Femmes et hommes, l’égalité en question Édition 2022
Cet ouvrage fait le point sur l’égalité entre les femmes et les hommes aujourd’hui en France. Cette édition succède à celle de 2017.
Conditions de travail durant la crise sanitaire : une dégradation plus importante pour les femmes
Louis-Alexandre Erb (Dares)
Insee Références
Paru le :12/04/2022
Selon l’enquête sur le vécu du travail et du chômage pendant la crise sanitaire (Tracov) menée par la Dares entre janvier et mars 2021 [Ouvrir dans un nouvel ongletBeatriz et al., 2021] auprès de personnes qui travaillent hors activité partielle et fermeture administrative, 41 % d’entre elles vivent au premier trimestre 2021 une intensification du travail ou une dégradation générale de leurs conditions de travail par rapport à leur situation avant la crise sanitaire (figure A). Les femmes sont plus nombreuses dans ce cas (45 % contre 38 % pour les hommes). Une partie de l’explication tient au fait qu’elles n’occupent pas les mêmes métiers ni les mêmes fonctions que les hommes. Les personnes en emploi dans des métiers à prédominance masculine subissent par ailleurs moins souvent d’intensification ou de dégradation de leurs conditions de travail que celles exerçant des métiers à prédominance féminine ou mixtes.
tableauA. Évolution des conditions de travail selon le sexe durant la crise sanitaire
Femmes | Hommes | Métiers | Ensemble | |||
---|---|---|---|---|---|---|
à prédominance féminine1 | mixtes2 | à prédominance masculine3 | ||||
Intensification ou dégradation | 45 | 38 | 46 | 47 | 32 | 41 |
Peu d'impact ou accalmie | 55 | 62 | 54 | 53 | 68 | 59 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
- 1. Part de femmes supérieure à 65 %.
- 2. Part de femmes comprise entre 35 % et 65 %.
- 3. Part de femmes inférieure à 35 %.
- Note : les personnes sont classées en deux groupes (« intensification ou dégradation des conditions de travail » et « peu d'impact ou accalmie ») à l'aide d'une typologie, réalisée à partir des réponses des enquêtés sur leur situation et l'évolution par rapport à l'avant-crise sanitaire d'un ensemble d'indicateurs décrivant leurs conditions de travail et risques psychosociaux.
- Lecture : 38 % des hommes en emploi déclarent subir une intensification de leur travail ou une dégradation de leurs conditions de travail par rapport à l'avant-crise sanitaire.
- Champ : France métropolitaine, personnes en emploi hors activité partielle totale ou fermeture administrative en janvier 2021.
- Source : Dares, enquête Tracov.
Les familles professionnelles les plus féminisées sont celles où le travail s’est le plus souvent intensifié ou dégradé (figure B) : enseignement, métiers de la santé ou de l’action sociale [Ouvrir dans un nouvel ongletAmossé et al., 2021], et des services ayant requis une continuité de l’activité, comme la banque et les assurances. Le sentiment d’insécurité professionnelle progresse également dans les métiers féminisés, mais dans une moindre mesure que parmi les métiers mixtes ou à prédominance masculine. La crise sanitaire a engendré une baisse de l’activité en 2020 dans des secteurs à prédominance masculine, comme l’industrie (matériaux souples, bois ; mécanique) ou les professions du bâtiment [Ouvrir dans un nouvel ongletGouyon et al., 2021]. Dans ces métiers, les actifs subissent moins souvent une intensification ou une dégradation de leurs conditions de travail.
tableauB. Intensification du travail et dégradation des conditions de travail selon le taux de féminisation par famille professionnelle
Famille professionnelle | Part d'actifs ayant subi une intensification ou une dégradation du travail | Part de femmes |
---|---|---|
Matériaux souples, bois | 17 | 34 |
Agriculture | 22 | 22 |
Bâtiment, travaux publics | 27 | 10 |
Mécanique | 29 | 10 |
Services aux particuliers | 30 | 73 |
Industries de process | 32 | 30 |
Transports, logistique | 33 | 21 |
Maintenance | 34 | 16 |
Études et recherche | 35 | 32 |
Électricité, électronique | 35 | 18 |
Informatique | 36 | 18 |
Hôtellerie, restauration | 37 | 32 |
Artisanat | 38 | 48 |
Communication | 39 | 46 |
Gestion, administration des entreprises | 40 | 68 |
Ensemble | 42 | 49 |
Autre1 | 43 | 41 |
Ingénieurs et cadres de l'industrie | 43 | 35 |
Commerce | 48 | 56 |
Administration publique | 48 | 62 |
Banque et assurances | 56 | 56 |
Santé, action sociale | 59 | 79 |
Enseignement | 65 | 64 |
- 1. Y compris non renseigné.
- Note : les familles professionnelles sont regroupées en 22 domaines professionnels agrégés.
- Lecture : au sein de la famille professionnelle de l’enseignement, composée à 64 % de femmes, 65 % des personnes en emploi déclarent subir une dégradation de leurs conditions de travail ou une intensification de leur travail par rapport à l'avant-crise sanitaire.
- Champ : France métropolitaine, personnes en emploi hors activité partielle totale ou fermeture administrative en janvier 2021.
- Source : Dares, enquête Tracov.
graphiqueB. Intensification du travail et dégradation des conditions de travail selon le taux de féminisation par famille professionnelle
Parmi les dix métiers dont les conditions de travail ont été les plus affectées par la crise sanitaire, figurent des professions caractérisées par une forte hausse des exigences émotionnelles et un accroissement de l’intensité du travail (figure C) : les métiers du soin (infirmiers, sages-femmes ; médecins et assimilés ; professionnels de l’action sociale) et d’autres métiers de services publics (enseignants ; militaires, policiers, pompiers ; professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants). L’intensification du travail des métiers de la banque (cadres, techniciens, employés) s’explique quant à elle notamment par un manque d’adaptation des objectifs chiffrés au contexte de la crise sanitaire. Sept de ces dix métiers sont à prédominance féminine.
tableauC. Intensification ou dégradation des conditions de travail, par métier
Part d'actifs déclarant subir une intensification ou une dégradation de leur travail | Part de femmes | |
---|---|---|
Les 10 métiers les plus concernés | ||
Infirmiers, sages-femmes | 75 | 87 |
Enseignants | 67 | 66 |
Médecins et assimilés | 65 | 59 |
Professionnels de l'action sociale et de l'orientation | 65 | 79 |
Cadres de la banque et des assurances | 59 | 37 |
Professionnels du droit (hors juristes en entreprise) | 59 | 76 |
Militaires, policiers, pompiers | 56 | 13 |
Employés de la banque et des assurances | 55 | 71 |
Techniciens de la banque et des assurances | 53 | 66 |
Professionnels de l'action culturelle, sportive et surveillants | 52 | 69 |
Ensemble | 64 | 65 |
Les 10 métiers les moins concernés | ||
Employés de maison | 3 | 96 |
Maraîchers, jardiniers, viticulteurs | 16 | 11 |
Ouvriers du textile et du cuir | 17 | 34 |
Assistants maternels | 20 | 97 |
Ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment | 20 | 10 |
Ouvriers non qualifiés de la mécanique | 22 | 10 |
Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons | 24 | 23 |
Ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment | 26 | 3 |
Secrétaires | 26 | 89 |
Ouvriers non qualifiés du second œuvre du bâtiment | 27 | 7 |
Ensemble | 22 | 34 |
- Lecture : 67 % des enseignants déclarent subir une intensification de leur travail ou une dégradation de leurs conditions de travail par rapport à l'avant-crise sanitaire ; la part des femmes parmi les enseignants est de 66 %.
- Champ : France métropolitaine, personnes en emploi hors activité partielle totale ou fermeture administrative en janvier 2021.
- Source : Dares, enquête TraCov.
À l’inverse, parmi les dix métiers où les conditions de travail sont, au début de l’année 2021, les plus stables par rapport à l’avant-crise sanitaire, deux tiers des emplois sont occupés par des hommes et sept de ces dix métiers sont à prédominance masculine. Ce sont par exemple les ouvriers du bâtiment, ou encore les maraîchers ou les agriculteurs. Cependant, certains métiers très féminisés des services à la personne figurent aussi parmi ceux dont les conditions de travail ont été les moins affectées par la crise sanitaire, comme les employés de maison ou les assistants maternels.