L'économie et la société à l'ère du numérique Édition 2019
Cet ouvrage inédit rassemble les données de la statistique publique rendant compte des transformations de l’économie et de la société par le numérique.
Impacts environnementaux du numérique
Insee Références
Paru le :04/11/2019
Dans une société de plus en plus connectée, nos usages sont modifiés. Le smartphone est l’emblème de cette évolution. En 2011, 17 % de la population française détenaient un smartphone, ils sont 75 % en 2018 (figure 1). Près d’un Français sur deux (46 %) l’utilise principalement pour se connecter à Internet, notamment pour regarder des vidéos en ligne (streaming), participer aux réseaux sociaux, écouter de la musique, stocker des photos, etc. La progression fulgurante du réseau 4G favorise ces évolutions : en 2014, il concernait 14 % des utilisateurs de téléphone mobile ; en 2018, 61 %. L’essentiel de la croissance des flux de données sur Internet est attribuable à la consommation des services fournis par les « Gafam » (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
tableauFigure 1 – Évolution du taux d'équipement en téléphonie fixe, mobile, smartphones, ordinateurs et connexions Internet entre 1998 et 2018
Connexion à Internet1 | Au moins un ordinateur à domicile2 | Plusieurs ordinateurs à domicile | Tablette | Téléphonie fixe2 | Téléphonie mobile | Smartphone | |
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1998 | 23 | 93 | 11 | ||||
1999 | 28 | 91 | 24 | ||||
2000 | 34 | 90 | 47 | ||||
2001 | 36 | 88 | 55 | ||||
2002 | 39 | 87 | 60 | ||||
2003 | 48 | 8 | 86 | 62 | |||
2004 | 53 | 8 | 85 | 67 | |||
2005 | 52 | 55 | 11 | 82 | 70 | ||
2006 | 55 | 60 | 12 | 83 | 74 | ||
2007 | 62 | 66 | 17 | 83 | 75 | ||
2008 | 63 | 69 | 20 | 85 | 78 | ||
2009 | 70 | 74 | 24 | 88 | 82 | ||
2010 | 74 | 76 | 27 | 87 | 83 | ||
2011 | 76 | 78 | 31 | 4 | 89 | 85 | 17 |
2012 | 80 | 81 | 35 | 8 | 90 | 88 | 28 |
2013 | 82 | 83 | 36 | 17 | 91 | 89 | 39 |
2014 | 83 | 82 | 36 | 29 | 90 | 89 | 46 |
2015 | 84 | 80 | 32 | 35 | 89 | 92 | 58 |
2016 | 87 | 82 | 31 | 40 | 88 | 93 | 65 |
2017 | 88 | 81 | 33 | 44 | 86 | 94 | 73 |
2018 | 89 | 78 | 30 | 41 | 84 | 94 | 75 |
- 1 Proportion de personnes se connectant à Internet (réseau fixe + mobile).
- 2 Avant 2003, la courbe porte sur les 18 ans ou plus ; après 2003, sur les 12 ans ou plus.
- Champ : France métropolitaine, ensemble de la population de 12 ans ou plus.
- Source : Crédoc, enquêtes sur les Conditions de vie et les aspirations.
graphiqueFigure 1 – Évolution du taux d'équipement en téléphonie fixe, mobile, smartphones, ordinateurs et connexions Internet entre 1998 et 2018
D’après le groupe d’experts The Shift Project, en 2017, la consommation mondiale énergétique du numérique représente 2,7 % de la consommation mondiale totale d’énergie (de 1,9 % en 2013, elle passerait à 3,3 % en 2020). L’empreinte énergétique directe du numérique augmente de 9 % par an. La part du numérique dans la consommation finale d’énergie (elle-même en croissance de 1,5 % par an) augmenterait ainsi de presque 70 % entre 2013 et 2020. L’évolution des émissions de gaz à effet de serre (GES) suit cette tendance : 2,5 % du total des émissions mondiales en 2013, 3,7 % en 2017. Ces évolutions s’expliquent principalement par l’essor du smartphone et l’explosion du trafic de données, estimée à + 25 % par an dans les réseaux et à + 35 % par an dans les datacenters, données qu’il faut de plus stocker. D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 25 % des émissions de GES générées par le numérique sont dues aux datacenters, 28 % aux infrastructures réseau et 47 % aux équipements des consommateurs. La phase de fabrication des équipements reste par ailleurs la plus consommatrice d’énergie et la plus émettrice de GES. 90 % des GES associés à un smartphone proviennent de la phase de fabrication.
La consommation de matières par l’essor du numérique va de pair avec son empreinte énergétique. Le ratio « matières mobilisées /équipement produit » est en moyenne de 34 kg pour 100 g d’appareil : hydrocarbures, minéraux, matières déplacées lors de la phase d’extraction, métaux et terres rares comme le gallium, l’indium, le tantale, le ruthénium ou le germanium dont les équipements numériques sont les principaux utilisateurs (figure 2). La fabrication d’un smartphone – environ 20 millions sont vendus chaque année en France – nécessite 70 matériaux différents dont des métaux qui représentent 40 % à 60 % du poids de l’appareil.
graphiqueFigure 2 – Poids moyen des matières nécessaires pour un smartphone
La composition complexe du smartphone questionne sa recyclabilité : le taux de recyclage global des métaux des téléphones portables est de 18 %, ce qui renvoie plus globalement à la problématique des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) du numérique. La production de ces déchets pour 2017 est estimée à 1,88 million de tonnes. Plus de 750 000 tonnes de DEEE ont été collectées, dont 13 % sont des équipements informatiques et de télécommunications. 99,9 % de ces équipements sont traités : 78 % ont été recyclés, 13 % éliminés et 7 % valorisés d’un point de vue énergétique (figure 3).
tableauFigure 3 – Évolution des quantités de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) mises sur le marché, collectées et recyclées de 2006 à 2017
QMM - Équipements informatiques et de télécommunications | QMM - Ensemble des DEEE | Quantités collectées - Équipements informatiques et de télécommunications | Quantités collectées - Ensemble des DEEE | Quantités traitées - Équipements informatiques et de télécommunications | Quantités traitées - Ensemble des DEEE | |
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2006 | 203 916 | 1 537 163 | 10 034 | 20 132 | 5 621 | 8 821 |
2007 | 225 486 | 1 643 494 | 29 355 | 174 777 | 24 505 | 153 347 |
2008 | 224 157 | 1 674 199 | 48 313 | 301 347 | 43 700 | 286 441 |
2009 | 185 571 | 1 575 995 | 67 028 | 393 078 | 67 132 | 386 212 |
2010 | 200 829 | 1 636 294 | 63 454 | 433 958 | 61 565 | 423 628 |
2011 | 200 234 | 1 663 850 | 69 701 | 470 205 | 70 411 | 474 003 |
2012 | 191 164 | 1 626 830 | 66 250 | 470 621 | 67 117 | 464 301 |
2013 | 157 659 | 1 562 458 | 64 155 | 479 703 | 63 879 | 478 603 |
2014 | 152 720 | 1 573 685 | 68 493 | 527 525 | 67 731 | 522 795 |
2015 | 146 892 | 1 730 535 | 78 094 | 621 762 | 77 882 | 617 516 |
2016 | 157 536 | 1 754 869 | 94 763 | 725 153 | 94 008 | 721 980 |
2017 | 153 169 | 1 878 907 | 97 511 | 750 667 | 97 414 | 742 333 |
- Note : QMM = quantité mise sur le marché. Les quantités traitées concernent l'élimination, le recyclage, la préparation à l'utilisation, la réutilisation des pièces, la valorisation énergétique. La catégorie « Équipements informatiques et de télécommunications » inclut les équipements tels que téléphones portables, unités centrales, imprimantes, écrans, ordinateurs portables, moniteurs, cartes électroniques, etc.
- Lecture : en 2017, 750 667 tonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques ont été collectés, dont 97 511 tonnes d'équipements informatiques et de télécommunications.
- Champ : France, déchets d'équipements éléctriques et électroniques ménagers et professionnels.
- Source : Ademe, Registre DEEE - Rapport annuel - données 2017.
graphiqueFigure 3 – Évolution des quantités de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) mises sur le marché, collectées et recyclées de 2006 à 2017
La transition numérique peut favoriser le développement d’équipements ou services plus performants et économes. Le bénéfice environnemental escompté et la facilité d’usage recherchée peuvent cependant être contrebalancés par un effet rebond (accroissement de la consommation de ressources). La dématérialisation rompt par définition le lien entre le consommateur et la matérialité de sa consommation. La miniaturisation des équipements et l’invisibilité des infrastructures accentuent le côté « imperceptible » du numérique. La réduction de l’impact environnemental du numérique passe ainsi d’abord par un changement de perception et de comportements.
Définitions
Empreinte énergétique directe : contenu énergétique des activités numériques elles-mêmes, associé à la production des terminaux, à leur utilisation et à celle des infrastructures constituant le réseau (dont les centres de données). Les consommations associées aux activités qu’elles contribuent à transformer ne sont pas intégrées.
Consommation finale d’énergie : consommation d’énergie à toutes fins autres que la transformation, le transport, la distribution et le stockage d’énergie et hors utilisation comme matière première ou pour certaines propriétés physiques. Il s’agit du total de l’énergie consommée par les utilisateurs finaux dont les ménages.
Consommation (intérieure apparente) de matières : quantité de matières physiquement consommées sur un territoire (extraction intérieure + importations – exportations) pour répondre à la demande intérieure en biens et services des agents économiques résidents.
Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) : déchets issus des équipements fonctionnant grâce au courant électrique (ou à des champs électromagnétiques) avec une tension ne dépassant pas 1 000 volts en courant alternatif et 1 500 volts en courant continu. On entend par déchets d’équipements électriques et électroniques tous les composants sous-ensembles, et produits consommables faisant partie intégrante du produit au moment de la mise au rebut. Une classification des DEEE peut être faite en fonction de trois critères :
- l’origine du déchet : de la même façon que pour les emballages, le devenir des DEEE des professionnels relève de la responsabilité du détenteur alors que pour les DEEE ménagers, la responsabilité est partagée entre les fabricants, les distributeurs et les collectivités locales ;
- la composition matière : notamment en fonction de la présence d’éléments polluants (nécessitant généralement une intervention manuelle) et de la part des fractions métalliques. Tout DEEE contenant un composant dangereux (exemples : PCB, HFC, HCFC, amiante, etc.) est un déchet dangereux ;
- l’encombrement : on distingue en général les produits portables (< 30 kg) des produits non portables (> 30 kg), car les modalités de collecte sont sensiblement différentes.
Pour en savoir plus
Ouvrir dans un nouvel ongletBaromètre du numérique 2018, 18ᵉ édition, Crédoc, décembre 2018 ; réalisé pour le Conseil général de l’économie, l’Arcep et l’Agence du numérique.
Ouvrir dans un nouvel ongletÉquipements électriques et électroniques, Rapport annuel, données 2017, Ademe, novembre 2018.
Ouvrir dans un nouvel ongletPour une sobriété numérique, Rapport réalisé pour le Think Tank The Shift Project, octobre 2018.
« Ouvrir dans un nouvel ongletL’empreinte matières, un indicateur révélant notre consommation réelle de matières premières », Datalab, CGDD, SDES, avril 2018.