Les « secteurs culturels » couvrent une large gamme d’activités qui s’inscrivent dans le champ de compétences du ministère de la Culture (encadré 1, encadré 2). En France, en 2020¹, 740 000 personnes travaillent dans un secteur culturel (qu’elles exercent ou non une profession culturelle²), soit 2,7 % de l’emploi total. Ces travailleurs de la culture opèrent dans des secteurs d’activité très divers : l’architecture, les arts visuels, l’audiovisuel et le multimédia, le spectacle vivant, le livre et la presse, le patrimoine ou encore la publicité et l’enseignement culturel amateur.

En 2020, les indépendants représentent 34 % des personnes exerçant leur activité principale dans un secteur culturel. Cette part est en augmentation de 8 points depuis 2010, alors qu’elle est restée quasi stable à 12 % pour l’ensemble des personnes en emploi durant cette même période.

Si les professionnels des arts visuels ont massivement adopté ce statut d’indépendant, c’est à l’inverse le salariat qui domine dans l’audiovisuel et le multimédia comme dans le spectacle vivant et la publicité, avec une proportion d’indépendants ne dépassant pas 20 % (figure 1). Le secteur du patrimoine se démarque par une quasi‑absence d’indépendants.

1. Selon l'enquête Emploi.
2. En 2020, environ 700 000 personnes exercent une profession culturelle à titre principal, soit 2,6 % de l’emploi total.

En 2022, 258 600 personnes³ exercent une activité non salariée dans les secteurs culturels, à titre exclusif ou en complément d’une activité salariée, soit presque trois fois plus qu’en 2007. Durant cette même période, l’emploi non salarié dans son ensemble a augmenté moins fortement (+81 %). La part des secteurs culturels dans l’ensemble des non‑salariés est passée de 4,6 % en 2007 à 7,2 % en 2022 (encadré 1, figure A).

La forte hausse du nombre de non‑salariés concerne tous les secteurs culturels (figure 2). Avec une multiplication des effectifs par 8, le secteur de l’enseignement artistique amateur est celui qui a le plus augmenté entre 2007 et 2022, suivi par celui des arts visuels (multiplication par 6). La forte croissance des effectifs non salariés dans ce dernier est portée par les activités spécialisées de design (effectifs multipliés par 33) qui bénéficient de l’émergence, au cours des dernières années, de nouveaux champs d’application, notamment dans le design numérique.

3. Selon la base Non‑salariés.

Le nombre de non‑salariés travaillant dans le secteur de l’audiovisuel et du multimédia a été multiplié par près de 4 en 15 ans. Il a par exemple été multiplié par 13 entre 2007 et 2022 dans l’édition de jeux électroniques, accompagnant la forte croissance du secteur, devenu la première industrie culturelle [Ouvrir dans un nouvel ongletBenghozi, Chantepie, 2017], ainsi que la progression de la pratique des jeux vidéo en France [Ouvrir dans un nouvel ongletLombardo, Wolff, 2020]. Cependant, cette croissance ne concerne pas toutes les activités de l’audiovisuel et du multimédia. Ainsi, dans un contexte de baisse du recours aux supports physiques pour écouter la musique et regarder des vidéos [Ouvrir dans un nouvel ongletChiffres clés de la culture, 2023], le nombre de non‑salariés travaillant dans le sous‑secteur de la location de cassettes et disques vidéo a baissé de 83 % durant cette même période. La baisse des effectifs non salariés touche également le commerce de détail d’enregistrements musicaux et vidéo (‑27 %).

Dans les secteurs du spectacle vivant, du livre et de la presse, du patrimoine et des agences de publicité ainsi que de l’architecture, les effectifs non salariés ont augmenté plus modérément, avec une hausse moyenne proche de celle constatée pour l’ensemble des non‑salariés.

Depuis sa mise en place en 2009, le statut de micro‑entrepreneur (ME) attire les non‑salariés de la culture dans des proportions bien plus élevées que dans l’ensemble de l’économie. Dans les secteurs culturels, le nombre de micro‑entrepreneurs a été multiplié par 9 depuis 2009. Ils y représentent   73 % des non‑salariés en 2022, contre 49 % parmi l’ensemble de l’économie (figure 3). Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à adopter ce statut.

Dans le même temps, le nombre d’entrepreneurs individuels classiques a reculé de 52 % dans les secteurs culturels, soit près de deux fois plus que dans l’ensemble des secteurs d’activité (‑29 %). À l’inverse, le nombre de gérants majoritaires de société a progressé à un rythme assez proche dans les secteurs culturels et dans l’ensemble de l’économie (+39 % entre 2009 et 2022).

Dès 2009, la part des micro‑entrepreneurs était déjà élevée parmi les non‑salariés de l’enseignement artistique amateur (35 %). Treize ans plus tard, 9 non‑salariés sur 10 de ce secteur ont adopté ce statut. En 2022, les ME sont également majoritaires parmi les non‑salariés des arts visuels et du spectacle vivant.

En revanche, dans l’architecture, les ME sont peu nombreux, les non‑salariés de ce secteur travaillant plus souvent sous le statut de gérant majoritaire de société (38 %, contre 16 % en moyenne pour l’ensemble des non‑salariés de la culture). Selon l’ordre des architectes, dans ce secteur, le régime de ME intéresse plus particulièrement les architectes en début de carrière et les salariés souhaitant avoir une activité connexe.

À l’instar de l’ensemble des professions culturelles [Ouvrir dans un nouvel ongletMerchaoui, Picard, 2024], l’activité non salariée dans les secteurs culturels se féminise au fil des années, pour atteindre la quasi‑parité. La part des femmes parmi les non‑salariés de la culture est ainsi passée de 33 % en 2007 à 48 % en 2022. Cette féminisation de l’activité non salariée est moins rapide dans l’ensemble des secteurs d’activité : en 2022 les femmes représentent 41 % de l’ensemble des non‑salariés, 10 points de plus qu’en 2007 (figure 4).

Néanmoins, dans le champ culturel, la part des femmes parmi les non‑salariés n’augmente pas au même rythme partout. C’est dans l’architecture qu’elle augmente le plus (+17 points), même si les femmes y restent minoritaires (36 % en 2022). Le secteur des agences de publicité reste également très masculin, la part des femmes n’y dépassant pas un tiers, même si elle a progressé de 8 points depuis 2007. Dans l’enseignement artistique amateur, le livre et la presse, les arts visuels et le patrimoine, où les femmes étaient déjà très présentes en 2007, la féminisation s’est renforcée. En revanche elle n’a pas progressé en 15 ans dans le spectacle vivant, l’audiovisuel et le multimédia, où la présence féminine ne dépasse pas 32 % en 2022.

En 2022, 48 % des non‑salariés des secteurs de la culture ont moins de 40 ans, contre 37 % de l’ensemble des non‑salariés. La part des moins de 40 ans est plus élevée parmi les non‑salariés de l’audiovisuel (62 %) et des arts visuels (58 %). À l’inverse, ils sont minoritaires dans l’architecture, le patrimoine, la publicité et l’enseignement artistique amateur (moins de 40 %). Et c’est parmi les non‑salariés travaillant dans ces secteurs que la part de personnes de plus de 50 ans est la plus élevée.

Entre 2007 et 2022, la part des moins de 40 ans a davantage augmenté parmi les non‑salariés de la culture que dans l’ensemble des non‑salariés (+19 points contre +5 points). Ce rajeunissement concerne l’ensemble des secteurs culturels, à l’exception de celui du patrimoine, dans lequel la part des non‑salariés de moins de 40 ans baisse de 9 points en 15 ans.

Les femmes non salariées des secteurs culturels se distinguent de leurs homologues masculins par leur plus jeune âge : elles sont 52 % à être âgées de moins de 40 ans, contre 45 % des hommes, et seulement 8 % d’entre elles ont 61 ans ou plus, contre 14 % des hommes.

En 2022, alors que 19 % des non‑salariés, tous secteurs confondus, exercent leur activité en Île‑de‑France, ils sont 30 % parmi les non‑salariés des secteurs culturels (de 26 % à 42 % selon le secteur culturel).

En 15 ans, la concentration des non‑salariés des secteurs culturels en Île‑de‑France a augmenté de 3 points, une progression comparable à celle de l’ensemble des non‑salariés. Cette évolution a touché la plupart des secteurs culturels, à l’exception de l’audiovisuel et du multimédia, déjà très franciliens en 2007 et qui restent les secteurs les plus concentrés en Île‑de‑France en 2022.

Entre 2014 et 2022, dans les secteurs culturels, le revenu mensuel moyen d’activité non salariée des ME s’est accru de 50 %, celui des gérants majoritaires de société et des entrepreneurs individuels de 9 %. Cependant, en moyenne sur l’ensemble des non‑salariés de la culture⁴, le revenu mensuel moyen d’activité non salariée a baissé (‑17 % en euros constants), de même que celui des non‑salariés tous secteurs confondus (‑11 %). Dans les secteurs culturels comme dans l’ensemble, cette baisse du revenu moyen des non‑salariés résulte de la forte augmentation de la part de ME, caractérisés par de plus faibles revenus que les non‑salariés classiques (entrepreneurs individuels et gérants majoritaires de société).

Au total, en 2022, le revenu mensuel moyen des non‑salariés de la culture (1 360 euros), tiré de leur activité non salariée, est près de 2 fois plus faible que celui de l’ensemble des non‑salariés (2 570 euros) (figure 5). C’est pour beaucoup le reflet de la part plus importante de ME parmi les non‑salariés des secteurs culturels (73 %, contre 49 % pour l’ensemble des non‑salariés) : en 2022, leur seul revenu non‑salarié est en moyenne de 650 euros dans les secteurs culturels, proche de celui de l’ensemble des ME (680 euros). Les non‑salariés classiques de la culture ont un revenu mensuel bien plus conséquent, de 2 630 euros en moyenne, même s’il est inférieur de 42 % à celui de l’ensemble des non‑salariés classiques.

4. La formule de calcul du revenu non salarié a changé en 2014 : à partir de cette année, un taux d’abattement dépendant du type d’activité exercée est appliqué pour les micro‑entrepreneurs. Pour les gérants de société, le revenu d’activité intègre une partie des dividendes perçus.

Le secteur culturel le moins rémunérateur est celui de l’enseignement artistique amateur, aussi bien pour les non‑salariés classiques (1 480 euros par mois en moyenne en 2022) que pour les ME (480 euros par mois). La moitié des non‑salariés classiques de ce secteur perçoivent un revenu mensuel inférieur à 1 100 euros. Les revenus non salariés sont également bas dans les arts visuels. À l’inverse, les secteurs les plus rémunérateurs sont l’architecture pour les ME (1 160 euros par mois en moyenne en 2022) et l’audiovisuel pour les non‑salariés classiques (4 270 euros par mois).

Parmi les non‑salariés classiques de la culture, les hommes perçoivent en moyenne un revenu d’activité non salariée 1,5 fois plus élevé que celui des femmes. Notamment, les 1 % des hommes les mieux rémunérés gagnent en moyenne 1,7 fois plus que leurs homologues féminines. Parmi les ME, ces inégalités de revenu entre les femmes et les hommes sont bien moins marquées (les hommes gagnent 6 % de plus que les femmes en moyenne), principalement parce que ces revenus sont globalement très modestes.

En 2022, 28 % des non‑salariés des secteurs culturels sont pluriactifs (figure 6) : ils exercent simultanément une activité non salariée et une ou plusieurs activités salariées. Cette part est plus élevée que pour l’ensemble des non‑salariés (20 %). La suite de l’étude porte sur ces non‑salariés pluriactifs, dont la part a progressé de 8 points dans les secteurs culturels entre 2009 et 2022. Cette hausse est à relier à la forte hausse du nombre de ME durant cette période : les ME qui ont en moyenne de plus faibles revenus ont plus fréquemment plusieurs activités (salariées ou non). Plus d’un tiers des ME dans la culture cumulent ainsi une activité salariée et une activité non salariée, une part assez comparable à celle constatée chez l’ensemble des ME (31 %).

C’est parmi les non‑salariés de l’enseignement artistique amateur, où la part de ME est la plus élevée, que la hausse de la part de pluriactifs a été la plus forte (+18 points). Ils sont les plus nombreux à être pluriactifs en 2022 (44 %). À l’inverse, la pluriactivité est moins répandue dans l’architecture, où la part de ME est la plus faible et a le moins augmenté : seulement 14 % des non‑salariés de ce secteur sont pluriactifs en 2022.

En 2022, les non‑salariés pluriactifs de la culture exercent une activité salariée conjointe le plus souvent dans un autre secteur : seulement 18 % l’exercent dans un secteur culturel, une proportion quasi stable depuis 2017. Ils sont nombreux à exercer leur activité salariée conjointe dans le secteur de l’enseignement (13 %) ou dans l’administration publique (11 %) (figure 7).

Les non‑salariés pluriactifs du livre et la presse exercent moins fréquemment leur activité salariée conjointe dans un secteur culturel, contrairement à ceux de l’audiovisuel et du multimédia et ceux de l’architecture.

77 % des non‑salariés culturels pluriactifs exercent leur activité salariée conjointe dans une entreprise du domaine privé. C’est le cas particulièrement des non‑salariés des agences de publicité (89 %), de l’audiovisuel et multimédia (85 %) et des arts visuels (83 %).

Les non‑salariés de l’enseignement artistique amateur pluriactifs se distinguent par les proportions élevées de ceux qui exercent leur activité salariée pour des entreprises du domaine public (34 %) ou pour des associations privées (31 %).

En 2022, pour 86 % des non‑salariés pluriactifs de la culture, l’activité salariée conjointe constitue l’activité principale, au sens où la somme des salaires nets associés aux postes salariés est supérieure au revenu non salarié. Dans les arts visuels et le spectacle vivant, 9 non‑salariés pluriactifs sur 10 sont salariés en statut principal, contre 7 sur 10 dans l’architecture.

En 2022, pour les non‑salariés pluriactifs de la culture, le revenu d’activité global issu du cumul d’une activité salariée et d’une activité non salariée s’élève à 27 340 euros par an ; il est inférieur à celui des non‑salariés pluriactifs tous secteurs confondus (35 510 euros) (figure 8).

Les non‑salariés pluriactifs de l’architecture touchent un revenu d’activité global moyen de 42 570 euros par an, notablement supérieur à celui des non‑salariés des autres secteurs culturels. Dans chaque secteur culturel, les non‑salariés pluriactifs perçoivent un revenu global nettement supérieur à celui des non‑salariés monoactifs.

Entre 2017 et 2022, le revenu d’activité global annuel moyen des non‑salariés pluriactifs des secteurs culturels a baissé de 8 % en euros constants soit une baisse trois fois moindre que celle du revenu d’activité de l’ensemble des non‑salariés pluriactifs. Cette baisse de revenu concerne particulièrement les gérants majoritaires de société (‑14 %) et très peu les ME (‑1 %). En revanche, le revenu des entrepreneurs individuels a augmenté de 27 % durant cette même période.

En 2022, le salaire issu de l’activité salariée conjointe représente en moyenne 81 % du revenu d’activité global des non‑salariés de la culture pluriactifs. Cette part diffère cependant selon le secteur d’activité : si elle atteint 85 % dans le secteur des arts visuels, elle tombe à 67 % dans l’architecture. Les salaires constituent en moyenne 66 % du revenu d’activité global des entrepreneurs individuels pluriactifs, 68 % de celui des gérants majoritaires de sociétés pluriactifs et 82 % de celui des ME pluriactifs.

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