L’épargne des ménages au sommet Note de conjoncture - juin 2025
Éclairage – Les principales économies mondiales seraient affectées par la hausse des droits de douane américains au-delà du simple canal commercial
Depuis janvier 2025, l’établissement de barrières tarifaires sur les importations des États-Unis a déstabilisé le commerce mondial. Ainsi, les différentes mesures prises (droits de douane universels de 10 %, 30 % sur les produits chinois, 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines, 25 % sur certains produits comme les automobiles et 50 % sur l’acier et l’aluminium) ont porté le taux effectif moyen des droits de douane américains à un niveau historiquement très élevé.
Pour les entreprises et les consommateurs américains, les droits de douane se traduisent par une forte hausse des prix des produits importés et donc une perte de pouvoir d’achat et de marges, entraînant une diminution des importations américaines. Le premier canal de diffusion de ces mesures aux différentes économies mondiales est donc le canal commercial : dans le reste du monde, l’instauration de tarifs douaniers est susceptible d’amputer la production des secteurs exportateurs aux États-Unis. En Allemagne, le principal secteur concerné serait l’automobile, en Chine, le textile et pour la France, la fabrication de matériels de transport, de boissons et de produits alimentaires. Les départements français les plus exposés correspondraient aux zones géographiques spécialisées dans l’aéronautique (Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Seine-et-Marne), dans la construction navale (Loire-Atlantique) et dans les vins et spiritueux (champagne dans la Marne, cognac en Charente).
L’impact du choc commercial serait limité dans un premier temps aux branches industrielles, puis se diffuserait de proche en proche à l’ensemble de l’appareil productif, jusqu’au secteur tertiaire. Ces effets commerciaux complets peuvent être quantifiés à l’aide d’une analyse fondée sur un tableau international des entrées-sorties (TIES) : au total, via les canaux commerciaux, l’Allemagne et la Chine seraient davantage exposées à la hausse des droits de douane américains (à hauteur respectivement de -0,2 et -0,3 point de PIB) que la France (-0,1 point). Le choc serait toutefois très important pour certains secteurs : pour l’industrie automobile allemande, la perte de valeur ajoutée atteindrait 1,3 point. Ces effets sont toutefois des effets de moyen terme une fois l’ensemble des ajustements réalisés.
Outre le canal commercial, les annonces de la nouvelle administration américaine ont entraîné une vague de réactions affectant l’ensemble de l’économie mondiale : chute du prix du pétrole, décrochage des valeurs boursières mondiales, tensions sur les marchés obligataires, dépréciation du dollar vis-à-vis de l’euro et hausse de l’incertitude économique. À court terme, l'incertitude causée par les annonces américaines peut induire des comportements d'anticipation, tels que des importations de précaution, générant des effets temporaires mais volatils sur les échanges. La prise en compte de l’ensemble de ces phénomènes, allant au-delà du simple canal commercial, nécessite l’utilisation d’un modèle économique international complet. En l’absence de riposte des partenaires, les simulations réalisées à l’aide du modèle d’Oxford Economics estiment un effet de l’ordre de -0,1 point de PIB pour la France et l’Allemagne en 2025, et un peu plus élevé pour la Chine (-0,2 point). L’effet s’amplifierait en 2026 plus nettement pour l’Allemagne et la Chine (-0,7 point) que pour la France (-0,4 point). La mise en place de mesures de riposte par les économies partenaires des États-Unis aggraverait le choc pour l’ensemble des économies mondiales. Ces estimations ne tiennent toutefois pas compte de potentielles mesures de nature non tarifaire, comme d’éventuelles restrictions quantitatives sur des intrants (par exemple, les métaux de terres rares en Chine)...
Note de conjoncture
Paru le :18/06/2025