Les revenus et le patrimoine des ménages Édition 2024
Cet ouvrage rassemble les principaux indicateurs ainsi que des analyses sur les inégalités monétaires, la pauvreté et le patrimoine des ménages.
Niveau de vie et pauvreté par catégorie de communes
Insee Références
Paru le :17/10/2024
Au niveau local, les statistiques sur la pauvreté et les niveaux de vie sont calculées à partir du dispositif Filosofi pour disposer de données suffisamment précises. Cette source diffère de la source ERFS qui fait référence pour le calcul des statistiques nationales (sources).
En 2021, la moitié de la population de la France métropolitaine, la Martinique et La Réunion a un niveau de vie annuel supérieur à 23 000 euros et 15,3 % est pauvre d'après le dispositif Fichier localisé fiscal et social (figure 1). Les disparités de niveau de vie et de pauvreté varient selon l’éloignement par rapport au centre de l’aire d’attraction des villes et selon la taille de cette aire.
tableauFigure 1 – Niveau de vie et pauvreté en 2021 selon la catégorie de communes et la taille des aires d’attraction des villes
Territoire | Niveau de vie annuel (en euros) |
Indicateurs d’inégalités et de pauvreté | |||||
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1er décile (D1) |
Médian | 9e décile (D9) |
Rapport interdécile D9/D1 |
Taux de pauvreté (en %) |
Répartition de la population pauvre (en %) |
Intensité de la pauvreté (en %) |
|
Aire de Paris | |||||||
Pôles, dont : | 11 120 | 24 870 | 51 750 | 4,7 | 17,3 | 18,0 | 24,0 |
Commune-centre | 11 240 | 29 730 | 71 610 | 6,4 | 15,6 | 3,1 | 27,5 |
Autres communes en pôle | 11 100 | 24 070 | 47 300 | 4,3 | 17,7 | 14,9 | 23,3 |
Couronnes | 13 950 | 25 600 | 42 890 | 3,1 | 9,8 | 2,5 | 20,2 |
Aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris) | |||||||
Pôles, dont : | 10 860 | 22 730 | 42 780 | 3,9 | 19,4 | 12,5 | 22,4 |
Commune-centre | 10 220 | 22 130 | 43 600 | 4,3 | 22,1 | 7,1 | 23,5 |
Autres communes en pôle | 11 570 | 23 260 | 42 030 | 3,6 | 16,7 | 5,4 | 21,1 |
Couronnes | 14 050 | 25 240 | 43 630 | 3,1 | 9,5 | 6,3 | 19,3 |
Aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants | |||||||
Pôles, dont : | 10 590 | 21 230 | 39 270 | 3,7 | 21,3 | 14,4 | 21,9 |
Commune-centre | 10 150 | 20 630 | 38 970 | 3,8 | 23,6 | 10,3 | 22,5 |
Autres communes en pôle | 11 560 | 22 270 | 39 770 | 3,4 | 17,2 | 4,1 | 20,5 |
Couronnes | 13 390 | 23 820 | 39 640 | 3,0 | 11,2 | 9,3 | 19,3 |
Aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants | |||||||
Pôles, dont : | 10 600 | 20 460 | 36 570 | 3,4 | 22,2 | 10,5 | 21,0 |
Commune-centre | 10 510 | 20 390 | 36 710 | 3,5 | 22,7 | 9,0 | 21,1 |
Autres communes en pôle | 11 140 | 20 840 | 35 890 | 3,2 | 19,7 | 1,5 | 19,9 |
Couronnes | 13 530 | 23 070 | 37 140 | 2,7 | 10,9 | 8,0 | 18,2 |
Aire de moins de 50 000 habitants | |||||||
Pôles, dont : | 11 460 | 21 040 | 35 660 | 3,1 | 18,1 | 7,5 | 19,7 |
Commune-centre | 11 340 | 20 870 | 35 390 | 3,1 | 18,7 | 6,8 | 19,7 |
Autres communes en pôle | 12 440 | 22 110 | 37 370 | 3,0 | 14,2 | 0,8 | 19,2 |
Couronnes | 13 050 | 22 340 | 36 020 | 2,8 | 12,2 | 4,6 | 18,9 |
Pôles, dont : | 10 910 | 22 280 | 43 300 | 4,0 | 19,4 | 62,9 | 22,1 |
Commune-centre | 10 580 | 21 450 | 42 320 | 4,0 | 21,1 | 36,3 | 22,1 |
Autres communes en pôle | 11 320 | 23 270 | 44 220 | 3,9 | 17,4 | 26,6 | 22,0 |
Couronnes | 13 560 | 23 840 | 39 810 | 2,9 | 10,7 | 30,7 | 19,0 |
Communes hors attraction des pôles | 12 220 | 21 700 | 35 870 | 2,9 | 14,9 | 6,4 | 19,7 |
Ensemble | 11 960 | 23 000 | 41 180 | 3,4 | 15,3 | 100,0 | 20,9 |
- Note : Le seuil de pauvreté est calculé à partir du niveau de vie médian métropolitain.
- Lecture : Dans lʼaire d’attraction de Paris, la moitié de la population vivant dans le pôle a un niveau de vie annuel supérieur à 24 870 euros (médiane).
- Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion, personnes appartenant à des ménages fiscaux vivant dans un logement ordinaire dont le revenu disponible est positif ou nul.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021.
Les niveaux de vie médians sont plus faibles dans les pôles que dans les couronnes et, au sein des pôles, plus bas dans les communes‑centres que dans les autres communes, sauf dans l’aire d’attraction de Paris. Pour chacune de ces catégories de communes, ils sont plus élevés dans les plus grandes aires d’attraction. Les niveaux de vie médians sont les plus élevés dans la commune de Paris (29 730 euros).
Les inégalités de niveau de vie augmentent avec la taille de l’aire. Elles sont les plus fortes dans les pôles, en particulier dans les communes‑centres : le 1er décile de niveau de vie y est le plus bas de toutes les catégories de communes. Ainsi, 19,4 % des personnes vivant dans un pôle sont pauvres, contre 10,7 % dans les couronnes. Quelle que soit la taille de l’aire, le taux de pauvreté est bien plus élevé dans le pôle que dans la couronne (jusqu’à deux fois plus dans les aires de plus de 50 000 habitants). La pauvreté est particulièrement élevée dans les communes‑centres, où un habitant sur cinq est pauvre. L’intensité de la pauvreté y est également plus forte que dans les autres catégories de communes. Dans les aires de moins de 50 000 habitants, la population des pôles est moins pauvre que dans les plus grands pôles (sauf Paris) et les différences de taux de pauvreté entre pôles et couronnes y sont moindres.
Les niveaux de vie médians varient sensiblement d’une aire d’attraction à l’autre selon leur localisation. Ils sont les plus élevés dans les aires qui bordent la Suisse, où travaillent de nombreux frontaliers (32 620 euros dans l’aire de Morteau et 32 570 euros dans la partie française de l’aire de Genève ‑ Annemasse) (figure 2). À l’inverse, les niveaux de vie médians les plus faibles sont dans les départements d’outre‑mer et dans les aires de la région Hauts‑de‑France, notamment celles de Bohain‑en‑Vermandois, Bruay‑la‑Buissière, et Fourmies. Les différences sont également notables en matière de pauvreté. Le taux de pauvreté est inférieur à 6 % dans les aires de Morteau dans le Doubs et de Cugand en Vendée, mais dépasse 30 % dans l’aire de Bohain‑en‑Vermandois, dans deux des trois aires de la Martinique et dans toutes celles de La Réunion.
tableauFigure 2 – Niveau de vie annuel médian par catégorie de communes en 2021
Les données sont disponibles en téléchargement |
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graphiqueFigure 2 – Niveau de vie annuel médian par catégorie de communes en 2021
Hors aires d’attraction des villes, le niveau de vie médian, le rapport interdécile D9/D1, le taux de pauvreté et l’intensité de la pauvreté sont plus faibles qu’au niveau national. Pour la pauvreté et l’intensité de la pauvreté, ces territoires sont dans des situations intermédiaires entre les pôles et les couronnes.
Sources
Les données du dispositif Filosofi proviennent du rapprochement des données fiscales (les déclarations de revenus des personnes physiques, la taxe d’habitation et le fichier d’imposition des personnes) fournies à l’Insee par la Direction générale des finances publiques (DGFiP) et des données sur les prestations sociales émanant des principaux organismes gestionnaires de ces prestations : la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA). Les données sont complétées par des imputations de certains revenus financiers selon une méthodologie proche de celle de l’ERFS.
Les statistiques sont produites sur la France métropolitaine depuis 2014 et la France, la Martinique et La Réunion depuis 2015. Le champ couvert est celui des ménages fiscaux dits « ordinaires », c’est‑à‑dire ayant rempli au moins une déclaration de revenus et imposables au titre de la taxe d’habitation. Est considéré comme un ménage dans Filosofi l’ensemble des déclarants des foyers fiscaux qui s'acquittent d'une taxe d'habitation sur leur résidence principale à une même adresse. Un ménage peut ainsi ne comprendre qu’une seule personne.
La couverture quasi exhaustive des ménages ordinaires définis ci-dessus dans le dispositif Filosofi permet de l’utiliser pour la mesure du revenu disponible, des inégalités de niveaux de vie et de la pauvreté à des niveaux géographiques fins. Au niveau national, l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) reste la source de référence. En effet, elle est moins tributaire des évolutions des sources administratives, notamment fiscales, et permet mieux d’observer des évolutions annuelles que Filosofi. Si les concepts utilisés sont les mêmes (agrégats, indicateurs, etc.), les résultats peuvent en effet être légèrement différents entre ces deux sources :
- des différences de champ : le champ de Filosofi est celui des ménages fiscaux ayant rempli une déclaration et retrouvés dans le fichier de la taxe d’habitation (jusqu'en 2022 les foyers fiscaux exonérés de taxe d'habitation sont toujours présents dans les fichiers fiscaux) alors que le champ de l’ERFS est l’ensemble des ménages vivant dans un logement ordinaire. De fait, le champ de Filosofi dépend donc de l’évolution de la gestion des fichiers fiscaux, ce qui peut avoir des impacts non négligeables certaines années sur l’évolution du nombre de ménage couverts ;
- des différences de traitements statistiques. Dans ERFS, des imputations peuvent être menées pour corriger les défauts d’appariement ou imputer des revenus exonérés de façon plus complète que ce qui peut être fait dans Filosofi du fait des informations collectées via l'enquête Emploi.
Définitions
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.
Un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.
Une aire d’attraction des villes est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.
Si on ordonne une distribution de revenus, de niveaux de vie, de patrimoine, etc., la médiane (D5, C50 ou Q2) est la valeur qui partage cette distribution en 2 parties d’effectifs égaux.
Les pôles des aires d’attraction des villes sont déterminés principalement à partir de critères de densité et de population totale, suivant une méthodologie cohérente avec celle de la grille communale de densité. Un seuil d’emplois est ajouté de façon à éviter que des communes essentiellement résidentielles, comportant peu d’emplois, soient considérées comme des pôles. Si un pôle envoie au moins 15 % de ses actifs travailler dans un autre pôle de même niveau, les deux pôles sont associés et forment ensemble le cœur d’une aire d’attraction.
Les communes qui envoient au moins 15 % de leurs actifs travailler dans le pôle constituent la couronne de l’aire d’attraction du pôle.
Si on ordonne une distribution de revenus, de niveaux de vie, de patrimoine, etc., les déciles (D1 à D9) sont les valeurs qui partagent cette distribution en 10 parties d’effectifs égaux – nommées dixièmes.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus étant en situation de pauvreté monétaire.
L’intensité de la pauvreté est l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté, rapporté au seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite « intense », au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.
Le rapport interdécile est calculé comme le rapport entre le 9e décile et le 1er décile (D9/D1). Il met en évidence l’écart entre le revenu (ou le niveau de vie) plancher des 10 % des ménages les plus aisés et le revenu plafond des 10 % des ménages les plus modestes.
Pour en savoir plus
Retrouvez plus de données en téléchargement.
« Principaux résultats sur les revenus et la pauvreté des ménages en 2021 », Insee Résultats, janvier 2024.
« Un niveau de vie et des disparités de revenus plus élevés en Île-de-France et dans les communes denses », Insee Focus no 196, juin 2020.