En 2022, sur l’ensemble des secteurs d’activité (hors agriculture), 11 % des non-salariés classiques perçoivent un revenu d’activité nul ou déficitaire (figure 1). Les gérants majoritaires peuvent se verser des dividendes plutôt qu’une rémunération ; leur revenu peut alors être nul même quand l’exercice est bénéficiaire. La part des revenus nuls ou déficitaires est la plus élevée dans les services aux particuliers (16 %) et la plus faible dans la santé (3 %).

Parmi l’ensemble des non-salariés classiques qui ont dégagé un revenu positif, 10 % gagnent moins de 650 euros par mois (1^er décile ou D1). Ce seuil est particulièrement faible dans les services aux particuliers (350 euros), l’industrie (440 euros) et le commerce (460 euros). À l’inverse, il est le plus élevé dans la santé (1 460 euros).

À l’autre extrémité de l’échelle des revenus, 10 % des non-salariés classiques gagnent plus de 9 320 euros par mois (9^e décile ou D9), et 1 % plus de 27 950 euros (99^e centile ou C99). Le 9^e décile est le plus bas dans les services aux particuliers (4 370 euros) et les transports (4 520 euros). À l’inverse, il est le plus élevé dans les services aux entreprises et services mixtes (12 290 euros) et dans la santé (12 080 euros).

Pour mesurer les inégalités de revenu, le rapport interdécile D9/D1 est couramment utilisé. Dans l’ensemble il est de 14 pour les revenus d’activité des non-salariés classiques (figure 2). En considérant les revenus non annualisés qui, outre la rémunération d’une unité de travail, varient selon le volume de travail réalisé au cours de l’année, le rapport interdécile atteint 15, soit un peu moins que pour le revenu salarial dans le secteur privé (18). Dans le haut de la distribution des revenus, le rapport interdécile D9/D5 est en revanche plus élevé pour les revenus non salariaux (3) que pour le revenu salarial (2).

Pour les non-salariés, les inégalités de revenu annualisé sont plus faibles dans la construction, la santé et les transports (rapport interdécile D9/D1 inférieur à 10), et plus fortes dans l’industrie (18), les services aux entreprises et services mixtes (17) ou le commerce (17). Dans ces trois derniers secteurs, les revenus sont plus dispersés que dans les autres secteurs, aussi bien dans la première que dans la seconde moitié de la distribution.

Entre 2008 et 2022, la dispersion des revenus des non-salariés classiques, mesurée par le rapport interdécile, s’est atténuée. La médiane (5^e décile ou D5) a augmenté sur la période, de 0,6 % par an en moyenne en euros constants de 2008 à 2012, puis de 1,4 % par an de 2012 à 2022 (figure 3). Le D9 a peu varié (-0,1 % par an en moyenne sur 2008-2012, puis +0,4 % par an sur 2012-2022), tandis que le D1 a sensiblement augmenté (+3,4 % par an en moyenne sur 2008-2012, puis +2,4 % par an), de sorte que les inégalités de revenus se sont nettement réduites, de 3 points environ en une décennie pour le rapport D9/D1. La hausse des revenus dans le bas de la distribution est en partie liée à la montée en charge du statut de micro-entrepreneur : depuis 2009, davantage de non-salariés ayant de faibles revenus optent pour ce statut, si bien que la proportion de non-salariés classiques à bas revenus se réduit. Les seuils du bas de l’échelle de revenu des non-salariés classiques s’en trouvent mécaniquement rehaussés.

Tout en haut de l’échelle, le dernier centile (C99) a davantage augmenté que le D9. Pour autant, entre 2012 et 2022, ce seuil a progressé de 5,3 % en euros constants, soit trois fois moins que le revenu d’activité médian des non-salariés classiques.