Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2021

L’Insee et la Dares présentent dans cet ouvrage un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.

Insee Références
Paru le :Paru le29/06/2021
Emploi, chômage, revenus du travail- Juin 2021
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Évolutions conjoncturelles du coût du travail et des salaires

Insee Références

Paru le :29/06/2021

L’indice du permet d’apprécier les variations, en euros courants, des dépenses encourues par les employeurs pour une heure de travail. Il porte sur le secteur marchand non agricole (SMNA), hors services aux ménages.

Après une progression voisine de 1 % par an en moyenne de 2015 à 2017, le coût horaire du travail a augmenté de 2,6 % en 2018, puis de 1,6 % en 2019. En 2020, dans le contexte de la crise sanitaire, il a nettement accéléré : + 4,1 % en moyenne sur l’année (figure 1). La hausse a été particulièrement forte lorsque le recours au chômage partiel a été massif, lors du premier confinement au printemps et, dans une moindre mesure, lors du deuxième à l’automne.

Figure 1Évolution du coût horaire du travail selon le secteur d'activité, en euros courants

glissement annuel, en %
Évolution du coût horaire du travail selon le secteur d'activité, en euros courants (glissement annuel, en %) - Lecture : au T4 2020, le glissement annuel de l'ICT dans les branches marchandes non agricoles est de + 4,3 %.
ICT – SMNA ICT – Industrie ICT – Tertiaire ICT – Construction
01/01/2012 1,9 3,0 1,7 0,8
01/04/2012 2,3 2,6 2,2 2,0
01/07/2012 2,5 2,8 2,4 2,5
01/10/2012 2,4 2,5 2,4 2,2
01/01/2013 0,4 0,2 0,5 0,1
01/04/2013 0,6 0,7 0,6 0,1
01/07/2013 0,6 0,9 0,5 0,3
01/10/2013 0,3 0,3 0,3 -0,1
01/01/2014 1,4 1,3 1,4 1,6
01/04/2014 0,7 0,8 0,7 0,4
01/07/2014 0,4 0,5 0,4 -0,1
01/10/2014 0,2 0,8 -0,1 0,0
01/01/2015 0,8 1,2 0,6 0,4
01/04/2015 0,8 1,1 0,6 0,8
01/07/2015 0,8 1,0 0,7 0,2
01/10/2015 1,0 1,2 0,8 1,2
01/01/2016 1,8 1,8 1,7 2,2
01/04/2016 1,1 1,2 1,0 1,9
01/07/2016 0,9 1,0 0,7 2,7
01/10/2016 0,6 0,7 0,4 1,8
01/01/2017 0,7 1,1 0,3 2,5
01/04/2017 1,0 1,9 0,6 2,9
01/07/2017 1,1 2,0 0,7 2,2
01/10/2017 1,5 1,7 1,3 3,9
01/01/2018 2,2 2,6 2,2 1,4
01/04/2018 2,6 2,2 2,8 2,4
01/07/2018 2,7 2,4 2,8 3,0
01/10/2018 3,0 2,6 3,4 1,0
01/01/2019 2,3 2,7 2,1 3,6
01/04/2019 1,5 1,9 1,5 1,7
01/07/2019 1,9 1,9 2,0 2,5
01/10/2019 0,8 1,2 0,6 1,6
01/01/2020 2,1 1,7 2,2 1,3
01/04/2020 7,5 5 8,1 7,4
01/07/2020 2,5 1,9 3 1,9
01/10/2020 4,3 2,7 4,9 4,3
  • Note : indices du coût du travail (ICT) – salaires et charges.
  • Lecture : au T4 2020, le glissement annuel de l'ICT dans les branches marchandes non agricoles est de + 4,3 %.
  • Champ : France hors Mayotte, secteurs marchands non agricoles (SMNA) hors services aux ménages.
  • Sources : Urssaf Caisse nationale ; Dares ; Insee.

Figure 1Évolution du coût horaire du travail selon le secteur d'activité, en euros courants

  • Note : indices du coût du travail (ICT) – salaires et charges.
  • Lecture : au T4 2020, le glissement annuel de l'ICT dans les branches marchandes non agricoles est de + 4,3 %.
  • Champ : France hors Mayotte, secteurs marchands non agricoles (SMNA) hors services aux ménages.
  • Sources : Urssaf Caisse nationale ; Dares ; Insee.

Ce dispositif de chômage partiel conduit à substituer des indemnisations, majoritairement prises en charge par l’État et non considérées comme du salaire, à une partie des salaires. Son application se traduit donc par une réduction des salaires versés, ainsi que du nombre d’heures rémunérées par les employeurs. En 2020, les salaires se sont toutefois moins contractés que les heures, renchérissant ainsi le salaire horaire et, de ce fait, le coût horaire du travail. Cela est principalement dû à un effet de composition : les salariés les plus concernés par le chômage partiel, donc par une baisse de leurs heures rémunérées, sont souvent des ouvriers et des employés, dont les salaires horaires sont les plus faibles. Dans une moindre mesure, cela s’explique aussi par le fait que certains montants correspondant à des salaires ont pu continuer à être versés par les employeurs, même s’ils ne l’étaient pas en compensation d’un travail effectif (par exemple, pour compléter les indemnisations perçues par les salariés en chômage partiel afin de maintenir leur niveau de rémunération).

La hausse du coût horaire du travail en 2020 a toutefois été contenue par diverses mesures, qui l’ont réduite de 0,7 point. Les plans de soutiens sectoriels, mis en place en mai 2020 et assurant des exonérations et une aide au paiement des cotisations sociales pour certaines activités, ont contribué pour – 0,3 point à l’évolution du coût du travail en 2020. Le plan « 1 jeune 1 solution », lancé à l’été 2020 et prévoyant le versement de primes aux employeurs embauchant de jeunes salariés, y a contribué pour – 0,1 point. Enfin, l’extension à l’assurance chômage, au 1er octobre 2019, de la réduction générale de cotisations sociales applicable aux bas salaires, a diminué le coût du travail de 0,3 point en moyenne sur l’année 2020.

Les salaires bruts versés par les employeurs représentent en moyenne 70 % du coût du travail. De 2015 à 2019, le (SMPT) dans le SMNA, mesuré en euros courants (salaires nominaux), a fluctué entre + 1,6 % et + 2,1 % par an. En 2020, malgré la reconduction et l’extension de la , il a chuté de 4,9 % en moyenne sur l’année ; il s’est notamment effondré au deuxième trimestre (– 14,3 % sur un an) avec le recours massif au chômage partiel qui s’est en grande partie substitué aux salaires et a permis de préserver nombre d’emplois (figure 2). En termes réels (i.e. une fois ôtée la hausse des prix), le SMPT s’est replié de 5,5 % en moyenne en 2020, moins fortement que la (– 8,2 % ; figure 3).

Figure 2Évolution des salaires nominaux et des prix à la consommation

glissement annuel, en %
Évolution des salaires nominaux et des prix à la consommation (glissement annuel, en %) - Lecture : au T4 2020, le SMPT dans les branches marchandes non agricoles a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
Indice des prix à la consommation Salaire mensuel de base Salaire moyen par tête (SMNA) Salaire moyen par tête (APU)
01/01/2012 2,3 2,2 1,4 2,4
01/04/2012 2,0 2,1 1,7 2,5
01/07/2012 2,0 2,2 2,3 2,2
01/10/2012 1,5 2,1 2,1 1,6
01/01/2013 1,1 1,9 1,7 1,0
01/04/2013 0,8 1,8 2,0 0,5
01/07/2013 0,9 1,6 1,7 0,2
01/10/2013 0,7 1,6 1,5 0,4
01/01/2014 0,7 1,4 1,2 0,5
01/04/2014 0,6 1,4 0,9 0,6
01/07/2014 0,4 1,5 0,8 0,9
01/10/2014 0,2 1,4 0,8 1,1
01/01/2015 -0,2 1,3 1,4 1,2
01/04/2015 0,2 1,3 1,6 1,0
01/07/2015 0,1 1,2 1,6 0,5
01/10/2015 0,1 1,2 1,8 0,1
01/01/2016 0,0 1,2 1,8 -0,1
01/04/2016 0,0 1,1 1,5 -0,1
01/07/2016 0,3 1,2 1,7 1,2
01/10/2016 0,5 1,2 1,5 1,9
01/01/2017 1,2 1,2 2,1 2,5
01/04/2017 0,9 1,3 2,1 3,2
01/07/2017 0,9 1,3 2,0 2,5
01/10/2017 1,1 1,3 2,1 2,4
01/01/2018 1,4 1,5 1,3 2,5
01/04/2018 1,9 1,5 1,6 2,0
01/07/2018 2,3 1,5 1,7 1,7
01/10/2018 1,9 1,6 1,9 1,5
01/01/2019 1,2 1,6 2,9 1,1
01/04/2019 1,1 1,7 2,3 1,2
01/07/2019 1,0 1,7 2,4 1,4
01/10/2019 1,0 1,7 1,6 1,7
01/01/2020 1,3 1,6 -2,9 1,3
01/04/2020 0,3 1,5 -14,3 4,1
01/07/2020 0,3 1,5 -0,2 1,7
01/10/2020 0,1 1,5 -2,4 3,8
  • Notes : SMNA : Secteur marchand non agricole ; APU : administrations publiques. La série de SMB pour les premier et deuxième trimestres a été extrapolée à partir du glissement semestriel du S1 2020.
  • Lecture : au T4 2020, le SMPT dans les branches marchandes non agricoles a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
  • Champ : France hors Mayotte, pour l'indice des prix à la consommation. France hors Mayotte, entreprises de 10 salariés ou plus du privé pour le salaire mensuel de base. France, pour les salaires moyens par tête.
  • Sources : Dares, enquête sur l'Activité et les conditions d'emploi de la main-d'œuvre (Acemo) ; Insee, comptes nationaux.

Figure 2Évolution des salaires nominaux et des prix à la consommation

  • Notes : SMNA : Secteur marchand non agricole ; APU : administrations publiques. La série de SMB pour les premier et deuxième trimestres a été extrapolée à partir du glissement semestriel du S1 2020.
  • Lecture : au T4 2020, le SMPT dans les branches marchandes non agricoles a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
  • Champ : France hors Mayotte, pour l'indice des prix à la consommation. France hors Mayotte, entreprises de 10 salariés ou plus du privé pour le salaire mensuel de base. France, pour les salaires moyens par tête.
  • Sources : Dares, enquête sur l'Activité et les conditions d'emploi de la main-d'œuvre (Acemo) ; Insee, comptes nationaux.

Figure 3Salaires réels et productivité apparente du travail

indice en base 100 au 1ᵉʳ trimestre 2012
Salaires réels et productivité apparente du travail (indice en base 100 au 1ᵉʳ trimestre 2012) - Lecture : au T4 2020, l’indice du SMPT en base 100 2012 était de 104,9 dans les branches marchandes non agricoles.
Salaire moyen par tête (SMNA) Salaire moyen par tête (APU) Productivité réelle apparente du travail
T1 2012 100,0 100,0 100,0
T2 2012 100,2 100,4 99,9
T3 2012 100,8 100,7 100,4
T4 2012 101,1 100,6 100,5
T1 2013 100,9 100,2 100,7
T2 2013 101,6 100,4 101,6
T3 2013 101,8 100,2 101,7
T4 2013 102,1 100,4 101,9
T1 2014 101,8 100,4 101,9
T2 2014 102,2 100,8 102,0
T3 2014 102,6 101,2 102,6
T4 2014 102,9 101,5 102,7
T1 2015 103,4 101,8 103,2
T2 2015 103,5 101,4 103,1
T3 2015 103,8 101,2 103,3
T4 2015 104,4 101,2 103,3
T1 2016 105,1 101,4 103,9
T2 2016 105,0 101,2 103,4
T3 2016 105,4 102,3 103,3
T4 2016 105,5 102,6 103,5
T1 2017 106,2 102,9 104,0
T2 2017 106,5 103,8 104,4
T3 2017 106,9 104,2 104,6
T4 2017 106,7 104,1 105,1
T1 2018 106,3 104,2 104,6
T2 2018 106,2 103,9 104,9
T3 2018 106,5 103,8 105,3
T4 2018 106,9 104,0 105,9
T1 2019 108,4 104,3 106,4
T2 2019 107,9 104,4 106,7
T3 2019 108,2 104,6 106,6
T4 2019 107,7 104,9 105,5
T1 2020 104,2 104,6 99,0
T2 2020 91,9 108,1 88,3
T3 2020 107,4 105,8 102,7
T4 2020 104,9 108,6 100,6
  • Note : pour obtenir le SMPT en termes réels, sa valeur nominale est déflatée par l'indice des prix de la consommation des ménages (comptes nationaux).
  • Lecture : au T4 2020, l’indice du SMPT en base 100 2012 était de 104,9 dans les branches marchandes non agricoles.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 3Salaires réels et productivité apparente du travail

  • Note : pour obtenir le SMPT en termes réels, sa valeur nominale est déflatée par l'indice des prix de la consommation des ménages (comptes nationaux).
  • Lecture : au T4 2020, l’indice du SMPT en base 100 2012 était de 104,9 dans les branches marchandes non agricoles.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Dans les administrations publiques (APU), le SMPT nominal a progressé de 2,8 % en 2020, après + 1,4 % en 2019. Il a été notamment dynamisé par les versements de primes exceptionnelles aux agents mobilisés dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire et par les revalorisations dans la fonction publique hospitalière, prévues par les accords du Ségur de la santé.

Définitions

Le coût du travail comprend l’ensemble des dépenses encourues par les employeurs pour l’emploi de salariés. Il comprend, en plus des salaires et traitements bruts : les cotisations sociales à la charge de l’employeur (sécurité sociale, chômage, retraite, prévoyance, indemnités de départ) que celles-ci soient obligatoires, conventionnelles ou facultatives, nettes d’exonérations comme les allègements de cotisations sociales ; les frais de formation professionnelle (taxe d’apprentissage, contributions patronales au financement de la formation professionnelle) ; d’autres dépenses liées à l’emploi de salariés comme les frais de recrutement ; les taxes et les impôts relatifs à l’emploi et aux salariés, déduction faite des subventions perçues par l’employeur et destinées à favoriser l’emploi (CICE notamment).

Le salaire moyen par tête (SMPT) rapporte les masses salariales brutes versées par l’ensemble des entreprises au nombre de salariés en personnes physiques. Il est calculé dans les comptes nationaux annuels à partir des sources fiscales d’entreprises au numérateur et des Estimations d’emploi au dénominateur. Il est calculé dans les comptes nationaux trimestriels à partir des assiettes de cotisations salariales fournies par l’Acoss et des Estimations trimestrielles d’emploi pour les effectifs. Les assiettes de cotisations salariales couvrent pratiquement l’ensemble des rémunérations, notamment les primes et les heures supplémentaires mais pas l’épargne salariale (intéressement, participation) que les masses salariales sont censées couvrir. La méthode d’étalonnage-calage des comptes trimestriels permet de corriger ce biais. L’évolution du SMPT reflète l’évolution des qualifications et de la quotité du travail (effets de structure) et celle de la rémunération des heures supplémentaires et des primes (effets saisonniers et liés à la conjoncture).

Les mesures d’urgence économiques et sociales votées en décembre 2018 en réponse au mouvement des « gilets jaunes » offrent la possibilité aux entreprises de verser une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) aux salariés dont la rémunération en 2018 n’excède pas trois Smic annuels. Cette prime est exonérée, jusqu’à 1 000 euros, d’impôt sur le revenu et de toutes cotisations et contributions sociales. Elle a été versée entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019. Ce dispositif a été à nouveau reconduit au premier semestre 2020, sous des conditions plus restrictives.

La productivité apparente du travail rapporte la valeur ajoutée, évaluée en volume, au facteur travail mesuré par le volume d’emploi en personnes physiques ou en équivalent temps plein. Elle est qualifiée d’apparente car elle ne tient compte que du travail comme facteur de production.

Disponible plus rapidement mais sur un concept et un champ plus réduits que le salaire moyen par tête (SMPT), le salaire mensuel de base (SMB) est estimé à partir de l’enquête trimestrielle Acemo de la Dares (enquête sur l’Activité et les conditions d’emploi de la main-d’œuvre) qui couvre les entreprises de 10 salariés ou plus, hors agriculture et secteurs non marchands, de France métropolitaine. Dans cette enquête, chaque établissement ou entreprise déclare les salaires de base (c’est-à-dire hors primes et hors rémunération pour heures supplémentaires ou complémentaires et hors avantages en nature) de postes de travail considérés comme représentatifs de 12 catégories professionnelles. Contrairement au SMPT, l’évolution du SMB est à structure constante et ne reflète pas l’évolution de la structure des emplois par niveau de qualification, ni ne couvre les rémunérations correspondant aux heures supplémentaires et aux primes.

Pour en savoir plus

Coll. « Note de conjoncture », sur insee.fr.

« Indice du coût du travail dans l’industrie, la construction et le tertiaire », Informations Rapides, Insee.

« Le marché du travail à l’épreuve de la crise sanitaire en 2020 », Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2021.