France, portrait social Édition 2024
Cet ouvrage rassemble trois analyses des discriminations ressenties et vécues par différents groupes de personnes. Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2023, année encore marquée par une forte inflation. Enfin, une quarantaine de fiches synthétiques dressent le panorama social de la France.
Protection sociale en Europe
Insee Références
Paru le :21/11/2024
En 2021, les dépenses de protection sociale atteignent en moyenne 29 % du produit intérieur brut (PIB) au sein de l’Union européenne (UE) (figure 1). Cette part est la plus élevée en France (33 %) ; elle dépasse 30 % en Finlande, en Allemagne, en Italie et en Autriche. À l’inverse, elle est inférieure à 20 % dans les pays baltes, à Malte, dans la majorité des pays de l’Est, ainsi qu’en Irlande, où elle est la plus faible (13 %). Les écarts reflètent des différences de niveaux de vie, mais également la diversité des systèmes nationaux de protection sociale. Après une forte hausse liée à la crise sanitaire en 2020, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB a diminué entre 2020 et 2021 dans presque tous les pays de l’UE, en raison de la fin progressive des mesures exceptionnelles mises en place pour faire face à la pandémie. Cette baisse atteint 2,5 points en Italie et en Belgique, quasiment autant en Grèce et au Luxembourg. Elle est de 1,7 point pour la France. À l’opposé, la Lettonie affiche une hausse de 1,9 point.
tableauFigure 1 – Prestations sociales en 2021
Pays | Répartition des prestations sociales selon le risque couvert (en % du total des prestations) |
Dépenses totales de protection sociale (en % du PIB) |
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Vieillesse, survie | Maladie, soins de santé | Invalidité | Famille, enfance | Chômage | Logement, exclusion sociale | ||
Allemagne | 41,1 | 32,7 | 7,0 | 11,8 | 5,1 | 2,3 | 30,6 |
Autriche | 48,0 | 26,9 | 5,4 | 8,6 | 9,2 | 2,0 | 32,2 |
Belgique | 45,0 | 28,6 | 9,2 | 7,4 | 6,7 | 3,2 | 28,6 |
Bulgarie | 49,4 | 29,2 | 8,6 | 8,5 | 2,8 | 1,6 | 18,3 |
Chypre | 46,0 | 27,6 | 3,4 | 4,7 | 11,7 | 6,6 | 21,8 |
Croatie | 41,9 | 35,5 | 9,0 | 9,1 | 2,8 | 1,7 | 21,8 |
Danemark | 38,8 | 23,5 | 16,8 | 10,8 | 3,9 | 6,2 | 29,4 |
Espagne | 48,0 | 29,0 | 6,2 | 5,6 | 9,2 | 2,1 | 27,6 |
Estonie | 40,6 | 29,6 | 10,9 | 12,8 | 5,5 | 0,7 | 17,1 |
Finlande | 45,2 | 23,1 | 9,0 | 9,9 | 6,6 | 6,2 | 30,5 |
France | 43,1 | 30,8 | 6,1 | 6,7 | 7,2 | 6,1 | 33,4 |
Grèce | 62,2 | 22,2 | 3,9 | 5,3 | 3,9 | 2,5 | 26,8 |
Hongrie | 46,7 | 32,2 | 5,0 | 10,6 | 2,3 | 3,3 | 17,4 |
Irlande | 30,4 | 41,1 | 5,0 | 8,5 | 10,7 | 4,3 | 13,2 |
Italie | 55,9 | 22,9 | 5,3 | 4,1 | 6,5 | 5,3 | 30,7 |
Lettonie | 41,1 | 33,3 | 8,0 | 11,1 | 5,5 | 1,0 | 19,1 |
Lituanie | 38,6 | 30,3 | 7,8 | 11,2 | 10,1 | 2,1 | 18,0 |
Luxembourg1 | 40,1 | 26,9 | 11,4 | 14,8 | 4,0 | 2,8 | 21,5 |
Malte | 43,0 | 32,6 | 3,4 | 5,2 | 13,7 | 2,2 | 17,8 |
Pays-Bas | 41,2 | 36,0 | 8,7 | 4,6 | 2,7 | 6,9 | 27,9 |
Pologne | 50,8 | 25,8 | 4,9 | 15,0 | 1,9 | 1,6 | 22,5 |
Portugal | 53,7 | 27,9 | 6,8 | 5,1 | 5,8 | 0,9 | 25,6 |
Roumanie | 54,9 | 26,9 | 4,9 | 11,9 | 0,7 | 0,7 | 16,3 |
Slovaquie | 44,9 | 32,3 | 7,4 | 10,3 | 4,0 | 1,1 | 18,9 |
Slovénie | 43,1 | 34,3 | 5,0 | 7,5 | 6,7 | 3,4 | 24,8 |
Suède | 44,7 | 29,4 | 8,9 | 10,1 | 3,7 | 3,3 | 27,4 |
Tchéquie | 44,0 | 35,4 | 5,7 | 8,3 | 5,1 | 1,5 | 21,2 |
UE | 45,3 | 29,7 | 6,9 | 8,3 | 5,9 | 3,9 | 28,7 |
- 1. Les données relatives au Luxembourg ne sont pas entièrement comparables aux autres pays car environ 40 % des bénéficiaires de prestations vivent en dehors du pays (travailleurs frontaliers notamment).
- Lecture : En 2021, en France, la dépense totale de protection sociale équivaut à 33,4 % du produit intérieur brut (PIB), 43,1 % sont consacrés au risque vieillesse et survie.
- Source : Eurostat, Sespros (extraction des données en juin 2024).
Les pensions de vieillesse et de survie (la survie recouvrant principalement les pensions de réversion) représentent partout, excepté en Irlande, la première dépense de protection sociale. En moyenne, la part des dépenses de vieillesse et survie dans le total des prestations sociales est stable entre 2020 et 2021 au sein de l’UE. En 2021, elles en représentent 45 %. Cette part est particulièrement élevée dans certains pays du Sud : 62 % en Grèce, 56 % en Italie et 54 % au Portugal. Elle est aussi supérieure à 50 % en Roumanie (55 %) et en Pologne (51 %). À l’autre extrémité, l’Irlande y consacre 30 % de ses prestations sociales, en raison notamment de la faible part de personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population. La France occupe une position intermédiaire (43 %).
Les dépenses de maladie et de soins de santé constituent la deuxième dépense sociale. Leur part varie de 22 % en Grèce à 41 % en Irlande, et s’élève à 31 % en France. Les dépenses consacrées aux autres risques restent plus modestes. La France consacre 6 % de ses prestations sociales à l’invalidité, contre 7 % en moyenne dans l’UE (17 % pour le Danemark). Le risque famille et enfance est également proche de la moyenne européenne pour la France (7 %, contre 8 % dans l’UE), les pays du Sud, à l’exception de la Croatie, se situant en deçà. Entre 2020 et 2021, la part du chômage dans les dépenses de protection sociale a diminué dans presque tous les pays de l’UE. En 2021, la France y consacre 7 % de ses prestations sociales (-2 points par rapport à 2020), contre 6 % dans l’UE, ces parts allant de 1 % en Roumanie à 14 % à Malte.
La protection sociale est financée soit par des cotisations sociales, soit par des recettes fiscales, sous forme de contributions publiques et d’impôts et taxes affectés. En 2021, 17 pays de l’UE financent majoritairement leur protection sociale par des cotisations sociales (figure 2). Cependant, la part des recettes budgétaires et fiscales augmente dans la majorité des pays depuis une dizaine d’années, la base d’imposition de ces dernières étant plus large que celle des cotisations sociales assises sur les seuls revenus du travail. C’est le cas en France depuis les années 1990 (création de la CSG en 1991, puis montée en puissance en 1998 et 2018, affectation croissante de taxes comportementales ou d’autre nature et de contributions dues par les entreprises).
tableauFigure 2 – Part des cotisations sociales dans les recettes de protection sociale en 2021
Pays | Part des cotisations sociales dans les recettes de protection sociale |
---|---|
Allemagne | 63,3 |
Autriche | 59,4 |
Belgique | 54,2 |
Bulgarie | 51,4 |
Chypre | 45,2 |
Croatie | 57,3 |
Danemark | 19,4 |
Espagne | 52,0 |
Estonie | 71,5 |
Finlande | 45,7 |
France | 52,5 |
Grèce | 47,0 |
Hongrie | 60,0 |
Irlande | 36,9 |
Italie | 47,5 |
Lettonie | 48,2 |
Lituanie | 51,9 |
Luxembourg | 51,3 |
Malte | 25,1 |
Pays-Bas | 56,9 |
Pologne | 60,6 |
Portugal | 46,5 |
Roumanie | 73,3 |
Slovaquie | 76,2 |
Slovénie | 66,0 |
Suède | 47,7 |
Tchéquie | 71,6 |
UE | 54,5 |
- Note : Les cotisations sociales correspondent aux cotisations des employeurs et des personnes protégées (salariés, travailleurs indépendants, retraités ou autres personnes).
- Lecture : En 2021, en Espagne, les cotisations sociales représentent 52,0 % des recettes de protection sociale.
- Source : Eurostat, Sespros (extraction des données en juin 2024).
graphiqueFigure 2 – Part des cotisations sociales dans les recettes de protection sociale en 2021

- Note : Les cotisations sociales correspondent aux cotisations des employeurs et des personnes protégées (salariés, travailleurs indépendants, retraités ou autres personnes).
- Lecture : En 2021, en Espagne, les cotisations sociales représentent 52,0 % des recettes de protection sociale.
- Source : Eurostat, Sespros (extraction des données en juin 2024).
Définitions
Les dépenses de protection sociale comprennent la fourniture des prestations sociales, les coûts administratifs et autres dépenses. La fourniture de prestations en représente l’essentiel.
Les prestations sociales sont des transferts, en espèces ou en nature, aux ménages qui sont destinés à alléger la charge financière que représente pour ceux-ci la protection contre un certain nombre de risques ou de besoins (liés à la maladie, la vieillesse, le logement, etc.). Ils sont effectués dans le cadre de l'assurance sociale par l'intermédiaire de régimes (publics ou privés) organisés de façon collective ou bien, en dehors de ces régimes dans le cadre de l'assistance sociale, par des unités des administrations publiques ou des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM).
Les contributions publiques sont constituées de versements de l’État et des collectivités locales aux régimes de protection sociale. Elles sont prélevées sur l’ensemble des recettes fiscales et ne constituent donc pas des recettes affectées.
Les impôts et taxes affectés (Itaf) sont des prélèvements obligatoires explicitement affectés au financement de la protection sociale. Il existe une cinquantaine d’Itaf en France, parmi lesquels la contribution sociale généralisée (CSG), les taxes sur les tabacs et les alcools et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Les ressources qui servent à financer la protection sociale se répartissent en trois catégories principales :
- les cotisations sociales à la charge de l’employeur et du salarié sont des versements calculés en pourcentage de la rémunération brute qui donnent droit au salarié à des prestations sociales ;
- les contributions publiques sont constituées de versements de l’État et des collectivités locales aux régimes de protection sociale. Elles sont prélevées sur l’ensemble des recettes fiscales et ne constituent donc pas des recettes affectées ;
- les impôts et taxes affectés (Itaf) sont des prélèvements obligatoires explicitement affectés au financement de la protection sociale. Il existe une cinquantaine d’Itaf en France, parmi lesquels la contribution sociale généralisée (CSG), les taxes sur les tabacs et les alcools et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletLa protection sociale en France et en Europe en 2022 – Résultats des comptes de la protection sociale », coll. « Panoramas de la Drees - Social », édition 2023.