Fin 2020, 15,7 millions de personnes résidant en France perçoivent une pension de droit direct, dont 1,4 million ont principalement été affiliées à un régime de non-salariés, au sens où elles y ont réalisé la plus grande partie de leur carrière (figure 1). La moitié de ces anciens non-salariés sont d’anciens exploitants agricoles, 500 000 d’anciens artisans-commerçants et 180 000 ont exercé des professions libérales.

En 2020, la pension totale brute tous régimes (avant prélèvements sociaux, et pour le seul droit direct, c’est-à-dire hors réversion et hors minimum vieillesse) des anciens non-salariés est de 1 180 euros en moyenne par mois. Elle est plus faible pour les anciens exploitants agricoles (810 euros) et les anciens artisans-commerçants (1 230 euros) que pour l’ensemble des retraités (1 540 euros). Les retraités ayant principalement exercé des professions libérales, en revanche, perçoivent une pension en moyenne plus élevée (2 570 euros). Les retraités étant ici classés selon leur régime principal, une fraction de leur pension totale peut provenir d’autres régimes. Les femmes perçoivent une pension moyenne plus faible que celle des hommes, l’écart allant de 31 % parmi les exploitants agricoles à 41 % parmi les artisans-commerçants.

En 2020, un quart des anciens non-salariés ont une pension inférieure à 800 euros par mois (1^er quartile ou Q1) et un quart une pension supérieure à 1 630 euros (3^e quartile ou Q3). Le rapport interquartile Q3/Q1, qui mesure le degré de dispersion, s’élève à 2,0 parmi les anciens artisans-commerçants et à 2,1 parmi les retraités ayant principalement exercé des professions libérales, proches de celui de l’ensemble des pensionnés (2,2). Les exploitants agricoles se démarquent par des pensions plus modestes, et moins dispersées (rapport interquartile de 1,4).

Entre les générations 1940 et 1953, l’âge moyen de départ à la retraite des anciens non-salariés a augmenté de 10 mois, soit deux fois plus que pour l’ensemble des retraités, pour atteindre 62 ans et 6 mois (figure 2). Globalement stable entre les générations 1940 et 1945, il a ensuite baissé entre les générations 1945 et 1949 avec la mise en place, en 2003, des départs anticipés pour carrière longue. Puis il a augmenté avec la réforme de 2010, qui a relevé les bornes d’âge.

L’ampleur de l’augmentation après la génération 1951, première concernée par la réforme de 2010, diffère d’un régime à l’autre, selon le niveau de l’âge de départ avant réforme et la concentration des départs à l’âge minimal d’ouverture des droits (relevé de 60 à 62 ans). Alors que l’âge moyen a augmenté de 10 mois pour l’ensemble de la population entre les générations 1951 et 1953, il n’a augmenté que de 2 mois pour les professions libérales qui liquidaient déjà en moyenne au-delà de 64 ans. A contrario, pour les exploitants agricoles, plus concernés par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits, il a augmenté de 16 mois.

In fine, l’âge moyen de liquidation des droits est resté plus élevé pour les anciens non-salariés (62 ans et 6 mois pour la génération 1953) que celui de l’ensemble des retraités (61 ans et 4 mois). Pour les professions libérales, l’âge de liquidation des droits est encore plus élevé : 64 ans et 5 mois en moyenne.

Les durées de carrière validées lors de la liquidation de la retraite se sont allongées d’environ 3 ans en moyenne entre les générations 1940 et 1953 pour l’ensemble des assurés (passant d’un peu moins de 37 à près de 40 années) (figure 3). Cette hausse s’explique par les réformes des retraites (relèvement des bornes d’âge, hausse de la durée requise), mais aussi par la participation accrue des femmes au marché du travail de génération en génération. L’augmentation est nettement moins prononcée pour les anciens non-salariés (+6 mois). Pour les professions libérales et les exploitants agricoles, cela vient d’un niveau de durée validée déjà élevé dès la génération 1940. Pour les artisans-commerçants, où les femmes sont sous-représentées mais dont la proportion a légèrement augmenté, la durée de carrière validée moyenne a diminué.