Transformations de l'agriculture et des consommations alimentaires Édition 2024
L’Insee et le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dressent dans cet inédit « Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires » de la collection Insee Références un panorama des principales transformations de l’agriculture française sur les 50 dernières années : concentration et spécialisation des exploitations agricoles depuis 1970, comparaison des performances économiques de l’agriculture biologique avec celles de l’agriculture conventionnelle, évolution de la consommation alimentaire sur la dernière décennie et enfin, enjeux environnementaux auxquels l’agriculture contribue et doit faire face.
Conditions de travail dans l’agriculture
Insee Références
Paru le :27/02/2024
Les conditions de travail dans l’agriculture se caractérisent principalement par des facteurs de pénibilité physique intense. En 2019, huit chefs d’exploitation sur dix et sept salariés agricoles sur dix déclarent devoir rester longtemps debout ou être amenés à déplacer des charges lourdes (figure 1). Plus de la moitié des exploitants ou des salariés agricoles se déclarent exposés à un bruit intense ou à des fumées et poussières. Le contact avec des produits dangereux est également fréquent.
tableauFigure 1 – Conditions de travail des chefs d'exploitation et des salariés agricoles en 2019
Conditions de travail | Salariés agricoles | Salariés – Ensemble | Agriculteurs exploitants | Non-salariés – Ensemble |
---|---|---|---|---|
Contraintes physiques intenses (au moins 3 parmi les 5 citées) | 74,1 | 41,3 | 85,4 | 50,0 |
Rester longtemps debout | 71,3 | 48,7 | 78,6 | 57,0 |
Rester longtemps dans une autre posture pénible ou fatigante à la longue | 55,9 | 36,2 | 60,6 | 41,1 |
Effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents | 55,7 | 37,2 | 70,7 | 33,6 |
Porter ou déplacer des charges lourdes | 68,4 | 40,6 | 81,2 | 51,6 |
Subir des secousses ou des vibrations | 45,5 | 17,4 | 75,8 | 28,5 |
Exposition à des risques physiques (au moins 2 parmi les 3 cités) | 45,8 | 24,3 | 71,2 | 27,0 |
Être exposé à un bruit intense¹ | 70,2 | 17,7 | 68,8 | 13,5 |
Respirer des fumées ou des poussières | 53,0 | 30,5 | 81,6 | 37,5 |
Être en contact avec des produits dangereux | 42,4 | 30,0 | 74,3 | 31,6 |
Subir au moins 3 contraintes de rythme de travail parmi les 8 citées | 16,7 | 24,8 | 15,9 | 9,6 |
- 1. Bruit qui gêne pour entendre une personne située à 3 mètres.
- Lecture : En 2019, 74,1 % des salariés agricoles déclarent être soumis à au moins trois contraintes physiques.
- Champ : France hors Mayotte, personnes en emploi.
- Sources : Dares-Drees-DGAFP-Insee, enquête Conditions de travail 2019.
Les contraintes horaires sont particulièrement fortes chez les exploitants : 76 % d’entre eux ne disposent pas de 48 heures consécutives de repos par semaine et / ou travaillent le samedi (figure 2). Ils sont deux fois plus nombreux que l’ensemble des non-salariés à déclarer travailler habituellement le dimanche (60 % contre 26 %).
tableauFigure 2 – Horaires et organisation du temps de travail en 2019
Organisation du temps de travail | Salariés agricoles | Salariés – Ensemble | Agriculteurs exploitants | Non-salariés – Ensemble |
---|---|---|---|---|
Travailler 40 h ou plus par semaine | 36,1 | 31,7 | 86,7 | 68,7 |
Travailler habituellement le samedi | 14,2 | 26,1 | 81,3 | 52,8 |
Travailler habituellement le dimanche | 8,5 | 13,0 | 60,4 | 25,6 |
Pas de repos de 48 h consécutives | 13,0 | 15,4 | 76,1 | 40,9 |
Travailler la nuit (00h-5h)¹ | 9,8 | 13,5 | 46,7 | 18,3 |
- 1. Même occasionnellement.
- Lecture : En 2019, 76,1 % des agriculteurs exploitants ne disposent pas de 48 heures consécutives de repos par semaine.
- Champ : France hors Mayotte, personnes en emploi.
- Sources : Dares-Drees-DGAFP-Insee, enquête Conditions de travail 2019.
graphiqueFigure 2 – Horaires et organisation du temps de travail en 2019
Un exploitant sur trois déclare travailler sous pression, contre un sur cinq parmi les salariés agricoles (figure 3). Si les chefs d’exploitation et les salariés agricoles sont presque autant à estimer que leur travail n’est pas reconnu (environ 15 %), les salariés agricoles déclarent bien plus souvent craindre pour leur emploi dans l’année qui vient (30 %, contre 15 % des chefs d’exploitation).
tableauFigure 3 – Intensité et insécurité du travail en 2019
Type d'insécurité | Salariés agricoles | Salariés – Ensemble | Agriculteurs exploitants | Non-salariés – Ensemble |
---|---|---|---|---|
Devoir effectuer une quantité de travail excessive | 21,8 | 39,9 | 24,9 | 19,9 |
Travailler sous pression | 20,6 | 33,9 | 32,7 | 36,6 |
Ne pas être reconnu pour son travail | 16,4 | 29,7 | 14,5 | 10,0 |
Craindre pour son emploi l'année qui vient | 30,3 | 20,0 | 15,1 | 27,4 |
- Lecture : En 2019, 32,7 % des agriculteurs exploitants déclarent travailler sous pression.
- Champ : France hors Mayotte, personnes en emploi.
- Sources : Dares-Drees-DGAFP-Insee, enquête Conditions de travail 2019.
graphiqueFigure 3 – Intensité et insécurité du travail en 2019
En 2021, les salariés des exploitations de culture ou d’élevage relevant du régime agricole de la Mutualité sociale agricole (MSA) ont été victimes de 12 982 accidents du travail ayant nécessité un arrêt, soit 28 accidents pour 1 000 salariés (contre 30 ‰ pour l’ensemble des salariés) (figure 4). Ce taux est plus élevé dans les élevages spécialisés en gros animaux (45 ‰) ou en petits animaux (40 ‰) et les champignonnières (39 ‰). Le taux d’accidents du travail des chefs d’exploitation est identique à celui des salariés agricoles (28 ‰), avec une fréquence plus élevée dans les exploitations spécialisées en bovins mixte (43 ‰), bovins lait (39 ‰) et bovins viande (38 ‰). Entre 2010 et 2021, le nombre d’accidents du travail avec arrêt diminue régulièrement, chez les exploitants (-38 %) et chez les salariés agricoles des filières culture-élevage (-10 %).
tableauFigure 4 – Nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles
Accidents du travail et maladies professionnelles | 2010 | 2015 | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|---|---|
Chefs d'exploitation¹ | |||||
Accidents du travail avec ou sans arrêt, dont : | 24 853 | 19 556 | 15 219 | 13 777 | 13 584 |
avec arrêt | 19 111 | 15 230 | 13 353 | 12 232 | 11 910 |
Accidents de trajet | 199 | 144 | 148 | 134 | 106 |
Maladies professionnelles avec ou sans arrêt | 1 829 | 1 615 | 1 184 | 895 | 963 |
Salariés agricoles des filières culture-élevage¹ | |||||
Accidents du travail avec arrêt | 14 467 | 13 758 | 13 880 | 12 858 | 12 982 |
Accidents de trajet avec arrêt | 1 015 | 829 | 800 | 662 | 826 |
Maladies professionnelles, dont : | 1 697 | 1 733 | 1 579 | 1 280 | 1 332 |
avec arrêt | 1 373 | 1 333 | 1 385 | 1 103 | 1 194 |
- 1. Affiliés à la MSA limités aux exploitations de culture et d’élevage, aux champignonnières, hors haras-dressage et pisciculture.
- Lecture : En 2021, 12 982 accidents du travail avec arrêt ont été enregistrés chez les salariés agricoles des filières culture-élevage et 11 910 parmi les chefs exploitants.
- Champ : France métropolitaine hors départements du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle, événements ayant donné lieu à un premier versement sur la période.
- Source : Mutualité sociale agricole (MSA).
Les maladies professionnelles reconnues se traduisent dans neuf cas sur dix par des troubles musculosquelettiques, principalement des affections périarticulaires dues à des gestes ou postures, que ce soit pour les salariés ou les chefs d’exploitation. Elles sont plus fréquentes chez les actifs travaillant dans les élevages de petits animaux (volailles, lapins, etc.). Le taux de maladies professionnelles, avec ou sans arrêt, s’établit en 2021 à 2,3 ‰ pour les chefs d’exploitation et 2,7 ‰ pour les salariés agricoles des filières culture-élevage. Le nombre de maladies professionnelles diminue à la fois pour les exploitants et les salariés de cette filière.
Définitions
Un accident du travail est un accident provoqué par le fait ou à l’occasion du travail par un événement ou une série d’événements survenus à des dates certaines.
Une maladie professionnelle est une atteinte à la santé contractée au cours du travail et qui résulte d’une série d’événements à évolution lente auxquels on ne saurait assigner une origine et une date certaine. Ses symptômes apparaissent après une période de latence.
Un trouble musculosquelettique est un ensemble de pathologies affectant les tissus mous (muscles, tendons, nerfs) présents au voisinage des articulations des membres et du dos. Elles se traduisent par des symptômes douloureux et par une capacité fonctionnelle réduite. Ces affections touchent le poignet, l’épaule, le coude, le rachis ou les membres inférieurs (genoux, pieds).
Pour en savoir plus
«Ouvrir dans un nouvel onglet Quelles étaient les conditions de travail en 2019, avant la crise sanitaire ? », Dares Analyses n° 44, août 2021.
«Ouvrir dans un nouvel onglet Quelles conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail et les risques psycho-sociaux ? », Dares Analyses n° 28, mai 2021.