Les entreprises en France Édition 2021
Taux de marge
Insee Références
Paru le :01/12/2021
Dans le partage de la valeur ajoutée aux coûts des facteurs (VACF), le taux de marge rend compte de ce qui reste à disposition des entreprises – l’excédent brut d’exploitation (EBE) –, notamment pour rémunérer le capital et investir, une fois déduites les rémunérations salariales. En 2019, le taux de marge est de 27,1 % sur l’ensemble des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers. Selon les secteurs, il varie entre 20,8 % (pour l’hébergement‑restauration) et 32,0 % (pour l’information et la communication), sauf dans les activités immobilières où il est notablement plus élevé (65,1 %) (figure 1).
tableauFigure 1 – Taux de marge en 2019
Valeur ajoutée aux coûts des facteurs | Frais de personnel | Excédent brut d'exploitation | Taux de marge | |
---|---|---|---|---|
en milliards d'euros | en % | |||
a | b | c = a–b | c / a | |
Industrie | 302,0 | 210,9 | 91,0 | 30,1 |
dont industrie manufacturière | 250,7 | 184,2 | 66,5 | 26,5 |
Construction | 103,3 | 81,5 | 21,8 | 21,1 |
Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles | 192,2 | 142,8 | 49,4 | 25,7 |
Transports et entreposage | 88,4 | 66,9 | 21,5 | 24,4 |
Hébergement et restauration | 45,2 | 35,8 | 9,4 | 20,8 |
Information et communication | 94,9 | 64,5 | 30,3 | 32,0 |
Activités immobilières | 36,4 | 12,7 | 23,7 | 65,1 |
Autres services principalement marchands | 202,4 | 160,9 | 41,6 | 20,5 |
Ensemble | 1 064,6 | 775,9 | 288,7 | 27,1 |
- Lecture : en 2019, avec une valeur ajoutée aux coûts des facteurs de 103,3 milliards d'euros et un excédent brut d'exploitation de 21,8 milliards d'euros, le taux de marge du secteur de la construction s'élève à 21,1 %.
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
- Source : Insee, Ésane 2019.
Un taux de marge élevé résulte en général de la mise en œuvre d’un capital d’exploitation important ; il n’implique pas nécessairement une rentabilité économique forte (l’EBE devant alors être rapporté à ce capital d’exploitation), mais il peut permettre de financer les investissements. Ainsi, en 2019, l’industrie, avec un taux de marge de 30,1 % et un taux d’investissement de 20,0 %, a une rentabilité économique de seulement 6,7 %. A contrario , la construction, avec un taux de marge et un taux d’investissement relativement faibles (respectivement 21,1 % et 11,5 %), a pourtant une rentabilité économique plus forte que la moyenne (12,3 % contre 7,6 %).
L’écart entre le taux de marge total et celui des entreprises employeuses est maximal dans les activités immobilières (8,3 points) en raison de la présence de nombreuses sociétés civiles immobilières sans salarié (figure 2). Cet écart est également marqué dans les services aux particuliers (5,5 points), les services aux entreprises (3,8 points) et la construction (2,5 points), secteurs regroupant beaucoup de très petites unités légales. En effet, le taux de marge des entreprises sans salarié atteint fréquemment 100 %. L’entrepreneur individuel, bien qu’il puisse comptabiliser une partie de ses revenus ou de ses cotisations sociales obligatoires en charges de personnel, se rémunère le plus souvent sur le résultat de son entreprise sans retenir de charges de personnel.
tableauFigure 2 – Taux de marge en 2019 selon le secteur d'activité
Entreprises employeuses | Ensemble | |
---|---|---|
Industrie | 29,4 | 30,1 |
Construction | 18,6 | 21,1 |
Commerce | 25,4 | 25,7 |
Transports et entreposage | 23,6 | 24,4 |
Hébergement et restauration | 20,0 | 20,8 |
Information et communication | 31,6 | 32,0 |
Activités immobilières | 56,8 | 65,1 |
Services aux entreprises | 15,9 | 19,7 |
Services aux particuliers | 22,5 | 28,0 |
- Lecture : le taux de marge en 2019 de l'industrie est de 30,1 %, et de 29,4 % pour les entreprises employeuses de ce secteur.
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
- Source : Insee, Ésane 2019 (données individuelles).
graphiqueFigure 2 – Taux de marge en 2019 selon le secteur d'activité
En 2019, tous secteurs confondus, le taux de marge des entreprises employeuses augmente légèrement par rapport à 2018 (+ 0,9 point). La croissance de la valeur ajoutée aux coûts des facteurs (+ 5,1 %) a été plus soutenue que la hausse des frais de personnel (+ 4,0 %). Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), supprimé en 2019, a été remplacé par un allégement des cotisations sociales pour les employeurs. Ainsi, les cotisations sociales par équivalent temps plein diminuent de 2,8 % entre 2018 et 2019 pour l’ensemble des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, contribuant à contenir les frais de personnel et à rehausser les taux de marge. Le taux de marge des entreprises employeuses augmente dans l’ensemble des secteurs. La hausse la plus marquée a lieu dans le secteur des transports et de l’entreposage (+ 1,9 point) et l’augmentation du taux de marge est supérieure à un point dans les secteurs de l’industrie, de la construction et de l’hébergement‑restauration.
En 2019, la médiane du taux de marge des entreprises employeuses (hors micro‑entrepreneurs et micro‑entreprises au sens fiscal) augmente quelle que soit la taille de l’entreprise. La hausse le plus marqué concerne les grandes entreprises (GE, + 1,3 point) (figure 3). Selon les secteurs, la médiane des taux de marge est comprise entre 15,0 % et 22,9 %. Leur dispersion est assez homogène selon les secteurs d’activité : l’écart entre les 25 % d’entreprises ayant le taux de marge le plus faible (1ᵉʳ quartile) et les 25 % ayant le taux de marge le plus élevé (3ᵉ quartile) se situe entre 28 et 38 points sauf dans les activités immobilières, où il atteint 50 points (figure 4).
tableauFigure 3 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses en 2018 et 2019 selon leur taille
1er quartile (Q1) | Médiane | 3e quartile (Q3) | |
---|---|---|---|
Microentreprise (MIC) 2018 | 5,1 | 19,8 | 37,8 |
Microentreprise (MIC) 2019 | 4,5 | 19,8 | 38,8 |
PME (hors MIC) 2018 | 4,7 | 15,2 | 28,9 |
PME (hors MIC) 2019 | 4,9 | 15,8 | 29,7 |
ETI 2018 | 8,0 | 21,7 | 36,8 |
ETI 2019 | 8,5 | 22,3 | 37,9 |
GE 2018 | 7,2 | 17,7 | 33,9 |
GE 2019 | 7,8 | 19,0 | 39,3 |
Ensemble 2018 | 5,0 | 19,0 | 36,5 |
Ensemble 2019 | 4,6 | 19,2 | 37,5 |
- Note : le taux de marge n'est ici calculé que pour les entreprises ayant déclaré une valeur ajoutée au coût des facteurs strictement positive.
- Lecture : la moitié des ETI ont un taux de marge inférieur à 22,3 % en 2019 et à 21,7% en 2018.
- Champ : France, entreprises employeuses des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, hors micro-entrepreneurs et micro-entreprises au sens fiscal.
- Source : Insee, Ésane 2019 (données individuelles).
graphiqueFigure 3 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses en 2018 et 2019 selon leur taille
tableauFigure 4 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses par secteur en 2019
1er quartile (Q1) | Médiane | 3e quartile (Q3) | |
---|---|---|---|
Industrie | 6,8 | 19,6 | 35,0 |
Construction | 4,7 | 16,9 | 33,8 |
Commerce | 6,7 | 22,5 | 39,7 |
Transports et entreposage | 1,4 | 16,9 | 37,3 |
Hébergement et restauration | 4,1 | 19,0 | 35,4 |
Information et communication | -0,1 | 15,0 | 37,8 |
Activités immobilières | 4,5 | 22,9 | 54,2 |
Services aux entreprises | 3,7 | 18,1 | 40,6 |
Services aux particuliers | 2,8 | 17,4 | 36,5 |
Ensemble | 4,6 | 19,2 | 37,5 |
- Note : le taux de marge n'est ici calculé que pour les entreprises ayant déclaré une valeur ajoutée au coût des facteurs strictement positive.
- Lecture : la moitié des entreprises employeuses du secteur du commerce ont un taux de marge inférieur à 22,5 % en 2019.
- Champ : France, entreprises employeuses des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers, hors micro-entrepreneurs et micro-entreprises au sens fiscal.
- Source : Insee, Ésane 2019 (données individuelles).
graphiqueFigure 4 – Distribution du taux de marge des entreprises employeuses par secteur en 2019
Définitions
La valeur ajoutée (VA) est égale à la valeur de la production diminuée des consommations intermédiaires, elle est calculée hors taxes. La valeur ajoutée aux coûts des facteurs (VACF) est égale à la valeur ajoutée de laquelle on déduit les impôts sur la production (comme la contribution économique territoriale) et à laquelle on ajoute les subventions d’exploitation. Elle est aussi égale à la somme des rémunérations salariales et de l’excédent brut d’exploitation.
Taux de marge : excédent brut d’exploitation (EBE) / valeur ajoutée au coût des facteurs (VACF).
Excédent brut d’exploitation (EBE) : solde du compte d’exploitation, pour les sociétés. Il est égal à la valeur ajoutée, diminuée de la rémunération des salariés, des autres impôts sur la production et augmentée des subventions d’exploitation. Pour les entreprises individuelles, le solde du compte d’exploitation est le revenu mixte. L’excédent d’exploitation peut être calculé net, si l’on retranche la consommation de capital fixe.
Entreprise : le décret n° 2008-1354 du 18 décembre 2008 d’application de la loi de modernisation de l’économie de 2008 (LME) définit l’entreprise comme « la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. »
Concrètement, l’entreprise est :
- soit une unité légale (entité juridique identifiée par son numéro Siren, qui peut être un entrepreneur individuel ou une société exerçant une fonction de production) indépendante ;
- soit un regroupement économiquement pertinent (intervenant sur le marché, regroupant l’ensemble des facteurs de production, ayant une autonomie de décision) d’unités légales appartenant à un même groupe de sociétés.
Rentabilité économique : excédent brut d’exploitation (EBE) / (immobilisations corporelles et incorporelles + besoins en fonds de roulement).
Taux d’investissement : investissements corporels bruts hors apport / valeur ajoutée (VA).
Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : avantage fiscal dont bénéficient les entreprises qui emploient des salariés. Il est calculé par application d’un taux (7 % en 2017) sur l’ensemble des salaires ne dépassant pas 2,5 fois le Smic. Il a pour but de faciliter les investissements des entreprises. Le CICE a été supprimé au 1er janvier 2019 et remplacé par une baisse des cotisations sociales.
Équivalent temps plein (ETP) : unité de mesure d’une capacité de travail ou de production. Un ETP pour une période donnée correspond à un travail (ou une production) qui nécessite une personne à pleins temps pour le réaliser pendant la période considérée.
Médiane : si l’on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffre d’affaires, etc., la médiane est la valeur qui partage cette distribution en deux parties égales.
Ainsi, pour une distribution de chiffre d’affaires, la médiane est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 50 % des entreprises. C’est de manière équivalente le chiffre d’affaires au-dessus duquel se situent 50 % des entreprises.
Quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret n° 2008 1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique. Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle, sont utilisées : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan. Sont ainsi distinguées :
- les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros ;
- parmi elles, les microentreprises (MIC) occupent moins de 10 personnes, et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros ;
- les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros ;
- les grandes entreprises (GE) sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.
Quartiles : si l’on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffre d’affaires, etc., les quartiles sont les valeurs qui partagent cette distribution en quatre parties égales. Ainsi, pour une distribution de chiffre d’affaires :
- le premier quartile (noté généralement Q1) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 25 % des entreprises ;
- le deuxième quartile (noté généralement Q2) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 50 % des entreprises : c’est la médiane ;
- le troisième quartile (noté généralement Q3) est le chiffre d’affaires au-dessous duquel se situent 75 % des entreprises.