France, portrait social Édition 2023

Cet ouvrage dresse un panorama des inégalités sociales dans plusieurs domaines. La satisfaction dans la vie et le bien-être, l’état de santé des jeunes et leur consommation de substances psychoactives, la proximité sociale des personnes en couple, les inégalités de niveau de vie et de patrimoine, les inégalités d’orientation à la fin du collège et les inégalités en matière de santé, en France et en Europe sont ainsi abordés en mobilisant les nomenclatures socioéconomiques ou socioprofessionnelles, dont la nouvelle PCS Ménage ou encore les classes d’emploi.

Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2022, année marquée par une forte inflation.

Insee Références
Paru le :Paru le23/11/2023
France, portrait social- Novembre 2023
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Redistribution monétaire

Insee Références

Paru le :23/11/2023

Pour mesurer l’impact des prélèvements directs et des prestations sociales sur la répartition des richesses, le revenu des ménages est comparé avant et après . En 2022, le annuel moyen avant redistribution monétaire est de 67 100 euros pour les 20 % des personnes les plus aisées, contre 8 450 euros pour les 20 % les plus modestes, soit 7,9 fois moins (figure 1). La redistribution atténue ces inégalités : elle augmente de 59 % le niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes et diminue de 22 % celui des 20 % les plus aisées. Le rapport entre les deux est ainsi réduit à 3,9. La réduction des écarts est encore plus grande aux extrémités de la distribution des revenus : avant redistribution, les 10 % des personnes les plus pauvres disposent d’un niveau de vie annuel moyen de 4 500 euros, contre 87 610 euros pour les 10 % les plus aisées, soit 19,5 fois plus.

Après redistribution, ce rapport est réduit à 5,6. L’efficacité redistributive d’un transfert, c’est-à-dire sa capacité à réduire les inégalités, est fonction de sa et de son poids dans le revenu disponible des ménages.

Figure 1 - Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2022

en euros par unité de consommation
Figure 1 - Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2022 (en euros par unité de consommation) - Lecture : En 2022, les 20 % des personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie (Q2 à Q3) acquittent en moyenne 350 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
Caractéristiques Niveau de vie avant redistribution¹ Ensemble
<D1 <Q1 Q1 à Q2 Q2 à Q3 Q3 à Q4 >Q4 >D9
Niveau de vie avant redistribution [A] 4 500 8 450 19 150 26 420 35 030 67 100 87 610 31 230
Prélèvements [B] -270 -520 -1 480 -2 690 -4 590 -15 360 -22 810 -4 930
Financement de la protection sociale -280 -540 -1 470 -2 340 -3 260 -7 040 -9 590 -2 930
Cotisations sociales² -100 -190 -450 -680 -980 -2 020 -2 660 -860
Contributions sociales³ -190 -350 -1 020 -1 660 -2 280 -5 020 -6 920 -2 070
Impôts directs 10 20 -10 -350 -1 330 -8 320 -13 220 -2 000
Impôt sur le revenu (y compris crédits d’impôt) 20 20 -10 -350 -1 290 -7 940 -12 640 -1 910
Taxe d’habitation 0 0 0 0 -30 -240 -310 -50
Impôt sur la fortune immobilière 0 0 0 0 0 -140 -260 -30
Prestations [C] 7 380 5 470 1 710 830 480 280 240 1 740
Prestations familiales 1 840 1 560 830 520 310 140 110 670
Allocations familiales 850 730 420 320 240 100 80 360
Autres⁴ 990 830 410 200 80 30 40 310
Aides au logement 1 830 1 290 180 50 30 30 30 310
Prime d’activité et minima sociaux⁵ 3 570 2 510 660 240 130 110 100 730
Prime inflation 50 30 10 10 10 0 0 10
Prime exceptionnelle de rentrée⁶ 90 80 30 10 0 0 0 20
Niveau de vie [A+B+C] 11 620 13 390 19 370 24 550 30 930 52 020 65 050 28 050
Taux de redistribution (B+C)/A (en %) 158,0 58,6 1,2 -7,0 -11,7 -22,5 -25,7 -10,2
  • 1. <D1 : 10 % des personnes les plus modestes ; <Q1 : 20 % les plus modestes, … ; >Q4 : 20 % les plus aisées ; >D9 : 10 % les plus aisées.
  • 2. Uniquement les cotisations patronales famille, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, complément familial, allocation de rentrée scolaire et plusieurs prestations de la Paje (allocation de base, prestation partagée d’éducation de l’enfant, prime à la naissance ou à l'adoption).
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et contrat engagement jeunes.
  • 6. Prime exceptionnelle de rentrée versée aux ménages modestes bénéficiaires de minima sociaux, des aides au logement et de la prime d'activité.
  • Note : Les niveaux de vie, prélèvements et prestations sont estimés à partir de ceux observés à partir de l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) en 2020, actualisés en 2022 selon des hypothèses d’évolution des revenus, de l’activité et de la structure démographique. Les montants pourront donc différer de ceux mesurés directement à partir de l’ERFS pour 2022, qui seront disponibles en 2024.
  • Lecture : En 2022, les 20 % des personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie (Q2 à Q3) acquittent en moyenne 350 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2020 (actualisée 2022) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2022, calculs Insee.

Du côté des , l’impôt sur le revenu est le plus redistributif : en 2022, il participe pour 31 % à la réduction des inégalités de niveau de vie (figure 2). Les contributions sociales (CSG hors composante maladie, CRDS) et les cotisations d’allocations familiales, faiblement progressives, participent à hauteur de 8 % seulement à la baisse des inégalités.

Figure 2 - Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2022

Figure 2 - Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2022 - Lecture : Les prestations représentent en moyenne 6,2 % du niveau de vie et contribuent pour 60,4 % à la réduction des inégalités.
Caractéristiques Part dans le
niveau de vie
(en %)
Progressivité¹ Contribution à
la réduction
des inégalités¹
(en %)
(A) (B) (C)
Prélèvements -17,6 2,2 39,6
Financement de la protection sociale -10,4 0,7 7,5
Cotisations sociales² -3,1 0,5 1,5
Contributions sociales³ -7,4 0,8 6,0
Impôts directs -7,1 4,2 32,1
Impôt sur le revenu
(y compris crédits d’impôt)
-6,8 4,2 30,6
Taxe d’habitation -0,2 4,2 0,9
Impôt sur la fortune immobilière -0,1 5,4 0,6
Prestations 6,2 9,4 60,4
Prestations familiales 2,4 7,9 19,6
Allocations familiales 1,3 7,0 9,4
Autres⁴ 1,1 9,0 10,2
Aides au logement 1,1 11,0 12,8
Prime d’activité et minima sociaux⁵ 2,6 10,0 26,9
Prime inflation 0,0 8,6 0,4
Prime exceptionnelle de rentrée⁶ 0,1 9,9 0,9
Niveau de vie 100,0 /// 100,0
  • /// : Absence de résultat due à la nature des choses.
  • 1. La progressivité d’un prélèvement ou d’une prestation (colonne B) est mesurée par la différence en valeur absolue entre son pseudo-Gini et le du niveau de vie initial (multipliée par 10 par souci de lisibilité). La contribution à la réduction des inégalités (colonne C) correspond au produit |A×B| en pourcentage.
  • 2. Uniquement les cotisations d’allocations familiales, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, complément familial, allocation de rentrée scolaire et plusieurs prestations de la Paje (allocation de base, prestation partagée d’éducation de l’enfant, prime à la naissance ou à l'adoption).
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et contrat engagement jeunes.
  • 6. Prime exceptionnelle de rentrée versée aux ménages modestes bénéficiaires de minima sociaux, des aides au logement et de la prime d'activité.
  • Lecture : Les prestations représentent en moyenne 6,2 % du niveau de vie et contribuent pour 60,4 % à la réduction des inégalités.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2020 (actualisée 2022) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2022, calculs Insee.

Du côté des , les masses monétaires sont deux fois moins importantes que pour les prélèvements, mais elles contribuent pour 60 % à la réduction des inégalités en 2022. Elles sont particulièrement progressives, car souvent dotées d’un barème ciblé sur les ménages à faibles revenus. Les aides au logement apportent un soutien financier important aux ménages qui les perçoivent : elles représentent 10 % du niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes (16 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent pour 13 % à la réduction des inégalités. Les minima sociaux et la prime d’activité représentent 19 % du niveau de vie moyen des 20 % des personnes les plus modestes (31 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent pour 27 % à la réduction des inégalités. Enfin, les prestations familiales contribuent pour 20 % à la réduction des inégalités. Leur forte redistributivité est due au fait que les ménages avec enfants sont plus nombreux dans le bas de la distribution des niveaux de vie et que la plupart des prestations familiales sont versées sous conditions de ressources.

En 2022, la prime exceptionnelle de rentrée, versée dans un contexte d’inflation élevée aux ménages bénéficiant de minima sociaux et des aides au logement, ou dans une moindre mesure de la prime d’activité, contribue pour 1 % à la réduction des inégalités. Enfin, la prime inflation ne contribue que marginalement à la réduction des inégalités.

Définitions

Le champ de la redistribution monétaire, dont l’objectif principal est de réduire les écarts de niveau de vie entre ménages, regroupe les prestations sociales monétaires (prestations familiales, allocations logement, minima sociaux et primes exceptionnelles) et les prélèvements directs non contributifs (contributions sociales hors CSG maladie, cotisations patronales famille, impôt sur le revenu, taxe d’habitation, impôt sur la fortune immobilière). Les transferts visant le remplacement d’un revenu d’activité tels que les systèmes de retraite et d’assurance chômage sont exclus du champ.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.

Un prélèvement est progressif si sa part dans le revenu augmente à mesure que le niveau de vie initial s’accroît. Une prestation est progressive si sa part dans le revenu diminue à mesure que le niveau de vie initial s’accroît.

L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé. Il est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où la variable prend une valeur identique sur l’ensemble de la population. À l’autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, où la variable vaut 0 sur toute la population à l’exception d’un seul individu. Les inégalités ainsi mesurées peuvent porter sur des variables de revenus, de salaires, de niveau de vie, etc.