France, portrait social Édition 2024
Cet ouvrage rassemble trois analyses des discriminations ressenties et vécues par différents groupes de personnes. Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2023, année encore marquée par une forte inflation. Enfin, une quarantaine de fiches synthétiques dressent le panorama social de la France.
Pauvreté monétaire
Insee Références
Paru le :21/11/2024
Dans cette fiche, les données de 1996 à 2020 ont été rétropolées pour permettre une comparaison temporelle et peuvent donc différer de celles diffusées dans les Chiffres-clés, qui présentaient les données avec des ruptures de série en 2010, 2012 et 2020.
En 2022, en France métropolitaine, 9,1 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé à 60 % du niveau de vie médian (figure 1). Ce seuil s’établit en 2022 à 1 216 euros par mois.
tableauFigure 1 – Indicateurs de pauvreté monétaire de 1999 à 2022
Indicateur de pauvreté monétaire | 1999 | 2004 | 2009 | 2014 | 2019 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Taux de pauvreté monétaire (en %) | 13,4 | 12,4 | 13,4 | 13,7 | 14,3 | 14,5 | 14,4 |
Seuil de pauvreté mensuel (en euros 2022) | 1 018 | 1 082 | 1 164 | 1 148 | 1 200 | 1 218 | 1 216 |
Niveau de vie mensuel médian des personnes pauvres (en euros 2022) | 823 | 874 | 928 | 913 | 960 | 972 | 981 |
Nombre de personnes pauvres (en milliers) | 7 572 | 7 211 | 7 991 | 8 420 | 8 921 | 9 117 | 9 145 |
Intensité de la pauvreté (en %) | 19,2 | 19,2 | 20,3 | 20,5 | 20,0 | 20,2 | 19,3 |
- Lecture : En 2022, 9 145 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,4 % de la population.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1999-2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005-2022.
En 2022, le taux de pauvreté monétaire s’élève à 14,4 % de la population, quasi stable par rapport à 2021 (-0,1 point de pourcentage). Il est globalement stable depuis 2018 (excepté en 2020, année qui présente des fragilités compte tenu des difficultés de production), à un niveau parmi les plus élevés observés depuis le milieu des années 1990. Dans un contexte de forte hausse de l’inflation (+5,2 % en 2022 en moyenne annuelle, après +1,6 % en 2021), les revalorisations successives du salaire minimum et la revalorisation anticipée des retraites de base au 1er juillet 2022 ont permis de soutenir les revenus avant impôts et prestations sociales. Par ailleurs, les ménages les plus modestes ont bénéficié de mesures ciblées comme la prime exceptionnelle de rentrée et la revalorisation de l’allocation de soutien familial (ASF) destinée aux parents isolés. Ces mesures ont compensé les effets à la hausse sur le taux de pauvreté de la baisse du montant total d’aides au logement versées en 2022, due à la montée en charge de réformes antérieures (prise en compte des revenus de l’année en cours, fin progressive des aides à l’accession).
En 2022, la moitié des personnes en situation de pauvreté ont un niveau de vie inférieur à 981 euros par mois, inférieur de 19,3 % au seuil de pauvreté. Cet écart, nommé intensité de la pauvreté, se réduit par rapport à 2021 (-0,9 point de pourcentage). Après être resté à un niveau proche de 20 % durant la décennie 2010, l’indicateur a fortement fluctué depuis 2020. Il s’établit en 2022 à un niveau inférieur à sa moyenne des vingt-cinq dernières années (19,7 %).
Parmi les actifs, l’écart de taux de pauvreté entre les personnes au chômage (35,3 %, en hausse de 0,2 point) et les salariés (6,1 %, en baisse de 0,2 point) s’amplifie légèrement en 2022 (figure 2). Le taux de chômage se situe au 4e trimestre 2022 à un des plus bas niveaux observés depuis 1982. Cependant, si les chômeurs dans leur ensemble ont, du fait de l’amélioration du marché du travail, perçu en moyenne en 2022 plus de revenus d’activité qu’en 2021, ceux qui sont restés au chômage toute l’année ont reçu moins d’indemnités de chômage. À l’inverse, l’amélioration du taux d’emploi et les revalorisations du salaire minimum ont bénéficié aux salariés. Parmi les inactifs, le taux de pauvreté des retraités est inférieur à la moyenne de la population (10,8 % en 2022) et reste stable, en raison notamment de la revalorisation anticipée au 1er juillet de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (+4,0 %).
tableauFigure 2 – Pauvreté monétaire selon l’activité en 2022
Statut d’activité | Personnes pauvres (en milliers) |
Taux de pauvreté monétaire (en %) |
Intensité de la pauvreté (en %) |
---|---|---|---|
Actifs de 18 ans ou plus | 2 798 | 9,7 | 20,7 |
Actifs occupés | 2 084 | 7,7 | 19,0 |
Salariés | 1 430 | 6,1 | 15,7 |
Indépendants | 655 | 18,3 | 28,5 |
Au chômage | 714 | 35,3 | 27,0 |
Inactifs de 18 ans ou plus | 3 633 | 17,2 | 18,7 |
Retraités | 1 631 | 10,8 | 13,0 |
Autres inactifs dont étudiants | 2 002 | 33,4 | 24,4 |
Enfants de moins de 18 ans | 2 714 | 20,4 | 19,1 |
Ensemble | 9 145 | 14,4 | 19,3 |
- Note : La situation vis-à-vis de l’emploi est mesurée au sens du Bureau international du travail (BIT) au 4e trimestre.
- Lecture : En 2022, 9,7 % des actifs de 18 ans ou plus sont pauvres ; la moitié d’entre eux vivent avec un niveau de vie inférieur d’au moins 20,7 % au seuil de pauvreté.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un logement ordinaire dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2022.
En 2022, le taux de pauvreté des familles monoparentales recule de 0,9 point pour s’établir à 31,4 %, un niveau qui reste élevé (figure 3). Ces familles bénéficient en particulier de la revalorisation de 50 % de l’ASF intervenue en novembre 2022, qui vise à soutenir financièrement les personnes qui élèvent seules un enfant sans l’aide de l’autre parent, ainsi que de la prime exceptionnelle de rentrée.
tableauFigure 3 – Taux de pauvreté selon la composition du ménage
Composition du ménage | 2021 | 2022 |
---|---|---|
Personne de référence du ménage de moins de 65 ans | 15,5 | 15,4 |
Personne seule | 18,7 | 19,5 |
Famille monoparentale | 32,3 | 31,4 |
Couple sans enfant | 7,0 | 6,6 |
Couple avec un ou deux enfant(s) | 8,4 | 8,5 |
Couple avec trois enfants ou plus | 25,6 | 24,6 |
Autre type de ménage | 19,9 | 21,9 |
Personne de référence du ménage de 65 ans ou plus | 10,9 | 11,1 |
Personne seule | 17,9 | 18,8 |
Couple | 6,6 | 6,4 |
Autre type de ménage | 15,0 | 13,0 |
Ensemble | 14,5 | 14,4 |
- Note : Il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples sans enfant peuvent avoir des enfants, mais qui ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête.
- Lecture : En 2022, 6,6 % des personnes vivant dans un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2021 et 2022.
graphiqueFigure 3 – Taux de pauvreté selon la composition du ménage

- Note : Il s’agit ici de la composition du ménage au moment de l’enquête. Par exemple, les couples sans enfant peuvent avoir des enfants, mais qui ne résident pas au sein du ménage au moment de l’enquête.
- Lecture : En 2022, 6,6 % des personnes vivant dans un couple sans enfant dont la personne de référence a moins de 65 ans sont pauvres.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2021 et 2022.
En France, la pauvreté varie fortement d’un département à l’autre. La proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté national est deux à quatre fois plus élevée dans les quatre départements d’outre-mer historiques (Martinique, Guadeloupe, La Réunion et Guyane) qu’en France métropolitaine, et cinq fois plus à Mayotte (figure 4).
En France métropolitaine, en 2021, le taux de pauvreté atteint 28,4 % en Seine-Saint-Denis et est élevé dans la plupart des départements du pourtour méditerranéen, en Corse et le long de la frontière belge. À l’inverse, il est relativement faible dans les départements de l’Ouest et dans les départements frontaliers limitrophes de la Suisse. Le taux de pauvreté est inférieur à 10 % en Vendée et en Haute-Savoie.
tableauFigure 4 – Taux de pauvreté monétaire par département en 2021
Département | Taux de pauvreté |
---|---|
Ain | 10,8 |
Aisne | 18,8 |
Allier | 16,2 |
Alpes-de-Haute-Provence | 17,1 |
Alpes-Maritimes | 16,4 |
Ardèche | 14,9 |
Ardennes | 19,4 |
Ariège | 19,0 |
Aube | 16,9 |
Aude | 20,8 |
Aveyron | 14,5 |
Bas-Rhin | 13,5 |
Bouches-du-Rhône | 18,5 |
Calvados | 12,5 |
Cantal | 14,2 |
Charente | 15,1 |
Charente-Maritime | 12,5 |
Cher | 14,7 |
Corrèze | 13,7 |
Corse-du-Sud | 15,8 |
Côte-d'Or | 11,8 |
Côtes-d'Armor | 11,8 |
Creuse | 19,2 |
Deux-Sèvres | 12,4 |
Dordogne | 16,6 |
Doubs | 13,1 |
Drôme | 14,8 |
Essonne | 13,9 |
Eure | 12,7 |
Eure-et-Loir | 12,1 |
Finistère | 10,8 |
Gard | 20,0 |
Gers | 15,3 |
Gironde | 12,8 |
Guadeloupe | 34,5 |
Guyane | 52,9 |
Haute-Corse | 20,2 |
Haute-Garonne | 14,3 |
Haute-Loire | 12,3 |
Haute-Marne | 15,3 |
Hautes-Alpes | 14,7 |
Haute-Saône | 13,6 |
Haute-Savoie | 9,5 |
Hautes-Pyrénées | 16,0 |
Haute-Vienne | 16,1 |
Haut-Rhin | 13,7 |
Hauts-de-Seine | 12,4 |
Hérault | 19,4 |
Ille-et-Vilaine | 10,8 |
Indre | 15,4 |
Indre-et-Loire | 12,8 |
Isère | 11,8 |
Jura | 11,8 |
La Réunion | 36,1 |
Landes | 11,7 |
Loire | 15,8 |
Loire-Atlantique | 10,5 |
Loiret | 13,9 |
Loir-et-Cher | 13,2 |
Lot | 15,3 |
Lot-et-Garonne | 17,7 |
Lozère | 15,5 |
Maine-et-Loire | 11,5 |
Manche | 11,7 |
Marne | 15,0 |
Martinique | 26,8 |
Mayenne | 11,5 |
Mayotte | 77,3 |
Meurthe-et-Moselle | 15,3 |
Meuse | 14,8 |
Morbihan | 11,1 |
Moselle | 15,9 |
Nièvre | 16,1 |
Nord | 19,5 |
Oise | 13,4 |
Orne | 15,6 |
Paris | 15,6 |
Pas-de-Calais | 18,4 |
Puy-de-Dôme | 13,9 |
Pyrénées-Atlantiques | 12,6 |
Pyrénées-Orientales | 21,2 |
Rhône | 14,8 |
Saône-et-Loire | 13,3 |
Sarthe | 13,5 |
Savoie | 11,2 |
Seine-et-Marne | 12,4 |
Seine-Maritime | 15,4 |
Seine-Saint-Denis | 28,4 |
Somme | 16,4 |
Tarn | 15,7 |
Tarn-et-Garonne | 16,7 |
Territoire de Belfort | 16,3 |
Val-de-Marne | 17,2 |
Val-d'Oise | 17,7 |
Var | 15,6 |
Vaucluse | 19,9 |
Vendée | 9,1 |
Vienne | 14,7 |
Vosges | 15,3 |
Yonne | 14,9 |
Yvelines | 10,5 |
- Lecture : En 2021, 9,5 % des habitants de Haute-Savoie sont pauvres.
- Champ : France, personnes appartenant à des ménages fiscaux dans un logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021 ; Insee, Budget de famille 2017 pour Guadeloupe, Guyane et Mayotte.
graphiqueFigure 4 – Taux de pauvreté monétaire par département en 2021

- Lecture : En 2021, 9,5 % des habitants de Haute-Savoie sont pauvres.
- Champ : France, personnes appartenant à des ménages fiscaux dans un logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021 ; Insee, Budget de famille 2017 pour Guadeloupe, Guyane et Mayotte.
Définitions
Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre (au sens de la pauvreté monétaire) lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. La moitié de la population a un niveau de vie inférieur au niveau de vie médian, l’autre moitié a un niveau de vie supérieur.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.
L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l’Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense.
Pour en savoir plus
« Niveau de vie et pauvreté en 2022 - Des niveaux de vie et un taux de pauvreté stables malgré une inflation élevée », Insee Première no 2004, juillet 2024.
Insee, Chiffres-clés, sous-thèmes « Pauvreté – Précarité », juillet 2024.
« Principaux résultats sur les revenus et la pauvreté des ménages en 2021 », Insee Résultats, janvier 2024.