En 2020, en France métropolitaine, 2,2 millions de personnes de 15 à 64 ans ont été, en moyenne sur l’année, chômeuses au sens du Bureau international du travail (BIT) (figure 1). Aux frontières du chômage, on distingue deux populations : 1,7 million de personnes ont formé le halo autour du chômage et 2,8 millions ont été en situation de sous-emploi. Chômage, halo et sous-emploi constituent différentes formes de contrainte rencontrées par les personnes sur le marché du travail, dont l’offre de travail se trouve non utilisée (chômage et halo) ou sous-utilisée (sous-emploi).

Au total, en 2020, 6,8 millions de personnes de 15 à 64 ans ont été contraintes dans leur offre de travail. En rapportant ce nombre à une population active au sens large, à savoir l’ensemble des personnes en emploi, au chômage ou dans le halo autour du chômage, le taux de contrainte mesuré « à un instant donné » a atteint 22,6 % de la population active en 2020. Il a crû de 5,4 points en un an, soit 2,6 points au-dessus de son plus haut niveau précédent, atteint en 2015. Cette forte augmentation résulte essentiellement d’un bond inédit du chômage partiel, une des composantes du sous-emploi, en raison de la crise sanitaire. Au deuxième trimestre 2020, le chômage partiel a ainsi augmenté de 11,9 points. La part des personnes contraintes dans leur offre de travail a alors atteint 31,7 %.

Mesurer le nombre de personnes contraintes au moins une fois dans l’année dans leur offre de travail permet de compléter cet indicateur. Parmi les actifs au sens large interrogés dans l’enquête Emploi en continu pour la première fois en 2019, 41,0 % ont subi un tel épisode de contrainte au moins une fois pendant l’année suivant leur première interrogation (période notée « 2019/2020 »), épisode ayant pu être seulement transitoire. Parmi ces personnes, 10,0 % n’ont jamais été en emploi, 13,3 % ont alterné emploi et non emploi contraint (chômage ou halo) et 17,7 % ont été au moins une fois en sous emploi (et jamais en non emploi contraint) (figure 2). Ce taux de contrainte dans l’année est plus élevé pour les femmes (43,9 % en 2019/2020) que pour les hommes (38,1 %), même si depuis 2015/2016 cet écart a été presque divisé par deux. Les non diplômés ou titulaires du brevet des collèges sont davantage contraints que les titulaires d’un bac ou d’un brevet professionnel (57,2 % contre 42,9 %) et surtout deux fois plus que les titulaires d’un diplôme au moins équivalent au niveau bac+2 (28,2 %).

En 2019/2020, le taux de contrainte dans l’année a bondi de 11,1 points sur un an sous l’effet de la crise sanitaire, se situant 9,1 points au-dessus de son plus haut niveau précédent, atteint en 2015/2016 (figure 3). Cette hausse inédite a été plus limitée pour les titulaires d’un diplôme au moins équivalent à bac+2 (+ 10,1 points), que pour les moins diplômés : + 18,9 points pour les titulaires d’un baccalauréat, brevet professionnel, CAP ou BEP et + 21,8 points pour les peu ou pas diplômés (ayant au plus le brevet des collèges). En effet, les plus diplômés ont plus souvent pu travailler à distance en 2020, du fait de la nature des emplois occupés, et ont donc été relativement moins touchés par les restrictions d’activité. Parmi les peu ou pas diplômés sortis de formation initiale depuis moins de cinq ans, la part des personnes contraintes dans leur offre de travail a augmenté de 15,8 points entre 2005/2006 et 2019/2020, pour atteindre 90,2 %.