Immigrés et descendants d'immigrés Édition 2023
Discriminations
Insee Références
Paru le :30/03/2023
En 2019-2020, 17 % de la population de 18 à 59 ans vivant en France métropolitaine déclare avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années (figure 1). Cette proportion est plus élevée chez les immigrés (24 %) et leurs descendants (25 %), ainsi que chez les natifs d’Outre-mer (29 %) et leurs descendants (33 %), qu’au sein de la population sans ascendance migratoire ou ultramarine directe (14 %). Les immigrés d’Afrique subsaharienne et leurs descendants sont les plus concernés par ces déclarations de traitements inégalitaires, tandis que leur fréquence chez les immigrés d’Asie du Sud-Est (16 %) et les descendants d’immigrés d’Europe du Sud (12 %) est proche de celle déclarée parmi les personnes sans ascendance migratoire. Si le sentiment de discrimination recule à la deuxième génération pour les personnes originaires de l’Union européenne (UE) à 27 (13 % pour les descendants, contre 20 % pour les immigrés), il augmente pour les descendants d’immigrés du Maghreb (+ 10 points), d’Afrique subsaharienne (+ 5 points), d’Asie du Sud-Est (+ 12 points) et de Turquie ou du Moyen-Orient (+ 9 points) par rapport aux immigrés des mêmes régions.
tableauFigure 1 – Déclaration de traitements inégalitaires ou de discriminations subis, par motif et par ascendance migratoire ou ultramarine
A déclaré avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années¹ | Motifs cités par les personnes ayant déclaré avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations² | |||||||
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Origine, nationalité, couleur de peau | Sexe | Âge | Religion | État de santé ou handicap | Lieu de résidence, quartier | Autres³ | ||
Origine | ||||||||
Immigrés, dont : | 24 | 80 | 10 | 5 | 13 | 3 | 4 | 26 |
Algérie | 25 | 82 | 5 | 6 | 20 | 3 | 6 | 20 |
Maroc, Tunisie | 25 | 81 | 7 | 4 | 30 | 3 | 5 | 16 |
Afrique sahélienne | 34 | 92 | 6 | 2 | 9 | 3 | 4 | 18 |
Afrique guinéenne ou centrale | 40 | 89 | 6 | 5 | 2 | 2 | 2 | 20 |
Asie du Sud-Est | 16 | 85 | 13 | 8 | 2 | 2 | 3 | 29 |
Turquie, Moyen-Orient | 20 | 72 | 6 | 4 | 25 | 3 | 2 | 42 |
Chine | 27 | 88 | 13 | 2 | 1 | 2 | 2 | 30 |
Europe du Sud | 19 | 63 | 11 | 5 | 4 | 7 | 3 | 43 |
Autres pays de l’UE27 | 22 | 66 | 24 | 5 | 5 | 4 | 7 | 36 |
Descendants d’immigrés, dont : | 25 | 69 | 20 | 11 | 18 | 5 | 10 | 22 |
Algérie | 35 | 77 | 15 | 14 | 23 | 4 | 9 | 22 |
Maroc, Tunisie | 34 | 74 | 15 | 9 | 30 | 3 | 10 | 21 |
Afrique sahélienne | 41 | 88 | 13 | 9 | 17 | 3 | 16 | 13 |
Afrique guinéenne ou centrale | 46 | 90 | 24 | 18 | 5 | 4 | 16 | 22 |
Asie du Sud-Est | 29 | 80 | 23 | 8 | 0 | 10 | 9 | 19 |
Turquie, Moyen-Orient | 28 | 75 | 13 | 6 | 29 | 7 | 7 | 25 |
Europe du Sud | 12 | 40 | 31 | 13 | 4 | 11 | 8 | 28 |
Autres pays de l’UE27 | 15 | 19 | 36 | 12 | 0 | 10 | 3 | 24 |
Natifs d'Outre-mer | 29 | 82 | 15 | 9 | 4 | 4 | 4 | 37 |
Descendants de natifs d'Outre-mer | 33 | 81 | 23 | 10 | 1 | 8 | 9 | 21 |
Sans ascendance migratoire ou ultramarine directe | 14 | 17 | 37 | 18 | 2 | 10 | 5 | 31 |
Âge | ||||||||
18 à 30 ans | 20 | 44 | 30 | 23 | 7 | 8 | 8 | 34 |
31 à 40 ans | 18 | 43 | 37 | 7 | 10 | 5 | 6 | 27 |
41 à 50 ans | 16 | 36 | 23 | 7 | 5 | 9 | 6 | 29 |
51 à 59 ans | 14 | 31 | 21 | 19 | 3 | 11 | 1 | 21 |
Sexe | ||||||||
Femmes | 20 | 31 | 44 | 15 | 7 | 9 | 5 | 31 |
Hommes | 14 | 52 | 6 | 13 | 7 | 7 | 7 | 25 |
Ensemble | 17 | 39 | 28 | 14 | 7 | 8 | 6 | 29 |
- 1. La question posée était la suivante : « Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? ».
- 2. Une personne peut déclarer plusieurs motifs de traitements inégalitaires ou de discriminations.
- 3. Accent ou façon de parler, situation familiale, orientation sexuelle, façon de s’habiller, poids, grossesse, apparence physique, nom ou prénom, autres ou ne sait pas.
- Lecture : en 2019-2020, 24 % des immigrés déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années. Parmi eux, 10 % ont déclaré que ces discriminations étaient dues à leur sexe.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 59 ans vivant en logement ordinaire.
- Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).
Le motif de traitements inégalitaires le plus souvent cité par les immigrés est leur origine : 80 % des immigrés ayant déclaré avoir subi une discrimination ont déclaré que celle-ci était liée à leur origine, leur nationalité ou leur couleur de peau. Bien que moindre, ce motif est également le plus fréquent pour leurs descendants toutes origines confondues (69 %) et demeure très fréquemment cité par les descendants d’origine non européenne (89 % des descendants d’Afrique subsaharienne notamment). Les personnes sans ascendance migratoire ou ultramarine déclarent quant à elles plus souvent être discriminées en raison de leur sexe (37 %) – ce résultat étant largement porté par les femmes. Parmi les personnes sans ascendance migratoire directe déclarant avoir été discriminées en raison de leurs origines, près d’un quart a au moins un grand-parent immigré (fiche Descendants d'immigrés de 3e génération) et donc un lien à la migration, même s’il est plus lointain.
Si seules 7 % des personnes ayant vécu un traitement inégalitaire déclarent que celui-ci était lié à leur religion, ce motif est plus important pour les personnes originaires de pays où la religion musulmane est majoritaire : les immigrés d’Algérie (20 %) et leurs descendants (23 %), les immigrés et descendants d’immigrés du Maroc et de Tunisie (30 %), ainsi que les immigrés de Turquie ou du Moyen-Orient (25 %) et leurs descendants (29 %) citent ce motif beaucoup plus fréquemment que la population sans ascendance migratoire ou ultramarine (2 %), les natifs d'Outre-mer (4 %) ou leurs descendants (1 %). La mention de ce motif a par ailleurs augmenté au cours des dix dernières années.
Le premier lieu d’expérience de discriminations est, de loin, le marché du travail, que ce soit sur le lieu de travail ou dans la recherche d’un emploi : 53 % des immigrés et de leurs descendants ayant connu des discriminations déclarent que celles-ci ont entre autres eu lieu dans ce contexte, ainsi que 58 % des natifs d’Outre-mer et 59 % de leurs descendants ; ils sont un peu plus nombreux, 64 %, parmi la population sans ascendance migratoire (figure 2). Le deuxième contexte le plus souvent cité est l’interaction avec des administrations ou des services publics : il est cité par un quart des natifs d'Outre-mer, et un peu plus d’un quart des immigrés, de leurs descendants, et des descendants de natifs d'Outre-mer ayant vécu des discriminations ; il est aussi cité par 17 % de la population sans ascendance migratoire. Si les discriminations sur le marché du logement sont rarement citées par l’ensemble de la population déclarant avoir connu des discriminations (9 %), elles concernent un peu plus souvent les immigrés et les natifs d'Outre-mer (13 %). Les immigrés déclarent rarement avoir vécu des discriminations à l’école, au cours de leurs études ou de leur formation (10 %) ; pour leurs descendants, ayant en grande majorité effectué leur parcours scolaire et étudiant en France, ce contexte est deux fois plus souvent cité.
tableauFigure 2 – Contextes de discriminations les plus souvent cités
Emploi (lieu de travail ou recherche d’emploi) | Services publics (mairie, poste, Pôle emploi, police, etc.) | Transports | Études (école, université, formation) | |
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Immigrés | 53 | 27 | 19 | 10 |
Descendants d'immigrés | 53 | 26 | 20 | 21 |
Natifs d'Outre-mer | 58 | 25 | 21 | 20 |
Descendants de natifs d'Outre-mer | 59 | 26 | 24 | 15 |
Sans ascendance migratoire ou ultramarine | 64 | 17 | 12 | 14 |
Ensemble | 60 | 21 | 15 | 14 |
- Note : la question posée aux personnes ayant déclaré avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations était la suivante : « Où ces expériences se sont-elles produites ? ». Plusieurs réponses pouvaient être données.
- Lecture : en 2019-2020, 19 % des immigrés ayant déclaré avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans les cinq dernières années déclarent que ceux-ci ont eu lieu dans les transports.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 18 à 59 ans vivant en logement ordinaire ayant déclaré avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au cours des cinq dernières années.
- Sources : Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).
graphiqueFigure 2 – Contextes de discriminations les plus souvent cités
Définitions
Un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. Certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers. Un individu continue à être immigré même s'il acquiert la nationalité française.
Un descendant d’immigrés est une personne née en France et ayant au moins un parent immigré.
Pour en savoir plus
« En dix ans, le sentiment de discrimination augmente, porté par les femmes et le motif sexiste », Insee Première n° 1911, juillet 2022.