Transformations de l'agriculture et des consommations alimentaires Édition 2024

L’Insee et le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dressent dans cet inédit « Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires » de la collection Insee Références un panorama des principales transformations de l’agriculture française sur les 50 dernières années : concentration et spécialisation des exploitations agricoles depuis 1970, comparaison des performances économiques de l’agriculture biologique avec celles de l’agriculture conventionnelle, évolution de la consommation alimentaire sur la dernière décennie et enfin, enjeux environnementaux auxquels l’agriculture contribue et doit faire face.

Insee Références
Paru le :Paru le27/02/2024
Jean-Noël Depeyrot, Mickaël Hugonnet (Service de la statistique et de la prospective)
L'agriculture- Février 2024
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1970-2020 : des exploitations agricoles moins nombreuses, plus grandes et davantage spécialisées que les territoires

Jean-Noël Depeyrot, Mickaël Hugonnet (Service de la statistique et de la prospective)

Depuis le milieu du XXe siècle, les exploitations agricoles françaises ont été fortement restructurées. Leur nombre a diminué tandis que leur superficie moyenne s’est accrue et leur spécialisation accentuée. La surface agricole utilisée est aujourd’hui inégalement répartie entre les exploitations : 5 % d’entre elles en utilisent 25 %. Toutefois, ces inégalités ne se sont pas renforcées ces dernières décennies. À l’inverse, la concentration de la main‑d’œuvre s’est accentuée : 25 % des exploitations mobilisent à elles seules 61 % de la main‑d’œuvre agricole, contre 49 % en 1970. Par ailleurs, les exploitations poursuivent leur spécialisation : 35 % d’entre elles n’ont qu’une seule production économiquement significative, contre 19 % en 1988. La diversité des productions des territoires, qui s’observe encore, n’est plus le résultat d’exploitations elles‑mêmes diversifiées, comme c’était le cas auparavant. Elle découle désormais d’unités de production très spécialisées mais dans des productions distinctes.

Insee Références

Paru le :27/02/2024

1970-2020 : des exploitations agricoles moins nombreuses, plus grandes et davantage spécialisées que les territoires

Une profonde restructuration des exploitations

Au cours des dernières décennies, l’agriculture française a connu d’importantes évolutions structurelles, avec une forte diminution du nombre d’exploitations et une augmentation de la moyenne. Ainsi, entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations a diminué en France métropolitaine de 2,3 % par an, pour s’établir à 389 800 (encadré), et la SAU moyenne est passée de 55 à 69 hectares [Ouvrir dans un nouvel ongletBarry, Polvêche, 2022].

Dans le même temps, les agriculteurs se sont progressivement spécialisés sur un petit nombre de productions [Ouvrir dans un nouvel ongletHugonnet, Bernard-Mongin, 2022]. Alors que la plupart des exploitations étaient, dans les années 1950, en polyculture et/ou polyélevage, cette rassemblait moins de 20 % des unités de production en 1988, et à peine plus de 10 % en 2020.

Une distribution inégale de la SAU, mais relativement stable au fil du temps

En 2020, le concernant la SAU par exploitation s’établit à 0,60, ce qui témoigne d’une répartition très inégale  (figure 1). En effet, 25 % des exploitations françaises détiennent moins de 5 hectares (ha) et se partagent 1 % seulement de la SAU totale ; 50 % des exploitations ont une superficie inférieure à 35 ha et n’exploitent que 7 % de la SAU nationale. À l’autre bout du spectre, les 5 % d’exploitations les plus grandes (superficie supérieure à 214 ha) concentrent à elles seules 25 % de la SAU.

Figure 1a - Distribution de la surface agricole utilisée (SAU) en 2020

Figure 1a - Distribution de la surface agricole utilisée (SAU) en 2020 - Lecture : En 2020, la moitié des exploitations font moins de 35 ha et exploitent 7 % de la SAU nationale.
Part cumulée des exploitations 2020
p.001 0,0000
p.002 0,0000
p.003 0,0000
p.004 0,0001
p.005 0,0001
p.006 0,0002
p.007 0,0003
p.008 0,0005
p.009 0,0006
p.010 0,0008
p.011 0,0010
p.012 0,0012
p.013 0,0015
p.014 0,0018
p.015 0,0021
p.016 0,0025
p.017 0,0029
p.018 0,0033
p.019 0,0038
p.020 0,0043
p.021 0,0049
p.022 0,0055
p.023 0,0062
p.024 0,0069
p.025 0,0077
p.026 0,0085
p.027 0,0095
p.028 0,0105
p.029 0,0116
p.030 0,0128
p.031 0,0142
p.032 0,0156
p.033 0,0171
p.034 0,0188
p.035 0,0206
p.036 0,0225
p.037 0,0246
p.038 0,0269
p.039 0,0293
p.040 0,0319
p.041 0,0348
p.042 0,0379
p.043 0,0412
p.044 0,0448
p.045 0,0486
p.046 0,0527
p.047 0,0571
p.048 0,0617
p.049 0,0667
p.050 0,0719
p.051 0,0775
p.052 0,0834
p.053 0,0896
p.054 0,0961
p.055 0,1030
p.056 0,1102
p.057 0,1177
p.058 0,1256
p.059 0,1338
p.060 0,1424
p.061 0,1513
p.062 0,1606
p.063 0,1703
p.064 0,1803
p.065 0,1908
p.066 0,2017
p.067 0,2129
p.068 0,2246
p.069 0,2366
p.070 0,2491
p.071 0,2621
p.072 0,2755
p.073 0,2893
p.074 0,3037
p.075 0,3185
p.076 0,3339
p.077 0,3498
p.078 0,3662
p.079 0,3831
p.080 0,4006
p.081 0,4188
p.082 0,4376
p.083 0,4571
p.084 0,4772
p.085 0,4982
p.086 0,5199
p.087 0,5425
p.088 0,5660
p.089 0,5904
p.090 0,6160
p.091 0,6426
p.092 0,6706
p.093 0,7000
p.094 0,7311
p.095 0,7641
p.096 0,7995
p.097 0,8379
p.098 0,8805
p.099 0,9297
p.100 1,0000
  • Lecture : En 2020, la moitié des exploitations font moins de 35 ha et exploitent 7 % de la SAU nationale.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricole 2020.

Figure 1a - Distribution de la surface agricole utilisée (SAU) en 2020

  • Lecture : En 2020, la moitié des exploitations font moins de 35 ha et exploitent 7 % de la SAU nationale.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricole 2020.

Ces inégalités de répartition sont restées globalement stables au cours du temps. En 1970, le coefficient de Gini n’était que de 0,03 point inférieur à celui de 2020, et en 2000 et 2010 il était légèrement supérieur (+0,02). Les surfaces libérées par la forte diminution du nombre d’exploitations n’ont pas été préférentiellement récupérées par les plus grandes d’entre elles : en 1970, les 25 % d’exploitations les plus grandes exploitaient déjà 66 % de la SAU nationale, un chiffre qui n’est pas très différent de celui de 2020 (68 %). Il s’agit là toutefois d’une analyse à l’échelle nationale et cette apparente homogénéité peut masquer des situations plus contrastées, dans certains territoires ou pour certaines productions.

Un accroissement de la superficie des exploitations sur l’ensemble du territoire de France métropolitaine

En 1970, les grandes exploitations (superficie supérieure à 50 ha) étaient principalement concentrées dans les régions de grandes cultures du Bassin parisien (figure 2, méthodes). Depuis les années 1950 et l’avènement de la motomécanisation, les grandes cultures étaient en effet associées à des exploitations de grande taille. Certaines zones d’élevage extensif bien localisées (Cévennes et Baronnies dans la région du Dauphiné) se caractérisaient également, dès les années 1970, par une SAU moyenne par exploitation élevée.

Figure 2 - Surface agricole utilisée (SAU) moyenne par exploitation de 1970 à 2020

  • Lecture : En 2020, sur une majorité des territoires de la Bretagne, la SAU moyenne des exploitations est comprise entre 50 et 75 ha, contre moins de 20 ha en 1970.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1970 à 2020.

Au fil des décennies, la SAU moyenne croît dans tous les territoires et dépasse presque partout 40 ha en 2020, y compris dans les régions d’élevage (Grand Ouest, Auvergne, Rhône‑Alpes, Franche‑Comté). Ceci résulte vraisemblablement du fait qu’à partir des années 1970, le développement des stabulations libres a permis de simplifier les tâches de nourrissage des animaux (couloir d’alimentation) et d’évacuation de leurs déjections. Simultanément, la généralisation des salles de traite a allégé le travail des éleveurs d’animaux laitiers. Ces évolutions ont favorisé l’augmentation de la taille des troupeaux et des surfaces prises en charge par les éleveurs. Par ailleurs, certaines exploitations d’élevage ont été converties à la production céréalière, ce qui a certainement concouru à l’accroissement de la SAU moyenne de ces territoires. En 2020, seuls les territoires viticoles et arboricoles (vignobles champenois, alsacien et bordelais ; vallée du Rhône ; pourtour méditerranéen) font exception et présentent une SAU moyenne inférieure à 40 ha.

Des emplois de plus en plus concentrés dans un petit nombre d’exploitations et de territoires

À l’inverse de la SAU, la concentration de l’emploi (chefs d’exploitation, co‑exploitants, salariés hors prestations) dans un petit nombre d’exploitations s’accroît au fil du temps. Le coefficient de Gini pour l’emploi est de 0,52 en 2020, contre 0,38 en 1970 (figure 3). Un quart des exploitations mobilisent 61 % de la main‑d’œuvre agricole totale en 2020, contre 49 % en 1970. Plus éloquent encore, 25 % de la main‑d’œuvre est concentrée dans 4 % seulement des exploitations en 2020, contre 9 % en 1970.

Figure 3a - Distribution de la main-d’œuvre des exploitations

Figure 3a - Distribution de la main-d’œuvre des exploitations - Lecture : En 2020, la moitié des exploitations emploient moins de 1 ETP et mobilisent 18 % de la main-d'œuvre agricole nationale.
Part cumulée des exploitations 2020
p.001 0,0007
p.002 0,0015
p.003 0,0022
p.004 0,0030
p.005 0,0037
p.006 0,0045
p.007 0,0052
p.008 0,0059
p.009 0,0067
p.010 0,0074
p.011 0,0082
p.012 0,0089
p.013 0,0097
p.014 0,0107
p.015 0,0122
p.016 0,0142
p.017 0,0164
p.018 0,0186
p.019 0,0209
p.020 0,0233
p.021 0,0263
p.022 0,0293
p.023 0,0322
p.024 0,0352
p.025 0,0383
p.026 0,0420
p.027 0,0457
p.028 0,0501
p.029 0,0553
p.030 0,0605
p.031 0,0662
p.032 0,0722
p.033 0,0781
p.034 0,0841
p.035 0,0900
p.036 0,0959
p.037 0,1019
p.038 0,1078
p.039 0,1138
p.040 0,1197
p.041 0,1257
p.042 0,1316
p.043 0,1375
p.044 0,1435
p.045 0,1494
p.046 0,1554
p.047 0,1613
p.048 0,1673
p.049 0,1732
p.050 0,1791
p.051 0,1851
p.052 0,1910
p.053 0,1970
p.054 0,2029
p.055 0,2089
p.056 0,2151
p.057 0,2214
p.058 0,2280
p.059 0,2347
p.060 0,2414
p.061 0,2485
p.062 0,2560
p.063 0,2639
p.064 0,2721
p.065 0,2807
p.066 0,2896
p.067 0,2986
p.068 0,3080
p.069 0,3178
p.070 0,3285
p.071 0,3397
p.072 0,3516
p.073 0,3635
p.074 0,3754
p.075 0,3872
p.076 0,3991
p.077 0,4110
p.078 0,4229
p.079 0,4348
p.080 0,4470
p.081 0,4596
p.082 0,4726
p.083 0,4863
p.084 0,5007
p.085 0,5157
p.086 0,5313
p.087 0,5481
p.088 0,5658
p.089 0,5836
p.090 0,6015
p.091 0,6202
p.092 0,6401
p.093 0,6614
p.094 0,6848
p.095 0,7091
p.096 0,7361
p.097 0,7670
p.098 0,8040
p.099 0,8544
p.100 1,0000
  • Lecture : En 2020, la moitié des exploitations emploient moins de 1 ETP et mobilisent 18 % de la main-d'œuvre agricole nationale.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensement agricole 2020.

Figure 3a - Distribution de la main-d’œuvre des exploitations

  • Lecture : En 2020, la moitié des exploitations emploient moins de 1 ETP et mobilisent 18 % de la main-d'œuvre agricole nationale.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensement agricole 2020.

Cet accroissement de la concentration de l’emploi date principalement des années 1990, les courbes de Lorenz associées aux années 1970, 1979 et 1988 étant assez proches, de même que celles de 2000, 2010 et 2020. Des analyses complémentaires seraient nécessaires pour identifier les causes de cette inflexion : développement du salariat, réformes de la politique agricole commune (PAC), etc. Cette augmentation des inégalités de répartition de la main‑d’œuvre résulte surtout d’un accroissement de l’emploi au sein des exploitations qui mobilisent le plus de main-d’œuvre. Ces résultats sont cohérents avec les travaux conduits par Ouvrir dans un nouvel ongletPiet (2019) à partir de l’échantillon d’exploitations du Réseau d’information comptable agricole (RICA).

En 2020, les emplois agricoles en sont concentrés sur un petit nombre de territoires : régions d’élevage de l’Ouest et régions viticoles et arboricoles précitées ; auparavant, ils étaient répartis de façon plutôt homogène, quoique moins densément dans les régions de grandes cultures (figure 4). L’importance de l’emploi agricole dans ces territoires en 2020 résulte d’orientations productives plus exigeantes en main‑d’œuvre, mais aussi d’une densité d’exploitations plus élevée qu’ailleurs, car de plus petite taille en moyenne.

Figure 4 - Nombre d'emplois agricoles

  • Lecture : En 1970 en Bretagne, tous les territoires comprenaient plus de 1 000 ETP agricole. En 2020, la majorité des territoires bretons en ont entre 300 et 500.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1970 à 2020.

Des exploitations de plus en plus spécialisées

Les exploitations ont tendance à être de plus en plus spécialisées, et leur indice de Simpson diminue de façon marquée entre 1988 et 2020 (méthodes, figure 5a). Une proportion élevée des exploitations sont très spécialisées : en 2020, 145 247 exploitations ont un indice de Simpson compris entre 1,00 et 1,05, ce qui correspond à des exploitations dont un seul atelier génère au moins 97,5 % de la . Ces exploitations représentent 35 % des exploitations de France métropolitaine, contre seulement 19 % en 1988 (figure 5b). 33 % d’entre elles sont des exploitations viticoles (figure 6). Cette production a toujours été la plus représentée parmi ces exploitations très spécialisées, mais sa proportion a diminué depuis 1988 puisqu’elle était alors de 42 %. À l’inverse, une proportion croissante des exploitations comprenant un seul atelier produisent des (26 % en 2020, contre 21 % en 1988) ou des fourrages sans production animale (12 % en 2020, contre 7 % en 1988).

Figure 5a - Densité de la distribution des exploitations selon leur diversité économique de 1988 à 2020

Figure 5a - Densité de la distribution des exploitations selon leur diversité économique de 1988 à 2020
Les données de cette carte sont disponibles dans le Ouvrir dans un nouvel ongletfichier en téléchargement.

Figure 5a - Densité de la distribution des exploitations selon leur diversité économique de 1988 à 2020

  • Lecture : La densité de la distribution des exploitations représente les fréquences relatives de l'indice de Simpson : les valeurs de l'indice ayant une densité de 3 sont trois fois plus fréquentes que celles ayant une densité de 1. Ainsi il est presque deux fois plus fréquent d'avoir des exploitations avec un indice autour de 1 en 2020 (densité 5,1) qu'en 1988 (densité 2,6).
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1988 à 2020.

Figure 6 - Orientation productive des exploitations avec un seul atelier économiquement significatif de 1988 à 2020

en %
Figure 6 - Orientation productive des exploitations avec un seul atelier économiquement significatif de 1988 à 2020 (en %) - Lecture : Parmi les exploitations avec un seul atelier économiquement significatif, 33,3 % ont un atelier viticulture en 2020, contre 42,3 % en 1988.
Orientation productive 1988 2000 2010 2020
Viticulture 42,3 39,9 32,6 33,3
Grandes cultures standard 20,7 24,1 29,0 25,9
Élevages spécialisés (équins, apicoles, cunicoles) 9,1 11,4 8,3 4,9
Fourrages 7,0 3,9 5,9 11,7
Arboriculture 4,5 3,7 4,1 4,2
Grandes cultures industrielles 1,7 1,5 4,2 3,3
Volaille 2,8 3,5 1,9 1,9
Autres 11,8 12,2 14,0 14,9
  • Lecture : Parmi les exploitations avec un seul atelier économiquement significatif, 33,3 % ont un atelier viticulture en 2020, contre 42,3 % en 1988.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1988 à 2020.

Figure 6 - Orientation productive des exploitations avec un seul atelier économiquement significatif de 1988 à 2020

  • Lecture : Parmi les exploitations avec un seul atelier économiquement significatif, 33,3 % ont un atelier viticulture en 2020, contre 42,3 % en 1988.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1988 à 2020.

Enfin, 11 % des exploitations comprennent deux ou trois ateliers qui contribuent significativement à leur PBS. Elles ont un indice de Simpson compris entre 1,9 (deux ateliers contribuant à 60 % et 40 % de la PBS totale) et 2,2 (trois ateliers contribuant respectivement à 55 %, 40 % et 5 % de la PBS totale) en 2020. Le nombre de ces exploitations a beaucoup diminué entre 1988 et 2020 (-64 %), mais leur part dans l’ensemble des exploitations s’est maintenue (-1,5 point de pourcentage). Environ un tiers de ces exploitations comprenant deux ateliers économiquement significatifs associent un atelier d’élevage et un atelier de productions végétales. Cette proportion est restée stable sur la période considérée. Toutefois, une proportion croissante de ces exploitations à deux ateliers combine standard et  : elles sont 17 % en 2020, contre 6 % en 1988.

Le maintien d’une diversité territoriale, malgré des exploitations très spécialisées

La diversité de la production à travers les différents territoires de France métropolitaine est stable au fil du temps (figure 7). L’indice de Simpson des PBS partielles calculées à l’échelle des territoires de 1988 à 2020 est souvent supérieur à 2, ce qui témoigne de la présence a minima de deux productions économiquement significatives, et la comparaison des cartes met en évidence une remarquable stabilité. Chaque zone conserve donc une diversité relative de productions. Certaines régions (les Pays de la Loire notamment) se caractérisent même par une diversification marquée, avec un accroissement notable de l’indice entre 1988 et 2020.

Figure 7 - Diversité des productions à l'échelle des territoires de 1988 à 2020

  • Lecture : Dans la plupart des territoires des Hauts-de-France, les ateliers économiquement significatifs sont entre 3 et 4, en 1988 comme en 2020.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1988 à 2020.

Si les territoires restent relativement diversifiés, ceci ne résulte plus, comme jusqu’à la fin des années 1980, d’exploitations elles‑mêmes diversifiées. En effet, en 1988, pour une large part des hexagones du territoire métropolitain (méthodes), l’indice de Simpson moyen des exploitations dont le siège se situe dans l’hexagone considéré était supérieur à 2 (figure 8). Ce n’est plus le cas en 2020, exception faite de certaines régions (nord de la France) où les doubles spécialisations grandes cultures standard et grandes cultures industrielles sont fréquentes. Désormais, la diversité territoriale des productions résulte d’exploitations très spécialisées, mais dans des productions distinctes.

Figure 8 - Diversité des exploitations de 1988 à 2020

  • Lecture : Dans la majeure partie de la Nouvelle-Aquitaine, les exploitations ont en moyenne entre 1,25 et 1,50 atelier économiquement significatif en 2020. Elles en avaient entre 2,0 et 2,5 en 1988.
  • Champ : France métropolitaine, toutes exploitations agricoles.
  • Source : Agreste, recensements agricoles de 1988 à 2020.

Encadré - Un peu moins de 275 000 exploitations en France métropolitaine à l’horizon 2035 ?

Une projection du nombre des exploitations agricoles en France métropolitaine a été réalisée, à l’horizon 2035, en s’appuyant sur les données concernant les cotisants non salariés agricoles (COTNS) de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole, d’une part, et sur les données des recensements de l’agriculture (RA), d’autre part (méthodes).

Si les tendances en matière de création, de disparition et d’agrandissement des exploitations observées entre 2011 et 2021 se maintiennent dans les années à venir, la France métropolitaine pourrait ne plus compter que 274 600 exploitations agricoles à l’horizon 2035 (figure A), soit une baisse de 30 % par rapport au nombre d’exploitations observé en 2020 (-2,3 % par an, même rythme que celui observé sur la dernière décennie). Alors que le nombre d‘exploitations de statut juridique sociétaire se maintiendrait juste au-dessus de 160 000, malgré une légère baisse (-1 % entre 2020 et 2035), celui des exploitations individuelles baisserait fortement (-50 % sur la période, soit -4,5 % par an), tombant à 113 500 unités (figure B). Cette forte baisse des exploitations individuelles toucherait toutes les classes de SAU, mais en particulier les plus petites. La baisse du nombre d’exploitations sociétaires de moins de 100 ha serait significative (-10 %), contrairement à ce qui avait été observé entre 2010 et 2020, où il s’était tout juste maintenu. Les exploitations sociétaires de 200 ha ou plus seraient plus nombreuses (+34 %, soit +2,0 % par an), à un rythme malgré tout ralenti par rapport à la décennie 2010‑2020 (+3,2 % par an). Les exploitations sociétaires deviendraient majoritaires en 2035, représentant 59 % de l’ensemble des exploitations, quand elles n’en représentaient que 31 % en 2010 et 42 % en 2020. Tous statuts confondus, les exploitations de 100 ha ou plus représenteraient alors 36 % des exploitations (26 % en 2020), contre 30 % pour les exploitations de moins de 20 ha (38 % en 2020).

Figure A - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035

en milliers
Figure A - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035 (en milliers) - Lecture : En 1979, le nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine était de 1 262 700. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 274 600 si les tendances se maintiennent.
Année Observé Projection 2010-2020 Projection 2020-2035
1979 1 262,7
1981 1 197,3
1983 1 129,6
1985 1 056,9
1988 1 013,9
1990 923,6
1993 801,3
1995 734,8
1997 679,8
2000 663,8
2003 589,8
2005 545,3
2007 506,9
2010 490,0 490,0
2011 478,2
2012 467,1
2013 451,6 456,4
2014 446,2
2015 436,5
2016 436,3 427,3
2017 418,5
2018 410,1
2019 402,1
2020 389,8 394,6 389,8
2021 379,4
2022 369,6
2023 360,1
2024 351,1
2025 342,5
2026 334,3
2027 326,4
2028 318,9
2029 311,7
2030 304,8
2031 298,2
2032 291,9
2033 285,9
2034 280,1
2035 274,6
  • Note : La projection 2010-2020 a été réalisée avec la matrice des probabilités de transition moyenne 2004-2014, et la projection 2020-2035 avec la matrice des probabilités de transition moyenne 2011-2021.
  • Lecture : En 1979, le nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine était de 1 262 700. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 274 600 si les tendances se maintiennent.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Sources : CCMSA, base de données des cotisants non-salariés 2004-2021 ; Agreste, recensements agricoles de 1979 à 2020, enquêtes sur la structure des exploitations agricoles de 1981 à 2016.

Figure A - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035

  • Note : La projection 2010-2020 a été réalisée avec la matrice des probabilités de transition moyenne 2004-2014, et la projection 2020-2035 avec la matrice des probabilités de transition moyenne 2011-2021.
  • Lecture : En 1979, le nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine était de 1 262 700. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 274 600 si les tendances se maintiennent.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Sources : CCMSA, base de données des cotisants non-salariés 2004-2021 ; Agreste, recensements agricoles de 1979 à 2020, enquêtes sur la structure des exploitations agricoles de 1981 à 2016.

Figure B - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035 selon le statut juridique et la SAU

en milliers
Figure B - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035 selon le statut juridique et la SAU (en milliers) - Lecture : En 2020, le nombre d'exploitations individuelles de moins de 20 hectares était de 119 200. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 57 300 si les tendances se maintiennent.
Année Individuelles Sociétaires Ensemble
Moins de 20 ha 20 ha à moins de 50 ha 50 ha à moins de 100 ha 100 ha à moins de 200 ha 200 ha ou plus Moins de 20 ha 20 ha à moins de 50 ha 50 ha à moins de 100 ha 100 ha à moins de 200 ha 200 ha ou plus
2020 119,2 44,0 40,0 21,3 3,1 27,9 20,4 37,5 52,2 24,1 389,8
2021 113,4 41,9 38,3 20,6 3,0 27,7 20,3 37,2 52,2 24,8 379,4
2022 108,0 39,9 36,6 19,9 2,9 27,5 20,2 36,9 52,2 25,5 369,6
2023 102,8 38,1 34,9 19,2 2,8 27,2 20,0 36,6 52,2 26,2 360,1
2024 97,9 36,3 33,4 18,5 2,7 27,0 19,9 36,3 52,2 26,8 351,1
2025 93,2 34,5 31,9 17,9 2,7 26,8 19,8 36,0 52,2 27,4 342,5
2026 88,8 32,9 30,5 17,2 2,6 26,6 19,7 35,8 52,2 28,0 334,3
2027 84,5 31,4 29,1 16,6 2,5 26,4 19,6 35,5 52,1 28,6 326,4
2028 80,5 29,9 27,9 16,0 2,4 26,2 19,5 35,2 52,1 29,1 318,9
2029 76,7 28,5 26,6 15,5 2,4 26,0 19,4 35,0 52,1 29,6 311,7
2030 73,0 27,2 25,5 14,9 2,3 25,8 19,2 34,7 52,1 30,1 304,8
2031 69,5 25,9 24,3 14,4 2,2 25,6 19,1 34,5 52,0 30,6 298,2
2032 66,2 24,7 23,3 13,9 2,2 25,4 19,0 34,2 52,0 31,0 291,9
2033 63,1 23,6 22,3 13,4 2,1 25,2 18,9 34,0 51,9 31,4 285,9
2034 60,1 22,5 21,3 12,9 2,0 25,0 18,7 33,8 51,9 31,8 280,1
2035 57,3 21,4 20,4 12,4 2,0 24,9 18,6 33,6 51,8 32,2 274,6
  • Lecture : En 2020, le nombre d'exploitations individuelles de moins de 20 hectares était de 119 200. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 57 300 si les tendances se maintiennent.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Sources : CCMSA, base de données des cotisants non-salariés 2011-2021 ; Agreste, recensement agricole 2020.

Figure B - Projection du nombre d'exploitations agricoles en France métropolitaine à l'horizon 2035 selon le statut juridique et la SAU

  • Lecture : En 2020, le nombre d'exploitations individuelles de moins de 20 hectares était de 119 200. À l'horizon 2035, ce nombre pourrait être de 57 300 si les tendances se maintiennent.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Sources : CCMSA, base de données des cotisants non-salariés 2011-2021 ; Agreste, recensement agricole 2020.

Auteurs : François Lafont (Cour des comptes, direction méthodes et données), Loïa Lamarque (Cour des comptes, direction méthodes et données), Laurent Piet (Inrae, UMR SMART), Legrand D. F. Saint‑Cyr (Anses, direction Sciences sociales, économie et société)

Méthodes

Projection du nombre d'exploitations en 2035

La méthode utilisée, dite « des chaînes de Markov » et décrite par Ouvrir dans un nouvel ongletPiet et Saint‑Cyr (2018) et la Cour des comptes (2023), a consisté à mettre au point plusieurs modèles d’évolution des effectifs d’exploitations agricoles à partir des données COTNS. Pour ce faire, les changements de statut juridique et/ou de classe de SAU entre deux années consécutives ont été dénombrés afin d’élaborer des « matrices des probabilités de transition », constituant chacune un modèle de projection à part entière. Ces modèles ont ensuite été appliqués de façon itérative, d’abord jusqu’en 2020 à partir des effectifs initiaux observés dans le RA 2010, puis jusqu’en 2035 à partir des effectifs initiaux observés dans le RA 2020.

La première série de simulations a ainsi permis de déterminer que le modèle fondé sur la matrice des probabilités de transition moyenne calculée sur la décennie 2004‑2014 présentait le meilleur ajustement à l’évolution des effectifs observée entre 2010 et 2020. L’effectif total simulé en 2020 est en effet de 394 600 exploitations agricoles en France métropolitaine, soit un écart de seulement +1,2 % avec celui effectivement observé dans le RA correspondant. La seconde série de simulations a ensuite permis de projeter l’effectif observé en 2020 jusqu’à l’horizon 2035, en utilisant la matrice moyenne calculée sur la décennie disponible la plus récente, c’est-à-dire 2011‑2021.

Analyse territoriale des évolutions des exploitations

Analyser les dynamiques territoriales d’évolution des exploitations nécessite d’utiliser un zonage géographique avec des aires comparables entre elles et comparables dans le temps. Le zonage communal ayant été écarté du fait de superficies différentes et de modifications des limites au cours du temps, il a été choisi de découper le territoire en hexagones de 225 km², soit un peu moins de la superficie moyenne d’un canton en France en 2020.

Diversité des productions et indice de Simpson

Pour analyser la spécialisation ou la diversification économique des exploitations, celles‑ci ont été considérées ici comme étant la combinaison de 18 ateliers différents [Ouvrir dans un nouvel ongletAigrain et al., 2016]. Dix ateliers en productions végétales ont ainsi été retenus (arboriculture, oliviers et fruits à coques, vignes, serres, plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM), maraîchage, grandes cultures standard, grandes cultures industrielles, fourrages, cultures végétales spécialisées) et huit ateliers en productions animales (bovins laitiers, veaux de boucherie, autre viande bovine, ovins et caprins, porcs, productions animales spécialisées, poules pondeuses, volailles de chair).

Pour chaque exploitation présente aux différents recensements de 1988 à 2020, les 18 productions brutes standard (PBS) partielles correspondant aux cultures et élevages ont été calculées. Ces PBS représentent la valeur moyenne potentielle générée par les différents ateliers. Afin de permettre des comparaisons intercensitaires, elles ont été calculées aux « coefficients de 2017 », c’est-à-dire en utilisant les rendements et prix moyens observés sur les cinq années centrées sur 2017 (2015 à 2019). Rétropoler toutes les PBS aux coefficients de 2017 permet de s’affranchir des effets de rendements et de prix, et de se focaliser uniquement sur les évolutions structurelles (superficie et production).

L’indice de Simpson des 18 PBS partielles a ensuite été calculé pour chaque exploitation. Il s’agit d’un indicateur de diversité utilisé en écologie [Sirami, Midler, 2021], proche de l’indice de concentration Herfindahl‑Hirshmann utilisé en économie. Il revient ici à pondérer le nombre d’ateliers des exploitations par leurs contributions respectives à la PBS totale. Cette approche permet de ne pas considérer qu’une exploitation constituée de deux ateliers, dont l’un génère l’essentiel de la PBS, est aussi diversifiée qu’une exploitation comprenant deux ateliers contribuant de façon comparable à la PBS totale. L’indice varie de 1 (exploitation avec un seul atelier significatif) à 18 (exploitation avec 18 ateliers de taille économique équivalente).

Définitions

La surface agricole utilisée (SAU) comprend les terres arables (y compris pâturages temporaires, jachères, cultures sous abri, jardins familiaux, etc.), les surfaces toujours en herbe (STH) et les cultures permanentes (vignes, vergers, etc.).

La contribution de chaque culture et cheptel à la PBS permet de classer les exploitations selon leur spécialisation (ou orientation technico‑économique – Otex). Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS est générée par cette production.

L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

Un équivalent temps‑plein (ETP) correspond au travail d’une personne à plein temps pendant une année entière (un ETP = au moins 1 607 heures travaillées sur l’année).

Les surfaces agricoles et les cheptels déclarés au recensement agricole sont valorisés selon des coefficients permettant de calculer leur production brute standard (PBS). Cette PBS est une production potentielle de chacune des exploitations, calculée selon les prix et les rendements d’une année donnée. Les coefficients de PBS représentent la valeur de la production potentielle par hectare ou par tête d’animal présent, hors toute aide. Ils sont exprimés en euros. Leur valeur est régionalisée lorsque c’est possible. Ces coefficients sont volontairement structurels, calculés en moyenne sur cinq années.

Les grandes cultures standard désignent ici les céréales, y compris le blé tendre et dur mais à l’exception du riz, les protéagineux (pois, féverole, lupin doux), les oléagineux (colza, tournesol, etc.) et les plantes à fibres (lin, chanvre, etc.).

Les grandes cultures industrielles recouvrent la betterave sucrière, la pomme de terre et les légumes d’industrie ainsi que les autres cultures industrielles (racines d’endives, chicorées, etc.).

Pour en savoir plus

Aigrain P., Agostini D., Lerbourg J., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes exploitations agricoles comme combinaisons d’ateliers », Agreste Les Dossiers n° 32, juillet 2016.

Barry C., Polvêche V., « Ouvrir dans un nouvel ongletRecensement agricole 2020 - Surface moyenne des exploitations agricoles en 2020 : 69 hectares en France métropolitaine et 5 hectares dans les DOM », Agreste Primeur n° 13, octobre 2022.

Cour des comptes, « Ouvrir dans un nouvel ongletLa politique d’installation des nouveaux agriculteurs et de transmission des exploitations agricoles », Communication à la commission des finances du Sénat, avril 2023.

Hugonnet M., Bernard-Mongin C., « Ouvrir dans un nouvel ongletGéographie environnementale du système alimentaire français : tendances et perspectives d’évolution », Documents de travail n° 16, Centre d’études et de prospective, ministère de l’Agriculture et de l'Alimentation, septembre 2022.

Piet L., Saint-Cyr L. D. F., « Ouvrir dans un nouvel ongletProjection de la population des exploitations agricoles françaises à l’horizon 2025 », Économie rurale n° 365, pp. 119-133, juillet‑septembre 2018.

Piet L., « Ouvrir dans un nouvel ongletConcentration des exploitations agricoles et emplois », Notes et études socio-économiques n° 46, pp. 35-58, Centre d’études et de prospective, ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, décembre 2019.

Sirami C., Midler E., « Ouvrir dans un nouvel ongletHétérogénéité des paysages agricoles, biodiversité et services écosystémiques », Analyse n° 163, Centre d’études et de prospective, ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, mai 2021.