En 2019-2020, 62 % des immigrés vivent en couple, contre 35 % des descendants d’immigrés et 48 % des personnes sans ascendance migratoire directe. Ces écarts s’expliquent principalement par des effets d’âge, les immigrés étant en moyenne plus âgés que les descendants d’immigrés (+ 15 ans) et les personnes sans ascendance migratoire (+ 5 ans). Les immigrés sont majoritairement en couple avec une personne également immigrée (63 %), et plus rarement avec un descendant d’immigrés (11 %) ou une personne sans ascendance migratoire (27 %). La composition des couples est globalement similaire pour les hommes et les femmes immigrés, même s’il existe quelques écarts pour certaines origines : les immigrées d’Asie du Sud-Est sont par exemple plus souvent en couple avec une personne sans ascendance migratoire (34 %) que les hommes de la même région (19 %) (figure 1). En outre, 63 % des immigrés sont en couple avec un immigré ou un descendant d’immigrés originaire du même pays qu’eux, et cette endogamie concerne un peu plus souvent les hommes (65 %) que les femmes (61 %). Ces couples endogames sont particulièrement fréquents chez les immigrés originaires de Turquie (92 %) et du Maghreb (76 %), et davantage pour les femmes que pour les hommes. Ils le sont moins parmi les immigrés d’Espagne ou d’Italie (39 %) et des autres pays de l’Union européenne hors Portugal (41 %).

L’endogamie, en particulier avec un immigré du même pays, dépend de l’âge d’arrivée en France. Les immigrés venus à l’âge adulte étaient plus souvent déjà en couple avant la migration. Ainsi, 59 % d’entre eux sont en couple avec un immigré du même pays qu’eux, contre 43 % de ceux arrivés avant l’âge de 18 ans. La faible endogamie des immigrés d’Espagne et d’Italie s’explique notamment par leur jeune âge à l’arrivée en France : 16,5 ans en moyenne, contre 22,6 ans pour l’ensemble des immigrés. D’autres facteurs modulent cependant les unions endogames : la distance linguistique ou religieuse, l’origine sociale, les conditions de la migration et le lieu d’installation en France. Certaines vagues d’immigration, notamment de travail, sont plus concentrées géographiquement et favorisent les rencontres avec des immigrés ou des descendants de la même origine.

À la génération suivante, les descendants d’immigrés sont principalement en couple avec des personnes sans ascendance migratoire (66 %), moins souvent avec un autre descendant d’immigrés (19 %) ou un immigré (15 %). Dans ces deux derniers cas, les unions sont moins endogames que pour les immigrés (20 % au total). La composition des unions et leur endogamie varient selon les origines et surtout selon le nombre de parents immigrés. La mise en couple avec une personne sans ascendance migratoire directe est nettement plus fréquente lorsque les descendants viennent d’une famille mixte (80 %), avec un seul parent immigré, que lorsque les deux parents sont immigrés (50 %) (figure 2). À l’inverse, les unions endogames sont beaucoup plus rares pour les descendants issus de familles mixtes (8 % contre 35 %). L’endogamie persiste particulièrement pour les descendants de deux parents immigrés originaires de Turquie (77 %), du Maghreb (55 %) ou d’Afrique sahélienne (50 %). Toutefois, même pour ces origines, elle s’estompe fortement lorsqu’un parent n’est pas immigré (respectivement 25 %, 18 % et 9 %). Au-delà de la proximité culturelle et religieuse, la mise en couple des descendants d’immigrés avec une personne issue de l’immigration, de la même origine ou non, dépend aussi de la présence plus ou moins forte de personnes issues de l’immigration là où se sont installés leurs parents.