En 2023, en France hors Mayotte, 2,2 millions de personnes de 15 à 64 ans sont chômeuses au sens du Bureau international du travail (BIT) en moyenne sur l’année (figure 1). Aux frontières du chômage, on distingue deux populations : 1,9 million de personnes forment le halo autour du chômage et 1,2 million sont en situation de sous-emploi. Chômage, halo et sous-emploi constituent différentes formes de contraintes rencontrées par les personnes sur le marché du travail, dont l’offre de travail se trouve non utilisée (chômage et halo) ou sous-utilisée (sous-emploi).

Au total, 5,4 millions de personnes de 15 à 64 ans sont contraintes dans leur offre de travail en moyenne sur l’année 2023. En rapportant ce nombre à une population active au sens large, à savoir l’ensemble des personnes en emploi, au chômage ou dans le halo autour du chômage, le taux de contrainte atteint 16,7 % en 2023, un niveau quasi stable par rapport à 2022 (+0,1 point), où il avait atteint son plus bas niveau depuis que l’Insee le mesure (2003), et nettement au-dessous de son niveau d’avant-crise sanitaire en 2019 (-2,2 points). Cette baisse par rapport à l’avant-crise résulte d’une diminution de la part des chômeurs dans la population active élargie (-1,0 point) ainsi que celle des personnes en situation de sous-emploi (-1,1 point). Dans le même temps, la part des personnes dans le halo s’est presque stabilisée (+0,1 point).

La forte hausse du nombre de personnes contraintes dans leur offre de travail au deuxième trimestre 2020 s’expliquait en premier lieu par une forte hausse du chômage partiel (une des composantes du sous-emploi), qui avait bondi à 9,0 % des actifs au sens large, contre 0,2 % fin 2019, et la part des personnes contraintes dans leur offre de travail avait alors atteint un pic à 28,7 % (figure 2). Le chômage partiel s’était ensuite replié dès le trimestre suivant (-7,8 points) et a retrouvé un niveau faible, bien que légèrement supérieur à celui d’avant-crise, à partir du troisième trimestre 2021 à 0,4 % avant de se stabiliser à 0,1 % dès le troisième trimestre 2022. Dans le même temps, la part des personnes dans le halo autour du chômage avait également nettement augmenté en 2020, à 6,9 %, avant de se replier en 2021 à 6,0 %.

Mesurer le nombre de personnes contraintes au moins une fois dans l’année dans leur offre de travail permet de compléter cet indicateur. Parmi les actifs au sens large interrogés dans l’enquête Emploi en continu pour la première fois en 2022, 30,1 % ont subi un tel épisode de contrainte au moins une fois pendant l’année suivant leur première interrogation (période notée « 2023/2022 »), épisode ayant pu être seulement transitoire. Parmi ces personnes, 10,5 % n’ont jamais été en emploi, 13,7 % ont alterné emploi et non-emploi contraint (chômage ou halo) et 6,0 % ont été au moins une fois en sous‑emploi (mais jamais sans emploi) (figure 3). Ce taux de contrainte dans l’année est plus élevé pour les femmes (33,8 % en 2023/2022) que pour les hommes (26,5 %), en particulier en situation de sous-emploi (8,4 % contre 3,5 %). Les non‑diplômés ou titulaires du brevet des collèges sont davantage contraints (45,2 %) que les titulaires d’un baccalauréat ou d’un brevet professionnel (29,2 %) et surtout que les diplômés du supérieur (17,9 %). Le taux s’élève, tous niveaux de formation confondus, à 43,6 % pour ceux qui sont sortis de formation initiale depuis moins de cinq ans et à 24,7 % pour ceux qui ont terminé leurs études initiales depuis cinq ans ou plus.

En 2023/2022, le taux de contrainte dans l’année a diminué de 2,1 points sur un an, à 30,1 %, et se situe 1,4 point au-dessous de son niveau de 2019/2018. Cette baisse par rapport à l’avant-crise s’observe quel que soit le niveau de diplôme : -2,1 points pour les titulaires d’un diplôme au moins équivalent au niveau bac+2, -2,3 points pour les titulaires d’un bac ou d’un brevet professionnel et -2,5 points pour les non-diplômés ou titulaires du brevet des collèges. À l’inverse, le taux de contrainte a augmenté de 8,9 points parmi les personnes qui n’ont jamais fait d’études ou qui ne les ont pas encore terminées. Ces derniers sont davantage dans le halo autour du chômage qu’en 2019/2018 du fait d’une hausse de la part des jeunes qui souhaitent un emploi mais n’en recherchent pas activement ou ne sont pas disponibles, notamment car ils sont en études.