Fin 2022, 1 766 000 micro-entrepreneurs (ME) sont économiquement actifs (figure 1). Ils exercent une activité non salariée dans l’ensemble des secteurs non agricoles, à titre principal ou en complément d’une activité salariée. Ils représentent désormais près de la moitié (49 %) de l’emploi non salarié, cette part variant fortement selon les secteurs : elle culmine à 95 % dans les activités de livraison à domicile et des coursiers urbains et dépasse 75 % notamment dans certains services aux particuliers (enseignement, activités artistiques et récréatives, autres services personnels), dans certaines activités spécialisées (traduction, design, photographie) et dans le commerce de détail hors magasin (à distance ou sur les marchés) (figure 2). À l’opposé, moins de 20 % des non-salariés sont ME dans les activités financières et d’assurance, le transport de fret et déménagement, ou dans la santé et l’action sociale. Dans ce dernier secteur, nombre de professions ne sont pas ouvertes au statut de ME, celles qui le sont concernent principalement les activités de psychothérapie, psychanalyse, acupuncture ou homéopathie. La population des micro-entrepreneurs se renouvelle fortement chaque année : 27 % des ME économiquement actifs fin 2022 ne l’étaient pas l’année précédente, et 21 % des ME actifs fin 2021 ne le sont plus fin 2022.

Après avoir doublé dès la deuxième année d’existence du dispositif, en 2010, les effectifs de micro‑entrepreneurs ont augmenté en moyenne de 22 % par an entre 2010 et 2013 (figure 3). Avec la fin de l’exonération de cotisation foncière des entreprises (CFE) début 2015, qui a pesé sur les affiliations, leur croissance s’est modérée, tout en restant vive : +8 % en moyenne par an entre 2015 et 2017. Avec le doublement des plafonds de chiffres d’affaires ouvrant droit au statut début 2018, la croissance s’est à nouveau accrue : +14 % par an en moyenne entre 2017 et 2022.

Les effectifs de ME du secteur des transports ont le plus augmenté entre 2017 et 2021 (+53 % par an en moyenne), avant de se replier de 17 % en 2022. Cette baisse provient principalement de la livraison à domicile, dont les effectifs de ME ont reculé de 23 % en 2022, probablement en raison d’une demande moindre qu’en 2020 et 2021, notamment lors des confinements. Dans les autres secteurs, la hausse annuelle des effectifs entre 2017 et 2022, quoique soutenue, a été moins prononcée, comprise entre 8 % dans le commerce et 16 % dans les services aux entreprises et services mixtes. Dans le secteur de la santé, les effectifs de ME ont progressé de 10 % par an en moyenne entre 2017 et 2022.

La moitié des ME perçoit moins de 340 euros par mois de leur activité non salariée. Leur faible revenu est lié à la nature de ce régime, qui impose des plafonds sur le chiffre d’affaires. Il s’agit souvent d’une activité d’appoint : en 2022, 31 % des ME la cumulent avec un travail salarié, contre 9 % des non-salariés classiques. Dans l’industrie et les transports, la médiane des revenus ne dépasse pas 130 euros par mois en 2022, alors qu’elle atteint 710 euros dans la construction. Les revenus d’activité s’approchent plus souvent du plafond imposé dans certains secteurs des services aux entreprises ou des services mixtes. Ainsi, un micro‑entrepreneur sur quatre gagne plus de 1 300 euros par mois dans le conseil de gestion ou la construction, et plus de 1 600 euros dans les activités immobilières, l’architecture et l’ingénierie.

Le poids des revenus des ME dans l’ensemble des revenus générés par les activités non salariées est de 13 % en 2022, soit deux fois plus qu’en 2017. Il atteint 53 % dans l’enseignement (35 % en 2017), secteur où les ME sont particulièrement nombreux et où l’écart relatif de revenu entre non-salariés classiques et ME est faible.