France, portrait social Édition 2023
Cet ouvrage dresse un panorama des inégalités sociales dans plusieurs domaines. La satisfaction dans la vie et le bien-être, l’état de santé des jeunes et leur consommation de substances psychoactives, la proximité sociale des personnes en couple, les inégalités de niveau de vie et de patrimoine, les inégalités d’orientation à la fin du collège et les inégalités en matière de santé, en France et en Europe sont ainsi abordés en mobilisant les nomenclatures socioéconomiques ou socioprofessionnelles, dont la nouvelle PCS Ménage ou encore les classes d’emploi.
Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2022, année marquée par une forte inflation.
Mobilité sociale
Insee Références
Paru le :23/11/2023
En 2015, 65 % des hommes de nationalité française âgés de 35 à 59 ans relèvent d’un groupe socioprofessionnel différent de celui de leur père, selon l’enquête Formation et qualification professionnelle (figure 1). Ce taux de mobilité sociale est resté globalement stable depuis 40 ans (64 % en 1977, 67 % en 1993). La nature de la mobilité sociale a en revanche évolué. Elle est de moins en moins liée à l’évolution de la structure du marché du travail. Le déclin de l’emploi agricole et l’extension du salariat ayant ralenti au milieu des années 1970, la mobilité non verticale (notamment entre indépendants et salariés) ne concerne plus que 23 % des hommes en 2015, contre 33 % en 1977. Les trajectoires ascendantes et descendantes entre groupes de salariés sont toutes deux plus fréquentes, mais les déclassements sociaux se sont davantage accrus. En 2015, 28 % des hommes occupent une position sociale plus élevée que celle de leur père et 15 % une position inférieure, contre respectivement 23 % et 7 % en 1977.
tableauFigure 1a – Mobilité sociale observée des hommes comparés à leur père de 1977 à 2015
Mobilité et immobilité sociale | 1977 | 1985 | 1993 | 2003 | 2015 |
---|---|---|---|---|---|
Immobilité sociale | 36,1 | 33,8 | 32,6 | 33,6 | 34,8 |
Mobilité sociale | 63,8 | 66,2 | 67,4 | 66,4 | 65,2 |
Non verticale | 33,2 | 31,9 | 27,4 | 24,7 | 22,6 |
Ascendante | 23,5 | 26,6 | 30,3 | 30,8 | 27,6 |
Descendante | 7,2 | 7,7 | 9,7 | 10,9 | 15,0 |
- Lecture : En 2015, 27,6 % des hommes ont une mobilité sociale ascendante.
- Champ : France métropolitaine, hommes de nationalité française en emploi ou ayant travaillé, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année d’enquête.
- Source : Insee, enquêtes Formation et qualification professionnelle (FQP) 1977, 1985, 1993, 2003 et 2014-2015.
graphiqueFigure 1a – Mobilité sociale observée des hommes comparés à leur père de 1977 à 2015
En 2015, 71 % des femmes de nationalité française âgées de 35 à 59 ans ne relèvent pas du même groupe socioprofessionnel que leur mère. Ce taux de mobilité sociale a progressé de 11 points en 40 ans, principalement entre 1977 et 1993. Les trajectoires sociales des femmes par rapport à leur mère, nettement plus favorables que celles des hommes par rapport à leur père, reflètent l’amélioration de leur place sur le marché du travail. En 2015, la mobilité sociale ascendante des femmes comparées à leur mère (40 %) est beaucoup plus fréquente que la mobilité descendante (12 %) ; en 1977, elle était de 17 %, contre 6 %. La mobilité non verticale des femmes a, quant à elle, reculé davantage que celle des hommes, passant de 37 % en 1977 à 19 % en 2015. En 2015, la mobilité sociale reste toutefois la plus forte pour les filles de non-salariées (figure 2).
tableauFigure 2a - Mobilité sociale des hommes selon le groupe socioprofessionnel du père de 1977 à 2015
Groupe socioprofessionnel du père | 1977 | 1985 | 1993 | 2003 | 2015 |
---|---|---|---|---|---|
Agriculteurs exploitants | 63,5 | 68,1 | 74,8 | 72,6 | 73,3 |
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | 71,4 | 72,2 | 72,1 | 79,4 | 79,4 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 48,7 | 42,7 | 48,7 | 47,9 | 51,0 |
Professions intermédiaires | 61,0 | 67,4 | 66,4 | 66,7 | 68,9 |
Employés et ouvriers qualifiés | 54,4 | 57,0 | 58,0 | 56,6 | 57,4 |
Employés et ouvriers peu qualifiés | 75,1 | 82,6 | 85,0 | 83,1 | 77,9 |
- Note : Les fortes variations entre 1977 et 1993 de la mobilité sociale des filles de mères cadres sont à considérer avec précaution, dans la mesure où les effectifs de mères cadres sont de plus en plus faibles en remontant dans le passé.
- Lecture : En 2015, 77,9 % des hommes ayant un père employé ou ouvrier peu qualifié relèvent d’un groupe socioprofessionnel différent de celui de leur père.
- Champ : France métropolitaine, femmes et hommes de nationalité française en emploi ou ayant travaillé, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année d’enquête.
- Source : Insee, enquêtes Formation et qualification professionnelle (FQP) 1977, 1985, 1993, 2003 et 2014-2015.
graphiqueFigure 2a - Mobilité sociale des hommes selon le groupe socioprofessionnel du père de 1977 à 2015
Les mobilités ascendantes sont plus fréquentes depuis les échelons inférieurs de l’échelle sociale. Toutefois, elles se font le plus souvent vers les positions sociales les plus proches. En 2022, selon l’enquête Emploi, 38 % des fils de père employé ou ouvrier peu qualifié sont devenus employés ou ouvriers qualifiés, mais seuls 14 % d’entre eux sont cadres (figure 3). De même, 31 % des filles de mère employée ou ouvrière peu qualifiée sont employées ou ouvrières qualifiées, mais seulement 9 % d’entre elles sont cadres. La transmission des inégalités entre générations reste importante : les hommes ayant un père cadre sont 3,2 fois plus souvent cadres que ceux dont le père est employé ou ouvrier qualifié. Les femmes ayant une mère cadre le sont 2,8 fois plus souvent. En 2022, la mobilité sociale ascendante des femmes par rapport à leur mère (42 %) reste beaucoup plus élevée que par rapport à leur père (24 %) et plus élevée que celle des hommes par rapport à leur père (28 %). La structure des professions étant encore plus éloignée entre les hommes et leurs mères, la mobilité sociale ascendante des hommes par rapport à leur mère est la plus forte (49 %).
tableauFigure 3a - Destinées sociales des hommes selon le groupe socioprofessionnel du père en 2022
Groupe socioprofessionnel du père | Groupe socioprofessionnel de l'homme | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Agriculteurs exploitants | Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | Cadres et professions intellectuelles supérieures | Professions intermédiaires | Employés et ouvriers qualifiés | Employés et ouvriers peu qualifiés | Ensemble | |
Agriculteurs exploitants | 28,3 | 8,2 | 16,1 | 15,4 | 22,5 | 9,6 | 100 |
Artisans, commerçants et chefs d’entreprise | 0,7 | 19,8 | 27,8 | 19,7 | 24,6 | 7,4 | 100 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 0,5 | 9,0 | 51,1 | 21,5 | 13,3 | 4,5 | 100 |
Professions intermédiaires | 0,7 | 7,2 | 31,6 | 31,5 | 21,8 | 7,3 | 100 |
Employés et ouvriers qualifiés | 0,8 | 7,6 | 15,8 | 24,2 | 39,8 | 11,8 | 100 |
Employés et ouvriers peu qualifiés | 0,8 | 8,4 | 14,0 | 19,2 | 38,0 | 19,7 | 100 |
Ensemble | 2,3 | 9,5 | 26,3 | 23,1 | 28,7 | 10,1 | 100 |
- Note : En raison des arrondis à 0,1 près, le total ne fait pas toujours 100,0.
- Lecture : En 2022, 8,2 % des hommes ayant un père agriculteur exploitant sont artisans, commerçants ou chefs d’entreprise.
- Champ : France, hommes de nationalité française en emploi ou ayant travaillé, âgés de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année d’enquête.
- Source : Insee, enquête Emploi 2022.
graphiqueFigure 3a - Destinées sociales des hommes selon le groupe socioprofessionnel du père en 2022
Définitions
Le groupe socioprofessionnel correspond au premier niveau de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles. Les employés et les ouvriers sont regroupés, puis distingués selon qu’ils sont qualifiés ou peu qualifiés.
L’enquête sur la formation et la qualification professionnelle (FQP) constitue une des principales sources d’information sur la mobilité professionnelle, la mobilité sociale et les relations entre la formation initiale et professionnelle, l’emploi et les salaires. Elle fournit en outre ces informations selon un protocole très stable depuis plus de trente ans. L’enquête sur la formation et la qualification professionnelle de 2014‑2015 est la septième version d’une enquête déjà réalisée en 1964, 1970, 1977, 1985, 1993 et 2003.
La mobilité sociale désigne les situations où une personne relève d’un groupe socioprofessionnel différent
de celui du parent auquel elle est comparée.
Lorsqu’il s’agit de groupes de salariés, la mobilité est dite ascendante si la position sociale du fils ou de la fille est jugée supérieure à celle du parent,
descendante si elle est jugée inférieure.
La mobilité sociale est dite non verticale lorsqu’elle a lieu entre des groupes socioprofessionnels difficilement hiérarchisables,
principalement quand l’un est salarié et l’autre non-salarié.
L’enquête Emploi, sur l’emploi, le chômage et l’inactivité, vise à observer le marché du travail de manière structurelle et conjoncturelle. C’est la seule source fournissant une mesure des concepts d’activité, de chômage et d’emploi tels qu’ils sont définis par le Bureau international du travail (BIT). Elle s’inscrit dans le cadre des enquêtes Forces de travail (Labour Force Survey) définies au niveau européen.
L’enquête Emploi est née en 1950 pour permettre une mesure régulière de l’emploi et du chômage. À partir de 2003, l’enquête Emploi en France métropolitaine devient continue : elle est réalisée sur toutes les semaines de l’année.
Pour en savoir plus
« La mobilité sociale en France de 1977 à 2015 », Chiffres détaillés, Insee, avril 2023.
« Une nouvelle mesure de la mobilité intergénérationnelle des revenus en France », Insee Analyses n° 73, mai 2022.
« La mobilité sociale des femmes et des hommes : évolutions entre 1977 et 2015 », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2019.