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Insee Première · Juillet 2022 · n° 1910
Insee PremièreLa diversité des origines et la mixité des unions progressent au fil des générations

Jérôme Lê (Insee), Patrick Simon (Ined), Baptiste Coulmont (ENS Paris-Saclay)

En 2019-2020, parmi les personnes vivant en logement ordinaire en France métropolitaine, 9 % sont immigrées, 12 % sont descendantes d’immigrés de 2e génération et, parmi celles de moins de 60 ans, 10 % sont descendantes d’immigrés de 3e génération. Le profil migratoire de la population reflète avec décalage les flux d’immigration successifs. Parmi les descendants d’immigrés de 2e génération, les plus jeunes sont majoritairement originaires d’Afrique, alors que les plus âgés sont originaires d’Europe. Au sein des actuels descendants d’immigrés de 3e génération, la part des origines européennes se réduit au fil du temps mais demeure prépondérante.

La diversité des origines résulte également d’une mixité croissante des unions à chaque génération : si 27 % des immigrés sont en couple avec un conjoint sans ascendance migratoire directe, c’est le cas de 66 % des descendants de 2e génération. À la 3e génération, neuf petits-enfants d’immigrés sur dix de moins de 60 ans n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés.

Avertissement : le 23 février 2023, les résultats initialement publiés dans cet Insee Première le 5 juillet 2022 ont été actualisés à la suite d'une correction des pondérations de l’enquête Trajectoires et Origines 2 (voir Documents de travail 2022-02).

Cette correction des pondérations entraîne de légers changements dans les chiffres présentés dans la publication, sans en modifier les principales conclusions. Les corrections concernent la figure 1, la figure 2c et la figure 3.

La proportion de descendants d'immigrés décroît avec l’âge

L’ancienneté de l’immigration en France et l’élargissement des pays d’origine des immigrés depuis 50 ans ont façonné la diversité de la population française. En 2019-2020, parmi les personnes vivant en logement ordinaire en France métropolitaine, 5,8 millions sont , soit 9 % de la population. Près de la moitié sont nées en Afrique et un tiers en Europe. La part des Européens est tendanciellement en baisse, tandis que celle des personnes en provenance de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie augmente au fil du temps. 7,5 millions de personnes sont quant à elles (12 % de la population), c’est-à-dire nées en France avec au moins un de leurs parents immigré. Parmi les personnes de moins de 60 ans, 4,8 millions sont (10 % des moins de 60 ans), c’est-à-dire nées en France, de parents non immigrés, et avec au moins un de leurs grands-parents immigré.

Le profil migratoire de la population, reflet des flux d’immigration successifs

L’héritage du passé et les dynamiques migratoires actuelles se lisent dans les structures par âge de la population. Si un tiers des personnes de moins de 60 ans ont un lien à l’immigration sur , c’est-à-dire qu’elles sont soit immigrées (9 %), descendantes d’immigrés de 2e génération (13 %) ou de 3e génération (10 %) (figure 1), ces proportions varient fortement au fil des cohortes. Au-delà de 60 ans, l’identification des descendants d’immigrés de 3e génération n’est plus possible (sources), ces derniers sont alors classés avec les personnes . Pour autant, l’identification des descendants d’immigrés de 2e génération reste possible : 16 % de la population de 60 ans ou plus a un lien à l’immigration sur deux générations.

Figure 1 – Origine migratoire sur trois générations, par classe d’âge

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Figure 1 – Origine migratoire sur trois générations, par classe d’âge (en %) - Lecture : 24,6 % des enfants de 4 ans ou moins sont descendants d'immigrés de 2e génération, dont 13,3 % ont leurs deux parents immigrés.
Classe d’âge, en années Immigrés (G1) Descendants d'immigrés (G2) Descendants d'immigrés (G3) Ni G1, ni G2, ni G3 Ni G1, ni G2
Deux parents immigrés Un parent immigré Quatre grands-parents immigrés Origines mixtes
0-4 0,8 13,3 11,3 1,8 12,2 60,6 74,6
5-9 2,4 11,7 8,9 1,1 11,3 64,6 77,0
10-17 3,5 9,2 7,8 0,8 10,2 68,5 79,5
18-24 6,4 6,4 7,6 0,5 8,5 70,6 79,6
25-29 10,6 6,1 7,0 0,5 10,8 65,0 76,3
30-34 13,8 6,3 5,5 0,1 11,7 62,6 74,4
35-39 14,4 6,2 4,6 0,2 6,7 67,9 74,8
40-44 15,2 5,9 4,6 0,1 8,1 66,1 74,3
45-49 12,7 5,2 3,8 0,6 6,8 70,9 78,3
50-54 12,2 4,1 3,9 0,6 9,3 69,9 79,8
55-59 11,5 3,3 4,0 1,0 10,2 70,0 81,2
60-64 10,6 2,4 4,3 nd nd nd 82,7
65-69 9,4 2,2 4,6 nd nd nd 83,8
70-74 8,9 2,2 5,1 nd nd nd 83,8
75-79 8,9 3,1 4,5 nd nd nd 83,5
80 ou plus 7,9 4,2 3,7 nd nd nd 84,2
0-17 2,5 10,9 9,0 1,1 11 65,4 77,6
18-59 11,9 5,4 5,2 0,4 9,0 68,1 77,5
0-59 9,1 7,1 6,3 0,6 9,6 67,3 77,5
60 ou plus 9,2 2,8 4,4 nd nd nd 83,6
Ensemble 9,2 5,9 5,8 nd nd nd 79,1
  • nd : non disponible.
  • Note : les proportions d’immigrés (G1) et de descendants de 2e génération (G2) sont calculées à partir de l’enquête Emploi. Pour les descendants de 3e génération (G3), l’enquête Emploi est utilisée de 0 à 17 ans et l’enquête Trajectoires et Origines 2 de 18 à 59 ans. Au-delà de 59 ans, la proportion de G3 n’est plus mesurable. Ces personnes sont alors rattachées à la population sans ascendance migratoire directe, c’est-à-dire ni immigrée ni descendante d'immigrés de 2e génération (ni G1, ni G2).
  • Lecture : 24,6 % des enfants de 4 ans ou moins sont descendants d'immigrés de 2e génération, dont 13,3 % ont leurs deux parents immigrés.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Sources : Insee, enquête Emploi 2019-2020 ; Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

Figure 1 – Origine migratoire sur trois générations, par classe d’âge

  • Note : les proportions d’immigrés (G1) et de descendants de 2e génération (G2) sont calculées à partir de l’enquête Emploi. Pour les descendants de 3e génération (G3), l’enquête Emploi est utilisée de 0 à 17 ans et l’enquête Trajectoires et Origines 2 de 18 à 59 ans. Au-delà de 59 ans, la proportion de G3 n’est plus mesurable. Ces personnes sont alors rattachées à la population sans ascendance migratoire directe, c’est-à-dire ni immigrée ni descendante d'immigrés de 2e génération (ni G1, ni G2).
  • Lecture : 24,6 % des enfants de 4 ans ou moins sont descendants d'immigrés de 2e génération, dont 13,3 % ont leurs deux parents immigrés.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Sources : Insee, enquête Emploi 2019-2020 ; Ined-Insee, enquête Trajectoires et Origines 2 (2019-2020).

La structure par âge des immigrés se caractérise par le poids élevé des âges intermédiaires (entre 30 et 50 ans). Cette singularité s’explique par la surreprésentation des immigrés arrivant en France en âge de travailler [Lê, 2021] et par des retours dans le pays d’origine lors de la retraite : la part des immigrés est de l’ordre de 8 % après 80 ans, ne dépasse pas 3 % avant 18 ans, mais atteint 15 % entre 40 et 44 ans.

La part de descendants d’immigrés de 2e génération, quant à elle, reproduit avec décalage le profil des flux d’immigration passés (encadré). Très représentés parmi les moins de 18 ans (20 % en moyenne), leur part passe à 11 % entre 18 et 59 ans et tombe à 7 % au-delà de 60 ans. Les descendants de 2e génération actuellement âgés de moins de 18 ans sont nés dans les années 2000, tandis que ceux de plus de 60 ans sont enfants des années 1960 et avant, à une époque où les immigrés représentaient 6 % de la population française.

Ce décalage se reconduit à la génération suivante, et les descendants d’immigrés de 3e génération sont actuellement moins nombreux que ceux de la 2e génération parmi les moins de 18 ans (12 % contre 20 %). Les immigrés venus dans les années 1970 et après commencent seulement à devenir grands-parents.

La part des origines européennes se réduit au fil des âges mais demeure prépondérante à la 3e génération

L’empreinte de la succession des flux d’immigration se lit plus nettement dans les par âge. Les vagues en provenance d’Espagne et d’Italie ont précédé celles du Maghreb et du Portugal, et plus récemment des autres pays d’Afrique et de l’Asie [Athari et al., 2019 ]. Si les immigrés venus d’Afrique sont majoritaires entre 18 et 59 ans (53 %, dont 34 % du Maghreb), ils redeviennent minoritaires au-delà de 60 ans (37 %), au profit des immigrés originaires d’Europe (51 %, dont 34 % d’Europe du Sud) (figure 2a). Les transformations des origines des immigrés influencent fortement le profil des générations suivantes. Les enfants mineurs de la 2e génération sont ainsi très majoritairement d’origine non-européenne (83 %), et en particulier africaine (65 %) (figure 2b). Toutefois, la part de ces origines diminue rapidement au fil des cohortes. De 18 à 59 ans, 45 % des personnes de la 2e génération sont d’origine africaine, alors qu’au-delà de 60 ans, 91 % sont d’origine européenne, avec parfois des migrations très anciennes (italienne, espagnole, polonaise, belge, allemande, etc.).

Figure 2a – Origine géographique des immigrés (G1) par classe d’âge

en %
Figure 2a – Origine géographique des immigrés (G1) par classe d’âge (en %) - Lecture : les immigrés représentent 14,5 % des personnes de 35 à 39 ans. Parmi elles, 5,5 % sont originaires du Maghreb.
Classe d’âge, en années Espagne, Italie, Portugal Autres pays de l'UE27 Autres pays d'Europe Maghreb Autres pays d'Afrique Asie Autres pays du monde Toutes origines confondues
0-4 0,1 0,1 0,1 0,3 0,1 0,1 0,1 0,9
5-9 0,5 0,2 0,3 0,5 0,5 0,3 0,1 2,4
10-17 0,7 0,3 0,6 0,5 0,7 0,3 0,3 3,4
18-24 0,5 0,5 0,6 1,6 1,7 0,9 0,4 6,2
25-29 0,9 0,7 0,9 3,5 2,4 1,3 0,9 10,6
30-34 1,1 1,2 1,1 4,8 2,7 2,0 0,9 13,8
35-39 1,2 1,2 1,0 5,5 2,7 2,2 0,7 14,5
40-44 1,3 1,0 1,0 5,7 3,1 2,5 0,8 15,4
45-49 1,4 1,1 0,8 4,6 2,3 2,2 0,5 12,9
50-54 2,4 1,1 0,7 4,0 1,8 1,7 0,4 12,1
55-59 2,9 0,9 0,6 3,7 1,6 1,3 0,5 11,5
60-64 2,8 1,0 0,5 3,2 1,3 1,3 0,5 10,6
65-69 2,8 0,9 0,6 2,9 0,9 1,0 0,4 9,5
70-74 3,0 0,9 0,9 2,7 0,5 0,7 0,2 8,9
75-79 3,5 1,3 0,7 2,7 0,2 0,3 0,2 8,9
80 ou plus 3,8 1,0 0,4 2,0 0,2 0,4 0,2 8,0
0-17 0,5 0,3 0,4 0,4 0,5 0,2 0,2 2,5
18-59 1,4 1,0 0,8 4,1 2,3 1,7 0,6 11,9
0-59 1,2 0,7 0,7 3,0 1,7 1,3 0,5 9,1
60 ans ou plus 3,1 1,0 0,6 2,7 0,7 0,8 0,3 9,2
Ensemble 1,7 0,8 0,7 2,9 1,5 1,2 0,4 9,2
  • Note : les situations où le pays d'origine est inconnu sont classées dans les autres pays du monde.
  • Lecture : les immigrés représentent 14,5 % des personnes de 35 à 39 ans. Parmi elles, 5,5 % sont originaires du Maghreb.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2019-2020.

Figure 2a – Origine géographique des immigrés (G1) par classe d’âge

  • Note : les situations où le pays d'origine est inconnu sont classées dans les autres pays du monde.
  • Lecture : les immigrés représentent 14,5 % des personnes de 35 à 39 ans. Parmi elles, 5,5 % sont originaires du Maghreb.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2019-2020.

Avec des grands-parents nés durant la première moitié du 20e siècle et qui ont pu migrer vers la France jusque dans les années 1970, les descendants de 3e génération ont principalement des origines européennes. 91 % de ceux âgés de 18 à 59 ans ont au moins un grand-parent immigré né en Europe, et notamment en Espagne, Italie ou Portugal (58 %) (figure 3). Ces proportions sont plus faibles pour les moins de 18 ans (respectivement 51 % et 41 %). La part de ceux qui ont au moins un grand-parent immigré né au Maghreb croît fortement parmi les plus jeunes : de 5 % entre 18 et 59 ans à 36 % parmi les moins de 18 ans. Les autres origines d’Afrique et d’Asie sont encore très peu représentées, les descendants de 2e génération de ces groupes (les parents potentiels de la 3e génération) étant âgés en 2020 de moins de 30 ans pour 84 % des premiers et 76 % des seconds.

Figure 3a – Origines et nombre de grands-parents immigrés des descendants de 3e génération (G3)

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Figure 3a – Origines et nombre de grands-parents immigrés des descendants de 3e génération (G3) (en %) - Lecture : 77 % des descendants d’immigrés de 3e génération (G3) de moins de 18 ans ont au moins un grand-parent originaire de France et 41 % au moins un grand-parent immigré originaire d’Espagne, d'Italie ou du Portugal. Dans l’ensemble, 48 % des G3 de moins de 18 ans n’ont qu’un seul grand-parent immigré.
Au moins un grand‑parent originaire de … Part des G3 ayant au moins un grand‑parent originaire du pays Nombre de grands‑parents immigrés Total
Un Deux Trois Quatre
Descendants G3 de moins de 18 ans
France 77 62 32 6 0 100
Espagne, Italie, Portugal 41 56 35 4 4 100
Autres pays de l'UE 27 8 80 16 4 0 100
Autres pays d'Europe 3 57 37 3 3 100
Maghreb 36 27 44 9 19 100
Autres pays d'Afrique 8 39 50 3 7 100
Asie 6 36 39 6 19 100
Autres pays du monde 2 61 33 5 1 100
Ensemble des G3 de moins de 18 ans - 48 38 5 9 100
Descendants G3 de 18 ans à 59 ans
France 92 59 38 3 0 100
Espagne, Italie, Portugal 58 53 39 3 4 100
Autres pays de l'UE 27 30 48 41 5 6 100
Autres pays d'Europe 7 58 33 9 1 100
Maghreb 5 38 36 6 20 100
Autres pays d'Afrique 2 // // // // 100
Asie 3 // // // // 100
Autres pays du monde 1 // // // // 100
Ensemble des G3 de 18 ans à 59 ans - 55 37 3 5 100
Ensemble des G3 de 0 an à 59 ans - 53 37 4 6 100
  • // : la taille de l’échantillon n’est pas suffisante pour une exploitation.
  • Note : un grand-parent est originaire de France s’il n’est pas immigré, c’est-à-dire s’il est né en France ou Français à l’étranger.
  • Lecture : 77 % des descendants d’immigrés de 3e génération (G3) de moins de 18 ans ont au moins un grand-parent originaire de France et 41 % au moins un grand-parent immigré originaire d’Espagne, d'Italie ou du Portugal. Dans l’ensemble, 48 % des G3 de moins de 18 ans n’ont qu’un seul grand-parent immigré.
  • Champ : France métropolitaine, descendants de 3e génération de 0 à 59 ans vivant en logement ordinaire.
  • Sources : Insee, enquêtes Emploi 2019-2020 pour les personnes de 0 à 17 ans ; Ined-Insee, Trajectoires et Origines 2 (2019-2020) pour les personnes de 18 à 59 ans.

La mixité des unions, moteur de la diversité des origines

La diversité des origines de la population en France est également liée à la fréquence des unions mixtes, qui contribuent à diffuser les origines migratoires dans les généalogies. La majorité des immigrés vivant en couple ont un conjoint qui est lui-même immigré (63 %) (figure 4). Ce cas de figure est plus fréquent pour les immigrés originaires d’Afrique, de Turquie et du Moyen-Orient, et dépend notamment de l’âge d’arrivée en France. Les immigrés d’Europe du Sud sont par exemple arrivés en moyenne 5 ans plus jeunes que l’ensemble des immigrés (17,6 ans contre 22,5 ans) et ont plus fréquemment un conjoint sans ascendance migratoire (33 %) que l’ensemble des immigrés (27 %). En outre, 11 % des immigrés ont un conjoint descendant de 2e génération. Pour ces couples entre un immigré et un autre immigré ou un descendant de 2e génération, dans la très grande majorité des cas (86 %), les conjoints ont le même pays d’origine.

Figure 4 – Origine géographique des conjoints selon le statut migratoire

en %
Figure 4 – Origine géographique des conjoints selon le statut migratoire (en %) - Lecture : 57 % des immigrés originaires d’Espagne, d’Italie ou du Portugal vivent avec un conjoint immigré (G1), et 10 % avec un conjoint descendant d’immigrés (G2). Dans 88 % des cas, il s’agit d’une personne G1 ou G2 originaire du même pays.
Vit avec un conjoint
Immigré
(G1)
Descendant d'immigrés (G2) Part des immigrés ou descendants G2 du même pays Sans ascendance migratoire directe (ni G1, ni G2)
Immigrés (G1)
Espagne, Italie, Portugal 57 10 88 33
Autres pays de l'UE27 48 7 75 46
Autres pays d'Europe 65 5 75 30
Maghreb 68 15 92 17
Afrique sahélienne¹ 72 9 80 18
Afrique guinéenne ou centrale² 72 3 80 25
Autres pays d'Afrique 65 6 79 29
Turquie, Moyen-Orient³ 75 13 92 12
Autres pays d'Asie 59 9 83 33
Autres pays du monde 43 7 62 50
Ensemble des immigrés 63 11 86 27
Descendants d’immigrés de 2e génération (G2)
Espagne, Italie, Portugal 7 15 56 78
Autres pays de l'UE27 6 12 28 83
Autres pays d'Europe 13 8 29 79
Maghreb 30 31 70 39
Afrique sahélienne 1 36 29 65 35
Afrique guinéenne ou centrale 2 20 13 46 67
Autres pays d'Afrique 18 10 52 72
Turquie, Moyen-Orient 3 41 28 84 31
Autres pays d'Asie 13 21 38 66
Autres pays du monde 10 17 34 73
Descendants G2 d’un parent immigré 7 13 38 80
Descendants G2 de deux parents immigrés 24 26 71 50
Ensemble des descendants d’immigrés G2 15 19 61 66
Personnes sans ascendance migratoire directe (ni G1, ni G2) 4 7 - 89
  • 1. Afrique sahélienne : Sénégal, Mauritanie, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad.
  • 2. Afrique guinéenne ou centrale : Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria, Cameroun, République centrafricaine, Gabon, Congo (Brazzaville), République démocratique du Congo, Guinée équatoriale.
  • 3. Moyen-Orient : Bahreïn, Iran, Irak, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Qatar, Arabie saoudite, Syrie, Émirats arabes unis, Yémen.
  • Note : Ouvrir dans un nouvel ongletnomenclature de pays TeO2.
  • Lecture : 57 % des immigrés originaires d’Espagne, d’Italie ou du Portugal vivent avec un conjoint immigré (G1), et 10 % avec un conjoint descendant d’immigrés (G2). Dans 88 % des cas, il s’agit d’une personne G1 ou G2 originaire du même pays.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en couple en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2019-2020.

Dans la 2e génération, en revanche, les unions avec des personnes sans ascendance migratoire prédominent largement (66 % des couples), avec des variations significatives selon les origines. Ce type d’union est en effet moins fréquent pour la 2e génération d’origine turque et du Moyen-Orient (31 %) ou maghrébine (39 %) que pour celle d’Europe du Sud (78 %). La mise en couple avec une personne sans ascendance migratoire directe est nettement plus fréquente lorsque les descendants de 2e génération viennent d’une famille mixte (80 %) que lorsque les deux parents sont immigrés (50 %). La 2e génération est plus rarement en couple avec des immigrés (15 %) ou d’autres personnes de la 2e génération (19 %).

La majorité des descendants d’immigrés de 3e génération n’ont qu’un seul grand-parent immigré

De nombreuses familles ont aujourd’hui un lien à l’immigration parce que la mixité des unions à chaque génération multiplie la présence immigrée dans les ascendances. Inversement, rares sont les généalogies à ne comprendre que des ascendants immigrés. L’intensité du lien à l’immigration décroît au fil des générations en raison de la mixité des unions. Si 33 % des personnes de moins de 60 ans ont un lien à l’immigration sur trois générations, elles ne sont que 17 % à avoir une ascendance exclusivement immigrée (immigrés ou 2e génération de deux parents immigrés ou 3e génération de quatre grands-parents immigrés).

Parmi les descendants de 3e génération, neuf sur dix n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés. Avoir ses quatre grands-parents immigrés est relativement rare, que ce soit parmi les descendants de 3e génération mineurs (9 %) ou de 18-59 ans (5 %), mais plus fréquent parmi les descendants de 3e génération originaires du Maghreb (respectivement 19 % et 20 %). La mixité très forte des ascendances à la 3e génération vient du fait que la 2e génération est elle-même fréquemment issue de couples mixtes : la moitié n’a qu’un seul parent immigré. La composition, sur plusieurs générations, de ces unions dessine le kaléidoscope des origines et par conséquent de la diversité de la France de demain.

Encadré – Les principales vagues migratoires depuis le début du 20e siècle

Depuis le début du 20e siècle, la France a connu plusieurs vagues d’immigration, généralement au cours de phases d’expansion économique et/ou de crises humanitaires ayant conduit à un afflux de réfugiés. Au cours des années 1920, la France accueille principalement des immigrés venus de pays voisins (Belgique, Italie, Espagne) et d’Europe de l’Est (Pologne, Russie, Arménie). Après un reflux entre les années 1930 et 1945 (expulsions collectives de Polonais, Seconde Guerre mondiale), une deuxième vague a lieu durant les Trente Glorieuses avec, dans un premier temps, l’afflux d’immigrés espagnols et algériens, suivis dans les années 1960 par des immigrés portugais, marocains et turcs. Depuis la fin des années 1990, les flux migratoires ont augmenté à nouveau et se sont diversifiés, en provenance d’Afrique subsaharienne et d’Asie, tandis que l’immigration intra-européenne a été facilitée par la libre circulation.

Rapportée à la taille de la population de l’époque, la vague migratoire des années 1920 a été la plus forte, avec une proportion d’immigrés dans la population qui a bondi de 2,9 points en seulement dix ans (de 3,7 % en 1921 à 6,6 % en 1931). En comparaison, entre 2010 et 2020, cette augmentation a été de 1,5 point (de 8,6 % à 10,1 %).

Part des étrangers originaires d’Europe dans la population

en %
Part des étrangers originaires d’Europe dans la population (en %) - Lecture : en 1931, les Italiens représentent 2,0 % de la population vivant en France.
Année Belges Espagnols Italiens Polonais Portugais
1901 0,8 0,2 0,9 0,0 0,0
1906 0,8 0,2 1,0 0,0 0,0
1911 0,7 0,3 1,1 0,0 0,0
1921 0,9 0,7 1,2 0,1 0,0
1926 0,8 0,8 1,9 0,8 0,1
1931 0,6 0,9 2,0 1,2 0,1
1936 0,5 0,6 1,8 1,0 0,1
1946 0,4 0,8 1,1 1,1 0,1
1954 0,3 0,7 1,2 0,6 0,1
1962 0,2 1,0 1,4 0,4 0,1
1968 0,1 1,2 1,2 0,3 0,6
1975 0,1 1,0 0,9 0,2 1,4
1982 0,1 0,6 0,6 0,1 1,4
1990 0,1 0,4 0,5 0,1 1,2
1999 0,1 0,3 0,3 0,1 1,0
2010 0,2 0,2 0,3 0,1 0,8
2015 0,2 0,2 0,3 0,1 0,8
2020 0,2 0,3 0,4 0,1 0,8
  • Lecture : en 1931, les Italiens représentent 2,0 % de la population vivant en France.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : Insee, recensements de la population.

Part des étrangers originaires d’Europe dans la population

  • Lecture : en 1931, les Italiens représentent 2,0 % de la population vivant en France.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : Insee, recensements de la population.
Publication rédigée par :Jérôme Lê (Insee), Patrick Simon (Ined), Baptiste Coulmont (ENS Paris-Saclay)

Sources

L’enquête Emploi en continu est la seule source fournissant une mesure des concepts d’activité, de chômage, d’emploi et d’inactivité tels qu’ils sont définis par le Bureau international du travail. L’interrogation se déroule sur six trimestres consécutifs. Elle s’adresse aux individus de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire, c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, prisons, etc. Ce champ n’est pas totalement représentatif des immigrés, puisque ces derniers sont surreprésentés dans ce type d’habitation, qui héberge 2 % de la population. Les écarts sont cependant limités : les immigrés représentent ainsi 9 % de la population vivant en logement ordinaire, contre 10 % de la population, tous habitats confondus (source : enquête annuelle de recensement 2020).

Le questionnement permet de connaître l’origine géographique des enquêtés et de leur ascendance directe (parents). Les enfants de moins de 15 ans vivant dans le logement sont également décrits au regard de leurs liens avec les autres membres du logement. Il est possible de repérer les descendants d’immigrés de 3e génération lorsqu’ils vivent avec au moins un de leurs parents. Au-delà de 17 ans, en raison des départs du foyer familial, leur proportion ne peut plus être calculée.

Pour assurer des effectifs suffisants, les données sont cumulées de 2019 à 2020, soit près de 780 000 observations trimestrielles sur 256 000 individus distincts (dont 22 000 immigrés, 28 500 descendants d’immigrés de 2e génération et 6 500 de 3e génération).

L’Ouvrir dans un nouvel ongletenquête Trajectoires et Origines 2 (TeO2) est une enquête sur la diversité des populations vivant en France, réalisée conjointement par l’Ined et l’Insee. Elle a vocation à répondre aux besoins publics de connaissance sur les processus d’intégration et sur les discriminations dans l’ensemble de la population. Il s’agit de la seconde édition de l’enquête, la première (TeO1) ayant eu lieu en 2008-2009. L’enquête TeO2 a été collectée en 2019 et 2020 auprès d’environ 27 000 personnes âgées de 18 à 59 ans et vivant dans un logement ordinaire en France métropolitaine. Pour la première fois, le questionnaire interroge sur l’origine géographique des grands-parents (en plus de celle des parents), ce qui a permis d’identifier 780 descendants de 3e génération.

Dans cette étude, l’enquête Emploi a été privilégiée, car elle permet une estimation plus précise des effectifs par origine géographique et classe d’âge quinquennale. L’enquête TeO2 a été mobilisée sur le champ des descendants de 3e génération âgés de 18 à 59 ans. L’identification des origines a été réalisée à l’identique dans les deux enquêtes, sur la base des informations connues dans les deux enquêtes (pays de naissance et nationalité à la naissance). S’agissant des 18-59 ans résidant en logement ordinaire en France métropolitaine, les proportions d’immigrés et de descendants de 2e génération sont légèrement plus élevées dans l’enquête TeO2 que dans l’enquête Emploi (respectivement 13 % et 11 %, contre 12 % et 11 %).

Définitions

Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas des immigrés. À l’inverse, certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers. Un individu continue à être immigré même s’il acquiert la nationalité française.

Un descendant d’immigrés de 2e génération est une personne née en France ayant au moins un parent immigré. Cette définition ne comprend pas les personnes elles-mêmes immigrées, notamment celles qui ont migré enfant avec leurs parents.

Un descendant d’immigrés de 3e génération est une personne née en France ayant au moins un parent descendant d’immigrés et dont aucun parent n’est immigré (auquel cas, elle serait de 2e génération). Elle a donc d’un à quatre grands-parents immigrés.

Le terme « 1re génération », notée G1, désigne les immigrés dans le sens où ils sont la première génération à vivre en France. Par suite, les descendants d’immigrés sont dits de « 2e génération » (G2) ou « 3e génération » (G3) selon qu’ils ont des parents ou des grands-parents immigrés.

Les personnes sans ascendance migratoire directe sont celles qui ne sont ni immigrées ni descendantes d’immigrés de 2e génération.

L’origine géographique d’une personne est déterminée par son pays de naissance ou celle de ses parents ou grands-parents :

  • pour les immigrés, elle est déterminée par le pays de naissance ;
  • pour les descendants d’immigrés de 2e génération, elle est déterminée par le pays de naissance du parent immigré s’il n’y en a qu’un. Si les deux parents sont immigrés, par convention, l’origine du père est choisie. Ce choix a peu d’impact sur les résultats car lorsque les deux parents sont immigrés, ceux-ci ont le même pays de naissance dans huit cas sur dix et appartiennent au même groupe de pays, selon la classification utilisée dans la figure 2b, dans plus de neuf cas sur dix ;
  • pour les descendants d’immigrés de 3e génération, il n’existe actuellement pas de convention. Il est possible d’utiliser une méthodologie similaire à celle des descendants de 2e génération pour déterminer une origine unique (c’est-à-dire prendre celle du parent G2 s’il n’y en a qu’un, ou si les deux parents sont G2, l’origine du père). Toutefois, du fait qu’il peut y avoir jusqu’à quatre grands-parents immigrés d’origines différentes, il a été décidé de présenter des origines possiblement multiples dans la figure 3. Chaque individu G3 peut ainsi apparaître dans différentes origines dès lors qu’il a au moins un grand-parent de l’origine considérée. Dans les faits, ce choix a peu d’impact sur les résultats car seuls 11 % des cas impliquent des grands-parents immigrés de plusieurs pays d’origine (dans 5 % des cas, des groupes d’origine différents, selon la classification utilisée dans la figure 2b).

Pour en savoir plus

Ourliac B., Lê J., « 50 ans d’immigration en 50 secondes chrono », Blog Insee, août 2021.

Lê J., « En 2017, 44 % de la hausse de la population provient des immigrés », Insee Première n° 1849, avril 2021.

Athari E., Papon S., Robert-Bobée I., « Quarante ans d’évolution de la démographie française : le vieillissement de la population s’accélère avec l’avancée en âge des baby-boomers  », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2019.

Beauchemin C., Hamel C., Simon P., « Ouvrir dans un nouvel ongletTrajectoires et Origines – Enquête sur la diversité des populations en France », Grandes Enquêtes, Ined, 2016.