Insee Conjoncture BretagneBilan économique 2015 - Bretagne

Les perspectives encourageantes observées début 2015 se sont confirmées. L'emploi redémarre en Bretagne et les indicateurs conjoncturels pour la démographie d'entreprises, la construction et le tourisme sont mieux orientés qu'en moyenne nationale. Toutefois, quelques points noirs subsistent avec des secteurs d'activité toujours en difficulté face à l'emploi, une demande d'emploi qui a continué de croître et une crise agricole qui s'est poursuivie.

Insee Conjoncture Bretagne
Paru le :Paru le31/05/2016
Linda Deschamps, Draaf et Valérie Molina, Insee
Insee Conjoncture Bretagne- Mai 2016
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Agriculture : un climat de crise

Linda Deschamps, Draaf et Valérie Molina, Insee

L’année 2015 est marquée par des tensions dans la plupart des secteurs de l’élevage en France. La Bretagne est particulièrement touchée. Dans un contexte de production en hausse à tous les niveaux géographiques, le prix du porc chute. De même, celui du lait fléchit face à une production européenne libérée des quotas. Les prix des bovins baissent pour la deuxième année consécutive. La conjoncture avicole est en revanche plus favorable, sauf en dindes. Point positif, le coût de l’aliment est inférieur à celui des années passées.

Insee Conjoncture Bretagne

No 10

Paru le :31/05/2016

Céréales : récoltes satisfaisantes

En 2015, la production céréalière bretonne est en repli de 5 % après une année 2014 très satisfaisante. Elle se situe toutefois au-dessus de la moyenne 2010-2014. La production de maïs grain fléchit, alors que celle des seules céréales à paille se stabilise (figure 1).

Figure 1Les principales productions en 2015

Les principales productions en 2015
Bretagne Part Bretagne / France en 2015 (en %)
2014 2015 Évolution 2015/2014 (en %)
Productions végétales (tonnes)
Blé 2 266 221 2 290 038 1,1 6
Maïs grain 1 320 494 1 073 787 – 18,7 8
Orge 569 647 603 655 6,0 5
Triticale 297 667 246 620 – 17,1 12
Autres céréales 91 126 84 398 – 7,4 3
Oléagineux 134 489 127 080 – 5,5 2
Maïs fourrage 4 610 548 4 367 995 – 5,3 25
Choux-fleurs 249 607 265 130 6,2 83
Tomates 212 202 218 267 2,9 29
Lait (millions de litres)
Livraisons à l'industrie 5 403 5 405 0,1 22
Activité dans les abattoirs (tonnes)
Bovins - 12 mois 65 512 66 852 2,0 32
Gros bovins 257 607 258 609 0,4 21
Porcs 1 107 901 1 149 159 3,7 58
Gallus 352 043 374 814 6,5 34
Dindes 149 598 142 285 – 4,9 42
Production d'œufs des élevages professionnels (milliers)
Œufs de consommation 6 005 280 6 055 120 0,8 44
  • Source : Agreste, Draaf Bretagne - Statistique agricole annuelle (2014 definitive, 2015 provisoire), Enquêtes auprès des laiteries, Enquête auprès des abattoirs

La sole céréalière globale recule de 2 % en un an, au profit du maïs fourrage.

Les rendements des céréales à paille sont comparables à ceux de 2014 alors que celui du maïs grain faiblit de 12 % en un an.

La sole en oléagineux est également en retrait (37 800 ha). Les rendements baissent légèrement. La production perd 6 % comparée à l’an passé.

En 2015, avec 6 700 ha, les surfaces en protéagineux augmentent pour la deuxième année consécutive.

Au 31 décembre, le prix de base des céréales récoltées en 2015 dépasse celui de 2014 de plus de 10 % pour le blé, l’orge, le triticale et le maïs (figure 2).

Figure 2Le prix des céréales en Bretagne

Le prix des céréales en Bretagne
Blé tendre Maïs grain
2010 186,13 173,22
2011 181,13 155,05
2012 208,07 175,24
2013 169,3 128,58
2014 144,28 102,64
2015 150,52 106,42
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer

Figure 2Le prix des céréales en Bretagneen €/tonne

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer

Pas de sortie de crise pour la filière porcine

Après trois années de baisse, le volume de porcs charcutiers abattus dans la région augmente de 3,5 %. Le volume 2015 s’élève à 1,12 million de tonnes pour 13,6 millions de têtes. Les exportations diminuent globalement de 6 %.

Les cotations porcines sont les plus basses depuis 2010. Le prix de base du porc charcutier à Plérin s’établit à 1,24 €/kg en moyenne annuelle 2015. Il perd 7,3 % en un an (figures 3 et 4). Durant l’année, Cooperl et Bigard Socopa se retirent du marché du porc breton en raison du différentiel entre les cours allemand et néerlandais et le cours français entraînant des perturbations dans les cotations. Le prix de 1,40 €/kg ne peut être maintenu et le prix plancher de 1,07 €/kg est atteint en décembre.

Figure 3Prix des produits animaux

Prix des produits animaux
2014 2015
Porc charcutier -9,31446335 -7,30127644
Lait 6,41242938 -15,4234139
Vache de réforme -11,1379414 -2,92119565
Veau -1,21808777 -6,48648649
Poulet standard Bgne Ippap -6,85137947 -1,98451679
Œuf de consommation (France) 3,2463092 5,58085643
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer - Marché au cadran de Plérin

Figure 3Prix des produits animauxVariations annuelles en %

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer - Marché au cadran de Plérin

Figure 4Prix du porc au cadran de Plérin

en €/kg
Prix du porc au cadran de Plérin (en €/kg)
Série brute Moyenne mobile sur 12 mois
2010-01 1,04342977 1,12751191
2010-02 1,09930011 1,12115274
2010-03 1,0922732 1,12147781
2010-04 1,1057988 1,12272087
2010-05 1,18630768 1,130363
2010-06 1,24682694 1,13709592
2010-07 1,21707296 1,14570858
2010-08 1,22304955 1,15525609
2010-09 1,18348305 1,16698109
2010-10 1,11693505 1,18395832
2010-11 1,10598009 1,20930842
2010-12 1,12804571 1,22544944
2011-01 1,158 1,22896387
2011-02 1,24 1,23529112
2011-03 1,296 1,24062032
2011-04 1,41 1,2484134
2011-05 1,38 1,26833548
2011-06 1,289 1,29308714
2011-07 1,293 1,30991667
2011-08 1,287 1,31871152
2011-09 1,277 1,33519847
2011-10 1,356 1,34234854
2011-11 1,403 1,33614356
2011-12 1,33 1,33186738
2012-01 1,26353827 1,34480437
2012-02 1,43784342 1,35888628
2012-03 1,38180077 1,38321399
2012-04 1,33554027 1,42102781
2012-05 1,32868581 1,44059108
2012-06 1,44424395 1,44872521
2012-07 1,46198283 1,4551588
2012-08 1,57893252 1,46534061
2012-09 1,73076584 1,46323729
2012-10 1,59075925 1,47053556
2012-11 1,50060962 1,47698538
2012-12 1,40720301 1,48047298
2013-01 1,38572004 1,48530396
2013-02 1,41260361 1,49540528
2013-03 1,46937997 1,50193567
2013-04 1,41293809 1,49570569
2013-05 1,37053697 1,48522977
2013-06 1,50221572 1,47460717
2013-07 1,58319874 1,47001924
2013-08 1,65729713 1,46531002
2013-09 1,65600617 1,45248425
2013-10 1,46504817 1,44112482
2013-11 1,37313839 1,44927294
2013-12 1,35214788 1,45375773
2014-01 1,32920943 1,45052894
2014-02 1,2586943 1,44093212
2014-03 1,33306683 1,42104392
2014-04 1,51071552 1,39368242
2014-05 1,42435441 1,3701638
2014-06 1,46347032 1,35250331
2014-07 1,46803688 1,33309484
2014-08 1,41863871 1,31364794
2014-09 1,32766821 1,30450992
2014-10 1,18282466 1,29557442
2014-11 1,16121261 1,27350257
2014-12 1,11924616 1,25716867
2015-01 1,0958466 1,24462724
2015-02 1,14903808 1,23667034
2015-03 1,22584092 1,23453006
2015-04 1,24585327 1,23718703
2015-05 1,22834764 1,24703498
2015-06 1,31297319 1,23993393
2015-07 1,37255403 1,2357619
2015-08 1,39295539
2015-09 1,35955187
2015-10 1,301
2015-11 1,07599998
2015-12 1,06918182
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer - Marché au cadran de Plérin

Figure 4Prix du porc au cadran de Plérin

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne- FranceAgriMer - Marché au cadran de Plérin

Le coût de l’aliment en 2015, inférieur à celui de 2014 (figure 5), ne compense pas le recul du prix du porc sur l’année. Le prix de l’aliment industriel pour porcs à l’engrais perd 4,8 % en un an.

Figure 5Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPA

Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPA
Aliments pour porcins Aliments pour volaille Aliments pour gros bovins Aliments pour veaux
2010 100 100 100 100
2011 126,5 117,4 113,8 112,9
2012 134 124 125 114,8
2013 139,9 129,2 134,3 123,7
2014 123,6 117,3 126,1 121,6
2015 118,2 113,8 122,9 109,5
  • Source : Agreste, Draaf Bretagne - Insee

Figure 5Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPABase 100 en 2010

  • Source : Agreste, Draaf Bretagne - Insee

Une conjoncture positive en poulets et en œufs de consommation

Le volume de poulets abattus en 2015 est supérieur de 7 % au niveau 2014. Après la suppression des aides à l’exportation en juillet 2013, le secteur export de poulets entiers congelés se porte mieux en 2015. Tilly-Sabco Bretagne reprend en partie son activité en mars. L’apparition de cas de grippe aviaire dans le sud-ouest de la France provoque la fermeture de frontières. Les vides sanitaires s’allongent dans les élevages produisant du poulet destiné à l'export.

Après un léger mieux en 2014, la situation de la filière dinde se dégrade encore. Les abattages perdent 4,9 % en un an. Les exportations françaises diminuent tandis que la consommation nationale faiblit depuis 2012. Les cours moyens à la production du poulet standard et de la dinde reculent de 3 % en France en 2015 et s’affichent respectivement à 0,87 et 1,16 €/kg vif.

En 2015, la production d’œufs de consommation est aussi élevée que celle des deux années passées. Le cours moyen à la production augmente de 5,6 %.

Les prix des bovins baissent encore

Comparés à 2014, les abattages de gros bovins en 2015 sont quasi stables. L’impact de la baisse du prix du lait sur les abattages de vaches laitières semble peu visible. Les exportations nationales de bovins s’améliorent et la consommation de bovins se stabilise. En 2015, les prix annuels des gros bovins reculent à nouveau. Celui de la vache laitière P du bassin Grand Ouest diminue de 2,9 % à 2,86 €/kg. Le coût de l’aliment pour gros bovins se réduit également par rapport à 2014, mais reste supérieur de 3 % à la moyenne 2010-2014.

Le volume de veaux de boucherie abattus s’accroît en 2015 pour la première fois depuis 2005 : + 2 %. L'évolution est toutefois négative en nombre de têtes. Le prix du veau perd 6,5 % en un an, pour atteindre 5,5 €/kg en moyenne annuelle pour le bassin Nord.

Retour à une conjoncture difficile en lait

Après une année 2014 favorable aux éleveurs laitiers, la conjoncture se dégrade en 2015 dans un contexte de fin des quotas et d’offre mondiale en hausse face à une demande en repli. Les livraisons de lait des producteurs bretons, stables par rapport à 2014, excèdent de 5,2 % la moyenne 2010-2014 (figure 6). Le prix du lait payé aux producteurs bretons fléchit de 15,5 % en un an pour atteindre 318,6 €/1 000 l en moyenne annuelle. Malgré la baisse du coût de l’aliment entre mai et décembre, beaucoup d‘éleveurs ne couvrent pas leurs coûts de production.

Figure 6Prix et livraisons de lait en Bretagne

Prix et livraisons de lait en Bretagne
Prix moyen à la production Livraisons
2010 100 100
2011 108,454483 105,179385
2012 104,115508 103,672447
2013 112,842229 104,354273
2014 119,976482 110,450368
2015 101,472013 110,129166
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Enquête mensuelle auprès des laiteries

Figure 6Prix et livraisons de lait en BretagneIndice 100 en 2010

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Enquête mensuelle auprès des laiteries

Légumes de plein champ : bonne année pour les tomates, crise à l’automne pour les choux-fleurs

En 2015, le prix du chou-fleur est très inférieur à la moyenne quinquennale, et la surproduction à l’automne provoque une mévente record.

Le bilan est positif pour les tomates, dont l'offre et le prix annuels dépassent les moyennes quinquennales. L’évolution est inverse pour les artichauts. La situation est également difficile au premier semestre pour les poireaux, les endives et les échalotes.

La saison est plutôt correcte pour les pommes de terre primeurs.