En France, selon les données du recensement de la population qui permettent une analyse détaillée de la spécialisation des immigrés, les immigrés occupent environ un emploi sur dix, mais ils ne sont pas également répartis dans les familles professionnelles. Ils se retrouvent plus souvent dans les professions les moins qualifiées, ce que l’on peut objectiver en proposant une échelle des qualifications des familles professionnelles (FAP). En effet, les professions diffèrent notamment par le niveau des diplômes des personnes qui les occupent. Chaque famille professionnelle est ici classée en utilisant le niveau moyen de diplôme atteint par les travailleurs non immigrés de cette profession (encadré) : les FAP les moins qualifiées sont alors définies comme étant celles des personnes non immigrées les moins diplômées.

En 2019, la moitié des personnes en emploi immigrées (49 %) sont dans une profession du tiers inférieur de l’échelle des qualifications : elles sont notamment surreprésentées dans les FAP les moins qualifiées comme celles du bâtiment et travaux publics (BTP) ou des services aux particuliers et aux collectivités. La part des immigrés dans l’emploi d’une profession est fortement corrélée au niveau de qualification de celle-ci : il n’y a ni FAP du bas de l’échelle où les immigrés soient sous-représentés ni, à l’opposé, de FAP du haut de l’échelle où les immigrés soient nettement surreprésentés. Au total, le niveau de qualification moyen des professions des travailleurs immigrés pris dans leur ensemble est plus faible (indice de 0,41 en 2019 sur une échelle de 0 à 1, classant les FAP des moins qualifiées au plus qualifiées) que celui des non-immigrés (0,50) (figure 1).

Cet écart entre les niveaux moyens de qualification des professions reflète en premier lieu des différences de diplôme : 47 % des immigrés en emploi ont un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat, contre 36 % des non-immigrés. Pour déterminer la contribution des diplômes au moindre niveau de qualification moyen des professions des immigrés, un niveau de qualification « attendu » compte tenu de leurs diplômes peut être estimé (encadré). En moyenne pour l’ensemble des immigrés, ce niveau « attendu » est de 0,47, supérieur à celui des familles professionnelles effectivement occupées (0,41). La différence, de 0,06, représente une « décote » de leur diplôme : en moyenne, les immigrés ont un niveau de diplôme plus élevé que les non-immigrés occupant la même profession. Cette décote peut provenir d’une forme de discrimination à l’embauche des personnes immigrées, mais aussi d’autres facteurs : non-reconnaissance de diplômes obtenus à l’étranger, barrière de la langue, etc.

Les natifs du Portugal et de la Turquie cumulent un faible niveau moyen de diplôme (moins de trois sur dix ont au moins le niveau du bac) et une nette décote de leur diplôme (0,07 et 0,09). Les travailleurs immigrés originaires d’Afrique présentent la caractéristique commune d’une forte décote de leur diplôme, alors que leur niveau de diplôme moyen est nettement plus proche de la moyenne des immigrés. À l’opposé, les immigrés originaires des pays à niveau de vie plus élevé (Europe de l’Ouest et du Nord, d’Espagne et Italie, d’Amérique du Nord et Moyen-Orient hors Turquie), qui regroupent 17 % des immigrés, ont le plus souvent un niveau moyen de diplôme supérieur à celui des non-immigrés et une décote nulle ou très faible.

En dehors de ces pays à niveau de vie élevé, la décote est toujours plus élevée pour les diplômes obtenus à l’étranger (0,15 en moyenne) que pour ceux obtenus en France (0,05). Cette différence pourrait résulter d’une méconnaissance ou non-reconnaissance de ces diplômes étrangers, ou bien d’une moindre maitrise du français des immigrés diplômés à l’étranger : Bechichi et al. (2016) montrent que le sentiment d’être surdiplômé par rapport à l’emploi occupé est plus important parmi les immigrés maitrisant mal le français.

Cette plus forte décote des diplômes étrangers explique la décote que subissent les diplômes des natifs d’Europe de l’Est dans leur ensemble (décote de 0,10) : ils sont globalement plus diplômés que les non-immigrés, mais plus souvent avec un diplôme obtenu à l’étranger. Les diplômes obtenus à l’étranger par les natifs d’Europe de l’Est ne subissent pas plus de décote que ceux des natifs du Portugal ou du Maghreb, mais comme ils sont proportionnellement plus nombreux à être diplômés, la décote totale moyenne est plus forte. Ainsi, être en moyenne plus diplômé que les non-immigrés ne garantit pas d’être mieux placé dans l’échelle des qualifications : une décote élevée peut contrarier cet avantage. C’est aussi le cas des immigrés natifs d’Amérique Latine (décote de 0,07) et de certaines régions d’Asie (0,10), dont l’Indonésie ; ils représentent, avec les Européens de l’Est, 13 % de l’emploi immigré.

La répartition des travailleurs immigrés selon le niveau de diplôme se rapproche de celle des non-immigrés : la part des personnes sans diplôme parmi les immigrés en emploi a baissé de 23 points entre 1990 et 2019, davantage que pour les non-immigrés (10 points). De surcroît, la décote des diplômes des immigrés a diminué (figure 2). Ces évolutions, qui accompagnent la hausse du niveau de qualification des métiers occupés par les immigrés, ne sont pas uniformes selon les origines. Les travailleurs immigrés natifs du Portugal ou de Turquie ont en moyenne un faible niveau de diplôme en 2019 comme en 1990, et l’amélioration de leur situation sur l’échelle des qualifications est due uniquement à une nette baisse de la décote de leur diplôme. En revanche le niveau de diplôme des travailleurs originaires d’Espagne et d’Italie a rattrapé celui des non-immigrés.

La population originaire de l’Europe de l’Est s’est fortement renouvelée : elle est en forte croissance et c’est la seule origine pour laquelle les immigrés sont plus jeunes en 2019 que ne l’étaient les immigrés en 1990. Mais en trente ans, le niveau de diplôme moyen de ces immigrés n’a pas augmenté autant que celui des non-immigrés et, plus jeunes, ils subissent davantage de décote que leurs prédécesseurs.

Selon les données des enquêtes Emploi qui, même cumulées sur cinq ans comme ici, ne permettent pas une analyse aussi détaillée que celles du recensement de la population, mais qui permettent de distinguer les descendants d’immigrés, les descendants de deux parents immigrés sont en moyenne plus diplômés que les immigrés, mais moins que les descendants d’un seul parent immigré (couples mixtes), dont le niveau moyen de diplôme est proche de celui des personnes sans ascendance migratoire directe.

Parmi les descendants, la décote des diplômes (figure 3) s’avère faible ou quasi nulle pour les descendants de couples mixtes, faible pour les descendants d’immigrés, sauf pour ceux dont les parents sont originaires d’Afrique et de Turquie [Ouvrir dans un nouvel ongletBeauchemin et al., 2022]. Les descendants d’immigrés n’ont pas les difficultés qu’ont les immigrés, liées à la maîtrise de la langue, à la reconnaissance des diplômes étrangers ou au statut administratif, et la décote doit s’expliquer autrement. Elle peut relever pour partie de discriminations liées à l’origine migratoire [Arnoult, 2023] mais elle peut dépendre d’autres caractéristiques, liées à l’origine sociale notamment. Par ailleurs, elle se cumule avec un accès à l’emploi plus faible, à caractéristiques données, pour les descendants d’immigrés africains [Athari et al., 2019].

Les professions des immigrés varient fortement selon leur origine migratoire ; le niveau de diplôme et une éventuelle décote ne suffisent pas à expliquer la diversité des situations. Ainsi, les immigrés d’origine turque sont surreprésentés dans les métiers du bâtiment et des travaux publics (BTP), alors que ceux d’origine africaine sont surreprésentés dans les métiers des services aux particuliers et aux collectivités : or les niveaux de qualification de ces familles professionnelles sont proches et ne peuvent donc expliquer ces différences de spécialisation entre FAP peu qualifiées. Autre exemple, 71 % des immigrés originaires de Chine occupent des métiers de l’hôtellerie-restauration, part bien plus importante que pour toutes les autres origines, illustrant une hyperspécialisation dans cette famille professionnelle.

Pour apprécier dans quelle mesure l’échelle des qualifications explique l’intensité de la spécialisation (de la concentration) des personnes originaires d’un pays dans les différentes familles professionnelles, cette dernière est mesurée, en mobilisant les indices de Gini. Dans cette intensité, on peut distinguer la composante liée à l’échelle des qualifications (encadré), (figure 4). En moyenne pour l’ensemble des immigrés, l’échelle des qualifications explique ainsi un peu plus de la moitié (61 %) de l’intensité de spécialisation dans les différentes familles professionnelles. Autrement dit, la répartition des immigrés selon les professions s’explique pour un peu plus de la moitié par le niveau de qualification de leur emploi, lui-même reflet de leur diplôme d’une part, et de l’éventuelle décote de leur diplôme d’autre part.

Parmi les différents pays ou groupes de pays, les immigrés du Portugal en emploi se distinguent par une spécialisation intense (un indice de Gini élevé au regard de celui des autres immigrés) et une composante « qualification » qui explique une très grande partie de cette spécialisation (86 %), surtout du fait du faible niveau moyen de diplôme. Les natifs de Turquie ont un profil proche : le niveau moyen de leur qualification explique 79 % de l’intensité de leur spécialisation.

À l’opposé, l’intensité de spécialisation élevée des travailleurs originaires d’Asie hors Moyen-Orient, s’explique peu par l’échelle de qualifications. Notamment, ceux originaires de Chine ont une intensité de spécialisation très élevée dans l’hôtellerie-restauration, mais qui ne s’explique que faiblement par l’échelle de qualifications (7 %).

Pour les travailleurs immigrés d’Europe de l’Est, la spécialisation est proche de la moyenne de l’ensemble des immigrés et la composante « qualification » plus faible (le niveau de diplôme plus élevé que celui des non-immigrés et, a contrario, une forte décote, jouant en sens opposés).

L’intensité de la spécialisation des immigrés a nettement baissé entre 1990 et 2019, l’indice de Gini passant de 0,52 à 0,41 (figure 4), (figure 5). Cette baisse résulte essentiellement de l’évolution de leur qualification, du fait d’une part du rattrapage du niveau de diplôme et d’autre part de la diminution de la décote. Elle est toutefois inférieure (-0,11) à celle attendue du seul fait des qualifications (-0,13) : il y a trente ans, la spécialisation des emplois des immigrés s’expliquait davantage par une différence de qualification. La baisse de l’intensité de spécialisation des travailleurs immigrés concerne toutes les origines.

D’autres facteurs que le niveau de qualification sont généralement avancés pour expliquer la spécialisation des immigrés dans certaines professions. Elle pourrait notamment provenir d’un recours accru à des immigrés dans des professions en tension sur le marché du travail (comme pour les ingénieurs de l’informatique). Toutefois, le degré moyen de tension des métiers où les immigrés sont surreprésentés n’est pas supérieur à la moyenne [Ouvrir dans un nouvel ongletDesjonquères et al., 2021]. Les conditions de travail contraignantes sont mieux corrélées à la surreprésentation des immigrés, mais elles sont aussi très corrélées à l’échelle des qualifications. Par ailleurs, les immigrés sont sous-représentés dans les FAP où des contraintes juridiques de nationalité sont posées, mais il s’agit d’une minorité de professions. Enfin, la spécialisation de certaines origines dans des familles professionnelles peut résulter d’une logique de filière d’intégration (par exemple, pour les Chinois originaires du Wenzhou [Ouvrir dans un nouvel ongletZhipeng, 2018]).

Un immigré originaire de Roumanie salarié dans un établissement d’au moins quatre salariés a, en moyenne, 30 % de collègues de même origine dans son établissement. Si l’ensemble des salariés d’origine roumaine étaient répartis aléatoirement dans ces établissements, cette probabilité ne serait que de 0,3 %, soit un rapport de 1 à 100. L’ampleur de ce rapport tient pour partie à la spécialisation professionnelle des immigrés roumains, qui a pour corollaire une plus forte probabilité de trouver des travailleurs roumains dans le secteur du bâtiment et les établissements de petite taille ; mais même en se limitant, par exemple, aux 13 000 établissements du BTP de 5 salariés, où ils représentent 2,5 % des salariés, la probabilité de trouver des collègues de même origine est encore 30 fois plus importante qu’une répartition aléatoire.

Ce rapport reflète une logique de filière : les immigrés auraient recours à des compatriotes pour accéder à l’emploi. Ce rapport diminuerait encore si on tenait compte du lieu de résidence [Ouvrir dans un nouvel ongletCarrington et al., 1998], mais le lieu d’installation peut aussi obéir à une logique de filière.

Même en neutralisant la répartition par secteur et taille d’entreprise spécifique à chaque origine, la part de collègues de même origine est bien plus élevée que s’ils étaient répartis aléatoirement, pour les immigrés originaires de nombre de pays d’Asie (Chine, Japon, Pakistan, Thaïlande, Turquie) et d’Europe de l’Est (Roumanie, Moldavie, Pologne, Hongrie, Bulgarie). En revanche, le surplus par rapport à une répartition aléatoire est faible pour les immigrés originaires du Maghreb, d’Europe occidentale et encore plus faible pour ceux originaires d’Afrique subsaharienne.

Le regroupement des emplois dans les mêmes établissements est le plus fort pour les immigrés originaires de Chine, avec aussi une très forte spécialisation de leur métier qui n’est pas expliquée par le niveau de qualification (figure 6). La part de collègues de même origine est dans l’ensemble assez corrélée à la composante de la spécialisation non expliquée par la qualification (corrélation de 38 %). Des différences selon l’origine s’observent aussi dans le mode d’obtention de son emploi : par exemple, les immigrés d’origine turque déclarent plus souvent avoir utilisé leurs relations pour le trouver, que ceux originaires du Maghreb [Athari et al., 2019].

En étendant l’origine aux pays géographiquement voisins, la part de collègues de même origine augmente significativement. Par exemple, les natifs d’Afghanistan ont en moyenne 9 % de collègues natifs d’Afghanistan et 12 % de collègues natifs de leur pays ou du Pakistan. C’est le même constat pour le Cambodge avec le Vietnam, la Roumanie avec la Moldavie, le Sénégal avec la Mauritanie. Cela se traduit par le fait que les profils de spécialisation des travailleurs immigrés sont proches quand les travailleurs sont originaires de pays proches géographiquement et culturellement.

Cette logique de proximité permet de décrire les spécialisations par grande zone géographique. Pour les immigrés pris dans leur ensemble, trois familles professionnelles sont particulièrement surreprésentées : les employés de maison, les agents de gardiennage et de sécurité, et, dans le BTP, les ouvriers non qualifiés du gros œuvre. Les immigrés originaires d’Algérie, du Maroc et de nombreux pays d’Afrique, notamment sahélienne, sont surreprésentés dans les FAP d’employés de maison, d’agents de gardiennage et parmi les agents d’entretien. Les originaires d’Afrique guinéenne et centrale sont aussi surreprésentés dans ces deux premiers groupes, mais sont aussi spécialisés dans le métier d’aide-soignant. De leur côté, les travailleurs natifs du Portugal, de la Pologne et des pays des Balkans sont spécialisés à la fois dans les services aux particuliers et aux collectivités, et dans le BTP. Ceux originaires de la Méditerranée orientale (Tunisie, Égypte, Syrie, Irak) et de la mer Noire (Turquie, Bulgarie, Roumanie) sont surtout spécialisés dans le BTP. Les travailleurs immigrés de pays asiatiques, sont davantage spécialisés dans l’hôtellerie‑restauration et, dans une moindre mesure, dans l’industrie textile.

Depuis trente ans, la part des femmes dans l’emploi immigré augmente et se rapproche de celle de leurs homologues parmi les non-immigrés : l’écart était de 11 points en 1990 et n’est plus que de 4 points en 2019. Ce rattrapage induit mécaniquement une baisse de la surreprésentation des travailleurs immigrés dans le BTP et parmi les ouvriers non qualifiés (métiers très souvent occupés par des hommes) et une hausse de leur part dans les services aux particuliers et aux collectivités (métiers souvent occupés par des femmes). Globalement, ces effets liés au genre, cumulés au rapprochement du niveau des diplômes, suffisent à rendre assez bien compte des changements dans la répartition des immigrés dans les différentes familles professionnelles, hormis pour les métiers de l’hôtellerie-restauration, dont la part a augmenté de 1,0 point (à 6,3% en 2019) alors qu’elle est restée stable à 3,1% dans l’emploi non-immigré.

Ces évolutions globales ne sont pas les mêmes pour les différentes origines. Les immigrés d’Espagne, d’Italie et du Maghreb ont perdu leur spécialisation en BTP (figure 7). En revanche, les immigrés de pays d’Europe de l’Est, et plus particulièrement de Roumanie et de Bulgarie, se sont fortement spécialisés dans le BTP, et les natifs de Turquie ont renforcé leur spécialisation dans ces professions, déjà élevée en 1990.

Les descendants de deux parents immigrés ont globalement une spécialisation moins intense que les immigrés de même origine en 2019. Seules trois origines gardent, pour les descendants, une intensité de spécialisation d’au moins 0,40 : l’Afrique subsaharienne (0,40), l’Asie du Sud-Est (0,44) et la Turquie (0,50). Pour les enfants de couples mixtes, aucune population n’atteint ce seuil.

Les trois familles professionnelles dans lesquelles les descendants d’immigrés sont le plus spécialisés sont le gardiennage (notamment pour les descendants d’immigrés algériens et d’Afrique subsaharienne), les ouvriers qualifiés de l’électricité (Espagne, Maroc) et les employés de banque (Maroc, Portugal). Toutefois, il y a plus d’hétérogénéité parmi eux que parmi les immigrés. Par exemple, aucune des cinq familles professionnelles où les descendants d’origine algérienne sont les plus spécialisés ne se retrouve dans celles où les descendants d’origine marocaine sont les plus spécialisés, alors que pour les immigrés eux-mêmes, ceux originaires du Maroc et ceux originaires d’Algérie sont spécialisés dans trois familles professionnelles communes sur cinq.

Plus diplômés et avec une part de femmes en emploi plus élevée, les descendants d’immigrés sont moins présents dans les domaines de spécialisation peu qualifiés de leurs ascendants : la part des trois domaines (BTP, services aux particuliers et hôtellerie-restauration) dans l’emploi des descendants de couples mixtes est de 19,4 %, soit seulement 0,7 point au-dessus de celle des non-immigrés (18,7 %) ; l’écart est de 2,4 points pour les descendants de deux parents de même origine, et de 21,8 points pour les immigrés. Toutefois, la part de la spécialisation qui ne s’explique pas par ces effets (« la spécificité » (encadré)) reste élevée dans certaines FAP, comme celle des ouvriers non qualifiés de l’industrie et des transports. Les descendants d’immigrés turcs ou marocains gardent une spécificité dans cette famille professionnelle qui est proche de celle des immigrés de la génération de leurs parents (observés en 1994), et bien plus forte que celle des immigrés de même origine en 2019 (figure 8).

En revanche, les descendants d’immigrés originaires du Portugal ont une nette spécificité dans les FAP du BTP en 2019, mais celle-ci est moins intense que pour les immigrés de même origine en 1994 ou en 2019. De même, ceux qui descendent d’immigrés originaires du Vietnam, du Cambodge et du Laos gardent la spécificité dans les FAP de l’hôtellerie-restauration qu’avait la génération de leurs parents, mais de façon moins intense, et moins intense également que celle des immigrés de même origine en 2019.

Le recensement de la population (RP) est la principale source mobilisée dans cette étude pour décrire la spécialisation des immigrés par pays d’origine : recensements de la population de 1990, 1999, 2009 et 2019.

Les descendants d’immigrés, non repérables dans le RP, sont distingués à partir de l’enquête Emploi en continu (EEC). L’EEC est aussi mobilisée pour le repérage des diplômes obtenus à l’étranger. Le plus faible nombre d’observations disponibles dans l’EEC conduit à l’utilisation de nomenclatures des pays et régions d’origine plus agrégées.

Cette étude nécessite parfois un regroupement de FAP. Les FAP « qualifiées » (Q) sont, dans cette étude, celles placées au-dessus de 0,45 dans l’échelle des qualifications (par exemple, les formateurs, W1). Parmi les autres, on distingue quatre domaines de spécialisation des immigrés :

Le solde des FAP peu « qualifiées » (par exemple les vendeurs, R1) est placé dans le domaine « NQ ».

À noter que la nomenclature FAP en deux positions n’isole pas les salariés agricoles, dont la part est par ailleurs minorée dans le RP, car limitée à la situation en début d’année.

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