouvriers, et près de neuf sur dix sont des hommes. Les domaines professionnels les plus concernés, ceux de la maintenance et de la construction, sont en effet à prédominance masculine.
tableauFigure 2 - Exposition à au moins une substance cancérogène selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe en 2017
Ensemble | 11 |
---|---|
Femmes | 3 |
Hommes | 19 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 3 |
Professions intermédiaires | 7 |
Employés administratifs | 1 |
Employés de commerce et de service | 5 |
Ouvriers qualifiés | 35 |
Ouvriers non qualifiés | 17 |
- Champ : France, ensemble des salariés.
- Source : Dares, enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (Sumer) 2017.
graphiqueFigure 2 - Exposition à au moins une substance cancérogène selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe en 2017
Définitions
Fonction publique hospitalière (FPH) : la fonction publique hospitalière regroupe les hôpitaux publics, les établissements publics d’hébergement pour personnes âgées et les autres établissements médico sociaux : aide sociale à l’enfance, mineurs et adultes handicapés ou inadaptés, réadaptation sociale (loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 constituant le titre IV du statut général). Les effectifs de la fonction publique hospitalière comprennent l’ensemble des agents qui travaillent dans ces organismes, fonctionnaires ou non, y compris dans cette acception, le personnel médical.
Fonction publique de l’État (FPE) : la fonction publique de l’État regroupe les ministères et les établissements publics administratifs (EPA) nationaux comme Pôle emploi, le Crous, le CNRS ou les universités (loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 constituant le titre II du statut général), à l’exclusion des EPA nationaux de sécurité sociale dont le statut de recrutement normal est le droit privé (notamment la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, Cnam TS). Les effectifs de la fonction publique de l’État comprennent l’ensemble des agents qui travaillent dans ces organismes, fonctionnaires ou non.
Fonction publique : la fonction publique se décompose en trois versants, la fonction publique de l’État (FPE), la fonction publique hospitalière (FPH) et la fonction publique territoriale (FPT).
Fonction publique territoriale (FPT) : la fonction publique territoriale regroupe les collectivités territoriales stricto sensu (régions, départements, communes, y compris collectivités à statut particulier) et les EPA locaux (loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 constituant le titre III du statut général). Les effectifs de la fonction publique territoriale comprennent l’ensemble des agents qui travaillent dans ces organismes, fonctionnaires ou non.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletComment ont évolué les expositions des salariés du secteur privé aux risques professionnels sur les vingt dernières années ? », Dares Analyses n° 041, septembre 2019.
« Ouvrir dans un nouvel ongletQuelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ? », Dares Analyses n° 082, décembre 2017.