Les entreprises en France Édition 2022
Cet ouvrage offre une vue structurelle complète de notre système productif.
Taux de marge
Insee Références
Paru le :07/12/2022
Dans le partage de la valeur ajoutée aux coûts des facteurs (VACF), le taux de marge rend compte de ce qui reste à disposition des entreprises – l’excédent brut d’exploitation (EBE) –, notamment pour rémunérer le capital et investir, une fois déduites les rémunérations salariales. En 2020, le taux de marge est de 25,1 % pour l’ensemble des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers (figure 1). Selon les secteurs, il varie entre 9,9 % (pour les transports et l’entreposage) et 30,8 % (pour l’information et la communication), sauf dans les activités immobilières où il est notablement plus élevé (63,5 %).
tableauFigure 1 – Taux de marge en 2020
Valeur ajoutée aux coûts des facteurs | Frais de personnel | Excédent brut d'exploitation | Taux de marge | |
---|---|---|---|---|
en milliards d'euros | en % | |||
a | b | c = a – b | c / a | |
Industrie, dont : | 276,0 | 202,4 | 73,6 | 26,7 |
industrie manufacturière | 225,2 | 176,3 | 48,9 | 21,7 |
Construction | 99,6 | 80,5 | 19,1 | 19,2 |
Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles | 193,7 | 139,2 | 54,5 | 28,1 |
Transports et entreposage | 69,3 | 62,4 | 6,9 | 9,9 |
Hébergement-restauration | 29,3 | 26,2 | 3,1 | 10,5 |
Information-communication | 95,2 | 65,9 | 29,3 | 30,8 |
Activités immobilières | 36,4 | 13,3 | 23,1 | 63,5 |
Autres services principalement marchands | 184,8 | 147,6 | 37,2 | 20,1 |
Ensemble | 984,3 | 737,5 | 246,8 | 25,1 |
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
- Source : Insee, Ésane.
Un taux de marge élevé résulte en général de la mise en œuvre d’un capital d’exploitation important ; il n’implique pas nécessairement une rentabilité économique forte (l’EBE devant alors être rapporté à ce capital d’exploitation), mais il peut permettre de financer les investissements. Ainsi, en 2020, l’industrie, avec un taux de marge de 26,7 % et un taux d’investissement de 20,2 %, a une rentabilité économique de seulement 5,3 %. A contrario, la construction, avec un taux de marge et un taux d’investissement relativement faibles (respectivement 19,2 % et 10,7 %), a pourtant une rentabilité économique plus forte que la moyenne (11,1 % contre 6,3 %).
L’écart entre le taux de marge total et celui des entreprises employeuses est maximal dans les activités immobilières (8,7 points) en raison de la présence de nombreuses sociétés civiles immobilières sans salarié (figure 2). Cet écart est également marqué dans les services aux particuliers (8,5 points), les services aux entreprises (4,4 points) et l’hébergement et la restauration (3,7 points), secteurs regroupant beaucoup de très petites unités légales.
tableauFigure 2 – Taux de marge en 2020 selon le secteur d'activité
Entreprises employeuses | Ensemble | |
---|---|---|
Industrie | 25,8 | 26,7 |
Construction | 16,3 | 19,2 |
Commerce | 27,1 | 28,1 |
Transports et entreposage | 8,5 | 9,9 |
Hébergement-restauration | 6,8 | 10,5 |
Information-communication | 30,3 | 30,8 |
Activités immobilières | 54,8 | 63,5 |
Services aux entreprises | 15,2 | 19,6 |
Services aux particuliers | 17,3 | 25,8 |
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
- Source : Insee, Ésane (données individuelles).
graphiqueFigure 2 – Taux de marge en 2020 selon le secteur d'activité
En effet, le taux de marge des entreprises sans salarié atteint fréquemment 100 %. L’entrepreneur individuel, bien qu’il puisse comptabiliser une partie de ses revenus ou de ses cotisations sociales obligatoires en charges de personnel, se rémunère le plus souvent sur le résultat de son entreprise sans retenir de charges de personnel.
En 2020, tous secteurs confondus, le taux de marge des entreprises employeuses diminue par rapport à 2019 (–2,6 points). La baisse de la valeur ajoutée aux coûts des facteurs (–8,6 %) a été plus forte que celle des frais de personnel (–5,2 %). Cette baisse s’observe dans presque tous les secteurs, surtout les plus impactés par l’épidémie de Covid 19, avec –15,0 points pour les transports et l’entreposage, –12,9 points pour l’hébergement et la restauration et –5,5 points pour les services aux particuliers. Entre 2019 et 2020, le taux de marge n’augmente que dans le secteur du commerce, composé principalement d’entreprises ayant maintenu au cours de la crise leur niveau d’activité (commerces de première nécessité, services de livraisons, etc.) : +1,4 point pour les entreprises employeuses, et +2,1 points pour l’ensemble des entreprises commerciales.
En 2020, la médiane du taux de marge des entreprises employeuses (hors micro-entrepreneurs) augmente, sauf pour les grandes entreprises (-2,4 points), qui ont subi au cours de la crise à la fois une importante baisse d’EBE et de VA (figure 3). La médiane des taux de marge varie entre 14,8 % pour les transports et l’entreposage et 25,1 % pour le commerce (figure 4). Leur dispersion est assez hétérogène selon les secteurs d’activité : l’écart entre le 1er quartile et le 3e quartile varie entre 29 points (pour la construction) et 43 points (pour les activités immobilières).
tableauFigure 3 – Distribution du taux de marge¹ des entreprises employeuses en 2019 et 2020 selon leur catégorie
1er quartile (Q1) | Médiane | 3e quartile (Q3) | ||
---|---|---|---|---|
Microentreprise (MIC) | 2019 | 4,5 | 19,0 | 36,4 |
2020 | 3,3 | 20,3 | 39,3 | |
PME (hors MIC) | 2019 | 4,6 | 15,2 | 28,8 |
2020 | 2,8 | 15,4 | 30,8 | |
ETI | 2019 | 7,5 | 21,4 | 37,0 |
2020 | 6,0 | 22,1 | 38,8 | |
GE | 2019 | 7,1 | 18,8 | 37,9 |
2020 | 4,4 | 16,4 | 34,0 | |
Ensemble | 2019 | 4,5 | 18,3 | 35,2 |
2020 | 3,2 | 19,5 | 38,1 |
- 1. Calculé que pour les entreprises ayant déclaré une valeur ajoutée au coût des facteurs strictement positive.
- Champ : France, entreprises employeuses des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, hors micro-entrepreneurs.
- Source : Insee, Ésane (données individuelles).
graphiqueFigure 3 – Distribution du taux de marge¹ des entreprises employeuses en 2019 et 2020 selon leur catégorie
tableauFigure 4 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses par secteur en 2020
1er quartile (Q1) | Médiane | 3e quartile (Q3) | |
---|---|---|---|
Industrie | 3,9 | 18,4 | 33,9 |
Construction | 3,2 | 16,1 | 32,7 |
Commerce | 7,8 | 25,1 | 41,7 |
Transports et entreposage | -0,2 | 14,8 | 32,9 |
Hébergement-restauration | -0,3 | 21,3 | 40,6 |
Information-communication | -1,6 | 15,2 | 36,8 |
Activités immobilières | 3,5 | 21,3 | 46,4 |
Services aux entreprises | 1,4 | 16,2 | 37,5 |
Services aux particuliers | 2,6 | 19,9 | 39,8 |
Ensemble | 3,2 | 19,5 | 38,1 |
- Note : le taux de marge n'est ici calculé que pour les entreprises ayant déclaré une valeur ajoutée au coût des facteurs strictement positive.
- Champ : France, entreprises employeuses des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, hors micro-entrepreneurs.
- Source : Insee, Ésane (données individuelles).
graphiqueFigure 4 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses par secteur en 2020
Définitions
La valeur ajoutée (VA) est égale à la valeur de la production diminuée des consommations intermédiaires, elle est calculée hors taxes. La valeur ajoutée aux coûts des facteurs (VACF) s’obtient en déduisant de la valeur ajoutée brute aux prix de base les autres impôts (moins les subventions) sur la production.
Le taux de marge est la part de l’excédent brut d’exploitation (EBE) dans la valeur ajoutée au coût des facteurs (VACF).
L’excédent brut d’exploitation (EBE) est le solde du compte d’exploitation, pour les sociétés. Il est égal à la valeur ajoutée, diminuée de la rémunération des salariés, des autres impôts sur la production et augmentée des subventions d’exploitation. Pour les entreprises individuelles, le solde du compte d’exploitation est le revenu mixte. L’excédent d’exploitation peut être calculé net, si l’on retranche la consommation de capital fixe.
Le décret n° 2008-1354 du 18 décembre 2008 d’application de la loi de modernisation de l’économie de 2008 (LME) définit l’entreprise comme « la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. » Concrètement, l’entreprise est :
- soit une unité légale (entité juridique identifiée par son numéro Siren, qui peut être un entrepreneur individuel ou une société exerçant une fonction de production) indépendante ;
- soit un regroupement économiquement pertinent (intervenant sur le marché, regroupant l’ensemble des facteurs de production, ayant une autonomie de décision) d’unités légales appartenant à un même groupe de sociétés.
La rentabilité économique mesure la rentabilité d’exploitation (activité) de l’entreprise indépendamment de son mode de financement. Elle se mesure en rapportant l’excédent brut d’exploitation à la somme des immobilisations brutes corporelles et incorporelles et du besoin de fonds de roulement. La somme au dénominateur est appelée « actif économique » ou « capital économique » : elle représente en effet les moyens engagés par l’entreprise dans les cycles d’exploitation et d’investissement, autrement dit ce dont l’entreprise a besoin pour tourner. Ce taux n’est pas affecté par la structure financière de l’entreprise.
Le taux d’investissement est la part des investissements corporels bruts hors apport dans la valeur ajoutée (VA).
Si l’on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffre d’affaires, etc., la médiane est la valeur qui partage cette distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de chiffre d’affaires, la médiane est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 50 % des entreprises. C’est de manière équivalente le chiffre d’affaires au-dessus duquel se situent 50 % des entreprises.
Quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret n° 2008-1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique. Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle, sont utilisées : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan. Sont ainsi distinguées :
- les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros ;
- parmi elles, les microentreprises (MIC) occupent moins de 10 personnes, et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros ;
- les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros ;
- les grandes entreprises (GE) sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.
Si l’on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffre d’affaires, etc., les quartiles sont les valeurs qui partagent cette distribution en quatre parties égales. Ainsi, pour une distribution de chiffre d’affaires :
- le premier quartile (noté généralement Q1) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 25 % des entreprises ;
- le deuxième quartile (noté généralement Q2) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 50 % des entreprises : c’est la médiane ;
- le troisième quartile (noté généralement Q3) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 75 % des entreprises.