Deux approches sont mobilisées pour examiner les liens entre travail, santé et handicap : celle des risques liés au travail (accidents du travail, maladies professionnelles reconnues ou limitations perçues par les salariés) et celle de l’insertion professionnelle des personnes handicapées ou en situation de handicap.

En 2017, le régime général et le régime agricole de la Sécurité sociale ont reconnu 661 800 accidents du travail (AT) avec arrêt, soit en moyenne 21 par million d’heures de travail (figure 1). Parmi ces AT, 37 900 (soit 5,7 %) ont occasionné une incapacité permanente partielle et 582 ont été mortels.

Le régime général et le régime agricole ont reconnu plus de 50 550 nouveaux cas de maladies professionnelles (MP) en 2017, dont 26 200 ont occasionné une incapacité permanente partielle. Les ouvriers sont les plus touchés (67 % des cas), surtout pour des affections liées à l’amiante et les surdités (92 %), qui atteignent plus les hommes. Les femmes sont davantage concernées par les troubles musculo‑squelettiques.

En 2019, 67 % des salariés ont passé une visite médicale avec un médecin du travail ou de prévention au cours des deux dernières années, mais 8 % déclarent n’en avoir jamais rencontré (figure 2).

En 2019, les employés (19 %) et les ouvriers (16 %) déclarent plus souvent être limités dans leurs activités ordinaires par un problème de santé que les cadres (8 %), et les agents de la fonction publique (17 %) plus souvent que les salariés du privé (14 %). Les employés (25 %) sont les plus nombreux à souffrir d’un déficit de bien‑être psychologique (score inférieur à 13 selon le questionnaire de l’OMS).

En 2020, selon l’enquête Emploi, les personnes déclarant disposer « d’une reconnaissance administrative d’un handicap ou d’une perte d’autonomie » sont moins présentes que les autres sur le marché du travail : parmi elles, seules 42 % des 15‑64 ans sont considérées comme actives au sens du BIT (en emploi ou au chômage), contre 71 % pour l’ensemble de la population de cette tranche d’âge (figure 3). Le taux de chômage des personnes actives reconnues handicapées s’établit à 14 %, contre 8 % pour l’ensemble de la population. Il diminue pour la troisième année consécutive, mais la baisse de 2 points en 2020 est en trompe‑l’œil, comme pour l'ensemble de la population, car elle s’accompagne de diminutions de leur taux d’activité et de leur taux d’emploi.

Parmi les 26,6 millions de personnes de 15 à 64 ans en emploi, 3,6 % (soit 1,0 million de personnes) disposent d’une reconnaissance administrative de leur handicap (figure 4). La plupart d’entre elles bénéficient de la loi sur l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés. En tenant compte des personnes qui ont un problème de santé durable, accompagné de difficultés depuis au moins six mois dans les activités quotidiennes, la part des personnes dites « en situation de handicap » dans la population en emploi est estimée à 9,7 %, soit 2,6 millions de personnes. Ces personnes sont nettement plus âgées que la moyenne. Elles occupent plus souvent des professions peu qualifiées et travaillent davantage à temps partiel. Cette situation est encore plus marquée pour les personnes reconnues handicapées : 61 % sont employés ou ouvriers et 32 % sont à temps partiel, contre respectivement 45 % et 17 % dans l’ensemble de la population en emploi.