Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2024
L’Insee et la Dares présentent dans cet ouvrage un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.
Emplois aidés
En 2023, 1,7 million de personnes ont débuté un emploi aidé, c’est‑à‑dire un emploi bénéficiant d’une aide publique, hors allègements généraux et dispositifs sectoriels (figure 1). Cette aide peut prendre la forme d’une subvention à l’embauche ou d’une exonération de cotisations sociales et cible des publics ou des territoires spécifiques. Le nombre d’entrées en emplois aidés a baissé par rapport à 2022 (‑2 %), en raison du ralentissement ou de la fin des aides particulières mises en place à partir de 2020 pour faire face à la crise sanitaire.
tableauFigure 1a – Nombre d'entrées cumulées en 2021, 2022 et 2023
Type d'emploi aidé | Entrées cumulées¹ en 2021 | Entrées cumulées en 2022 | Évolution en 2022 (en %) | Entrées cumulées en 2023 | Évolution en 2023 (en %) |
---|---|---|---|---|---|
Contrat aidé | 498,3 | 445,4 | -10,6 | 417,6 | -6,3 |
PEC | 104,9 | 77,0 | -26,5 | 62,8 | -18,4 |
CUI-CIE | 80,1 | 50,4 | -37,0 | 32,1 | -36,4 |
IAE | 313,4 | 318,0 | 1,5 | 322,7 | 1,5 |
Contrat en alternance | 853,4 | 955,0 | 11,9 | 966,4 | 1,2 |
Apprentissage | 733,1 | 835,9 | 14,0 | 850,4 | 1,7 |
Contrat de professionnalisation | 120,3 | 119,1 | -1,0 | 116,0 | -2,6 |
Autre emploi aidé | 604,3 | 384,2 | -36,4 | 359,2 | -6,5 |
Acre | 346,3 | 346,0 | -0,1 | 328,0 | -5,2 |
AEJ | 221,5 | 0,0 | -100,0 | 0,0 | 0,0 |
Emplois francs | 27,5 | 27,3 | -1,0 | 24,0 | -11,9 |
Autres aides ciblées sur des territoires² | 9,0 | 10,9 | 22,2 | 7,3 | -33,7 |
Ensemble | 1 956,0 | 1 784,6 | -8,8 | 1 743,2 | -2,3 |
- PEC : parcours emploi compétence ; CUI-CIE : contrat unique d'insertion - contrat initiative emploi ; IAE : insertion par activité économique ; Acre : aide à la création ou à la reprise d'une entreprise ; AEJ aide à l'embauche des jeunes.
- 1. Entrées initiales et reconductions de contrat.
- 2. Aides ciblées sur des territoires (zones de revitalisation rurale (ZRR), zones franches urbaines (ZFU), zones de restructuration de la défense (ZRD) et bassins d’emploi à redynamiser (BER)).
- Lecture : En 2023, le nombre d’entrées en parcours emploi compétences (PEC) s'élève à 62 800 (-18,4 % par rapport à 2022).
- Champ : France.
- Sources : Données Urssaf, ASP, France Travail, SIA, Extrapro ; traitements Dares.
Parmi ces embauches, 418 000 ont été réalisées sur des contrats aidés, soit ‑6 % par rapport à 2022. Ces embauches sont pilotées par les pouvoirs publics, qui définissent les crédits alloués, les publics ciblés et des objectifs d’embauches. De septembre 2020 jusqu’au printemps 2022, en réponse à la crise sanitaire, les contrats aidés avaient été mobilisés, en particulier dans le secteur marchand (CUI‑CIE), dont les entrées sont passées de 4 000 en 2020 à 80 000 en 2021 ; après un premier repli en 2022, les entrées en CUI-CIE ont chuté en 2023 (-36 %), pour atteindre 32 000. Par ailleurs, les entrées dans les parcours emploi compétences (PEC), contrats aidés du secteur non marchand, ont baissé de 18 % par rapport à 2022 pour atteindre 63 000. Les entrées dans des structures de l’insertion par l’activité économique (IAE) ont augmenté de 1 %, une hausse équivalente à celle de l’année précédente, et atteignent 323 000 en 2023.
En 2023, 966 000 embauches ont été réalisées en contrat d’alternance (contrat d’apprentissage ou contrat de professionnalisation), augmentant de 1 % par rapport à 2022. Cette hausse est portée par les contrats d’apprentissage (+2 % en 2023) qui ralentissent nettement (+14 % en 2022). La réforme de l’apprentissage portée par la loi « Avenir professionnel » de 2018, ainsi que l’aide exceptionnelle pour l’embauche en apprentissage mise en place à l’été 2020, expliquent l’essor des embauches entre 2019 et 2022. En 2023, l’effet de ces changements sur la montée en charge du nombre de bénéficiaires s’essouffle. Les baisses de l’aide au recrutement et de la prise en charge des coûts pédagogiques contribuent également au ralentissement.
Enfin, en 2023, 359 000 personnes sont entrées dans d’autres dispositifs d’emplois aidés, 6 % de moins qu’en 2022. Ce repli s’explique par une baisse du recours à l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre), avec 328 000 entrées en 2023. Les entrées en emplois francs se sont situées à 24 000 en 2023, en diminution de 12 %.
Fin 2023, le nombre de bénéficiaires d’un emploi aidé s’établit à 1,7 million, en baisse de 1 % sur un an. Ce niveau reste inférieur à celui de fin 2019 (1,8 million) (figure 2). Du fait de la poursuite de la diminution des CUI‑CIE et PEC, le nombre de bénéficiaires de contrats aidés a baissé de 6 % en 2023, pour atteindre 206 000 salariés en fin d’année. En outre, le nombre de bénéficiaires des autres emplois aidés a chuté de 11 % en 2023 (à 366 000), du fait de la diminution du nombre de bénéficiaires de l’Acre. En revanche, le nombre de salariés en alternance s’établit à 1,1 million fin 2023, soit 3 % de plus que fin 2022 et 58 % de plus que fin 2019.
tableauFigure 2 – Effectifs en emploi aidé depuis 1990
Année | Contrat aidé¹ | Contrat en alternance² | Autre emploi aidé³ | Ensemble |
---|---|---|---|---|
1990 | 263 | 448 | 56 | 767 |
1991 | 353 | 425 | 64 | 843 |
1992 | 467 | 401 | 166 | 1 033 |
1993 | 528 | 399 | 159 | 1 086 |
1994 | 647 | 449 | 183 | 1 279 |
1995 | 755 | 463 | 195 | 1 413 |
1996 | 874 | 468 | 112 | 1 454 |
1997 | 864 | 504 | 94 | 1 462 |
1998 | 882 | 540 | 102 | 1 523 |
1999 | 874 | 554 | 103 | 1 531 |
2000 | 818 | 586 | 106 | 1 510 |
2001 | 733 | 590 | 111 | 1 434 |
2002 | 682 | 571 | 152 | 1 405 |
2012 | 305 | 635 | 374 | 1 315 |
2013 | 401 | 618 | 493 | 1 512 |
2014 | 463 | 601 | 531 | 1 595 |
2015 | 517 | 610 | 531 | 1 658 |
2016 | 486 | 629 | 546 | 1 660 |
2017 | 365 | 649 | 467 | 1 481 |
2018 | 245 | 700 | 476 | 1 422 |
2019 | 221 | 703 | 915 | 1 839 |
2020 | 205 | 789 | 1129 | 2 123 |
2021 | 281 | 959 | 895 | 2 135 |
2022 | 219 | 1 071 | 410 | 1 699 |
2023 | 206 | 1 108 | 366 | 1 680 |
- 1. Travaux d'utilité collective, contrat emploi solidarité, contrat d'emploi consolidé, contrat emploi ville, emploi jeune, contrat d’accompagnement dans l’emploi, contrat d’avenir, contrat unique d’insertion – contrat d’accompagnement dans l’emploi, emploi d'avenir, contrat de retour à l'emploi, contrat initiative emploi, contrats de coopération, aide dégressive à l'employeur, nouveau CIE, contrat insertion – revenu minimum d'activité, CUI-CIE, PEC, IAE.
- 2. Apprentissage, contrat de professionnalisation, contrat de qualification, contrat de réinsertion en alternance, contrat d'adaptation, contrat d'orientation, Pacte.
- 3. Aides ciblées sur des territoires (dont emplois francs), dispositifs d'aide à l'embauche des jeunes (exonération jeune sans qualification, exonération sur les embauches de jeune en CDI, aide au premier emploi des jeunes, contrat jeune en entreprise, contrat de génération, AEJ), accompagnement des restructurations, aides à la création d'entreprises.
- Lecture : Fin décembre 2023, il y a 206 000 bénéficiaires de contrats aidés.
- Champ : France métropolitaine jusqu'en 2018, France à partir de 2019.
- Sources : Données Urssaf, ASP, France Travail, SIA, Extrapro ; traitements Dares.
graphiqueFigure 2 – Effectifs en emploi aidé depuis 1990
Définitions
Un emploi aidé est un emploi bénéficiant d’une aide publique, hors allègements généraux et dispositifs sectoriels. Cette aide peut prendre la forme d’une subvention à l’embauche ou d’une exonération de cotisations sociales et cible des publics ou des territoires spécifiques.
Un contrat aidé est un contrat de travail dérogatoire au droit commun pour lequel l’employeur bénéficie d’aides publiques. L’accès à ces contrats est réservé aux personnes rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi et leur nombre est piloté par les pouvoirs publics.
Le contrat unique d’insertion (CUI) (introduit en 2010) a pour objet de faciliter l’insertion professionnelle des personnes sans emploi rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi.
Le CUI‑CIE s’adresse aux employeurs du secteur marchand et ouvre droit à une aide financière. Il peut prendre la forme d’un CDI ou d’un CDD de 6 à 24 mois. Depuis l’été 2020, il cible principalement les jeunes de moins de 26 ans.
Le Parcours Emploi Compétences (PEC) (CUI-CAE avant janvier 2018), s’adresse aux employeurs du secteur non marchand (associations, collectivités locales, établissements publics hospitaliers ou d’enseignement, etc.).
Le dispositif d’insertion par l’activité économique (IAE) permet à des personnes sans emploi et rencontrant des difficultés sociales et professionnelles de bénéficier d’un contrat de travail. Proposés par certaines structures spécifiques conventionnées par l’État, ces contrats, d’une durée maximale de deux ans, offrent une mise en situation de travail, doublée d’un accompagnement social et professionnel personnalisé.
Le contrat d'apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un jeune de 16 à 29 ans ayant satisfait à l'obligation scolaire, des dérogations étant possibles.
Le contrat de professionnalisation est un contrat de travail destiné à permettre aux jeunes de 16 à 25 ans, aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires de certaines allocations ou contrats, d’acquérir une qualification professionnelle ou de compléter leur formation initiale au moyen d’une formation en alternance.
L’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre) consiste en une exonération partielle de cotisations sociales. En 2019, elle a été ouverte à l’ensemble des créateurs d’entreprise et est devenue automatique ; à compter de janvier 2020, pour les micro‑entrepreneurs uniquement, le dispositif n’est plus automatique et des critères de publics ciblés sont réintroduits ; à compter d’avril 2020, le dispositif est limité à un an pour tous les créateurs/repreneurs d’entreprise.
Expérimentés à partir du 1er avril 2018 puis généralisés à l’ensemble du territoire au 1er janvier 2020, les emplois francs permettent à un employeur de bénéficier d’une aide lorsqu’il embauche en CDI ou en CDD d’au moins six mois un salarié résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).
Instauré en 2013 et fermé en septembre 2017, le contrat de génération permettait aux entreprises de bénéficier d’une aide financière de l’État si elles embauchaient en CDI un jeune tout en conservant un salarié sénior.
Instauré fin 2012 et fermé au 1er janvier 2018, l’emploi d’avenir s’adressait, sauf exceptions, aux jeunes de 16 à 25 ans (ou 30 ans pour les travailleurs handicapés), sans diplôme ou titulaires d’un CAP‑BEP, ni en emploi ni en formation, présentant des difficultés particulières d’accès à l’emploi. L’emploi d’avenir prenait la forme d’un CDI ou d’un CDD d’un à trois ans.
L’aide à l’embauche des jeunes (AEJ) est un dispositif qui a été mis en place dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution » lancé à l’été 2020. Elle a pu bénéficier à tout employeur (hors fonction publique et particuliers-employeurs) qui a embauché entre le 1er août 2020 et le 31 mars 2022, en CDI ou CDD de plus de trois mois, un jeune âgé de moins de 26 ans, pour une rémunération inférieure ou égale à deux fois le Smic. Le dispositif a été prolongé du 1er avril au 31 mai 2022 en abaissant toutefois la rémunération plafond à 1,6 Smic.
Pour en savoir plus
« Ouvrir dans un nouvel ongletLes contrats aidés en 2022 – Des entrées en nette baisse », Dares Résultats no 14, février 2024.
« Ouvrir dans un nouvel ongletL'apprentissage en 2022 – Une progression moins forte que les deux années précédentes », Dares Résultats no 10, janvier 2024.
« Ouvrir dans un nouvel ongletL’insertion par l’activité économique en 2022 – Baisse des entrées », Dares Résultats no 73, décembre 2023.