Femmes et hommes, l’égalité en question Édition 2022

Cet ouvrage fait le point sur l’égalité entre les femmes et les hommes aujourd’hui en France. Cette édition succède à celle de 2017.

Insee Références
Paru le :Paru le03/03/2022
Femmes et hommes – L’égalité en question- Mars 2022
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Conditions de travail et pénibilité

Insee Références

Paru le :03/03/2022

Les femmes et les hommes sont exposés différemment aux conditions de travail pénibles et aux . Ces différences sont dues d’une part à la prédominance d’un des deux sexes dans certaines professions ou fonctions, et d’autre part, à une affectation des femmes et des hommes à des tâches différentes au sein d’une même profession.

En 2019, les hommes sont plus souvent confrontés à des horaires atypiques que les femmes : 19 % d’entre eux travaillent de nuit et 10 % ont des horaires alternants, contre respectivement 9 % et 7 % des femmes (figure 1). Ils sont aussi beaucoup plus souvent exposés à la pénibilité physique : ils doivent plus souvent subir des secousses ou vibrations, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, et porter des charges lourdes. En revanche, les postures pénibles affectent autant les femmes que les hommes (près de 6 sur 10). Enfin, le rythme de travail est davantage contraint pour les hommes (39 %) que pour les femmes (29 %).

Figure 1 - Conditions de travail pénibles et exposition aux risques psychosociaux des salariés selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle en 2019

en %
Figure 1 - Conditions de travail pénibles et exposition aux risques psychosociaux des salariés selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, 9 % des femmes cadres travaillent de nuit.
Cadres Professions intermédiaires Employés Ouvriers Ensemble
Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes
Contraintes horaires
Travail de nuit1 9 11 8 16 8 25 13 22 9 19
Horaires alternants (2x8, 3x8) 1 1 4 9 7 9 21 17 7 10
Contraintes physiques
Station debout ou dans une posture pénible 29 26 51 52 64 66 86 82 57 59
Déplacements à pied longs ou fréquents 13 15 28 40 36 55 53 57 32 43
Port de charges lourdes 13 10 30 35 47 50 59 69 38 44
Secousses ou vibrations 2 5 5 18 7 20 23 54 7 29
Intensité du travail et pression temporelle
Au moins trois contraintes de rythme2 21 23 29 35 27 34 49 55 29 39
Devoir se dépêcher 55 43 51 40 45 46 53 38 49 41
Autonomie, marges de manœuvre
Avoir un travail répétitif 11 11 30 26 59 49 83 66 46 40
Ne pas pouvoir régler soi-même les incidents 20 14 28 20 39 34 46 41 34 28
Exigences émotionnelles3 29 20 33 23 34 32 28 19 33 22
Rapports sociaux au travail
Manquer de soutien des supérieurs 22 26 25 30 26 29 31 34 25 30
Manquer de reconnaissance4 28 21 34 28 30 34 36 31 31 28
Conflits de valeur
Manquer de moyens5 28 23 31 22 26 26 24 20 28 22
Faire des choses que l'on désapprouve 8 7 9 8 9 16 11 10 9 10
Insécurité socio-économique6 17 11 21 17 24 21 27 19 23 17
  • 1. Habituellement ou occasionnellement.
  • 2. Parmi les sept contraintes suivantes : rythme de travail imposé par le déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce, cadence automatique d’une machine, autres contraintes techniques, dépendance immédiate vis-à-vis des collègues, normes de production à satisfaire en une journée, demandes extérieures, contraintes ou surveillances permanentes exercées par la hiérarchie.
  • 3. Devoir cacher ses émotions ou faire semblant d’être de bonne humeur.
  • 4. Ne pas recevoir l'estime et le respect que mérite son travail.
  • 5. Au moins trois contraintes de moyens non satisfaites pour effectuer correctement son travail parmi : un temps suffisant, des informations claires et suffisantes, la possibilité de coopérer, des collaborateurs en nombre suffisant, des logiciels et des programmes informatiques bien adaptés, un matériel suffisant et adapté, une formation continue suffisante et adaptée.
  • 6. Craindre pour son emploi.
  • Lecture : en 2019, 9 % des femmes cadres travaillent de nuit.
  • Champ : France, ensemble des salariés.
  • Source : Dares-Drees-DGAFP, enquête Conditions de travail 2019.

À l’inverse, les femmes sont plus fréquemment exposées à certains facteurs de risques psychosociaux. Elles sont davantage concernées par le fait de devoir se dépêcher et le manque d’autonomie et de marges de manœuvre. Par ailleurs, 33 % des femmes déclarent devoir cacher leurs émotions ou faire semblant d’être de bonne humeur, contre 22 % des hommes.

Par rapport aux hommes, les femmes déclarent moins manquer de soutien de leur supérieur, mais elles sont en revanche un peu plus nombreuses à déclarer ne pas recevoir le respect et l’estime que mérite leur travail.

En outre, 28 % des femmes disent manquer de moyens pour effectuer correctement leur travail, contre 22 % des hommes. Enfin, les femmes ont également plus souvent des craintes pour leur emploi que les hommes (23 % contre 17 %).

En 2018, les hommes ont plus d’ que les femmes (en moyenne, 24 contre 18 pour un million d’heures travaillées), du fait de leur surreprésentation parmi les ouvriers, catégorie la plus exposée (figure 2). Si la fréquence des accidents est plus élevée parmi les ouvrières, les hommes ouvriers ont le plus d’accidents graves. Les hommes employés sont quant à eux surreprésentés dans les activités les plus risquées, comme le transport et l’acheminement du courrier, ou encore la restauration rapide. La fréquence des accidents du travail est très élevée parmi les hommes de moins de 20 ans (46 AT par million d’heures travaillées, soit 15 de plus que les femmes). Elle diminue ensuite fortement avec l’âge pour les deux sexes et l’écart entre femmes et hommes se réduit.

Figure 2 - Fréquence des accidents du travail et nombre de maladies professionnelles en 2018

Figure 2 - Fréquence des accidents du travail et nombre de maladies professionnelles en 2018 - Lecture : en 2018, pour un million d’heures de travail salarié, les femmes ouvrières sont victimes en moyenne de 41 accidents du travail reconnus.
Accidents du travail reconnus (par million d'heures de travail) Maladies professionnelles reconnues
Femmes Hommes Ensemble Femmes Hommes Ensemble
Cadres et chefs d'entreprise 5 5 5 1 323 735 2 058
Professions intermédiaires 14 14 14 775 277 1 052
Employés 19 23 20 9 716 1 675 11 391
Ouvriers 41 37 37 11 712 22 367 34 079
15-19 ans 31 46 41 26 15 41
20-29 ans 22 30 27 912 789 1 701
30-39 ans 17 24 21 3 248 3 450 6 698
40-49 ans 17 21 19 7 721 6 855 14 576
50-59 ans 17 20 19 11 368 11 279 22 647
60 ans ou plus 15 14 14 1 577 4 182 5 759
Ensemble 18 24 21 24 852 26 570 51 422
  • Note : la catégorie socioprofessionnelle (CSP) n'étant pas disponible pour les salariés du régime agricole, les fréquences par CSP ne concernent que les salariés du régime général.
  • Lecture : en 2018, pour un million d’heures de travail salarié, les femmes ouvrières sont victimes en moyenne de 41 accidents du travail reconnus.
  • Champ : France, salariés du régime général et du régime agricole.
  • Sources : Cnam-TS, MSA (accidents du travail) ; Insee, DADS et DSN (heures rémunérées).

Les femmes sont en revanche presque autant touchées par les que les hommes (respectivement 24 900 et 26 600 maladies reconnues en 2018). Les femmes souffrent plus souvent de troubles musculo‑squelettiques que les hommes, mais ces derniers sont davantage atteints par les maladies les plus graves (surdité, affections à l’amiante, etc.).

Définitions

Les risques psychosociaux sont les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental.

Un accident du travail (AT) est un accident provoqué par le fait ou à l’occasion du travail par un événement ou une série d’événements survenus à des dates certaines.

Une maladie professionnelle est une atteinte à la santé, contractée au cours du travail, qui résulte d’une série d’événements à évolution lente auxquels une origine et une date certaine ne peuvent être assignés.

Ne sont comptabilisés ici que les accidents du travail et les maladies professionnelles déclarés et reconnus par la Cnam ou la MSA, et ayant entraîné au moins un jour d’arrêt de travail.